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ARGUMENT

Le but du roi Salomon, dans ce livre de l’Ecclésiaste est de montrer la vanité du monde et de la vie humaine et de faire voir que le seul moyen d’être heureux est de craindre Dieu et de garder ses commandements.

Chapitres  CHAPITRE I. CHAPITRE II.  CHAPITRE III.  CHAPITRE IV.   CHAPITRE V.  CHAPITRE VI.  CHAPITRE VII.  CHAPITRE VIII. CHAPITRE IX.  CHAPITRE X.   CHAPITRE XI.   CHAPITRE XII. LIVRES DU VIEUX TESTAMENT.

CHAPITRE I.

Salomon enseigne : I. Que tout ce qu’il y a dans le monde est vain et inconstant en particulier que la connaissance des choses d’ici-bas et le travail des hommes ne peuvent leur donner le contentement de l’esprit. II. Il confirme cela par l’expérience qu’il en avait faite.

1 Les paroles de l’Ecclésiaste, fils de David, roi de Jérusalem.

2 Vanité des vanités, dit l’Ecclésiaste, vanité des vanités ; tout est vanité.

3 Quel avantage a l’homme de tout le travail qu’il fait sous le soleil ?

4 Une génération passe, et l’autre génération vient ; mais la terre demeure toujours ferme.

5 Le soleil se lève aussi, et le soleil se couche, et il aspire vers le lieu d’où il se lève.

6 Le vent va vers le midi, et tourne vers l’aquilon ; il tourne çà et là, et revient à ses circuits.

7 Tous les fleuves vont à la mer, et la mer n’en est point remplie ; les fleuves retournent au lieu d’où ils étaient partis, pour revenir dans la mer.

8 Toutes choses travaillent plus que l’homme ne saurait dire ; l’œil n’est jamais rassasié de voir, ni l’oreille lasse d’ouïr.

9 Ce qui a été, c’est ce qui sera ; ce qui a été fait, c’est ce qui se fera, et il n’y a rien de nouveau sous le soleil.

10 Y a-t-il quelque chose dont on puisse dire : Regarde, cela est nouveau ? Il a déjà été dans les siècles qui ont été avant nous.

11 On ne se souvient plus des choses qui ont précédé ; aussi on ne se souviendra point des choses qui seront ci-après, parmi ceux qui viendront à l’avenir.

12 Moi, l’Ecclésiaste, j’ai été roi sur Israël en Jérusalem,

13 et j’ai appliqué mon cœur à rechercher et à sonder avec sagesse tout ce qui se faisait sous les cieux, ce qui est une occupation fâcheuse que Dieu a donnée aux hommes, afin qu’ils s’y occupent.

14 J’ai regardé tout ce qui se faisait sous le soleil, et voilà, tout est vanité et tourment d’esprit.

15 Ce qui est tortu ne se peut redresser, et les défauts ne se peuvent compter.

16 J’ai parlé en mon cœur, et j’ai dit : Voici, je me suis agrandi et accru en sagesse, par-dessus tous ceux qui ont été avant moi sur Jérusalem, et mon cœur a vu beaucoup de sagesse et de science.

17 Et j’ai appliqué mon cœur à connaître la sagesse, et à connaître les erreurs et la folie ; mais j’ai connu que cela était aussi un tourment d’esprit.

18 Car où il y a abondance de science, il y a abondance de chagrin, et celui qui s’accroît de la science, s’accroît de la douleur.

REFLEXIONS

Tout ce livre de l’Ecclésiaste et ce chapitre en particulier tend à nous instruire de la vanité et de l’inconstance du monde et de notre propre vie et à nous apprendre que tout y est dans un changement continuel et que les peines que les hommes se donnent pour les choses d’ici-bas ne sauraient les rendre heureux.

Nous ne devons pas moins être convaincu de ces vérités que Salomon l’était et le néant du monde doit même paraître encore plus sensible à ceux qui sont éclairés par l’Évangile. Il est donc de la sagesse et de notre devoir de nous représenter continuellement que tout est vanité et de nous guérir par-là de l’amour du monde et de l’attachement à nos passions.

Il faut après cela que cette méditation nous engage à bénir Dieu de ce que nous avons dans sa connaissance et dans sa crainte un remède à cette vanité à laquelle toutes choses sont assujetties.

Et puisque la peine que les hommes prennent pour posséder les avantages de cette vie et pour acquérir la sagesse de ce monde n’est que chagrin et folie, la prudence veut que nous nous appliquions à un travail plus utile et plus nécessaire en tâchant d’acquérir la vraie sagesse qui se trouve dans la crainte de Dieu et qui seule peut nous faire jouir d’un solide contentement et d’un parfait bonheur pendant le cours de cette vie et même après notre mort.

CHAPITRE II.

Salomon fait voir par son expérience la vanité de ce que les hommes estiment le plus en ce monde. Il dit qu’après avoir cherché à se satisfaire par les plaisirs, par les bâtiments, par les richesses et par la magnificence, il avait reconnu que tout cela n’était que vanité. Il ajoute, qu’il avait fait le même jugement de la conduite des hommes et du travail qu’ils se donnent pour acquérir la prudence et la sagesse mondaine, soit pour amasser des biens.

1 J’ai dit en mon cœur : Allons, que je t’éprouve maintenant par la joie, et jouis du bien, mais voilà, cela est aussi une vanité.

2 J’ai dit touchant le ris : Il est insensé, et touchant la joie : De quoi sert-elle ?

3 J’ai recherché en mon cœur le moyen de me traiter délicatement, et que mon cœur cependant s’appliquât à la sagesse, et comprît ce que c’est que la folie jusqu’à ce que je visse ce qu’il est bon aux hommes de faire sous les cieux pendant les jours de leur vie.

4 Je me suis fait des choses magnifiques ; je me suis bâti des maisons ; je me suis planté des vignes ;

5 je me suis fait des jardins et des vergers, et j’y ai planté toutes sortes d’arbres fruitiers ;

6 je me suis fait des réservoirs d’eaux, pour en arroser le parc planté d’arbres ;

7 J’ai acquis des serviteurs et des servantes, et j’ai eu des serviteurs nés en ma maison, et j’ai eu plus de gros et de menu bétail que tous ceux qui ont été avant moi à Jérusalem ;

8 je me suis aussi amassé de l’argent et de l’or, et des plus précieux joyaux des rois et des provinces ; je me suis acquis des chantres et des chanteuses, et les délices des hommes, une harmonie d’instruments de musique, même plusieurs harmonies de toutes sortes d’instruments ;

9 je me suis agrandi et me suis accru plus que tous ceux qui ont été avant moi à Jérusalem, et avec cela ma sagesse est demeurée avec moi.

10 Enfin, je n’ai rien refusé à mes yeux de tout ce qu’ils ont demandé, et je n’ai épargné aucune joie à mon cœur ; car mon cœur s’est réjoui de tout mon travail, et ç’a été tout ce que j’ai eu de tout mon travail.

11 Mais ayant considéré tous mes ouvrages que mes mains avaient faits, et tout le travail auquel je m’étais occupé, voilà, tout était vanité et tourment d’esprit ; de sorte que l’homme n’a aucun avantage de ce qui est sous le soleil.

12 Puis je me suis mis à considérer tant la sagesse que les sottises et la folie, car qui est l’homme qui pourrait suivre un roi en ce qui a été déjà fait ?

13 Et j’ai vu que la sagesse a beaucoup d’avantages sur la folie, comme la lumière a beaucoup d’avantages sur les ténèbres.

14 Le sage a ses yeux en sa tête, et l’insensé marche dans les ténèbres ; mais j’ai bien connu qu’un même accident leur arrive à tous.

15 C’est pourquoi j’ai dit en mon cœur : Il m’arrivera comme à l’insensé. Pourquoi donc ai-je été alors plus sage ? C’est pourquoi j’ai dit en mon cœur, que cela aussi était une vanité.

16 La mémoire du sage ne sera point éternelle, non plus que celle de l’insensé, parce que dans les jours à venir tout sera déjà oublié ; et pourquoi le sage meurt-il de même que l’insensé ?

17 C’est pourquoi j’ai haï cette vie, à cause que les choses qui se sont faites sous le soleil m’ont déplu, parce que tout est vanité et tourment d’esprit.

18 J’ai aussi haï tout mon travail qui a été fait sous le soleil, parce que je le laisserai à l’homme qui sera après moi.

19 Et qui sait s’il sera sage ou insensé ? Cependant, il sera maître de tout mon travail auquel je me suis occupé, et de ce que j’ai fait sous le soleil. Cela aussi est une vanité.

20 C’est pourquoi je me suis tourné à n’espérer plus rien de tout le travail auquel je m’étais occupé sous le soleil.

21 Car il y a tel homme qui a travaillé avec sagesse, science et adresse, lequel néanmoins laisse tout à celui qui n’y a point travaillé, pour être sa portion. Cela aussi est une vanité et un grand mal.

22 Car qu’est-ce que l’homme a de tout son travail, et du tourment de son cœur, dont il se fatigue sous le soleil ?

23 Car tous ses jours ne sont que douleurs, et son occupation n’est que chagrin ; même la nuit, son cœur ne repose point. Cela aussi est une vanité.

24 N’est-ce donc pas le bien de l’homme, qu’il mange et qu’il boive, et qu’il fasse que son âme jouisse du fruit de son travail ? J’ai vu aussi que cela vient de la main de Dieu.

25 Car qui en mangera, et qui s’en sentira plutôt que moi ?

26 Car Dieu donne à celui qui il lui plaît, de la sagesse, de la science et de la joie ; mais il donne au pécheur de l’occupation à recueillir et à assembler, afin que cela soit donné à celui qu’il plaira à Dieu. Cela aussi est une vanité et un tourment d’esprit.

REFLEXIONS

L’on doit faire beaucoup d’attention à ce qui est dit dans ce chapitre.

On y voit un grand roi qui, après avoir vécu dans les délices, dans la magnificence et dans l’abondance, avoue que tout cela n’est que vanité.

Cet exemple de Salomon doit nous faire reconnaître le néant des biens, des plaisirs, des honneurs et de tout ce que les hommes recherchent sur la terre et de la folie qu’il y a de s’y attacher et d’y mettre son cœur.

Mais ce que Jésus-Christ nous dit sur ce sujet dans l’Évangile et la connaissance qu’il nous a donnée des biens éternels doit nous en convaincre bien plus fortement.

Les réflexions que Salomon fait sur le peu de fruit que l’on retire de la sagesse qui se borne aux choses de cette vie méritent d’être bien pesées, aussi bien que ce qu’il dit de la folie de ces personnes qui se tourmentent pour amasser des richesses et qui en mourant les laissent à d’autres personnes et même quelquefois à des gens qu’ils ne connaissent point.

Ces considérations doivent nous porter à rechercher la véritable sagesse, à nous modérer dans les soins qui regardent les biens de ce monde et dans l’usage que nous en faisons et à éviter cet attachement et ces soins excessifs qui rendent l’homme misérable, déjà dès cette vie et qui lui font perdre avec cela la paix de l’âme et le bonheur de la vie à venir.

CHAPITRE III.

Salomon fait voir que toutes choses ont leur temps et que tout est sujet au changement en ce monde et il en conclut que le meilleur est d’être content et de s’appliquer à bien faire. Après cela il parle des jugements injustes qui se rendent par les juges. Enfin, il montre que tous les hommes sont mortels et qu’à cet égard il n’y a point de différence par rapport au corps entre eux et les bêtes.

1 A toute chose sa saison, et à toute affaire sous les cieux, son temps.

2 Il y a un temps de naître, et un temps de mourir ; un temps de planter, et un temps d’arracher ce qui est planté ;

3 un temps de tuer, et un temps de guérir ; un temps de démolir, et un temps de bâtir ;

4 un temps de pleurer, et un temps de rire ; un temps de lamenter, et un temps de sauter ;

5 un temps de jeter des pierres, et un temps de les ramasser ; un temps d’embrasser, et un temps de s’éloigner des embrassements ;

6 un temps de chercher, et un temps de laisser perdre ; un temps de conserver, et un temps de rejeter ;

7 un temps de déchirer, et un temps de rejoindre ; un temps de se taire, et un temps de parler ;

8 Un temps d’aimer, et un temps de haïr ; un temps de guerre, et un temps de paix ;

9 quel avantage a celui qui travaille, de tout son travail ?

10 J’ai considéré cette occupation que Dieu a donnée aux hommes pour s’y occuper.

11 Il a fait toutes choses belles en leur temps ; aussi a-t-il mis le monde dans leur cœur, sans que l’homme toutefois puisse comprendre, depuis le commencement jusqu’à la fin, l’œuvre que Dieu a faite.

12 C’est pourquoi j’ai connu qu’il n’est rien de meilleur entre les hommes, que de se réjouir et de bien faire pendant sa vie ;

13 et même, que chacun mange et boive, et qu’il jouisse du bien de tout son travail ; c’est un don de Dieu.

14 J’ai connu que, quoi que Dieu fasse, il est toujours le même ; on ne saurait qu’y ajouter, ni qu’en diminuer ; et Dieu le fait afin qu’on le craigne.

15 Ce qui a été est maintenant, et ce qui doit être a déjà été, et Dieu rappelle ce qui est passé.

16 J’ai encore vu sous le soleil, que dans le lieu établi pour juger, il y a de la méchanceté, que dans le lieu établi pour faire justice, il y a de l’impiété.

17 Et j’ai dit en mon cœur : Dieu jugera le juste et l’injuste ; car il y a un temps pour tous les desseins des hommes et pour toutes leurs actions.

18 J’ai pensé en mon cœur sur l’état des hommes, que Dieu leur fera connaître et qu’ils verront qu’ils ne sont que des bêtes.

19 Car l’accident qui arrive aux hommes, et l’accident qui arrive aux bêtes, est un même accident ; telle qu’est la mort de l’un, telle est la mort de l’autre, et ils ont tous un même souffle, et l’homme n’a point d’avantage sur la bête ; car tout est vanité.

20 Tout va en un même lieu ; tout a été fait de la poudre, et tout retourne dans la poudre.

21 Qui est-ce qui connaît l’esprit des hommes qui monte en haut, et l’esprit de la bête qui descend en bas dans la terre ?

22 J’ai donc connu qu’il n’y a rien de meilleur à l’homme que de se réjouir en ce qu’il fait ; parce que c’est là sa portion, car qui est-ce qui le ramènera pour voir ce qui sera après lui ?

REFLEXIONS

Ce que Salomon nous enseigne de l’inconstance et des changements continuels qu’on voit dans les choses du monde et dans la vie de l’homme doit premièrement nous convaincre que le solide repos ne saurait se trouver en des choses périssables et passagères.

II. Cela doit nous inciter à nous conduire prudemment, à profiter du temps et des occasions qui se présentent pour nous procurer un état heureux.

III. Puisque c’est Dieu qui préside sur tous ces changements auxquelles les choses d’ici-bas sont sujettes et qu’il manifeste en cela sa sagesse, sa justice et sa bonté, il est de notre devoir et de notre repos de nous soumettre en toutes choses à la providence et aux événements qu’il lui plaît de dispenser.

IV. Ce chapitre nous apprend que quelque confusion et quelque désordre que l’on découvre en ce monde, cependant Dieu connaît tout ce qui s’y fait, qu’il examine en particulier la conduite des juges et que s’ils commettent des injustices, il leur en fera rendre compte.

Enfin, il faut considérer que si Salomon dit que l’homme meurt comme la bête, il ne dit cela que par rapport à la mort du corps. Du reste, il enseigne dans ce chapitre même : Que Dieu jugera le juste et l’injuste et qu’il y a un temps ordonné pour toutes les actions des hommes.

Et il dit expressément sur la fin de ce livre : Que quand le corps meurt, l’esprit retourne à Dieu qui l’a donné et que Dieu amènera en jugement tout ce qui est caché, tant le bien que le mal.

La conséquence qu’il faut tirer de ce chapitre est donc, qu’on doit user avec modération et avec reconnaissance de la vie présente et s’attacher par-dessus toutes choses à craindre Dieu et à lui plaire.

CHAPITRE IV.

Salomon parle des innocents qui sont opprimés, de l’envie que les hommes se portent les uns aux autres, de l’oisiveté, de la peine qu’on prend pour gagner du bien, des inconvénients qu’il y a à vivre seul et sans amis et de l’élévation de ceux qui dominent sur les autres.

1 Puis je me suis mis à considérer toutes les oppressions qui se font sous le soleil ; et voilà les larmes de ceux qu’on opprime, et qui n’ont point de consolateur ; et la force est du côté de ceux qui les oppriment ; ainsi ils n’ont point de consolateur.

2 C’est pourquoi j’estime plus les morts qui sont déjà morts, que les vivants qui sont encore en vie.

3 Même, j’estime celui qui n’a pas encore été, plus heureux que les uns et les autres ; car il n’a point vu les méchantes actions qui se font sous le soleil.

4 J’ai aussi regardé tout le travail et l’adresse de chaque métier, et j’ai vu que l’un porte envie à l’autre. Cela aussi est une vanité et un tourment d’esprit.

5 L’insensé tient ses mains pliées, et se consume soi-même, disant :

6 Plein le creux de la main avec du repos, vaut mieux que pleines les deux paumes, avec travail et tourment d’esprit.

7 Je me suis mis encore à regarder une vanité sous le soleil :

8 C’est qu’il y a tel homme qui est seul, et qui n’a point de second ; il n’a ni fils, ni frère, et toutefois, il ne met nulle fin à son travail ; même, son œil ne voit jamais assez de richesses ; et il ne se dit point en lui-même : Pour qui est-ce que je travaille, et que je me prive moi-même du bien ? Cela aussi est une vanité et une fâcheuse occupation.

9 Deux valent mieux qu’un ; car ils ont plus de récompense de leur travail.

10 Car si l’un tombe, l’autre relèvera son compagnon ; mais malheur à celui qui est seul, parce qu’étant tombé, il n’aura personne pour le relever.

11 Si aussi deux couchent ensemble, ils en auront plus de chaleur ; mais celui qui est seul, comment aura-t-il chaud ?

12 Que si quelqu’un est plus fort que l’un ou l’autre, les deux lui pourront résister, et la corde à trois cordons ne se rompt pas sitôt.

13 Un enfant pauvre et sage vaut mieux qu’un roi vieux et insensé, qui ne sait ce que c’est que d’être averti.

14 Car tel sort de prison pour régner ; et de même, tel étant né roi, devient pauvre.

15 J’ai vu tous les vivants qui marchent sous le soleil, marcher après un enfant, qui est la seconde personne après le roi, et qui doit être en la place du Roi.

16 Le peuple qui a été devant ceux-ci, était sans nombre, et celui-ci ne sera pas la joie de ceux qui viendront après. Certainement, cela aussi est une vanité et un tourment d’esprit.

REFLEXIONS

I. Ce que le sage remarque dans ce chapitre que les innocents sont souvent opprimés et sans consolation est une preuve de la vanité du monde, mais cela prouve aussi qu’il y a un Dieu qui rendra à chacun selon ses œuvres et qu’ainsi il ne faut pas juger du bonheur ou du malheur des hommes par ce qui leur arrive en ce monde.

II. L’envie que les hommes se portent les uns aux autres est une preuve de la vanité de cette vie, mais c’est une passion que l’on doit bannir de son cœur puisqu’elle ne fait que nous tourmenter inutilement et qu’elle est d’ailleurs contraire à la charité envers le prochain et à la soumission où il faut être à l’égard de la volonté de Dieu.

III. Salomon nous enseigne que c’est une grande folie de se tourmenter pour avoir du bien, que par là on se donne beaucoup de peine et que le plus souvent on ne sait pas à qui ce bien parviendra.

IV. Il nous dit qu’il est très utile et très agréable d’avoir des liaisons et d’être unis par l’amitié, pourvu que ce soit avec des personnes vertueuses.

V. Nous apprenons ici que la sagesse vaut mieux que tous les avantages du monde et qu’un homme pauvre mais sage est à préférer aux rois mêmes à qui la sagesse manque.

Enfin, Salomon remarque que les hommes ne s’attachent qu’à ceux de qui ils ont quelque chose à espérer et qu’ils abandonnent les grands dès qu’ils n’en attendent plus rien. Cela montre qu’il y a bien de la vanité dans les jugements des hommes et dans les grandeurs du monde et qu’ainsi ce n’est pas de là que nous devons faire dépendre notre bonheur.

CHAPITRE V. 

Salomon donne ici des avertissements : I. Sur la précipitation et l’hypocrisie dans le service divin et sur les vœux. II. Sur les jugements injustes. III. Sur la folie des avares et la vanité des richesses. Et enfin sur l’usage qu’on doit faire des biens que Dieu nous donne.

1 Quand tu entreras dans la maison de Dieu, prends garde à ton pied, et approche-toi pour écouter, plutôt que pour donner le sacrifice des insensés ; car ils ne considèrent pas le mal qu’ils font.

2 Ne te précipite point à parler, et que ton cœur ne se hâte point de prononcer aucune parole devant Dieu ; car Dieu est aux cieux, et toi, tu es sur la terre ; c’est pourquoi, use de peu de paroles.

3 Car comme un songe vient de la multitude des occupations, ainsi la voix des fous vient de la multitude des paroles.

4 Quand tu auras fait quelque vœu à Dieu ne diffère point de l’accomplir ; car il ne prend point de plaisir dans les insensés. Accomplis donc ce que tu auras voué.

5 Il vaut mieux que tu ne fasses point de vœux, que d’en faire et de ne pas les accomplir.

6 Ne permets pas que ta bouche te fasse pécher, et ne dis pas devant l’ange de Dieu, que c’est l’ignorance. Pourquoi l’Eternel se courroucerait-il à cause de ta parole, et détruirait-il l’ouvrage de tes mains ?

7 Car comme dans la multitude des songes il y a de la vanité, il y en a aussi beaucoup dans la multitude des paroles ; mais crains Dieu.

8 Si tu vois que dans la province on fasse tort au pauvre, et que le droit et la justice y soient violés, ne t’étonne point de cette manière d’agir, car il y en a un qui est élevé par-dessus celui qui est élevé, et qui y prend garde, et il y en a de plus élevés qu’eux.

9 La culture de la terre a un avantage par-dessus toutes choses. Le roi est assujetti au champ.

10 Celui qui aime l’argent n’est point rassasié par l’argent, et celui qui aime un grand train, n’en est pas nourri. Cela aussi est une vanité.

11 Où il y a beaucoup de bien, il y a beaucoup de gens qui le mangent ; et quel profit en a celui qui le possède, sinon qu’il le voit de ses yeux ?

12 Le sommeil de celui qui laboure est doux, soit qu’il mange peu ou beaucoup ; mais le rassasiement du riche ne le laisse pas dormir.

13 Il y a un mal fâcheux que j’ai vu sous le soleil, c’est que des richesses sont conservées pour le malheur de celui qui les possède.

14 Et ces richesses-là périssent par un mauvais trafic, de sorte qu’on aura mis au monde un enfant à qui il n’en parviendra rien.

15 Un tel homme s’en retournera nu, comme il est sorti du ventre de sa mère, s’en allant comme il est venu, il n’emportera rien de son travail auquel il a employé ses mains.

16 C’est aussi ici un mal fâcheux, que comme il est venu, aussi s’en va-t-il ; et quel avantage a-t-il d’avoir travaillé après du vent ?

17 Il mange aussi tous les jours de sa vie dans les ténèbres, et il se chagrine beaucoup, et son mal va jusqu’à la fureur.

18 Voici donc ce que j’ai reconnu ; c’est que c’est une chose bonne et agréable à l’homme, de manger et de boire, et de jouir du bien de tout son travail dont il s’occupe sous le soleil, durant les jours de sa vie que Dieu lui a donnés ; car c’est là sa portion.

19 En effet, ce que Dieu donne à tout homme, des richesses et des biens, dont il le fait maître pour en manger et pour en prendre sa part, et pour se réjouir de son travail, cela est un don de Dieu.

20 Car il ne se souviendra pas beaucoup des jours de sa vie, parce que Dieu lui répond par la joie de son cœur.

REFLEXIONS

Nous devons apprendre d’ici :

I. À nous présenter devant Dieu avec un grand respect surtout quand nous entrons dans les lieux où il est adoré et à prendre garde à nos pensées et à nos paroles lorsque nous paraissons devant lui.

II. Que c’est un devoir indispensable d’accomplir exactement les vœux qu’on a fait et qu’il vaut mieux n’en point faire que de les violer.

III. Que si par la faute des princes et des juges la justice n’est pas exercée, il faut croire qu’il y a un Dieu dans le Ciel qui le voit et qui en jugera.

IV. Que celui qui aime l’argent et le faste n’en vit pas plus heureux, ni plus longtemps, qu’il n’en a au contraire que plus de peine et d’inquiétude,

V. Que les personnes qui gagnent leur vie par leur travail, vivent avec plus de douceur et de repos que ceux qui possèdent de grands biens,

VI. Que plus on a de bien, plus on a de soucis,

VII. Que les riches ne peuvent souvent jouir de leurs richesses, qu’ils meurent comme les autres sans avoir un solide contentement et qu’ils ne savent pas ce que leurs biens deviendront après leur mort.

Enfin, il faut se souvenir que quand Salomon dit qu’il est bon de manger, de boire et de jouir de ce que l’on a, sa pensée n’est pas que l’on doive se livrer à la sensualité et aux plaisirs.

Ce qu’il dit dans ce chapitre du respect avec lequel il faut se présenter devant Dieu, des vœux, du jugement que Dieu exercera sur ceux qui jugent les autres et de la joie qu’il répand dans le cœur des gens de bien ne permet pas de lui attribuer ces pensées.

Il veut seulement dire que quand Dieu donne des biens en ce monde, il faut être content, les recevoir et les posséder comme un don de sa bonté et s’en servir avec reconnaissance et sobriété sans pour autant établir son bonheur en ces biens-là.

Ce sont là les véritables sentiments du roi Salomon, mais ce sont surtout ceux que l’Évangile nous inspire.

CHAPITRE VI.

Ce chapitre représente la vanité et le malheur de ceux à qui Dieu donne des biens mais qui ne savent pas en faire bon usage et qui ne sont jamais contents, ni en repos.

1 Il y a un mal que j’ai vu sous le soleil, et qui est fréquent entre les hommes,

2 savoir, qu’il y a tel homme à qui Dieu donne des richesses, des biens et des honneurs, tellement que rien ne manque à son âme de tout ce qu’il saurait souhaiter ; mais Dieu ne l’en fait pas maître pour en manger ; mais un étranger le mangera. Cela est vanité, et un mal fâcheux.

3 Quand un homme aurait mis au monde cent enfants, et vécu plusieurs années, de sorte qu’il eût multiplié les jours de ses années, néanmoins, si son âme ne s’est pas rassasiée de bien, et que même il n’ait point de sépulture, je dis qu’un avorton vaut mieux que lui.

4 Car il sera venu en vain, et s’en sera allé dans les ténèbres, et son nom aura été couvert de ténèbres.

5 Il aura même plus de repos que celui-là, parce qu’il n’aura point vu le soleil, ni rien connu.

6 Et quand il aurait vécu deux mille ans, s’il n’avait pas joui de ses biens, tous ne vont-ils pas en un même lieu ?

7 Tout le travail de l’homme est pour sa bouche, et toutefois, son désir n’est jamais rempli.

8 Car, qu’est-ce que le sage a de plus que l’insensé ? Ou, quel avantage a l’affligé qui sait se conduire parmi les vivants ?

9 Il vaut mieux voir de ses yeux, que d’avoir des désirs vagues. Cela aussi est une vanité et un tourment d’esprit.

10 Le nom de celui qui est, est déjà nommé ; on sait qu’il est homme, et qu’il ne peut contester avec celui qui est plus fort que lui.

11 Quand on a beaucoup, on a tant plus de vanité. Quel avantage en a l’homme ?

12 Car qui est-ce qui connaît ce qui est bon à l’homme en cette vie, pendant les jours de la vie de sa vanité, lesquels passent comme une ombre ? car qui est-ce qui déclarera à un homme ce qui sera après lui sous le soleil ?

REFLEXIONS

Les réflexions que Salomon fait dans ce chapitre sont très propres à modérer l’ardeur que les hommes ont pour acquérir les biens de la terre.

La vanité de leur travail paraît non seulement en ce qu’ils ne savent pas jouir de ces biens qu’ils recherchent avec tant de passion, mais principalement en ce qu’ils sont privés du plus grand bien de la vie qui est le repos et le contentement d’esprit et en ce qu’ils ne peuvent s’assurer de rien pour l’avenir.

L’Évangile nous donne des leçons encore plus expresses sur ce sujet lorsqu’il nous dit : que ceux qui veulent devenir riches tombent dans la tentation et dans le piège et dans plusieurs désirs insensés et pernicieux, que l’amour des richesses est la racine de tous les maux et que la piété avec le contentement d’esprit est le plus grand gain que l’on puisse faire en ce monde.

CHAPITRE VII.

Ce chapitre traite de la méditation de la mort, des répréhensions et de l’usage qu’il faut en faire, de la patience, du prix de la sagesse, de la manière dont on doit se conduire dans la prospérité et dans l’adversité, de ce qui arrive en ce monde aux justes et aux méchants, des maux que s’attirent ceux qui manquent de modération et d’équité et qui présument d’eux-mêmes et des avantages que l’on trouve dans la crainte de Dieu. Salomon ajoute que tous les hommes sont sujets à pécher et qu’il ne faut pas s’informer curieusement de ce que l’on dit de nous, ni s’en mettre en peine. Enfin, il parle des femmes qui n’ont pas de la vertu, des maux qu’elles causent et de l’état dans lequel Dieu créa l’homme au commencement. 

1 La bonne réputation vaut mieux que le bon parfum ; et le jour de la mort que le jour de la naissance.

2 Il vaut mieux aller à une maison de deuil, que d’aller à une maison de festin ; car on voit dans celle-là la fin de tout homme, et celui qui est vivant met cela dans son cœur.

3 La tristesse vaut mieux que le ris, parce que par la tristesse le cœur devient joyeux.

4 Le cœur des sages est dans la maison de deuil ; mais le cœur des insensés est dans la maison de joie.

5 Il vaut mieux entendre la correction d’un homme sage, que d’ouïr la chanson des insensés.

6 Car tel qu’est le bruit des épines sous le chaudron, tel est le ris de l’insensé. Cela aussi est une vanité.

7 Certainement, l’oppression peut faire perdre le sens au sage ; et le présent aussi corrompt le cœur.

8 La fin d’une chose vaut mieux que son commencement ; et l’homme patient, vaut mieux que l’homme hautain.

9 Ne te précipite point dans ton esprit pour te dépiter ; car le dépit repose dans le sein des insensés.

10 Ne dis point : Pourquoi les jours passés ont-ils été meilleurs que ceux-ci ? Car ce que tu t’enquiers de cela, ne vient point de la sagesse.

11 La sagesse est bonne avec un héritage, et ceux qui voient le soleil en reçoivent de l’avantage.

12 Car on est à couvert à l’ombre de la sagesse, et à l’ombre de l’argent ; toutefois, l’avantage de connaître la sagesse fait vivre celui qui en est doué.

13 Regarde l’œuvre de Dieu ; car qui est-ce qui pourra redresser ce qu’il aura renversé ?

14 Au jour du bien use du bien, et au jour de l’adversité prends-y garde ; aussi Dieu a fait l’un à l’opposite de l’autre, afin que l’homme ne trouve rien à redire après lui.

15 J’ai vu tout ceci pendant les jours de ma vanité. Il y a tel juste qui périt dans sa justice, et il y a tel méchant qui prolonge ses jours dans sa malice.

16 Ne te crois pas trop juste, et ne te fais pas trop sage ; pourquoi te perdrais-tu ?

17 Ne sois point remuant, et ne sois point insensé ; pourquoi mourrais-tu avant ton temps ?

18 Il est bon que tu retiennes ceci, et que tu ne négliges pas cela ; car qui craint Dieu, sort de tout.

19 La sagesse donne plus de force au sage que dix gouverneurs qui seraient dans une ville.

20 Certainement, il n’y a point d’homme juste sur la terre qui fasse bien et qui ne pèche.

21 N’applique point aussi ton cœur à toutes les paroles qu’on dira, de peur que tu n’entendes ton serviteur parler mal de toi.

22 Car aussi tu sais dans ton cœur que tu as aussi mal parlé des autres, même plusieurs fois.

23 J’ai examiné tout ceci avec sagesse ; et j’ai dit : J’acquerrai de la sagesse ; mais elle s’est éloignée de moi.

24 Ce qui a été est bien loin, il est enfoncé fort bas : qui le trouvera ?

25 Nous nous sommes tournés de tous côtés, moi et mon cœur, pour connaître, pour examiner et pour chercher la sagesse et la raison de tout, et pour connaître le mal de la folie, de l’imbécillité et de l’imprudence.

26 Et j’ai trouvé qu’une femme qui est comme un piège, et dont le cœur est comme des filets, et les mains comme des liens, est une chose plus amère que la mort ; celui qui est agréable à Dieu en échappera ; mais le pécheur y sera pris.

27 Voici, dit l’Ecclésiaste, ce que j’ai trouvé, cherchant la raison de toutes choses, l’une après l’autre :

28 c’est que jusqu’à présent mon âme a cherché, mais je n’ai point trouvé. J’ai bien trouvé un homme entre mille ; mais non pas une femme entre elles toutes.

29 Voici seulement ce que j’ai trouvé : c’est que Dieu a fait l’homme droit ; mais ils ont cherché beaucoup de discours.

REFLEXIONS

Nous avons dans ce chapitre plusieurs belles instructions :

I. La première, que c’est une pensée très salutaire que celle de la mort et qu’il est plus utile d’être dans le deuil que de s’abandonner à la joie.

II. La seconde, que les gens sages écoutent avec plaisir ceux qui les reprennent et qu’ils sont toujours doux et modérés dans leurs discours et dans toute leur conduite.

III. La troisième, que la possession des richesses n’est un bien que lorsqu’elle est accompagnée de la vertu.

IV. La quatrième, que Dieu fait tout avec une parfaite justice, que c’est lui qui envoie aux hommes la prospérité et qu’il faut faire un bon usage de l’un et de l’autre de ces états.

V. La cinquième, que si l’on voit les justes souffrir et les méchants vivre heureux et longtemps, cela ne doit point nous ébranler, ni nous scandaliser.

Ces paroles : Ne te crois pas trop juste et ne te fais pas trop sage : ne veulent pas dire qu’il ne faille pas être trop homme de bien ou trop sage. On ne saurait jamais l’être assez, ni faire trop d’efforts pour le devenir, mais Salomon dit cela contre ceux qui, lorsqu’il s’agit de faire valoir leur droit ou de juger des autres, le font à toute rigueur et n’observent pas ce que la modération et l’équité prescrivent et qui, remplis de présomption et de bonne opinion d’eux-mêmes, veulent tout régler et s’ingèrent dans ce qui ne les regarde pas.

Le sage nous apprend outre cela que tous les hommes sont sujets à tomber dans quelque faute et qu’ainsi ils doivent se supporter les uns les autres.

Il nous avertit de ne pas nous informer, ni nous inquiéter de ce qu’on peut dire de nous, puisque cela serait capable de nous faire perdre le repos et la tranquillité et nous pousserait au ressentiment et à des jugements téméraires.

Ce qui est dit des femmes sur la fin de ce chapitre doit être bien entendu.

Comme l’Écriture parle souvent des femmes illustres par leur vertu et que Salomon lui-même en fait l’éloge, Prov. 12, 4 & 18, 22 & 31, 10. Il n’a pas voulu dire qu’il n’ait pu trouver une femme vertueuse. Il n’y a à cet égard aucune différence entre les deux sexes. Mais sa pensée est qu’ayant recherché la raison de tout ce qui se fait de mauvais dans le monde (verset 25), il avait trouvé qu’il n’y avait rien de plus méchant et de plus dangereux qu’une femme dérèglée, telle qu’il la représente (verset 26), que sa malice et ses artifices sont tels qu’on ne saurait les concevoir, ni s’en dégager quand on s’y est laissé surprendre. Ainsi Salomon ne parle pas de toutes les femmes, mais seulement de celles qu’il venait de décrire. Au reste, ce prince parlait sans doute de la sorte ayant été lui-même séduit par les femmes. Voyez I Rois 11.1--4

Enfin, Salomon nous a enseigné que Dieu a fait l’homme droit, mais que l’homme s’est corrompu lui-même volontairement, d’où il s’en suit qu’on ne doit pas attribuer à Dieu la dépravation qui se trouve dans les hommes et que leur corruption vient d’eux-mêmes.

CHAPITRE VIII.

Les instructions contenues dans ce chapitre concernent le prix de la sagesse, le respect dû aux rois, la prudence, l’incertitude des événements et la certitude de la mort, l’abus que les hommes font de la patience de Dieu, l’état présent et l’état à venir des bons et des méchants et l’usage qu’il faut faire des avantages de la vie.

1 Qui est tel que le sage ? Et qui sait ce que veulent dire ces choses ? La sagesse de l’homme fait reluire sa face, et son regard sévère en est changé.

2 Observe, je te le dis, le commandement du roi, et la parole du serment fait à Dieu.

3 Ne te hâte point de te retirer de devant sa face, et ne persévère point dans une chose mauvaise ; car il fera tout ce qu’il lui plaira.

4 Où la parole du roi est, là est la puissance ; et qui lui dira : Que fais-tu ?

5 Celui qui garde le commandement ne sentira aucun mal, et le cœur du sage connaît le temps et la conduite qu’on doit tenir.

6 Car dans tout dessein il y a un temps et un moyen propre pour s’y conduire ; autrement il arrive bien du mal à l’homme.

7 Car il ne sait pas ce qui doit arriver, et qui est-ce qui lui déclarera quand ce sera ?

8 L’homme n’est point maître de son âme pour la pouvoir retenir, et n’a point de puissance sur le jour de la mort ; et il n’y a point de trêve dans cette guerre, et la malice ne délivrera point celui en qui elle se trouve.

9 J’ai vu tout cela, et j’ai appliqué mon cœur à tout le travail qui se fait sous le soleil. Il y a un temps auquel un homme domine sur l’autre à son malheur.

10 Et alors j’ai vu les méchants ensevelis, et puis retournés ; et ceux qui s’en étaient allés, et qui étaient venus du lieu saint, être oubliés dans la ville où ils avaient fait ce qui est droit. Cela est aussi une vanité.

11 Parce que la sentence contre les mauvaises actions ne s’exécute pas d’abord, à cause de cela, le cœur des hommes est plein d’envie de mal faire.

12 Car le pécheur fait mal cent fois, et Dieu lui donne du délai. Mais je connais aussi que ceux qui craignent Dieu, et qui révèrent sa face, seront heureux ;

13 Et que le méchant ne sera pas heureux, et qu’il ne prolongera pas ses jours plus que l’ombre, parce qu’il ne révère point la face de Dieu.

14 Il y a une vanité qui arrive sur la terre, c’est qu’il y a des justes auxquels il arrive selon l’œuvre des méchants ; et il y a aussi des méchants auxquels il arrive selon l’œuvre des justes. J’ai dit aussi que cela est une vanité.

15 C’est pourquoi j’ai prisé la joie, parce qu’il n’y a rien sous le soleil de meilleur à l’homme que de manger et de boire, et de se réjouir ; et c’est ce qui lui demeurera de son travail durant les jours de sa vie, que Dieu lui donne sous le soleil.

16 J’ai aussi appliqué mon cœur à connaître la sagesse, et à considérer les affaires qui se font sur la terre ; car l’homme ne donne point de repos à ses yeux, ni jour ni nuit.

17 Et j’ai reconnu dans toutes les œuvres de Dieu, que l’homme ne peut trouver la raison de ce qui se fait sous le soleil ; et que s’il travaille à la chercher, il ne la trouve pas ; et que même si le sage dit qu’il la sait, il ne la pourra pas trouver.

REFLEXIONS

Voici les principales instructions que le sage nous donne dans ce chapitre :

I. Que la sagesse est ce qui fait la joie et la vraie félicité de l’homme,

II. Qu’on doit porter aux rois l’honneur qui leur est dû,

III. Que l’un des principaux devoirs de la sagesse est de savoir profiter du temps et de l’occasion en toutes choses et que ceux qui ne le font pas s’attirent divers maux,

IV. Que les hommes ne savent pas ce qui leur doit arriver, que les événements et leur propre vie ne sont point en leur puissance et que la mort est inévitable tant aux méchants qu’aux gens de bien, ce qui est un grand motif à la modération et à la piété.

Ce chapitre nous enseigne outre cela

V. Que les pécheurs s’endurcissent ordinairement parce que Dieu les supporte et diffère de les punir, mais que cependant ils recevront tôt ou tard ce qu’ils méritent,

VI. Que si les justes sont malheureux en ce monde et si les méchants y sont heureux, cela marque la vanité des choses d’ici-bas, mais que Dieu le veut ainsi pour éprouver les bons et pour inviter les méchants à la repentance et pour rendre à la fin aux uns et aux autres selon leurs œuvres.

Enfin, il faut savoir que quand Salomon dit qu’il avait prisé la joie par-dessus toute chose, il entend par là une joie raisonnable qui naît d’un usage légitime et modéré des biens que Dieu nous accorde et qui n’a rien de déréglé, ni d’opposé à la piété.

CHAPITRE IX.

 Salomon enseigne dans ce chapitre : I. Que les bons et les méchants sont sujets aux mêmes accidents et que les morts n’ont plus de part à ce qui se fait sur la terre et ne peuvent plus jouir des biens de cette vie et qu’ainsi il faut s’en servir pendant qu’on le peut. II. Que les hommes ne sont pas les maîtres des événements. III. Enfin, que la sagesse est d’un très grand prix, quoi que les personnes sages soient quelques fois méprisées.

1 Certainement, j’ai appliqué mon cœur à tout cela, et pour éclaircir tout ceci, savoir, que les justes et les sages et leurs actions sont dans la main de Dieu, et l’amour et la haine, et que les hommes ne connaissent rien de tout ce qui est devant eux.

2 Tout arrive également à tous ; un même accident arrive au bon et au méchant, au juste et à l’injuste, au net et au souillé, à celui qui sacrifie et à celui qui ne sacrifie point ; le pécheur est à cet égard comme l’homme de bien ; celui qui jure, comme celui qui craint de jurer.

3 C’est ici une chose fâcheuse, entre toutes celles qui se font sous le soleil, qu’un même accident arrive à tous, et qu’aussi le cœur des hommes est rempli de mal, et qu’ils ont des folies dans leurs cœurs durant leur vie ; après quoi ils s’en vont vers les morts.

4 Et qui voudrait leur être associé ? Car il y a de l’espérance pour tous ceux qui sont encore vivants ; et même un chien vivant vaut mieux qu’un lion mort.

5 Certainement, les vivants savent qu’ils mourront, mais les morts ne savent rien et ne gagnent plus rien ; car leur mémoire est mise en oubli.

6 Aussi leur amour, leur haine, leur envie a déjà péri, et ils n’ont plus aucune part au monde, dans tout ce qui se fait sous le soleil.

7 Va donc, mange ton pain avec joie, et bois gaiement ton vin, parce que Dieu a déjà tes œuvres pour agréables.

8 Que tes vêtements soient blancs en tout temps, et que le parfum ne défaille point sur ta tête.

9 Vis joyeusement, tous les jours de la vie de ta vanité, avec la femme que tu as aimée, laquelle t’a été donnée sous le soleil pour tous les jours de ta vanité ; car c’est là ta portion dans cette vie, et ce qui te revient de ton travail, auquel tu t’appliques sous le soleil.

10 Fais selon ton pouvoir tout ce que tu auras moyen de faire ; car dans le sépulcre, où tu vas, il n’y a ni œuvre, ni discours, ni science, ni sagesse.

11 Je me suis tourné ailleurs, et j’ai vu sous le soleil, que la course n’est pas toujours pour les plus légers, ni le combat pour les vaillants, ni le pain pour les sages, ni la faveur pour les savants ; mais que le temps et l’occurrence échéent à tous.

12 Car l’homme même ne connaît pas son temps, non plus que les poissons qui sont pris au fatal filet, et que les oiseaux qui sont pris au lacet ; ainsi les hommes sont surpris par le temps de l’adversité, lorsque tout d’un coup elle tombe sur eux.

13 J’ai vu aussi cette sagesse sous le soleil, qui m’a semblé très grande :

14 C’est qu’il y avait une petite ville, et peu de gens dedans, contre laquelle est venu un grand roi, qui l’a investie, et qui a bâti de grands forts contre elle ;

15 mais il s’y est trouvé un homme qui était pauvre et sage, et qui l’a délivrée par sa sagesse ; et nul n’a eu mémoire de ce pauvre homme-là.

16 Alors j’ai dit : La sagesse vaut mieux que la force, et toutefois la sagesse du pauvre est méprisée, et on n’écoute point ses paroles.

17 Les paroles des gens sages doivent être écoutées plus paisiblement que le cri de celui qui domine parmi les insensés.

18 La sagesse vaut mieux que tous les instruments de guerre, et un seul homme pécheur fait perdre de grands biens.

REFLEXIONS

I. Il faut remarquer sur ce chapitre que, bien que les événements heureux et malheureux soient communs à tous les hommes, cela n’empêche pas que les justes et leurs actions ne soient, comme le sage le déclare, dans la main de Dieu et qu’il ne soit le juge tant des bons que des méchants.

II. Lorsque Salomon dit : Que les morts n’ont plus de part à ce qui se fait ici-bas et que leur amour et leur haine ont pris fin et qu’ainsi il faut manger son pain avec joie tous les jours de sa vie, sa pensée est qu’on doit profiter des avantages de cette vie et en user sagement pendant qu’on les possède. Mais on ne doit pas abuser de cela, ni croire qu’il soit permis de se livrer à la joie et aux plaisirs et de dire avec les profanes : Mangeons et buvons, car demain nous mourrons.

III. Le sage nous enseigne que la prudence et la force sont utiles en bien des occasions, mais que nous ne sommes pourtant pas maîtres des événements et que nous tombons souvent dans l’adversité, sans que nous puissions le prévoir, ni l’empêcher. Cela nous apprend à ne jamais nous confier en nos propres forces, en notre prudence, ni en notre adresse et à nous souvenir toujours que nous dépendons de la providence.

IV. Nous avons à remarquer ici que quoi que la sagesse soit très estimable et très avantageuse elle est souvent méprisée, surtout dans les petits ; mais que c’est-là un jugement fort injuste, et qu’on doit faire cas des gens sages et vertueux sans avoir égard à l’apparence des personnes.

CHAPITRE X.

Ce chapitre traite des fautes que commettent les gens sages, des fruits de la sagesse et des maux qui procèdent de la folie, de l’élévation des personnes indignes et des malheurs qui arrivent aux états lorsque ceux qui gouvernent sont incapables de commander, qu’ils sont jeunes ou adonnés aux plaisirs et à l’intempérance.

Il y est aussi parlé de la prudence et de l’inconsidération dans les discours, de la paresse et du respect qui est dû aux grands

1 Les mouches mortes font puer et exhaler les parfums du parfumeur ; un peu de folie fait la même chose à l’égard de celui qui est estimé pour sa sagesse et pour sa gloire.

2 Le sage a le cœur à sa droite ; mais le fou a le cœur à sa gauche.

3 Et même, quand l’insensé marche dans son chemin, le sens lui manque ; tandis qu’il dit de chacun : Il est insensé.

4 Si l’esprit de celui qui domine s’élève contre toi, ne quitte point ta condition ; car c’est un remède qui fait quitter de grandes fautes.

5 Il y a un mal que j’ai vu sous le soleil, comme une imprudence qui procède du prince :

6 c’est que la folie est mise aux lieux les plus élevés, et que les riches sont assis en bas.

7 J’ai vu les serviteurs à cheval, et les seigneurs marcher sur la terre comme des serviteurs.

8 Celui qui creuse la fosse y tombera, et le serpent mordra celui qui rompt la haie.

9 Celui qui remue des pierres en sera blessé ; et celui qui fend du bois en sera en danger,

10 si le fer est émoussé, et qu’il n’en ait pas aiguisé le tranchant, quand même il redoublerait ses efforts ; mais la sagesse est une excellente adresse.

11 Si le serpent mord, n’étant pas enchanté, le médisant ne vaut pas mieux.

12 Les paroles du sage ne sont que grâce ; mais les lèvres du fou l’engloutissent.

13 Le commencement de ses paroles est une folie ; et ses dernières paroles une extravagance.

14 L’insensé multiplie ses paroles ; et, toutefois, l’homme ne sait ce qui arrivera ; et qui est ce qui lui déclarera ce qui sera après lui ?

15 Le travail des insensés les lasse, car pas un d’eux ne sait le chemin qui mène à la ville.

16 Malheur à toi, terre, dont le roi est un enfant, et dont les gouverneurs mangent dès le matin.

17 Oh ! que tu es heureuse, terre, dont le roi est de race illustre, et dont les gouverneurs mangent quand il en est temps, pour leur réfection, et non dans la débauche.

18 A cause des mains paresseuses, le plancher s’affaisse ; et à cause des mains lâches, la maison a des gouttières.

19 On apprête la viande pour se réjouir, et le vin réjouit les vivants ; mais l’argent tient lieu de tout.

20 Ne dis point de mal du roi, pas même dans ta pensée ; ne dis point aussi de mal du riche dans la chambre de ton lit ; car les oiseaux en porteraient la voix, et ce qui vole en porterait les nouvelles.

REFLEXIONS

On doit faire principalement ces quatre réflexions sur ce chapitre :

I. Que les fautes des gens qui passent pour sages sont d’une grande conséquence à cause du mauvais exemple et du scandale qu’ils donnent. Cela doit engager ceux qui ont de la vertu à prendre garde à leur conduite, mais cela n’autorise personne à les imiter dans les fautes qu’ils commettent.

II. Qu’en toutes choses l’on doit se conduire avec prudence et ne rien faire, ni ne rien dire inconsidérément et mal à propos. Par là on évite bien des maux et diverses fautes où les hommes tombent, manque de réfléchir sur leurs actions et sur leurs discours. III. Que lorsque des gens de basse extraction et avec cela destitués de mérite et de vertu sont élevés aux honneurs il en arrive pour l’ordinaire de grands inconvénients.

III. Que les peuples et les états sont à plaindre lorsque leurs princes et leurs magistrats n’ont pas la sagesse et les lumières nécessaires, lorsqu’ils sont jeunes et sans expérience et lorsqu’ils s’adonnent à l’ivrognerie, à la gourmandise et aux plaisirs, mais qu’au contraire un pays est heureux quand il est gouverné par des personnes sages, sobres et dignes de commander.

Il faut remarquer sur cela que les rois et les magistrats pieux et intègres sont dignes d’être doublement honorés, mais que les défauts de ceux qui sont en autorité n’empêchent pas qu’on ne doive les respecter et leur obéir.

CHAPITRE XI.

Le sage fait quelques réflexions sur la conduite qu’on doit tenir à l’égard des biens du monde. Il montre qu’il faut suivre l’ordre que Dieu a établi, pour nous procurer ce qui est nécessaire pour la vie en se souvenant cependant toujours que tout dépend de la providence et que les choses de cette vie sont vaines et passagères.

1 Jette ton pain sur la face des eaux, et après plusieurs jours tu le trouveras.

2 Fais-en part à sept, et même à huit personnes ; car tu ne sais pas quel mal viendra sur la terre.

3 Lorsque les nuées sont pleines, elles répandent la pluie sur la terre ; et si un arbre tombe vers le midi, ou vers le septentrion, en quelque lieu qu’il soit tombé, il y demeurera.

4 Celui qui observe le vent ne sèmera point ; et celui qui observe les nuées, ne moissonnera point.

5 Comme tu ne sais pas quel est le chemin du vent, ni comment se forment les os dans le ventre de celle qui est enceinte ; ainsi tu ne connais pas l’œuvre de Dieu, qui a fait toutes choses.

6 Sème ta semence dès le matin, et ne laisse pas reposer tes mains le soir ; car tu ne sais pas lequel réussira le mieux, celui-ci ou celui-là, et si tous deux, seront également bons.

7 Il est vrai que la lumière est douce, et qu’il est agréable aux yeux de voir le soleil.

8 Mais si un homme vit beaucoup d’années, et qu’il se réjouisse tout le long de ces années-là, et qu’il se souvienne des jours qu’il passera dans les ténèbres, qui seront en grand nombre, tout ce qui lui sera arrivé se trouvera une vanité.

REFLEXIONS

Nous devons apprendre de ce chapitre :

I. À nous conformer à l’ordre que la providence a établi à l’égard des moyens de nous procurer ce dont nous avons besoin pour passer cette vie et de l’usage des biens temporels.

II. Que les œuvres de Dieu sont admirables et que nous n’en saurions comprendre toutes les merveilles, mais que nous devons nous reposer sur cette providence adorable qui pourvoit à tout et jouir cependant des biens qu’elle nous présente sans pourtant y établir notre félicité.

CHAPITRE XII. 

Ce chapitre a trois parties : I. Salomon exhorte les jeunes gens à craindre Dieu avant que la vieillesse vienne et que la mort les ôte de ce monde. II. Il décrit les infirmités de la vieillesse et il dit qu’elle se termine par la mort. III. Il conclut ce livre en montrant que le but de tout ce qui y est dit est d’apprendre aux hommes à reconnaître la vanité de ce monde et à craindre Dieu.

1 Jeune homme, réjouis-toi dans ton jeune âge, et que ton cœur te rende content dans les jours de ta jeunesse, et marche comme ton cœur te mène, et selon le regard de tes yeux ; mais sache que pour toutes ces choses Dieu te fera venir en jugement.

2 Ote le chagrin de ton cœur, et éloigne de toi la malice ; car le jeune âge et l’adolescence ne sont que vanité.

3 Mais souviens-toi de ton créateur pendant les jours de ta jeunesse, avant que les jours mauvais viennent, et que les ans arrivent desquels tu diras : Je n’y prends point de plaisir ;

4 Avant que le soleil, la lumière, la lune et les étoiles s’obscurcissent, et que les nuées retournent après la pluie ;

5 lorsque les gardes de la maison trembleront, que les hommes forts se courberont, que celles qui meulent cesseront, parce qu’elles auront été diminuées, et lorsque celles qui regardent par les fenêtres, seront obscurcies ;

6 et lorsque les deux battants de la porte seront fermés vers la rue, avec abaissement du bruit de la meule ; qu’on se lèvera au chant de l’oiseau, et que tout ce qui sert au chant sera abattu ;

7 Lorsqu’ils craindront ce qui est élevé, qu’ils trembleront en marchant, que l’amandier fleurira, que la sauterelle deviendra pesante, et que l’appétit s’en ira ; car l’homme s’en va à la maison où il demeurera toujours, et ceux qui pleurent feront le tour par les rues ;

8 avant que la corde d’argent se rompe, que le vase d’or se casse, que la cruche se brise sur la fontaine, et que la roue se rompe sur la citerne ;

9 et que la poudre retourne dans la terre, comme elle y avait été ; et que l’esprit retourne à Dieu qui l’a donné.

10 Vanité des vanités, dit l’Ecclésiaste ; tout est vanité.

11 Et parce que l’Ecclésiaste a été très sage, il a enseigné la sagesse au peuple. Il a fait entendre, il a recherché et mis en ordre plusieurs sentences graves.

12 L’Ecclésiaste a cherché pour trouver des sentences agréables, et il a écrit avec droiture des paroles de vérité.

13 Les paroles des sages sont comme des aiguillons, et les maîtres qui en ont fait des recueils sont comme des clous enfoncés, et donnés par un même prince.

14 Mon fils, garde-toi de rien chercher outre ceci ; car il n’y a point de fin à faire beaucoup de livres ; et tant d’étude n’est que du travail qu’on se donne.

15 Le but de tout le discours qui a été entendu, c’est : Crains Dieu, et garde ses commandements ; car c’est là le tout de l’homme ;

16 car Dieu fera venir en jugement tout ce qu’on aura fait, avec tout ce qui est caché, soit bien, soit mal.

REFLEXIONS

I. Les jeunes gens doivent profiter des graves et fortes exhortations que le sage leur adresse dans ce chapitre et apprendre d’ici à reconnaître de quelle importance il est à leur âge de fuir les désirs de la jeunesse et surtout les plaisirs et les voluptés, de se souvenir de leur Créateur pendant qu’ils sont jeunes et de craindre son jugement avant que l’occasion de s’acquitter de ces devoirs leur soit ôtée, de peur que s’ils suivent le penchant de leur cœur et s’ils se livrent à la joie du monde ils ne reconnaissent leur égarement que lorsqu’il ne sera plus temps d’en revenir.

II. La description que Salomon fait des infirmités de la vieillesse nous met devant les yeux la vanité de cette vie, mais cela doit principalement nous faire penser que puisque l’homme déchet ainsi et que son corps s’affaiblit et se consume dans l’âge avancé, cet âge-là n’est plus guère propre pour glorifier Dieu, ni pour se procurer le salut quand on a négligé de le faire auparavant et qu’ainsi on doit y travailler avant que la fin vienne et pendant que l’on a le temps et les forces nécessaires pour cela.

III. Il faut faire une attention particulière à ces paroles : Que la poudre retourne dans la terre, mais que l’esprit retourne à Dieu qui l’a donné.

Elles marquent bien clairement que l’âme est immortelle et qu’elle ne périt pas avec le corps.

La conclusion de ce livre de l’Ecclésiaste est surtout remarquable. Salomon déclare que : le but de tout ce qu’il a dit est de craindre Dieu et de garder ses commandements, que c’est là le tout de l’homme et que Dieu jugera un jour tous les hommes selon le bien et le mal qu’ils auront fait. C’est par ces dernières paroles que tout ce qui se lit dans ce livre doit être expliqué et c’est aussi là le but et l’abrégé de toute la religion et de toutes les instructions qui nous sont données dans les livres sacrés.