Insérée dans la version grecque du livre de Daniel après l’histoire de Suzanne, en sorte que celle-ci fait un quatorzième chapitre.
Daniel découvre la fraude des sacrificateurs de Bel, 22. Fait mourir le dragon que les babyloniens adoraient, 30. Etant jeté dans la fosse des lions il y est miraculeusement préservé par le Seigneur.
- Le roi Astyage étant mort, Cyrus de Perse fut en possession de son royaume, et Daniel mangeait avec le roi, et il en était honoré par-dessus tous ses amis.
- Or il y avait une idole chez les Babyloniens, nommée Bel, pour laquelle on dépensait tous les jours douze artabes de fleur de farine, quarante brebis et six grandes mesures de vin.
- Le roi lui-même l'honorait et allait tous les jours l'adorer. Mais Daniel adorait son Dieu. Et le roi lui dit : Pourquoi n’adores-tu pas Bel ?
- Il lui répondit : C'est parce que je n'adore point les idoles faites de main, mais le Dieu vivant, qui a créé le ciel et la terre, et qui est le dominateur de tous les hommes.
- Alors le roi lui dit : Ne crois-tu pas que Bel soit un dieu vivant ? Ne vois-tu pas combien il mange et boit tous les jours ?
- Et Daniel dit, en souriant : Seigneur, ne soyez pas dans cette erreur ; car, en dedans, il est de terre, et ce n'est que du cuivre au dehors, et il ne mangea jamais.
- Alors le roi, étant en colère, appela ses sacrificateurs et leur dit : Si vous ne me dites qui est celui qui mange ces vivres-ci, vous mourrez.
- Mais, si vous montrez que Bel les mange, Daniel mourra, parce qu'il a blasphémé contre Bel. Et Daniel dit au roi : Qu'il soit fait selon votre parole.
- Or il y avait soixante-dix sacrificateurs de Bel, sans les femmes et leurs enfants. Et le roi vint avec Daniel au temple de Bel.
- Alors les sacrificateurs de Bel dirent : Voici, nous nous retirons dehors, et toi, seigneur, présente les viandes, et mets-y le vin après l'avoir trempé, puis ferme la porte, et scelle-la de ton cachet.
- Et, quand tu entreras le matin, si tu ne trouves pas que Bel ait tout mangé, nous mourrons, ou Daniel qui a menti contre nous.
- Or ils ne s'en mettaient pas en peine, parce qu'ils avaient fait au-dessous de la table une entrée secrète, par laquelle ils entraient toujours et emportaient ce qu'on mettait sur la table.
- Il arriva donc qu'après qu'ils furent sortis, et que le roi eut mis les viandes devant Bel, Daniel commanda à ses serviteurs d'apporter des cendres, et il les répandit par tout le temple en la présence du roi seul. Puis, quand ils furent sortis, ils fermèrent la porte et, après l'avoir scellée du cachet du roi, ils s'en allèrent.
- Mais les sacrificateurs entrèrent de nuit, selon leur coutume, avec leurs femmes et leurs enfants, et mangèrent et burent tout.
- Et le roi se leva de bon matin, et Daniel avec lui.
- Et le roi dit : Les sceaux ne sont-ils pas entiers ? Et Daniel répondit : Tout entiers, seigneur.
- Et, dès que la porte fut ouverte, le roi, regardant la table, cria à haute voix : O Bel, tu es grand, et il n'y a point de fraude en toi !
- Mais Daniel se prit à rire et retint le roi afin qu'il n'entrât point dedans, en lui disant : Voici le pavé, considérez de qui sont ces pas.
- Le roi répondit : Je vois des pas d'hommes, et de femmes, et de petits enfants.
- Alors le roi, étant en colère, fit saisir les sacrificateurs avec leurs femmes et leurs enfants, qui lui montrèrent les petites portes secrètes par lesquelles ils en traient et mangeaient ce que l'on mettait sur la table.
- C'est pourquoi le roi les fit mourir et mit Bel en la puissance de Daniel, qui le détruisit avec son temple.
- Il y avait aussi, en ce lieu-là, un grand dragon, que les Babyloniens adoraient.
- Et le roi dit à Daniel : Diras-tu aussi que celui-ci soit d’airain ? Voici, il vit, et il mange et boit ; tu ne peux pas dire qu'il ne soit un dieu vivant, adore-le donc.
- Daniel répondit : J'adore le Seigneur mon Dieu, car c'est le Dieu vivant.
- Mais toi, seigneur, donne-m’en le pouvoir, et je ferai mourir le dragon sans épée et sans bâton. Je te le donne, dit le roi.
- Alors Daniel prit de la poix, de la graisse et de la bourre, qu'il fit cuire ensemble, et il en fit des tourteaux qu'il mit dans la gueule du dragon, et le dragon creva. Et Daniel dit : Voici celui que vous adoriez.
- Ce que les Babyloniens ayant entendu, ils furent fort émus et ils s'assemblèrent contre le roi, disant : Le roi est devenu juif, il a détruit Bel, il a fait mourir le dragon et il a mis à mort les sacrificateurs.
- Ainsi, étant venus vers le roi, ils lui dirent : Livre-nous Daniel, ou autrement nous te mettrons à mort, toi et ta maison.
- C'est pourquoi le roi, voyant qu'ils le pressaient fort et étant contraint par la nécessité, leur livra Daniel.
- Et ils le jetèrent dans la fosse des lions, où il fut six jours.
- Or il y avait dans la fosse sept lions, et, tous les jours, on leur donnait deux grosses bêtes et deux brebis ; mais alors on ne leur donna rien, afin qu'ils dévorassent Daniel.
- Et il y avait un prophète en Judée, nommé Habacuc, qui avait cuit du potage et coupé des soupes de pain dans un vaisseau, et qui l'allait porter aux champs à des moissonneurs.
- Et l'ange du Seigneur dit à Habacuc : Porte dans Babylone ce dîner à Daniel, qui est dans la fosse des lions.
- Et Habacuc dit : Seigneur, je ne vis jamais Babylone et je ne sais où est la fosse.
- Et l'ange du Seigneur le prit par le sommet de la tête et, le portant par ses cheveux, le rendit à Babylone sur la fosse par la véhémence de son tourbillon.
- Alors Habacuc cria, disant : Daniel, Daniel, prends le dîner que Dieu t'a envoyé.
- Et Daniel dit : O Dieu ! tu t'es donc souvenu de moi et tu n'as point abandonné ceux qui te cherchent et qui t'aiment.
- Ainsi Daniel se leva et mangea. Puis l'ange du Seigneur rendit aussitôt Habacuc au lieu d'où il avait été transporté.
- Et, au septième jour, le roi vint pour pleurer Daniel ; il vint à la fosse, et regarda dedans, et, voici, Daniel était assis.
- Et le roi s'écria à haute voix, disant : Oh ! que tu es grand, Seigneur, Dieu de Daniel ! il n'y a point d'autre que toi !
- Alors il le tira hors de la fosse des lions et y jeta ceux qui avaient été cause de sa perdition, qui furent incontinent dévorés en sa présence.