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ARGUMENT

Le second livre des rois contient l’histoire des rois de Juda et des rois d’Israël depuis la fin du règne de Josaphat et d’Achab jusqu’à la ruine des deux royaumes. On y voit comment le royaume d’Israël fut gouverné par les rois impies et idolâtres et comment il fut détruit par le roi d’Assyrie qui transporta les dix tribus, c’est ce qui se lit dans les XVII premiers chapitres. On a aussi dans ce livre l’histoire des rois de Juda depuis Josaphat jusqu’à Sédécias sous lequel la ville et le temple de Jérusalem furent pris et ruinés par les Caldéens et les Juifs emmenés captifs à Babylone. Tout cela arriva dans l’espace d’environ trois cents ans.

Chapitres  CHAPITRE I. CHAPITRE II. CHAPITRE III.  CHAPITRE IV. CHAPITRE V.  CHAPITRE VI. CHAPITRE VII. CHAPITRE VIII. CHAPITRE IX.  CHAPITRE X.   CHAPITRE XI.   CHAPITRE XII. CHAPITRE XIII.  CHAPITRE XIV.   CHAPITRE XV.   CHAPITRE XVI. CHAPITRE XVII.  CHAPITRE XVIII.  CHAPITRE XIX.   CHAPITRE XX.  CHAPITRE XXI.  CHAPITRE XXII.  CHAPITRE XXIII.  CHAPITRE XXIV.   CHAPITRE XXV. LIVRES DU VIEUX TESTAMENT.

CHAPITRE I

Les Moabites se révoltent contre Achazia huitième roi d’Israël. Ce roi étant malade envoie consulter l’idole de bahal-zébub sur l’issue de sa maladie, mais Élie ayant rencontré les gens d’Achazia les reprend de ce qu’ils allaient aux idoles plutôt qu’au vrai Dieu et il leur dit que le roi mourrait. Ce prophète fait descendre le feu du Ciel sur deux capitaines et sur leurs compagnies qu’Achazia avait envoyés pour le saisir. Et étant allé vers ce Roi, il lui prédit sa mort. Achazia meurt après avoir régné deux ans et Joram son frère régna à sa place.

1 Après la mort d’Achab, les Moabites se révoltèrent contre Israël.

2 Et Achazia tomba par le treillis de sa chambre haute qui était à Samarie, et il en fut malade ; et il envoya des députés auxquels il dit : Allez, consultez Bahal-Zébub, dieu de Hékron, si je relèverai de cette maladie.

3 Mais l’ange de l’Eternel parla à Elie Tisçbite, et lui dit : Lève-toi, monte au-devant des députés du roi de Samarie, et dis-leur : N’y a-t-il point de Dieu en Israël, que vous alliez consulter Bahal-Zébub, dieu de Hékron ?

4 C’est pourquoi, ainsi a dit l’Eternel : Tu ne descendras point du lit sur lequel tu es monté ; mais tu mourras certainement. Et Elie s’en alla.

5 Et les députés retournèrent vers Achazia ; et il leur dit : Pourquoi êtes-vous revenus ?

6 Et ils lui répondirent : Un homme est monté au-devant de nous, qui nous a dit : Allez, retournez vers le roi qui vous a envoyés, et dites-lui : Ainsi a dit l’Eternel : N’y a-t-il point de Dieu en Israël, que tu envoies consulter Bahal-Zébub, dieu de Hékron ? C’est pourquoi tu ne descendras point du lit sur lequel tu es monté ; mais tu mourras certainement.

7 Et il leur dit : Comment était fait cet homme qui est monté au-devant de vous, et qui vous a dit ces paroles ?

8 Et ils lui répondirent : C’est un homme vêtu de poil, qui a une ceinture de cuir, ceinte sur ses reins. Et il dit : C’est Elie Tisçbite.

9 Alors il envoya vers lui un capitaine de cinquante hommes, avec ses cinquante hommes, qui monta vers lui ; (et voilà, il se tenait sur le haut d’une montagne) et ce capitaine lui dit : Homme de Dieu, le roi a dit que tu descendes.

10 Mais Elie répondit et dit au capitaine des cinquante hommes : Si je suis homme de Dieu, que le feu descende des cieux, et te consume, toi et tes cinquante hommes. Et le feu descendit des cieux et le consuma, lui et ses cinquante hommes.

11 Et Achazia envoya encore un autre capitaine de cinquante hommes, avec ses cinquante hommes, qui prit la parole et lui dit : Homme de Dieu, ainsi a dit le roi : Hâte-toi de descendre.

12 Mais Elie répondit et leur dit : Si je suis homme de Dieu, que le feu descende des cieux et te consume, toi et tes cinquante hommes. Et le feu de Dieu descendit des cieux, et le consuma, lui et ses cinquante hommes.

13 Et Achazia envoya encore un capitaine d’une troisième cinquantaine, avec ses cinquante hommes. Et ce troisième capitaine de cinquante hommes monta et vint, et se mit à genoux devant Elie, et le supplia, et lui dit : Homme de Dieu, je te prie que ma vie, et la vie de ces cinquante hommes tes serviteurs, te soit précieuse.

14 Voilà, le feu est descendu des cieux, et a consumé les deux premiers capitaines de cinquante hommes, avec leurs cinquante hommes, mais maintenant, que ma vie te soit précieuse.

15 Et l’ange de l’Eternel dit à Elie : Descends avec lui ; n’aie point peur de lui. Il se leva donc, et descendit avec lui vers le roi ;

16 et il lui dit : Ainsi a dit l’Éternel : Parce que tu as envoyé des messagers pour consulter Bahal-Zébub, dieu de Hékron, comme s’il n’y avait point de Dieu en Israël pour consulter sa parole, tu ne descendras point du lit sur lequel tu es monté ; mais tu mourras certainement.

17 Il mourut donc, selon la parole de l’Éternel, qu’Élie avait prononcée ; et Joram commença à régner en sa place, la seconde année de Joram, fils de Josaphat, roi de Juda ; parce qu’il n’avait point de fils.

18 Le reste des actions que fit Achazia, n’est-il pas écrit au livre des Chroniques des rois d’Israël ?

REFLEXIONS

On voit dans ce chapitre :

I. Que les menaces que Dieu avait faites contre la postérité du roi Achab commencèrent à s’exécuter sous le règne d’Achazia son fils. Les Moabites se révoltèrent contre lui, il fit une chute mortelle et il mourut après avoir vu deux de ses compagnies périr par le feu du Ciel.

II. Que ce prince, au lieu de profiter de sa maladie et des châtiments de Dieu, en vint jusqu’à ce degré d’impiété que de consulter les idoles. Dieu châtie les pécheurs pour les rappeler à lui, mais quand ils prennent occasion de ces châtiments même de l’offenser par de nouveaux crimes, c’est la marque du dernier endurcissement.

III. Il faut remarquer que si Élie fit consumer par le feu du Ciel les capitaines et les soldats que le roi avait envoyés pour le saisir, il ne le fit pas par un esprit de vengeance, ni de son mouvement particulier, mais qu’il le fit par un mouvement de l’esprit de Dieu et par son ordre, ce qui paraît en ce que Dieu déploya sa toute puissance et fit tomber le feu du Ciel à la parole d’Élie. Dieu fit ce miracle pour punir ces idolâtres, pour arrêter la fureur d’Achazia, pour l’empêcher de faire du mal à Élie qui devait aller lui parler et pour apprendre à ce prince et à tous ses sujets à craindre le vrai Dieu.

Ainsi cette action d’Élie n’autorise point la vengeance et c’est ce que notre Seigneur enseigna à ses disciples lorsqu’il les censura de ce qu’ils voulaient, à l’imitation d’Élie, faire descendre le feu du Ciel sur des Samaritains qui avaient refusé de le loger.

Achazia mourut après un règne fort court et cette mort étant arrivée ensuite de la prédication du prophète Élie, on doit la regarder comme une juste punition de Dieu sur ce prince idolâtre et impie.

CHAPITRE II

Le prophète Élie est enlevé au Ciel. Élisée son disciple et son successeur reçoit son esprit, et fait diverses merveilles qui tendaient à montrer que Dieu l’avait établi pour être prophète en Israël comme Élie l’avait été.

1 Lorsque l’Éternel voulait enlever Élie aux cieux par un tourbillon, Élie et Élisée venaient de Guilgal.

2 Et Élie dit à Élisée : Je te prie, demeure ici ; car l’Éternel m’envoie jusqu’à Beth-el. Mais Élisée répondit : L’Éternel est vivant, et ton âme est vivante, que je ne te quitterai point ; ainsi ils descendirent à Beth-el.

3 Et les fils des prophètes qui étaient à Beth-el, sortirent vers Élisée, et lui dirent : Ne sais-tu pas bien qu’aujourd’hui l’Éternel va t’enlever ton maître ? Et il répondit : Je le sais bien aussi ; taisez-vous.

4 Élie lui dit : Élisée, je te prie, demeure ici ; car l’Éternel m’envoie à Jérico. Mais il lui répondit : L’Éternel est vivant, et ton âme est vivante, que je ne te quitterai point. Ainsi ils s’en allèrent à Jérico.

5 Et les fils des prophètes qui étaient à Jérico, vinrent vers Élisée, et lui dirent : Ne sais-tu pas bien que l’Éternel va t’enlever aujourd’hui ton maître ? Et il répondit : Je le sais bien aussi ; taisez-vous.

6 Et Élie lui dit : Je te prie, demeure ici ; car l’Éternel m’envoie jusqu’au Jourdain. Mais il répondit : L’Éternel est vivant, et ton âme est vivante, que je ne te quitterai point. Ainsi ils s’en allèrent eux deux ensemble.

7 Et cinquante hommes d’entre les fils des prophètes vinrent, et se tinrent loin vis-à-vis ; et ils s’arrêtèrent tous deux auprès du Jourdain.

8 Alors Élie prit son manteau, et le plia, et en frappa les eaux qui se partagèrent çà et là, et ils passèrent tous deux à sec.

9 Quand ils furent passés, Élie dit à Élisée : Demande ce que tu veux que je te fasse, avant que je sois enlevé d’avec toi. Et Élisée répondit : Je te prie que j’aie de ton esprit autant que deux.

10 Et il lui dit : Tu as demandé une chose difficile ; si tu me vois enlever d’avec toi, cela t’arrivera ainsi ; mais si tu ne me vois pas, cela n’arrivera pas.

11 Et comme ils continuaient leur chemin, et qu’ils marchaient en parlant, voici un chariot de feu, et des chevaux de feu, qui les séparèrent l’un de l’autre. Et Élie monta aux cieux par un tourbillon.

12 Et Élisée le regardant, criait : Mon père, mon père, chariot d’Israël, et sa cavalerie ; et il ne le vit plus ; et prenant ses vêtements, il les déchira en deux pièces ;

13 et il leva le manteau d’Élie, qui était tombé de dessus lui, et il s’en retourna et s’arrêta sur le bord du Jourdain ;

14 Et il prit le manteau d’Élie, qui était tombé de dessus lui, et il en frappa les eaux, et dit : Où est l’Éternel, le Dieu d’Élie, l’Éternel même ? Il frappa donc les eaux, et elles se partagèrent çà et là ; et Élisée passa.

15 Quand les fils des prophètes qui étaient à Jérico, vis-à-vis, l’eurent vu, ils dirent : L’esprit d’Élie s’est posé sur Élisée. Et ils vinrent au-devant de lui, et se prosternèrent devant lui en terre ;

16 et ils lui dirent : Voici maintenant avec tes serviteurs cinquante hommes vaillants ; nous te prions qu’ils s’en aillent chercher ton maître, de peur que l’esprit de l’Éternel ne l’ait enlevé, et ne l’ait jeté dans quelque montagne, ou dans quelque vallée. Et il répondit : N’y envoyez point.

17 Mais ils le pressèrent tant par leurs paroles, qu’il en était honteux ; et il dit : Envoyez-y. Et ils envoyèrent ces cinquante hommes, qui le cherchèrent pendant trois jours ; mais ils ne le trouvèrent point.

18 Et ils retournèrent vers Elisée, qui était demeuré à Jérico ; et il leur dit : Ne vous avais-je pas bien dit que vous n’y allassiez point ?

19 Et les gens de la ville dirent à Elisée : Voici maintenant, le séjour de cette ville est bon, comme mon seigneur le voit ; mais les eaux en sont mauvaises, et la terre en est stérile.

20 Et il dit : Apportez-moi un vaisseau neuf, et mettez-y du sel ; et ils le lui apportèrent.

21 Puis il sortit vers le lieu d’où les eaux sortaient, et il y jeta le sel, et dit : Ainsi a dit l’Eternel : J’ai rendu saines ces eaux, elles ne causeront plus la mort, et la terre ne sera plus stérile.

22 Et elles furent rendues saines et elles l’ont été jusqu’à ce jour, selon la parole qu’Elisée avait proférée.

23 Et de là il monta à Beth-el ; et comme il montait par le chemin, de jeunes garçons sortirent de la ville, qui se moquaient de lui et disaient : Monte, chauve ; monte, chauve.

24 Et regardant derrière soi, il les vit et les maudit au nom de l’Eternel. Alors deux ourses sortirent de la forêt, et déchirèrent quarante-deux de ces jeunes gens.

25 De là il alla sur la montagne de Carmel, d’où il revint à Samarie.

REFLEXIONS

L’enlèvement du prophète Élie au Ciel est un événement admirable où nous voyons comment Dieu voulut récompenser le zèle extraordinaire dont ce grand prophète avait été animé pendant sa vie et apprendre en même temps aux hommes qu’il réserve dans le Ciel une vie bienheureuse à ceux qui l’auront servi fidèlement sur la terre.

Au reste, il paraît par les circonstances de cette histoire et par ce qui précéda et ce qui suivit l’ascension d’Élie qu’elle fut connue, non seulement d’Élisée, mais d’un grand nombre de fils de prophètes qui étaient de l’autre côté du Jourdain lorsqu’Élie fut enlevé.

Nous avons outre cela dans cette ascension d’Élie une image de celle de Jésus-Christ laquelle nous assure encore plus fortement qu’il y a pour les justes une meilleure vie après celle-ci.

La persévérance avec laquelle Élisée suivi Élie afin qu’il pût être le témoin de son départ et la prière qu’il fit pour obtenir une double portion de son esprit marquent le zèle et la foi d’Élisée. Il en fut récompensé puisqu’il vit l’enlèvement de son maître et qu’il fut revêtu des mêmes dons que lui.

Nous devons rechercher avec la même ardeur et avec la même persévérance les dons de l’esprit de Dieu qui nous sont nécessaires et si nous nous adressons à Jésus-Christ pour les lui demander, il nous les accordera dans une mesure abondante.

Les miracles qu’Élisée fit incontinent après l’enlèvement d’Élie en partageant les eaux du Jourdain et en rendant saines celles de Jérico tendaient à l’assurer que Dieu serait avec lui comme il avait été avec Élie et à faire voir aux fils des prophètes et à tout le peuple d’Israël qu’Élisée était un prophète envoyé extraordinairement de sa part.

La mort de ces quarante-deux jeunes garçons de Béth-el qui furent dévorés par deux ourses arriva aussi par la volonté et par la puissance divine. Dieu voulait confirmer par ce moyen la vocation d’Élisée au milieu d’un peuple idolâtre, donner de la crainte au roi d’Israël et à son royaume et punir les habitants de la ville de Béth-el qui était le lieu où l’idolâtrie était publiquement exercée et où les prophètes du Seigneur étaient méprisés et rejetés. Il était nécessaire qu’il arrivât de temps en temps de ces sortes d’exemples et que Dieu donnât des marques de sa colère dans un royaume où le culte des idoles était établi et soutenu par l’autorité publique.

CHAPITRE III

Joram, neuvième roi d’Israël, aidé par Josaphat roi de Juda et par le roi des Iduméens fait la guerre aux Moabites qui s’étaient révoltés contre Achazia son frère. L’armée de ces trois rois manquant d’eau et étant sur le point de périr, le prophète Élisée leur fit avoir de l’eau et leur promit la victoire. Les Moabites furent défaits et leur roi offrit son fils en holocauste sur la muraille de la ville de Kir-haréseth où il s’était retiré, après quoi cette guerre fut terminée.

1 La dix-huitième année de Josaphat, roi de Juda, Joram, fils d’Achab, avait commencé à régner sur Israël dans Samarie, et il régna douze ans.

2 Et il fit ce qui est mauvais devant l’Eternel, mais non pas comme son père et sa mère ; car il ôta la statue de Bahal que son père avait faite.

3 Toutefois, il demeura dans les péchés de Jéroboam, fils de Nébat, par lesquels il avait fait pécher Israël, et il ne s’en retira point.

4 Or, Mesçah, roi des Moabites, avait de grands troupeaux, et il en payait au roi d’Israël cent mille agneaux, et cent mille moutons avec leur laine.

5 Mais aussitôt qu’Achab fut mort, le roi des Moabites se révolta contre le roi d’Israël.

6 C’est pourquoi, le roi Joram sortit ce jour-là de Samarie, et fit le dénombrement de tout Israël ;

7 et il envoya vers Josaphat, roi de Juda, pour lui dire : Le roi des Moabites s’est révolté contre moi ; ne viendras-tu pas avec moi à la guerre contre les Moabites ? Et il répondit : J’y monterai ; dispose de moi comme de toi, de mon peuple comme de ton peuple, et de mes chevaux comme de tes chevaux.

8 Ensuite il dit : Par quel chemin monterons-nous ? Et il répondit : Par le chemin du désert de l’Idumée.

9 Ainsi le roi d’Israël, le roi de Juda, et le roi d’Edom partirent ; et après avoir tourné par le chemin pendant sept jours, ils n’eurent plus d’eau pour le camp, ni pour les bêtes qu’ils menaient.

10 Et le roi d’Israël dit : Hélas ! certainement, l’Eternel a appelé ces trois rois pour les livrer entre les mains des Moabites.

11 Et Josaphat dit : N’y a-t-il point ici quelque prophète de l’Eternel, afin que nous consultions l’Eternel par lui ? Et un des serviteurs du roi d’Israël répondit et dit : Elisée, fils de Sçaphat, qui versait de l’eau sur les mains d’Elie, est ici.

12 Alors Josaphat dit : La parole de l’Eternel est avec lui. Et le roi d’Israël, et Josaphat, et le roi des Iduméens descendirent vers lui.

13 Mais Elisée dit au roi d’Israël : Qu’y a-t-il entre moi et toi ? Va-t’en vers les prophètes de ton père, et vers les prophètes de ta mère. Et le roi d’Israël répondit : Non ; car l’Eternel a appelé ces trois rois pour les livrer entre les mains des Moabites.

14 Et Elisée dit : L’Eternel des armées, devant lequel j’assiste, est vivant, que si je n’avais égard à Josaphat, roi de Juda, je ne daignerais pas te regarder ni te voir.

15 Mais maintenant, amenez-moi un joueur d’instruments. Et comme le joueur jouait des instruments, la main de l’Eternel fut sur lui ;

16 et il dit : Ainsi a dit l’Eternel : Qu’on fasse dans toute cette vallée des fosses ;

17 car ainsi a dit l’Eternel : Vous ne verrez ni vent, ni pluie, et néanmoins cette vallée sera remplie d’eaux, dont vous boirez, vous et vos bêtes.

18 Encore cela est-il peu de chose à l’Eternel ; car il livrera les Moabites entre vos mains.

19 Et vous détruirez toutes les villes fortes et toutes les villes principales, vous abattrez tous les arbres fruitiers, vous boucherez toutes les fontaines, et vous couvrirez de pierres tous les meilleurs champs.

20 Il arriva donc le matin, environ l’heure qu’on offre l’oblation, qu’on vit venir des eaux du chemin de l’Idumée, de sorte que ce lieu-là fut rempli d’eaux.

21 Or, tous les Moabites ayant appris que ces rois-là étaient montés pour leur faire la guerre, s’étaient assemblés à cri public, tous ceux qui étaient en âge pour porter les armes, et au-dessus, et ils se tinrent sur la frontière.

22 Et le lendemain ils se levèrent de bon matin ; et comme le soleil fut levé sur les eaux, les Moabites virent vis-à-vis d’eux les eaux rouges comme du sang.

23 Et ils dirent : C’est du sang, certainement ces rois-là se sont entre-tués, et chacun a frappé son compagnon ; maintenant donc, ô Moabites, au butin !

24 Ainsi ils vinrent au camp d’Israël, et les Israélites se levèrent et battirent les Moabites, qui s’enfuirent devant eux ; puis ils entrèrent dans le pays, et tuèrent les Moabites.

25 Et ils détruisirent les villes, et chacun jetait des pierres dans les meilleurs champs, de sorte qu’ils les en remplirent, et ils bouchèrent toutes les fontaines, et abattirent tous les arbres fruitiers, jusqu’à ne laisser que les pierres à Kir-Haréseth, que les tireurs de fronde environnèrent et battirent.

26 Et le roi des Moabites voyant qu’il n’était pas le plus fort, prit avec soi sept cents hommes qui tiraient l’épée, pour enfoncer jusqu’au roi de l’Idumée ; mais ils ne purent.

27 Alors il prit son fils aîné, qui devait régner en sa place, et il l’offrit en holocauste sur la muraille, et les Israélites en eurent horreur ; ainsi ils se retirèrent de lui, et ils s’en retournèrent en leur pays.

REFLEXIONS

Ce qu’il y a à remarquer ici, c’est :

Que Joram ne fut pas si méchant qu’Achazia son frère puisqu’il ôta l’idolâtrie de bahal, mais il conserva pourtant celle des veaux d’or que Jéroboam avait introduite. Ce prince avait quelques bons sentiments, mais il n’eut pas assez de piété et de résolution pour abolir tout à fait l’idolâtrie.

Nous avons dans le roi Joram une image de ces pécheurs qui veulent faire quelque chose pour Dieu et qui renoncent à certains péchés, mais qui en conservent d’autres et ne peuvent se résoudre à les abandonner.

L’armée des rois de Juda, d’Israël et d’Édom manquant d’eau, Élisée fut appelé et Dieu leur donna de l’eau par le ministère de ce prophète après quoi ils défirent les Madianites. Comme l’histoire sainte dit que Dieu fit cela en considération de Josaphat roi de Juda qui le craignait, on voit par-là que Dieu fait souvent du bien à des gens qui en sont indignes à cause des personnes pieuses et que c’est pour l’amour d’elles qu’il déploie sa puissance et sa bonté en faveur des méchants. On peut dire aussi que Dieu favorisa Joram dans cette occasion parce qu’il n’était pas si méchant qu’Achab son père, ni qu’Achazia son frère et parce qu’il avait aboli le culte qu’on rendait à bahal.

Dieu est si bon qu’il récompense même le peu de bien qu’il y a dans les pécheurs et par là il leur montre que s’ils se convertissaient sincèrement à lui, il les combleraient des marques de son amour.

Cette victoire que Dieu accorda à Joram par le moyen du prophète Élisée devait engager ce prince à abolir entièrement l’idolâtrie, mais il ne le fit pas et par sa persévérance dans ses péchés, il attira sur lui, les jugements de Dieu.

L’action cruelle et dénaturée du roi de Moab qui immola son propre fils est une particularité bien remarquable. Par là nous devons reconnaître que les sentiments de l’humanité étaient presque éteints parmi ces peuples idolâtres.

Cela nous montre aussi que le dépit et le désespoir peuvent porter les hommes aux crimes les plus détestables. Les impies s’adonnent ordinairement aux derniers excès de la douleur, mais ceux qui connaissent Dieu et qui le craignent sont toujours résignés et soumis dans les événements les plus fâcheux.

CHAPITRE IV

Ce chapitre contient le récit de divers miracles du prophète Élisée. Il multiplia l’huile d’une veuve. Étant allé loger chez une femme Sçunamite, il lui promet que Dieu lui donnerait un fils et ce fils étant mort, il le ressuscita. Il rendit doux un potage dont on ne pouvait manger. Et il nourrit cent personnes avec vingt pains d’orges et quelques épis.

1 Or, une veuve d’un des fils des prophètes cria à Elisée, disant : Ton serviteur mon mari est mort ; et tu sais que ton serviteur craignait l’Eternel ; et son créancier est venu pour prendre mes deux enfants, afin qu’ils soient esclaves.

2 Et Elisée lui répondit : Que te ferai-je ? Déclare-moi ce que tu as à la maison. Et elle dit : Ta servante n’a rien dans toute la maison qu’un pot d’huile.

3 Alors il lui dit : Va, demande des vaisseaux à tous tes voisins, des vaisseaux qui soient vides, et n’en demande pas en petit nombre.

4 Puis entre et ferme la porte sur toi et sur tes enfants, et en verse dans tous ces vaisseaux, faisant ôter ceux qui seront pleins.

5 Ainsi elle partit d’avec lui, et ferma la porte sur elle et sur ses enfants ; et ils lui apportaient les vaisseaux, et elle versait.

6 Et il arriva que dès qu’elle eut rempli les vaisseaux, elle dit à son fils : Apporte-moi encore un vaisseau. Et il répondit : Il n’y a plus de vaisseaux ; et l’huile s'arrêta.

7 Alors elle s’en vint le rapporter à l’homme de Dieu, lequel lui dit : Va, vends l’huile, et paye ta dette, et toi et tes fils vous vivrez du reste.

8 Et il arriva un jour qu’Elisée passa par Sçunem, où il y avait une femme qui avait de grands biens ; et elle le retint avec de grandes instances à manger du pain chez elle ; et toutes les fois qu’il passait il s’y retirait pour manger.

9 Et elle dit à son mari : Je connais maintenant que cet homme-ci, qui passe souvent chez nous, est un saint homme de Dieu.

10 Faisons-lui, je te prie, une petite chambre haute, et mettons-lui là un lit, une table, un siège et un chandelier, afin que quand il viendra vers nous, il se retire là.

11 Il arriva donc un jour qu’il vint là, et il se retira dans cette chambre haute, et y reposa.

12 Et il dit à Guéhazi son serviteur : Appelle cette Sçunamite. Et il l’appela, et elle se présenta devant lui.

13 Alors il dit à Guéhazi : Dis maintenant à cette femme : Voici, tu as pris tous ces soins pour nous ; que pourrait-on faire pour toi ? As-tu à parler au roi, ou au chef de l’armée ? Et elle répondit : J’habite au milieu de mon peuple.

14 Il dit donc à Guéhazi : Que lui faudrait-il faire ? Et Guéhazi répondit : Certainement, elle n’a point de fils, et son mari est vieux.

15 Alors il dit : Appelle-la. Et il l’appela, et elle se présenta à la porte.

16 Et il lui dit : L’année qui vient, en cette même saison, tu embrasseras un fils. Et elle répondit : Non, mon seigneur, homme de Dieu, ne mens point à ta servante.

17 Cette femme-là donc conçut et enfanta un fils, un an après, dans la même saison, comme Elisée lui avait dit.

18 Et l’enfant étant devenu grand, il arriva un jour qu’il sortit pour aller trouver son père vers les moissonneurs.

19 Et il dit à son père : Ma tête, ma tête. Et le père dit au serviteur : Porte-le à sa mère.

20 Il le porta donc et l’amena à sa mère, et il demeura sur ses genoux jusqu’à midi, et il mourut.

21 Et elle monta, et le coucha sur le lit de l’homme de Dieu, et ayant fermé la porte sur lui, elle sortit.

22 Ensuite elle cria à son mari, et dit : Je te prie ; envoie-moi un des serviteurs et une ânesse, et je m’en irai jusqu’à l’homme de Dieu ; puis je reviendrai.

23 Et il dit : Pourquoi vas-tu vers lui aujourd’hui ? Ce n’est point la nouvelle lune, ni le sabbat. Elle répondit : Tout va bien.

24 Elle fit donc seller l’ânesse, et dit à son serviteur : Mène-la, et marche, et ne m’empêche point d’avancer chemin sur l’ânesse, si je ne te le dis.

25 Ainsi elle s’en alla, et vint vers l’homme de Dieu en la montagne de Carmel. Et sitôt que l’homme de Dieu eut vu qu’elle venait vers lui, il dit à Guéhazi son serviteur : Voilà la Sçunamite.

26 Va, cours au-devant d’elle, et dis-lui : Tout va-t-il bien ? Ton mari se porte-t-il bien ? L’enfant se porte-t-il bien ? Et elle répondit : Bien.

27 Puis elle vint vers l’homme de Dieu sur la montagne, et embrassa ses pieds. Et Guéhazi s’approcha pour la repousser ; mais l’homme de Dieu lui dit : Laisse-la, car elle a le cœur outré ; et l’Éternel me l’a caché, et ne me l’a point déclaré.

28 Alors elle dit : Avais-je demandé un fils à mon seigneur ? Ne te dis-je pas : Ne fais point que je sois trompée ?

29 Et il dit à Guéhazi : Ceins tes reins, prends mon bâton à ta main, et t’en va ; si tu trouves quelqu’un, ne le salue point, et si quelqu’un te salue, ne lui réponds point ; ensuite tu mettras mon bâton sur le visage du garçon.

30 Mais la mère du jeune garçon dit : L’Éternel est vivant, et ton âme est vivante, que je ne te laisserai point. Et il se leva, et s’en alla après elle.

31 Or, Guéhazi était passé devant eux, et il avait mis le bâton sur le visage du garçon ; mais il n’y eut ni voix ni aucune apparence qu’on eût égard à ce qu’il faisait, et il retourna au-devant de lui, et il lui en fit le rapport, disant : L’enfant ne s’est point réveillé.

32 Elisée donc entra dans la maison, et voilà, le garçon était mort, et couché sur son lit.

33 Et étant entré dans, sa chambre, il ferma la porte sur eux deux, et pria l’Eternel.

34 Puis il monta et se coucha sur l’enfant, et mit sa bouche sur la bouche de l’enfant, et ses yeux sur ses yeux, et ses paumes sur ses paumes, et s'étendit sur lui ; et la chair de l’enfant fut échauffée.

35 Puis il se retirait et allait par la maison, tantôt çà, tantôt là, et remontait et s’étendait encore sur lui : enfin le garçon éternua sept fois et ouvrit les yeux.

36 Alors Elisée appela Guéhazi et lui dit : Appelle cette Sçunamite ; et il l’appela, et elle vint vers lui, et il lui dit : Prends ton fils.

37 Elle vint donc et se jeta à ses pieds, et se prosterna en terre, puis elle prit son fils et sortit.

38 Et Elisée revint à Guilgal. Or, il y avait une famine au pays, et les fils des prophètes étaient assis devant lui. Et il dit à son serviteur : Mets le grand pot, et cuis du potage pour les fils des prophètes.

39 Mais quelqu’un sortit aux champs pour cueillir des herbes, et il trouva de la vigne sauvage, et il cueillit des coloquintes sauvages plein sa robe, et étant venu, il les mit par pièces dans le pot où était le potage ; car on ne savait ce que c’était.

40 Et on dressa de ce potage à quelques-uns pour en manger ; mais sitôt qu’ils eurent mangé de ce potage, ils s’écrièrent et dirent : Homme de Dieu, la mort est dans ce pot : et ils n’en purent manger.

41 Et il dit : Apportez ici de la farine, et il la jeta dans le pot, et dit : Qu’on en dresse à ce peuple, afin qu’il mange ; et il n’y avait plus rien de mauvais dans le pot.

42 Alors il vint un homme de Bahal-Sçalisça, qui apporta à l’homme de Dieu du pain des premiers fruits, savoir, vingt pains d’orge et du grain en épi avec sa paille. Et Elisée dit : Donne cela à ce peuple, afin qu’ils mangent.

43 Et son serviteur lui dit : Donnerais-je ceci à cent hommes ? Mais il lui répondit : Donne-le à ce peuple, et qu’ils mangent. Car ainsi a dit l’Eternel : Ils mangeront, et il y en aura de reste.

44 Il mit donc cela devant eux, et ils mangèrent, et ils en laissèrent de reste, selon la parole de l’Eternel.

REFLEXIONS

I. L’on doit reconnaître en général dans les divers miracles du prophète Élisée la puissance de Dieu et en même temps sa bonté envers les Israélites, puisque tous ces miracles tendaient à les rappeler au culte du vrai Dieu et à les retirer de l’idolâtrie.Il faut considérer outre cela que si Élisée multiplia l’huile d’une veuve qui était poursuivie par ses créanciers et s’il fit obtenir un fils à la Sçunamite, c’était parce que ces femmes et leurs maris craignaient le Seigneur de sorte que nous avons ici des exemples bien exprès du soin que Dieu a de ceux qui le craignent.

III. Il faut remarquer que Dieu, après avoir donné un fils à la Sçunamite ensuite des promesses d’Élisée voulut que ce fils mourût afin de le lui rendre par un miracle que ce prophète ferait. La démarche de cette femme qui alla trouver Élisée aussitôt que son fils fut mort marque une foi admirable et l’espérance qu’elle avait que ce même prophète, qui lui avait promis la naissance de cet enfant, le rétablirait en vie et elle ne fut pas trompée dans son attente.

Dieu afflige souvent par les endroits les plus sensibles ceux qu’il aime, mais il leur donne par cela même des marques plus convaincantes de son amour lorsqu’il leur accorde une heureuse issue de leurs afflictions et elles servent par ce moyen à les affermir dans la foi et dans la piété.

IV. Il faut considérer que les miracles d’Élisée quoi qu’illustres et en grand nombre sont beaucoup en dessous de ceux de Jésus-Christ qui par sa seule parole et dans un instant guérissait les malades et ressuscitait les morts.

Enfin, nous devons nous souvenir que si Élisée nourrit cent personnes avec vingt pains d’orge, notre Seigneur en nourrit plusieurs milliers avec quelques pains d’orge et quelques poissons, comme nous le lisons dans l’Évangile.

CHAPITRE V

Naaman, général de l’armée du roi de Syrie, est guéri de la lèpre après s’être lavé sept fois au Jourdain par le commandement d’Élisée. Il reconnut par ce miracle que le Dieu d’Israël était le seul vrai Dieu, il promit de ne plus offrir de sacrifices qu’à lui et dans cette vue il demanda au prophète qu’il lui fût permis d’emporter de la terre du pays d’Israël afin d’élever un autel dessus pour y sacrifier au vrai Dieu. Naaman voulut donner des présents à Élisée, ce prophète les refusa, mais Guéhazi serviteur d’Élisée ayant pris une partie de ces présents en cachette, le prophète le punit en le frappant de la lèpre, lui et sa postérité.

1 Or, Naaman, chef de l’armée du roi de Syrie, était un homme puissant auprès de son seigneur, et il était en grand honneur, parce que l’Eternel avait délivré les Syriens par son moyen ; mais cet homme fort et vaillant était lépreux.

2 Et quelques troupes étaient sorties de Syrie, et avaient emmené prisonnière une petite fille du pays d’Israël qui servait la femme de Naaman.

3 Et elle dit à sa maîtresse : Je souhaiterais que mon seigneur se présentât devant le prophète qui est à Samarie ; il l’aurait d’abord guéri de sa lèpre.

4 Quelqu’un donc vint et le rapporta à son seigneur, et lui dit : La fille qui est du pays d’Israël a dit telle et telle chose.

5 Et le roi de Syrie dit à Naaman : Va, vas-y ; et j’enverrai une lettre au roi d’Israël. Il y alla donc, et prit en sa main dix talents d’argent et six mille pièces d’or, et dix robes de rechange.

6 Et il apporta une lettre au roi d’Israël en ces termes : Dès que cette lettre te sera parvenue, tu sauras que je t’ai envoyé Naaman mon serviteur, afin que tu le guérisses de sa lèpre.

7 Dès que le roi d’Israël eut lu la lettre, il déchira ses vêtements et dit : Suis-je Dieu pour faire mourir et pour rendre la vie, que cet homme envoie vers moi, pour guérir un homme de sa lèpre ? C’est pourquoi, considérez maintenant, et voyez qu’il cherche une occasion contre moi.

8 Mais aussitôt qu’Elisée, homme de Dieu, eut appris que le roi d’Israël avait déchiré ses vêtements, il envoya dire au roi : Pourquoi as-tu déchiré tes vêtements ? Qu’il vienne maintenant vers moi, et qu’il sache qu’il y a un prophète en Israël.

9 Naaman donc vint avec ses chevaux et avec son chariot, et se tint à la porte de la maison d’Elisée.

10 Et Elisée lui envoya dire : Va, et te lave sept fois au Jourdain, et ta chair te reviendra telle qu’auparavant, et tu seras net.

11 Mais Naaman se mit fort en colère, et s’en alla, disant : Je pensais en moi-même : Il sortira incontinent, il invoquera le nom de l’Éternel son Dieu, et il avancera sa main sur l’endroit de la plaie, et guérira le lépreux.

12 Abana et Parpar, fleuves de Damas, ne sont-ils pas meilleurs que toutes les eaux d’Israël ? Ne m’y laverais-je pas bien, et je deviendrais net ? Ainsi il s’en retournait, et s’en allait tout en colère.

13 Mais ses serviteurs s’approchèrent, et lui dirent : Mon père, si le prophète t’eût dit quelque chose de bien considérable, ne l’aurais-tu pas fait ? Combien plutôt donc dois-tu faire ce qu’il t’a dit : Lave-toi, et tu deviendras net.

14 Ainsi il descendit, et se plongea au Jourdain sept fois, selon la parole de l’homme de Dieu ; et sa chair lui revint semblable à la chair d’un petit enfant, et il fut net.

15 Alors il retourna vers l’homme de Dieu, lui et toute sa suite, et vint se présenter devant lui, et dit : Voici, maintenant je connais qu’il n’y a point d’autre Dieu dans toute la terre, qu’en Israël. C’est pourquoi, maintenant je te prie, prends le présent de ton serviteur.

16 Mais Elisée répondit : L’Éternel, en la présence duquel je suis, est vivant, que je ne le prendrai point. Et bien qu’il le pressât fort de le prendre, il le refusa toujours.

17 Et Naaman dit : Mais je te prie, ne pourrait-on point donner à ton serviteur de la terre d’Israël la charge de deux mulets ? car ton serviteur ne fera plus d’holocauste ni de sacrifice à d’autres dieux, mais seulement à l’Éternel.

18 L’Éternel veuille pardonner ceci à ton serviteur, c’est que quand mon maître entrera dans la maison de Rimmon pour se prosterner là, et qu’il s’appuiera sur ma main, je me prosternerai dans la maison de Rimmon ; l’Éternel, dis-je, me veuille pardonner cela, quand je me prosternerai dans la maison de Rimmon.

19 Et il lui dit : Va en paix. Ainsi étant parti d’avec lui, il marcha quelque petit espace de pays.

20 Alors Guéhazi, serviteur d’Elisée, homme de Dieu, dit en lui-même : Voici, mon maître a refusé de prendre quoi que ce soit de la main de Naaman Syrien, de tout ce qu’il avait apporté ; l’Éternel est vivant, que je courrai après lui, et je prendrai quelque chose de lui.

21 Guéhazi donc courut après Naaman ; et Naaman voyant qu’il courait après lui, se jeta hors de son chariot au-devant de lui, et dit : Tout va-t-il bien ?

22 Et il répondit : Tout va bien. Mon maître m’a envoyé pour te dire : Voici, à cette heure deux jeunes hommes de la montagne d’Ephraïm sont venus vers moi, qui sont des fils des prophètes ; je te prie, donne-leur un talent d’argent et deux robes de rechange.

23 Et Naaman dit : Prends hardiment deux talents ; et il le pressa tant, qu’on serra deux talents d’argent dans deux sacs ; il lui donna aussi deux robes de rechange ; et il les donna à deux de ses serviteurs, qui les portèrent devant lui.

24 Et quand il fut venu dans un lieu secret, il les prit d’entre leurs mains, et serra tout dans une maison ; puis il renvoya ces gens-là, et ils s’en retournèrent.

25 Et il entra, et se présenta devant son maître ; et Elisée lui dit : D’où viens-tu, Guéhazi ? Et il lui répondit : Ton serviteur n’a été ni çà ni là.

26 Mais il lui dit : Mon esprit n’est-il pas allé là, quand cet homme s’est retourné de dessus son chariot au-devant de toi ? Est-ce le temps de prendre de l’argent et des vêtements, pour acheter des oliviers, des vignes, du gros et du menu bétail, des serviteurs et des servantes ?

27 C’est pourquoi la lèpre de Naaman s’attachera à toi et à ta postérité à jamais. Et il sortit de devant lui blanc de lèpre comme la neige.

REFLEXIONS

I. Le miracle de la guérison de Naaman est l’un des plus célèbres qu’Élisée ait faits. Dieu voulut qu’il arrivât pour apprendre, non seulement aux Israélites, mais aussi aux Syriens qui étaient un peuple étranger et idolâtre, que le Dieu d’Israël était le seul vrai Dieu. Ce fut pour la même raison que le prophète Élisée dit à Naaman de se laver dans les eaux du Jourdain qui étaient un fleuve du pays d’Israël. Naaman méprisa d’abord l’ordre que le prophète lui avait donné de se laver dans le Jourdain, jugeant que ce n’était pas là un moyen propre pour le guérir et cependant ce fut par là qu’il se vit délivré de sa lèpre.

Il ne faut jamais mépriser les moyens dont Dieu veut se servir pour nous faire part de ses grâces quoi qu’ils paraissent simples et faibles, mais il faut plutôt y reconnaître et y admirer sa puissance et sa bonté.

II. Naaman ayant été guéri promit de ne plus adorer que le vrai Dieu et de ne plus entrer dans les temples des idoles, si ce n’est lorsqu’il accompagnerait le roi son maître, ce qu’il crut pouvoir faire sans idolâtrie puisqu’il ne s’agissait que d’un devoir civil et attaché à sa charge et que d’ailleurs il avait renoncé au culte des idoles et déclaré qu’il ne voulait plus sacrifier qu’au vrai Dieu.

Cette conduite de Naaman doit nous apprendre à témoigner à Dieu notre reconnaissance lorsqu’il nous a fait du bien et à ne jamais rien faire qui pût l’offenser ou blesser notre conscience.

III. Le refus qu’Élisée fit des riches présents de Naaman dût faire beaucoup d’impression sur l’esprit de ce général et lui inspirer encore plus de respect pour le vrai Dieu dont Élisée était le ministre.

C’est là un bel exemple de désintéressement qui doit surtout être imité par les ministres du Seigneur. Enfin, il faut faire attention à ce qui arrivât à Guéhazi, qui pour avoir menti à Naaman et avoir pris en secret de ses présents, devint lépreux avec sa postérité. Élisée frappa Guéhazi de cette plaie parce que ce qu’il avait fait tournait au déshonneur de la vraie religion et marquait une âme basse et intéressée et un mauvais cœur, surtout après que son maître avait refusé les présents de Naaman.

Cela nous apprend que Dieu connait les péchés commis en secret, qu’il les punit et qu’en particulier sa colère poursuit non seulement les injustes, mais en général tous ceux qui sont adonnés à l’avarice et au gain déshonnête et qu’enfin les biens que l’on acquiert par de méchantes voies portent avec eux une malédiction qui passe même souvent des pères aux enfants.

CHAPITRE VI

On voit dans ce chapitre diverses actions miraculeuses du prophète Élisée. Il fait nager sur l’eau le fer d’une cognée. Il révèle au roi d’Israël les desseins du roi de Syrie, de quoi celui-ci étant irrité, il envoya des troupes pour prendre le prophète dans la ville de Dothan, mais des armées célestes vinrent à son secours et Élisée ayant frappé les Syriens d’éblouissement, il les conduisit à Samarie vers le roi d’Israël à qui il défendit pourtant de leur faire aucun mal. Quelque temps après, le roi de Syrie assiégea Samarie où la famine fut si grande que deux femmes mangèrent un de leurs enfants. Le roi d’Israël croyant qu’Élisée était la cause de tous ces malheurs jura qu’il le ferait mourir.

1 Or, les fils des prophètes dirent à Elisée : Voici, maintenant le lieu où nous sommes assis devant toi est trop étroit pour nous.

2 Allons-nous-en maintenant jusqu’au Jourdain, et nous prendrons de là chacun une pièce de bois, et nous bâtirons là un lieu pour y demeurer. Et il répondit : Allez.

3 Et l’un d’eux dit : Je te prie qu’il te plaise de venir avec tes serviteurs. Et il répondit : J’y irai.

4 Il s’en alla donc avec eux ; et ils vinrent au Jourdain et coupèrent du bois.

5 Mais il arriva, comme l’un d’entre eux abattait une pièce de bois, que le fer de sa cognée tomba dans l’eau ; et il s’écria, et dit : Hélas ! mon seigneur, encore est-il emprunté.

6 Et l’homme de Dieu dit : Où est-il tombé ? Et il lui montra l’endroit. Alors il coupa un morceau de bois, et le jeta là, et il fit nager le fer au-dessus de l’eau ;

7 et il dit : Lève-le. Et il étendit sa main, et le prit.

8 Or, le roi de Syrie faisant la guerre à Israël, tenait conseil avec ses serviteurs, disant : Mon camp sera dans un tel lieu.

9 Et l’homme de Dieu envoyait dire au roi d’Israël : Donne-toi garde de passer en ce lieu-là, car les Syriens y sont descendus.

10 Et le roi d’Israël envoyait au lieu que lui avait dit l’homme de Dieu, et il y pourvoyait, et était sur ses gardes ; ce qu’il fit plus d’une et de deux fois.

11 Et le cœur du roi de Syrie en fut troublé ; et il appela ses serviteurs, et leur dit : Ne me découvrirez-vous pas qui est celui des nôtres qui envoie vers le roi d’Israël ?

12 Et l’un de ses serviteurs lui dit : Il n’y en a point, ô roi, mon seigneur ; mais Elisée le prophète qui est en Israël, déclare au roi d’Israël les paroles même que tu dis dans la chambre où tu couches.

13 Et il dit : Allez, et voyez où il est, afin que je l’envoie prendre ; et on vint lui rapporter qu’il était à Dothan.

14 Et il envoya là des chevaux, et des chariots, et de grandes troupes, qui vinrent de nuit et qui environnèrent la ville.

15 Or, le serviteur de l’homme de Dieu se leva de grand matin, et sortit ; et voici des troupes, et des chevaux, et des chariots qui environnaient la ville. Et le serviteur de l’homme de Dieu lui dit : Hélas ! mon seigneur, comment ferons-nous ?

16 Et il répondit : Ne crains point ; car ceux qui sont avec nous, sont en plus grand nombre que ceux qui sont avec eux.

17 Et Elisée fit une prière et dit : Je te prie, ô Éternel, ouvre ses yeux, afin qu’il voie. Et l’Éternel ouvrit les yeux du serviteur, et il regarda, et voici, la montagne était pleine de chevaux et de chariots de feu autour d’Elisée.

18 Puis les troupes descendirent vers Elisée, et il pria l’Éternel, et dit : Je te prie, frappe ces gens d’aveuglement ; et Dieu les frappa d’aveuglement, selon la parole d’Elisée ;

19 et Elisée leur dit : Ce n’est pas ici le chemin, et ce n’est pas ici la ville ; venez après moi, et je vous mènerai vers l’homme que vous cherchez ; et il les mena à Samarie.

20 Et il arriva que sitôt qu’ils furent entrés dans Samarie, Elisée dit : Ô Éternel, ouvre leurs yeux afin qu’ils voient. Et l’Éternel ouvrit leurs yeux, et ils virent qu’ils étaient au milieu de Samarie,

21 Et dès que le roi d’Israël les eut vus, il dit à Elisée : Mon père, frapperai-je, frapperai-je ?

22 Et il répondit : Tu ne les frapperas point ; frapperais-tu de ton épée et de ton arc ceux que tu aurais pris prisonniers ? Mets plutôt du pain et de l’eau devant eux, et qu’ils mangent et boivent, et qu’ils s’en aillent vers leur seigneur.

23 Et il leur fit grande chère ; et ils mangèrent et burent ; puis il les laissa aller, et ils s’en allèrent vers leur seigneur. Depuis ce temps-là les partis des Syriens ne revinrent plus au pays d’Israël.

24 Mais il arriva, après ces choses, que Ben-Hadad, roi de Syrie, assembla toute son armée, et il monta, et assiégea Samarie.

25 Et il y eut une grande famine dans Samarie, car ils l’assiégèrent jusque-là que la tête d’un âne se vendait quatre-vingts pièces d’argent, et la quatrième partie d’un kab de fiente de pigeons cinq pièces d’argent.

26 Et il arriva que, comme le roi d’Israël passait sur la muraille, une femme cria à lui, disant : O roi, mon seigneur, délivre-moi !

27 Et il répondit : Puisque l’Eternel ne te délivre point, comment te délivrerais-je ? Serait-ce de l’aire ou de la cuve ?

28 Et il lui dit encore : Qu’as-tu ? Et elle répondit : Cette femme-là m’a dit : Donne ton fils, et mangeons-le aujourd’hui, et demain nous mangerons le mien.

29 Ainsi nous avons bouilli mon fils, et nous l’avons mangé ; et le jour suivant je lui ai dit : Donne ton fils, et mangeons-le ; mais elle a caché son fils.

30 Et dès que le roi eut entendu les paroles de cette femme-là, il déchira ses vêtements, et alors il passait sur la muraille, ce que le peuple vit, et voilà, il avait un sac sur sa chair en dedans.

31 C’est pourquoi le roi dit : Que Dieu me traite avec la dernière rigueur, si aujourd’hui la tête d’Elisée, fils de Sçaphat, demeure sur lui.

32 Et Elisée étant assis dans sa maison, et les anciens étant assis avec lui, le roi envoya un homme de sa part ; mais avant que le messager fût venu a lui, Elisée dit aux anciens : Ne voyez-vous pas que ce fils de meurtrier a envoyé ici pour m’ôter la tête ? Prenez garde dès que le messager sera entré, que vous fermiez la porte et que vous l’arrêtiez à la porte ; son maître ne vient-il pas incontinent après lui ?

33 Comme il parlait encore avec eux, voici le messager qui descendit vers lui, et le roi dit : Voici, ce mal vient de l’Eternel ; qu’ai-je plus à attendre de l’Eternel ?

REFLEXIONS

On continue à voir ici les grandes merveilles que Dieu fit dans le royaume d’Israël par le moyen d’Élisée. Le but de ces miracles était de conserver parmi les Israélites la connaissance du Dieu de leurs pères et d’entretenir la crainte de Dieu dans le cœur des gens de bien qu’il y avait dans ce royaume-là. C’était pour la même raison qu’il y avait dans ce temps-là un si grand nombre de disciples des prophètes qui sont ici appelés les fils des prophètes et qui demeuraient dans le royaume des dix tribus.

Ce fut encore dans les mêmes vues et pour confondre les Syriens, qui étaient idolâtres, que Dieu fit avertir Joram roi d’Israël des desseins du roi de Syrie par le moyen d’Élisée à qui le Seigneur révélait ces desseins et que même il livra entre les mains du prophète et par son moyen entre les mains du roi d’Israël les Syriens qui étaient venus assiéger la ville de Dothan pour la prendre. Dieu accorda dans cette occasion une protection miraculeuse à Élisée en envoyant des armées célestes à son secours et en frappant d’aveuglement les Syriens et c’est là une preuve du soin que Dieu a de ses fidèles serviteurs et de ceux qui le craignent. Le prophète donna aussi alors des marques de sa modération et de sa douceur, il se contenta de faire sentir la puissance de Dieu aux Syriens, de les conduire à Samarie et de les livrer au roi d’Israël, mais il ne lui permit pas de lui faire aucun mal et même les Syriens furent reçus à Samarie et renvoyés ensuite avec toute sorte d’humanité et d’honnêteté.

C’est ainsi qu’il faut traiter tout le monde et même nos ennemis avec équité et avec modération.

On voit dans le récit de l’horrible famine qu’il y avait à Samarie les jugements de Dieu sur cette ville idolâtre et l’accomplissement des malédictions que Moïse avait autrefois dénoncées aux Israélites et en particulier de ce qu’il avait dit que les mères mangeraient leurs enfants lorsqu’ils seraient assiégés.

Enfin, c’est une chose bien remarquable que le roi Joram, après tout ce que Dieu avait fait pour lui et les miracles d’Élisée dont il avait été le témoin ou dont il avait entendu le récit, se défia du secours de Dieu lorsqu’il se vit assiégé et jura même de faire mourir Élisée, attribuant à ce prophète les malheurs dont il était lui-même la cause, en quoi ce roi donna des marques de son extrême ingratitude et du dernier endurcissement.

Les méchants sont ingrats dans la prospérité et au lieu de s’humilier dans l’adversité, ils s’irritent et se raidissent avec plus de fierté contre ce qui devrait les ramener à leur devoir.

CHAPITRE VII

La ville de Samarie étant assiégée par les Syriens et pressée par la famine, le prophète Élisée prédit aux habitants de cette ville une grande abondance et un capitaine se moquant de cette prédiction, le prophète lui dit qu’il verrait cette abondance, mais qu’il n’en profiterait pas. Les Syriens effrayés par un bruit que Dieu leur fait entendre prennent la fuite cette nuit même et l’une et l’autre des prédictions d’Élisée furent accomplies.

1 Alors Elisée dit : Ecoutez la parole de l’Eternel : Ainsi a dit l’Eternel : Demain à cette heure on donnera le sac de fine farine pour un sicle, et les deux sacs d’orge pour un sicle, à la porte de Samarie.

2 Mais un capitaine, sur la main duquel le roi s’appuyait, répondit à l’homme de Dieu, et dit : Quand maintenant l’Eternel ferait des ouvertures au ciel, cela arriverait-il ? Et Elisée dit : Voilà, tu le verras de tes yeux ; mais tu n’en mangeras point.

3 Or, il y avait à l’entrée de la porte quatre hommes lépreux, et ils se dirent l'un à l’autre : Pourquoi demeurons-nous ici jusqu’à ce que nous soyons morts ?

4 Si nous parlons d’entrer dans la ville, la famine y est et nous mourrons là ; et si nous demeurons ici, nous mourrons aussi. Maintenant donc, venez et glissons-nous dans le camp des Syriens ; s’ils nous laissent vivre, nous vivrons, et s’ils nous font mourir, nous mourrons.

5 C’est pourquoi, sur l’entrée de la nuit ils se levèrent pour entrer au camp des Syriens, et ils vinrent jusqu’à l’un des bouts du camp ; et voilà, il n’y avait personne ;

6 car le Seigneur avait fait entendre dans le camp des Syriens un bruit comme de chariots et de chevaux, et d’une grande armée ; de sorte qu’ils s’étaient dit l’un à l’autre : Voilà, le roi d’Israël a payé les rois des Héthiens, et les rois des Egyptiens pour venir contre nous.

7 Et ils s’étaient levés, et s’en étaient fuis sur l’entrée de la nuit ; et ils avaient laissé leurs tentes, leurs chevaux, leurs ânes, et le camp comme il était ; et ils s’en étaient fuis pour sauver leur vie.

8 Ces lépreux-là donc entrèrent jusqu’à l’un des bouts du camp, et vinrent dans une tente, et mangèrent et burent, et prirent de là de l’argent, de l’or, et des habits, et s’en allèrent, et les cachèrent. Après, ils retournèrent, et entrèrent dans une autre tente, et prirent de là aussi des mêmes choses, et s’en allèrent et les cachèrent.

9 Alors ils se dirent l’un à l’autre : Nous ne faisons pas bien ; ce jour est un jour de bonnes nouvelles, et nous demeurons dans le silence. Si nous attendons jusqu’à ce que le jour soit venu, nous porterons la peine de notre iniquité. C'est pourquoi, maintenant venez, allons, et faisons-le savoir à la maison du roi.

10 Ils vinrent donc et crièrent aux portiers de la ville, et le leur firent entendre, disant : Nous sommes entrés dans le camp des Syriens, et voilà, il n’y a personne, on n’y entend la voix d’aucun homme ; mais il y a seulement des chevaux attachés, et des ânes attachés, et les tentes sont comme elles étaient.

11 Alors les portiers crièrent, et le firent entendre à ceux qui étaient dans la maison du roi.

12 Et le roi se leva de nuit, et dit à ses serviteurs : Je vous dirai maintenant ce que les Syriens nous auront fait ; ils ont connu que nous sommes affamés, ils seront sortis du camp, pour se cacher aux champs, disant : Quand ils seront sortis hors de la ville, nous les prendrons vifs, et nous entrerons dans la ville.

13 Mais l’un de ses serviteurs répondit et dit : Que maintenant on prenne cinq des chevaux qui sont demeurés de reste dans la ville ; c’est à peu près tout ce qui est demeuré de reste du grand nombre de chevaux d’Israël ; voilà, ils sont comme toute la multitude, qui a été consumée ; envoyons-les, et voyons ce que c’est.

14 Ils prirent donc deux chariots, avec leurs chevaux ; et le roi les envoya au camp des Syriens, et leur dit : Allez, et voyez.

15 Et ils s’en allèrent après eux jusqu’au Jourdain, et voilà, le chemin était plein d’habits et de hardes que les Syriens avaient jetés en se hâtant ; et les messagers retournèrent et le rapportèrent au roi.

16 Alors le peuple sortit et pilla le camp des Syriens, de sorte qu’on donna le sac de fine farine pour un sicle, et les deux sacs d’orge pour un sicle, selon la parole de l’Eternel.

17 Et le roi donna la charge de garder la porte au capitaine sur la main duquel il s’appuyait ; et le peuple l’étouffa à la porte, de sorte qu’il mourut, selon ce que l’homme de Dieu avait dit quand il parla au roi, lorsque le roi était descendu vers lui.

18 Car lorsque l’homme de Dieu avait parlé au roi, disant : Demain matin à cette heure, à la porte de Samarie, on donnera les deux sacs d’orge pour un sicle, et le sac de fine farine pour un sicle ;

19 ce capitaine-là avait répondu à l’homme de Dieu, et lui avait dit : Quand maintenant l’Eternel ferait des ouvertures au ciel, ce que tu dis pourrait-il arriver ? Et l’homme de Dieu avait dit : Voilà, tu le verras de tes yeux, mais tu n’en mangeras point.

20 Il lui en arriva donc ainsi ; car le peuple l’étouffa à la porte, de sorte qu’il mourut.

REFLEXIONS

Pour profiter de cette lecture, il faut y faire ces trois réflexions principales :

I. La première que Samarie, étant assiégée et réduite aux dernières extrémités par la famine, Dieu fit prédire par le prophète Élisée que cette famine allait cesser et qu’elle serait suivie d’une grande abondance. Dieu voulut qu’Élisée prédit cette délivrance et cette abondance afin qu’il parût à tout le monde qu’elles venaient de Dieu et que les habitants de Samarie lui en donnassent toute la gloire. Ce fut aussi là une marque bien particulière de la bonté de Dieu et de son support envers un peuple engagé dans l’idolâtrie et un prince impie et cruel.

II. La seconde réflexion est que, quoi que cette prédiction fût fort surprenante et contre toute apparence, elle s’accomplit dans un jour. Samarie fut délivrée en même temps et de la guerre et de la famine et cela par un moyen admirable et auquel personne n’eût jamais pensé, Dieu ayant jeté la terreur dans l’armée des Syriens par un bruit qu’il leur fit entendre et ayant voulu que dans ce même temps des lépreux entrassent dans le camp des ennemis et annonçassent à ceux de Samarie que les Syriens avaient levé le siège.

De là nous devons recueillir que Dieu a toujours des moyens prompts et sûrs pour exécuter ses promesses, quelque difficulté qu’on trouve dans leur exécution et qu’ainsi il ne faut jamais douter de leur vérité, ni tomber dans la défiance ou dans l’incrédulité.

III. Ce qui arriva à ce capitaine dont il est fait mention dans cette histoire est très remarquable. Il s’était moqué de la prédiction d’Élisée et il avait dit que quand Dieu ferait des ouvertures dans le Ciel, on ne saurait voir une si grande abondance. Mais sa propre expérience le convainquit de la vérité des promesses d’Élisée aussi bien que de la certitude de ses menaces et il trouva sa punition dans la délivrance de Samarie.

Les profanes et les incrédules attaquent la divinité par des sentiments et par des discours téméraires et impies. Ils révoquent en doute ce que Dieu a révélé parce qu’ils y voient des difficultés, mais ils seront convaincus par leur expérience que Dieu est véritable en tout ce qu’il dit et ceux qui n’auront pas voulu croire à sa parole éprouveront la vérité des menaces qu’elle dénonce aux incrédules et aux méchants.

CHAPITRE VIII

La femme Sçunamite, dont Élisée avait ressuscité le fils, étant retournée au pays d’Israël, d’où elle s’était retirée à cause de la famine, elle obtint du roi Joram que tout son bien lui fût rendu. Élisée étant à Damas et Ben-hadad, roi de Syrie, l’ayant fait consulter par Hazaël sur l’issue de sa maladie, il prédit que quoique la maladie ne fût point mortelle en elle-même, il mourrait et qu’Hazaël règnerait en sa place et ferait beaucoup de mal aux Israélites. Joram, cinquième roi de Juda étant monté sur le trône, introduit le culte des idoles, de quoi Dieu le châtia par la révolte des Iduméens et de ceux de Libna. Il mourut après avoir régné huit ans. Achazia son fils lui succéda qui ne régna qu’un an et fut aussi idolâtre.

1 Or, Elisée avait parlé à la femme, au fils de laquelle il avait rendu la vie, et lui avait dit : Lève-toi et va-t’en, toi et ta famille, et demeure où tu pourras ; car l’Éternel a appelé la famine, et même, elle vient sur le pays pour sept ans.

2 Cette femme-là donc, s’étant levée, avait fait selon la parole de l’homme de Dieu, et s’en était allée, elle et sa famille, et avait demeuré sept ans au pays des Philistins.

3 Mais il arriva qu’au bout de sept ans, cette femme-là s’en retourna du pays des Philistins ; et elle s’en alla pour faire une prière au roi, à l’occasion de sa maison et de ses champs, qu’elle voulait redemander.

4 Le roi parlait alors à Guéhazi, serviteur de l’homme de Dieu, et lui disait : Je te prie, récite-moi toutes les grandes choses qu’Elisée a faites.

5 Et il arriva que lorsqu’il récitait au roi comment il avait rendu la vie à un mort, la femme, au fils de laquelle il avait rendu la vie, vint faire une prière au roi touchant sa maison et ses champs. Et Guéhazi dit : Ô roi, mon seigneur, c’est ici la femme, et c’est ici son fils à qui Elisée a rendu la vie.

6 Alors le roi s’en enquit de la femme, et elle lui raconta la chose. Et le roi lui donna un officier, auquel il dit : Fais-lui ravoir tout ce qui lui appartenait, même tous les revenus de ses champs, depuis le temps qu’elle a quitté le pays jusqu’à maintenant.

7 Après cela, Elisée alla à Damas, et alors Ben-Hadad, roi de Syrie, était malade. On le lui rapporta, et on lui dit : L’homme de Dieu est venu jusqu’ici.

8 Et le roi dit à Hazaël : Prends un présent avec toi, et va-t’en au-devant de l’homme de Dieu, et consulte l’Éternel par lui, disant : Relèverai-je de cette maladie ?

9 Et Hazaël s’en alla au-devant de lui, ayant pris un présent avec soi, quarante chameaux chargés de tout ce qu’il y avait de meilleur à Damas, et il vint se présenter devant lui et dit : Ton fils Ben-Hadad, roi de Syrie, m’a envoyé vers toi pour te dire : Relèverai-je de cette maladie ?

10 Et Elisée lui répondit : Va, dis-lui : Certainement tu en peux relever. Mais l’Éternel m’a montré que certainement il mourra.

11 Et l’homme de Dieu arrêta sa vue sur Hazaël, et se retint longtemps ; puis l’homme de Dieu pleura.

12 Et Hazaël dit : Pourquoi pleure mon seigneur ? Et il répondit : Parce que je sais combien tu feras de mal aux enfants d’Israël ; tu mettras le feu à leurs villes fortes, tu tueras avec l’épée leurs jeunes gens, tu écraseras leurs petits-enfants, et tu fendras leurs femmes enceintes.

13 Et Hazaël dit : Mais qui est ton serviteur, qui n’est qu’un chien, pour faire de si grandes choses ? Et Elisée répondit : L’Éternel m’a montré que tu seras roi de Syrie.

14 Ainsi il partit d’avec Elisée et vint vers son maître qui lui demanda : Que t’a dit Elisée ? Et il répondit : Il m’a dit que certainement tu peux relever de cette maladie.

15 Mais il arriva que le lendemain Hazaël prit un drap épais et le plongea dans de l’eau, et l’étendit sur le visage de Ben-Hadad, de sorte qu’il mourut ; et Hazaël régna en sa place.

16 La cinquième année de Joram, fils d’Achab, roi d’Israël, Josaphat, étant encore roi de Juda, Joram, fils de Josaphat, roi de Juda, commença à régner sur Juda.

17 Il était âgé de trente-deux ans quand il commença à régner, et il régna huit ans à Jérusalem ;

18 et il suivit le train des rois d’Israël, comme avait fait la maison d’Achab ; car la fille d’Achab était sa femme, de sorte qu’il fit ce qui déplaît à l’Éternel.

19 Toutefois, l’Éternel, pour l’amour de David son serviteur, ne voulut point détruire Juda, comme il lui avait dit qu’il lui donnerait une lampe et à ses fils à toujours.

20 De son temps ceux d’Edom se révoltèrent de l’obéissance de Juda, et établirent un roi sur eux ;

21 et Joram passa à Séhir avec tous ses chariots, et se leva de nuit, et battit les Iduméens qui étaient autour de lui, et les conducteurs des chariots ; mais le peuple s’enfuit dans ses tentes ;

22 et néanmoins les Iduméens se révoltèrent de l’obéissance de Juda jusqu’à ce jour. Libna se révolta aussi dans ce temps-là.

23 Le reste des actions de Joram, tout ce, dis-je, qu’il a fait, n’est-il pas écrit au livre des Chroniques des rois de Juda ?

24 Joram donc s’endormit avec ses pères, avec lesquels il fut enseveli dans la ville de David ; et Achazia son fils régna en sa place.

25 La douzième année de Joram, fils d’Achab, roi d’Israël, Achazia, fils de Joram, roi de Juda, commença à régner.

26 Achazia était âgé de vingt-deux ans quand il commença à régner, et il régna un an à Jérusalem. Sa mère s’appelait Hathalie, et était petite-fille de Homri, roi d’Israël.

27 Il suivit le train de la maison d’Achab, et fit ce qui est mauvais devant l’Éternel, comme la maison d’Achab ; car il était gendre de la maison d’Achab.

28 Et il s’en alla avec Joram, fils d’Achab, à la guerre contre Hazaël, roi de Syrie, à Ramoth de Galaad ; et les Syriens battirent Joram ;

29 et le roi Joram s’en retourna pour se faire panser à Jizréhel des plaies que les Syriens lui avaient faites à Rama, quand il combattait contre Hazaël, roi de Syrie ; et Achazia, fils de Joram, roi de Juda, descendit pour voir Joram, fils d’Achab, à Jizréhel, parce qu’il était malade.

REFLEXIONS

La première réflexion qu’il faut faire sur ce chapitre, c’est que Dieu a une parfaite connaissance de l’avenir, que sa providence conduit toutes choses et qu’elle veille surtout pour ceux qui le craignent.

C’est de quoi nous avons une preuve dans l’avertissement qu’Élisée donna à la Sçunamite en lui disant que Dieu allait envoyer une longue famine sur le royaume d’Israël. On voit un autre effet admirable de la providence en ce que cette femme vint redemander ses biens au roi d’Israël précisément dans le temps que Guéhazi, serviteur d’Élisée, racontait à ce prince comment son maître avait ressuscité le fils de cette femme-là.

L’ordre que Joram donna pour faire rendre à la Sçunamite tous ses biens est un acte de justice et cela apprend aux rois, aux juges et à toutes sortes de personnes à rendre à chacun ce qui lui appartient.

Au reste, les diverses circonstances de cette histoire servent à confirmer la vérité des miracles qu’Élisée avait fait.

La démarche de Ben-hadad, roi de Syrie, qui envoya demander au prophète Élisée s’il relèverait de sa maladie marque que ce prophète était en grande considération même chez les princes voisins des Israélites et qu’il y avait dans la Syrie plusieurs personnes qui avaient un grand respect pour le Dieu d’Israël. Élisée prédit la mort de Ben-hadad et l’élévation de Hazaël sur le trône de Syrie. Cette prédiction devait faire reconnaître aux Syriens, aux Israélites et à Hazaël lui-même que l’Éternel était le seul vrai Dieu et que c’était par sa volonté que les rois régnaient, non seulement dans le pays d’Israël, mais aussi dans les autres royaumes.

Il faut remarquer après cela que, bien que cette prédiction d’Élisée donnât sans doute occasion à Hazaël de faire mourir Ben-hadad son roi par une noire trahison, Dieu ne fut pourtant pas l’auteur de ce crime et que s’il permit qu’Hazaël régnât et qu’il commit tant de cruautés, ce fut parce qu’il voulait punir par son moyen Ben-hadad qui avait fait tant de maux aux Israélites aussi bien que les Israélites eux-mêmes et en particulier la famille d’Achab.

Ainsi quand on voit des événements de cette nature et quand il s’élève des princes tyrans et cruels ou des hommes injustes qui font divers maux, il faut penser que cela n’arrive que par la permission divine et Dieu, qui se sert de toutes sortes d’instruments pour faire son œuvre emploie souvent les méchants en sorte qu’en commettant des péchés auxquels leur propre malice les porte, ils exécutent sans le savoir et quelques fois même contre leur intention ses jugements et les desseins de sa providence.

L’histoire sainte remarque que Joram, fils du bon roi Josaphat, fut un méchant prince, qu’il fut entraîné dans l’idolâtrie par Hatalie sa femme qui était fille d’Achab, roi d’Israël, et qu’après la mort de Joram, Achazia son fils marcha sur ses traces.

On voit sensiblement par-là que les alliances avec les personnes qui n’ont pas de la religion et de la vertu sont funestes aux familles et y introduisent l’impiété.

Au reste, Joram et Achazia ne demeurèrent pas impunis. Les Iduméens se révoltèrent contre Joram, son règne fut court et très malheureux, il mourut d’une maladie longue et cruelle et Achazia son fils périt aussi malheureusement comme tout cela est récité dans le deuxième livre des Chroniques, chapitres XXI et XXII.

Ainsi l’on voit en la personne de ces deux rois un exemple bien remarquable des jugements de Dieu sur ceux qui l’offensent et en particulier sur les enfants qui dégénèrent de la piété de leurs ancêtres.

CHAPITRE IX

Un prophète, disciple d’Élisée, oint par son ordre Jéhu pour être roi sur Israël en la place de Joram et lui ordonne d’exterminer toute la maison d’Achab. Jéhu, étant proclamé roi, assemble des troupes et va à Jizréhel où il tue Joram et fait jeter son corps dans le champ de Naboth. Il fit aussi mourir Achazia, roi de Juda, qui était venu visiter Joram. Il fit jeter par les fenêtres Jézabel, veuve du roi Achab, et elle fut mangée par les chiens comme Élie l’avait prédit.

1 Alors Élisée le prophète appela un d’entre les fils des prophètes, et lui dit : Ceins tes reins, et prends cette fiole d’huile en ta main, et va-t’en à Ramoth de Galaad.

2 Quand tu y seras entré, regarde où sera Jéhu, fils de Josaphat, fils de Nimsci, et y entre ; et l’ayant fait lever d’avec ses frères, tu le feras entrer dans quelque chambre secrète ;

3 et tu prendras la fiole d’huile, tu la verseras sur sa tête, et tu lui diras : Ainsi a dit l’Éternel : Je t’ai oint pour roi sur Israël. Après quoi tu ouvriras la porte, et tu t’enfuiras, et tu ne t’arrêteras point.

4 Ainsi ce jeune homme, qui était le serviteur du prophète Élisée, s’en alla à Ramoth de Galaad.

5 Et quand il y entra, voilà, les capitaines de l’armée étaient assis ; et il lui dit : Capitaine, j’ai à te parler. Et Jéhu répondit : A qui parles-tu de nous tous ? Et il dit : A toi, capitaine.

6 Alors Jéhu se leva et entra dans la maison ; et le jeune homme lui versa l’huile sur la tête, et lui dit : Ainsi a dit l’Éternel, le Dieu d’Israël : Je t’ai oint pour roi sur le peuple de l’Éternel, sur Israël.

7 Et tu frapperas la maison d’Achab, ton seigneur ; car je vengerai le sang de mes serviteurs les prophètes, et le sang de tous les serviteurs de l’Éternel, en le redemandant de la main de Jézabel ;

8 et toute la maison d’Achab périra ; et je retrancherai à Achab jusqu’à un seul homme, tant ce qui est serré, que ce qui est abandonné en Israël ;

9 et je mettrai la maison d’Achab dans le même état que j’ai mis la maison de Jéroboam, fils de Nébat, et que j’ai mis la maison de Bahasça, fils d’Ahija.

10 Les chiens mangeront aussi Jézabel dans le champ de Jizréhel, et il n’y aura personne qui l’ensevelisse. Ensuite ce prophète ouvrit la porte et s’enfuit.

11 Alors Jéhu sortit vers les officiers de son seigneur ; et on lui dit : Tout va-t-il bien ? Pourquoi cet insensé est-il venu vers toi ? Et il leur répondit : Vous connaissez l’homme, et ce qu’il fait dire.

12 Mais ils dirent : Ce n’est pas cela ; déclare-nous-le maintenant. Et il répondit : Il m’a dit telle et telle chose ; et il m’a dit : Ainsi a dit l’Éternel : Je t’ai oint pour roi sur Israël.

13 Ils se hâtèrent donc, et prirent chacun leurs vêtements, et les mirent sous lui au plus haut des degrés et sonnèrent de la trompette, et dirent : Jéhu a été fait roi.

14 Ainsi Jéhu, fils de Josaphat, fils de Nimsci, fit une conjuration contre Joram. Or, Joram avait fortifié Ramoth de Galaad, lui et tout Israël, craignant Hazaël, roi de Syrie.

15 Et le roi Joram s’en était retourné pour se faire panser à Jizréhel des plaies que les Syriens lui avaient faites, quand il combattait contre Hazaël, roi de Syrie. Et Jéhu dit : Si vous le trouvez bon, que personne ne sorte ni n’échappe de la ville pour aller le rapporter à Jizréhel.

16 Alors Jéhu monta à cheval, et s’en alla à Jizréhel ; car Joram était là malade ; et Achazia, roi de Juda, y était descendu pour visiter Joram.

17 Or, il y avait une sentinelle sur une tour à Jizréhel, qui vit la troupe de Jéhu qui venait, et elle dit : Je vois une troupe de gens. Et Joram dit : Prends un cavalier et l’envoie au-devant d’eux ; et qu’il leur demande : Y a-t-il paix ?

18 Et le cavalier s’en alla au-devant de lui ; et dit : Ainsi a dit le roi : Y a-t-il paix ? Et Jéhu répondit : Qu’as-tu à faire de paix ? Passe derrière moi. Et la sentinelle le rapporta, et dit : Le messager est venu jusqu’à eux, et il ne revient point.

19 Et il envoya un autre cavalier, qui vint à eux, et dit : Ainsi a dit le roi : Y a-t-il paix ? Et Jéhu répondit : Qu’as-tu à faire de paix ? Passe derrière moi.

20 Et la sentinelle le rapporta, et dit : Il est venu jusqu’à eux, et il ne revient point ; mais la démarche est comme la démarche de Jéhu, fils de Nimsci ; car il marche avec furie.

21 Alors Joram dit : Attelle ; et on attela son chariot. Ainsi Joram, roi d’Israël, sortit avec Achazia, roi de Juda, chacun dans son chariot, et ils allèrent pour rencontrer Jéhu, et ils le trouvèrent dans le champ de Naboth Jizréhélite.

22 Et dès que Joram eut vu Jéhu, il dit : Apportes-tu la paix, Jéhu ? Et Jéhu répondit : Quelle paix, tandis que les prostitutions de Jézabel ta mère, et ses enchantements, seront en si grand nombre ?

23 Alors Joram tourna bride, et s’enfuit, et dit à Achazia : Achazia, nous sommes trahis.

24 Et Jéhu prit un arc à pleine main, et frappa Joram entre les épaules, de sorte que la flèche sortait à travers de son cœur, et il tomba sur ses genoux dans son chariot.

25 Et Jéhu dit à Bidkar, son capitaine : Prends-le, et jette-le en quelque endroit du champ de Naboth Jizréhélite ; car tu dois te souvenir que quand nous étions à cheval moi et toi, l’un auprès de l’autre, en suivant Achab son père, l’Éternel prononça cette menace contre lui :

26 Aussi vrai que je vis hier au soir le sang de Naboth et le sang de ses fils, dit l’Éternel, aussi vrai je te le rendrai dans ce champ, dit l’Éternel. C’est pourquoi, maintenant prends-le, et le jette dans ce champ, selon la parole de l’Éternel.

27 Et Achazia, roi de Juda, ayant vu cela, s’en était enfui par le chemin de la maison du jardin ; mais Jéhu l’avait poursuivi, et avait dit : Frappez-le aussi sur le chariot. Ce fut dans la montée de Gur, qui est auprès de Jibléham ; puis il s’enfuit à Méguiddo, et mourut là.

28 Et ses serviteurs l’emmenèrent sur un chariot à Jérusalem, et l’ensevelirent dans son sépulcre avec ses pères, dans la ville de David.

29 Or, la onzième année de Joram, fils d’Achab, Achazia avait commencé à régner sur Juda.

30 Et Jéhu vint à Jizréhel ; et Jézabel, l’ayant entendu, farda son visage, et orna sa tête, et elle regardait par la fenêtre.

31 Et comme Jéhu entrait dans la porte, elle dit : En a-t-il bien pris à Zimri qui tua son seigneur ?

32 Et il leva la tête vers la fenêtre, et dit : Qu’y a-t-il ici de mes gens ? qui ? Alors deux ou trois des officiers le regardèrent ;

33 et il leur dit : Jetez-la en bas. Et ils la jetèrent, de sorte qu’il rejaillit de son sang contre la muraille, et contre les chevaux, et il la foula aux pieds.

34 Et étant entrés, il mangea et but ; puis il dit : Allez voir maintenant cette maudite femme, et ensevelissez-la ; car elle est fille de roi.

35 Ils s’en allèrent donc pour l’ensevelir ; mais ils ne trouvèrent rien que le crâne, les pieds et les paumes des mains.

36 Et étant retournés, ils le lui rapportèrent ; et il dit : C’est la parole que l’Éternel avait prononcée par son serviteur Elie Tisçbite, disant : Dans le champ de Jizréhel les chiens mangeront la chair de Jézabel.

37 Et le cadavre de Jézabel sera comme du fumier sur le champ, dans le champ de Jizréhel, de sorte qu’on ne pourra pas dire : C’est ici Jézabel.

REFLEXIONS

L’onction de Jéhu que Dieu choisit pour être roi d’Israël fait voir que c’est Dieu qui élève et qui détrône les rois, comme il le trouve à propos pour exécuter ses jugements et pour accomplir les desseins de sa providence.

Ce que Jéhu fit contre la famille d’Achab doit être regardé comme l’œuvre de Dieu et c’est ce que prouvent les diverses circonstances de cette histoire qui sont très remarquables.

Jéhu est établi roi sans qu’il s’y attendit.

Joram, fils d’Achab, est tué et jeté dans la possession que son père avait ravie à Naboth. Jéhu se souvient alors qu’Élie avait prédit que Dieu punirait les fils d’Achab dans cette même possession.

Jézabel, cette méchante reine qui avait tant fait de mal, est jetée par les fenêtres de son palais et mangée des chiens.

Ainsi tout ce que le prophète Élie avait prédit à Achab et à sa famille arriva et Dieu fit une sévère vengeance de l’impiété de ce roi qui avait introduit l’idolâtrie de bahal parmi les Israélites.

On voit donc par cette histoire que les menaces de Dieu ne sont jamais vaines, que sa malédiction tombe sur les princes impies et sur les familles où l’impiété règne.

Il faut aussi se souvenir qu’Achazia, roi de Juda, pour avoir imité les rois d’Israël dans leurs péchés et dans leur idolâtrie et pour s’être uni avec Joram, roi d’Israël, périt avec lui et que Jéhu le fit aussi mourir.

Ceux qui se rendent compagnons et les imitateurs des méchants en portent tôt ou tard la peine.

CHAPITRE X

Le roi Jéhu fait mourir soixante-dix fils du roi Achab et plusieurs parents d’Achazia, roi de Juda. Ensuite, ayant assemblé tous les sacrificateurs de bahal sous prétexte d’un sacrifice, il les fit tous tuer et il abolit le culte de cette idole. Cependant il conserva le culte idolâtre que Jéroboam avait établi et il attira par ce moyen la colère de Dieu sur lui. Il mourut après avoir régné vingt-huit ans et Joachaz son fils lui succéda qui fut le onzième roi d’Israël.

1 Or, Achab avait soixante et dix fils dans Samarie ; et Jéhu écrivit des lettres et les envoya à Samarie aux principaux de Jizréhel, aux anciens, et à ceux qui nourrissaient les enfants d’Achab, leur mandant en ces termes :

2 Dès que ces lettres seront parvenues jusqu’à vous, qui avez avec vous les fils de votre maître, les chariots, les chevaux, la ville forte et les armes ;

3 regardez qui est le plus considérable et le plus agréable d’entre les fils de votre maître, et mettez-le sur le trône de son père, et combattez pour la maison de votre seigneur.

4 Et ils eurent une fort grande peur, et ils dirent : Voilà, deux rois n’ont point pu tenir contre lui ; comment donc pourrions-nous tenir ?

5 Ceux donc qui avaient la charge de la maison, et ceux qui étaient commis sur la ville, et les anciens, et ceux qui nourrissaient les enfants d’Achab, mandèrent à Jéhu, disant : Nous sommes tes serviteurs, nous ferons tout ce que tu nous diras ; nous ne ferons personne roi ; fais ce qu’il te semblera bon.

6 Et il leur écrivit pour la seconde fois, en ces termes : Si vous êtes à moi, et si vous obéissez à ma voix, prenez les têtes des fils de votre maître, et venez vers moi, demain à cette heure, à Jizréhel. Or, les fils du roi, qui étaient soixante et dix hommes, étaient avec les plus grands de la ville, qui les nourrissaient.

7 Aussitôt donc que les lettres leur furent parvenues, ils prirent les fils du roi et mirent à mort ces soixante et dix hommes ; et ayant mis leurs têtes dans des paniers, il les lui envoyèrent à Jizréhel.

8 Et un messager vint, qui les lui apporta, et lui dit : Ils ont apporté les têtes des fils du roi. Et il répondit : Mettez-les en deux monceaux à l’entrée de la porte, jusqu’au matin.

9 Et le matin il sortit ; et s’étant arrêté, il dit à tout le peuple : Vous êtes justes ; voici, j’ai fait une ligue contre mon seigneur, et je l’ai tué ; mais qui a frappé tous ceux-ci ?

10 Sachez maintenant qu’il ne tombera rien à terre de la parole de l’Éternel, que l’Éternel a prononcée contre la maison d’Achab, et que l’Éternel a fait ce qu’il avait dit par son serviteur Elie.

11 Jéhu fit encore mourir tous ceux qui étaient demeurés de reste de la maison d’Achab à Jizréhel, avec tous ceux qu’il avait avancés, ses familiers amis, et ses principaux officiers, en sorte qu’il n’en laissa pas un de reste.

12 Après cela, il se leva, et partit, et vint à Samarie. Et comme il était près d’une maison de bergers sur le chemin,

13 Il trouva les frères d’Achazia, roi de Juda, et il leur dit : Qui êtes-vous ? Et ils répondirent : Nous sommes les frères d’Achazia, et nous sommes descendus pour saluer les fils du roi, et les fils de la reine.

14 Alors il dit : Saisissez-les vifs. Et ils les saisirent tout vifs, et les firent mourir, savoir, quarante-deux hommes, auprès du puits de la maison des bergers ; et on n’en laissa pas un de reste.

15 Et Jéhu étant parti de là, trouva Jonadab, fils de Réchab, qui lui venait au-devant ; il le salua, et lui dit : Ton cœur est-il aussi droit envers moi, que mon cœur l’est envers toi ? Et Jonadab répondit : Il l’est, oui, il l’est ; donne-moi la main. Et il lui donna la main, et le fit monter avec lui sur le chariot.

16 Puis il lui dit : Viens avec moi, et tu verras le zèle que j’ai pour l’Éternel ; ainsi on le mit dans son chariot.

17 Et quand Jéhu fut venu à Samarie, il tua tous ceux qui étaient demeurés de reste de la maison d’Achab à Samarie, jusqu’à ce qu’il eût tout exterminé, selon la parole que l’Éternel avait dite à Elie.

18 Et Jéhu assembla tout le peuple, et leur dit : Achab n’a servi Bahal que peu ; mais Jéhu le servira beaucoup.

19 C’est pourquoi, maintenant appelez-moi tous les prophètes de Bahal, tous ses serviteurs et tous ses sacrificateurs ; qu’il n’y en manque pas un seul ; car je veux faire un grand sacrifice à Bahal. Quiconque ne s’y trouvera pas, ne vivra point. Or, Jéhu faisait cela par finesse, afin qu’il fît périr ceux qui servaient Bahal.

20 Et Jéhu dit : Consacrez une fête solennelle à Bahal ; et ils la publièrent.

21 Et Jéhu envoya par tout Israël, et tous les serviteurs de Bahal vinrent ; il n’en demeura pas un qui n’y vînt, et ils entrèrent dans la maison de Bahal, et la maison de Bahal fut remplie depuis un bout jusqu’à l’autre.

22 Alors il dit à celui qui avait la charge du revestiaire : Donne des vêtements à tous les serviteurs de Bahal. Et il leur donna des vêtements.

23 Et Jéhu et Jonadab, fils de Réchab, entrèrent dans la maison de Bahal, et Jéhu dit aux serviteurs de Bahal : Cherchez diligemment, et regardez, que peut-être il n’y ait ici entre vous quelqu’un des serviteurs de l’Éternel ; mais qu’il n’y ait que les seuls serviteurs de Bahal.

24 Ils entrèrent donc pour faire les sacrifices et les holocaustes. Or, Jéhu avait donné ordre dehors à quatre-vingts hommes, et leur avait dit : S’il y a quelqu’un de ces hommes que je vais mettre entre vos mains, qui en échappe, la vie de chacun de vous répondra pour sa vie.

25 Et dès qu’on eut achevé de faire l’holocauste, Jéhu dit aux archers et aux capitaines : Entrez, tuez-les ; qu’il n’en échappe aucun. Les archers donc et les capitaines les firent passer au fil de l’épée, et les jetèrent là ; puis ils s’en allèrent jusqu’à la ville de la maison de Bahal ;

26 et ils tirèrent les statues de la maison de Bahal, et les brûlèrent ;

27 et ils démolirent la statue de Bahal ; ils démolirent aussi la maison de Bahal, et ils en firent des retraits ; ce qui a demeuré jusqu’à ce jour.

28 Ainsi Jéhu extermina Bahal du milieu d’Israël.

29 Toutefois, Jéhu ne se détourna point des péchés par lesquels Jéroboam, fils de Nébat, avait fait pécher Israël, savoir, des veaux d’or qui étaient à Beth-el et à Dan.

30 Et l’Éternel dit à Jéhu : Parce que tu as fort bien exécuté ce qui était droit devant moi, et que tu as fait à la maison d’Achab tout ce que j’avais dans mon cœur, tes fils seront assis sur le trône d’Israël jusqu’à la quatrième génération.

31 Mais Jéhu ne prit point garde à marcher dans la loi de l’Éternel, le Dieu d’Israël, de tout son cœur ; il ne se détourna point des péchés par lesquels Jéroboam avait fait pécher Israël.

32 En ce temps-là, l’Éternel commença à retrancher quelque partie du royaume d’Israël ; car Hazaël battit les Israélites dans toutes leurs contrées ;

33 depuis le Jourdain jusqu’au soleil levant ; savoir, tout le pays de Galaad, des Gadites, des Rubénites, et de ceux de Manassé, depuis Haroher, qui est sur le torrent d’Arnon, jusqu’à Galaad et Basçan.

34 Le reste des actions de Jéhu, tout ce qu’il a fait, et tous ses exploits, ne sont-ils pas écrits au livre des Chroniques des rois d’Israël ?

35 Et Jéhu s’endormit avec ses pères, et fut enseveli à Samarie ; et Joachaz son fils régna en sa place.

36 Or, le temps que Jéhu régna sur Israël à Samarie, fut de vingt-huit ans.

REFLEXIONS

On voit dans la mort des soixante et dix fils d’Achab l’entière ruine de la maison de ce prince impie qui avait été prédite par le prophète Élie. Sur quoi il faut remarquer que c’est ici la troisième famille des rois d’Israël que l’on vit s’éteindre entièrement. Celle de Jéroboam fut d’abord détruite, ensuite celle de Bahasça et après cela celle de l’impie Achab. Et elles périrent toutes à cause de leur idolâtrie par un juste jugement de Dieu. La famille des rois de Juda éprouva aussi la vengeance céleste, cependant elle subsista toujours selon que Dieu l’avait promis.

Pour ce qui est de l’action de Jéhu qui fit tuer les sacrificateurs de bahal, il faut considérer :

I. Qu’il les fit mourir avec justice, Dieu ayant commandé qu’on punit de mort tous ceux qui introduiraient le culte des faux dieux,

II. Que cette action fut blâmable en tant que Jéhu pour assembler ces sacrificateurs, se servit, d’un mensonge et même d’un déguisement criminel disant qu’il voulait rendre un service solennel à bahal. Il y a d’ailleurs bien de l’apparence que Jéhu fit mourir les sacrificateurs de bahal de même que les fils d’Achab autant par politique que pour obéir à Dieu et par zèle pour son service, puisqu’il affermissait sa domination en détruisant ceux qui avaient été attachés au roi Achab et à Jézabel sa femme. Mais ce qui fait voir surtout que le zèle que Jéhu témoigna pour exécuter la volonté de Dieu n’était pas sincère, c’est qu’il se contenta d’ôter l’idolâtrie de bahal qui était la plus grossière et qu’il laissa subsister celle des veaux d’or que le roi Jéroboam avait établie dans le royaume des dix tribus. Aussi voyons-nous que l’Écriture remarque que Jéhu ne marcha pas dans la loi de Dieu de tout son cœur quoique cependant Dieu lui promit de conserver le règne à ses fils jusqu’à la quatrième génération parce qu’il avait exécuté ses jugements sur la maison d’Achab. On voit en Jéhu une image de ceux dont le zèle n’est pas pur. Ils croient satisfaire à leur devoir en faisant une partie de la volonté de Dieu et en renonçant aux péchés les plus grossiers et ils s’en glorifient comme Jéhu se glorifiait de son zèle pour Dieu. Mais quand on ne renonce pas à tout ce qui déplaît au Seigneur et particulièrement aux péchés pour lesquels on a le plus de penchant, on n’agit pas par un vrai zèle et l’on ne peut se promettre d’être approuvé par lui. Aussi voit-on que Dieu châtia ce prince par le moyen du roi de Syrie qui remporta divers avantages sur lui et qui s’empara d’une partie de ses états.

CHAPITRE XI

Après la mort d’Achazia sixième roi de Juda, Hathalie sa mère qui était fille d’Achab et idolâtre usurpa le royaume et fit mourir tous les princes du sang royal de Juda et il n’en échappa qu’un, savoir Joas qui n’était âgé que d’un an et qui fut nourri et caché pendant six ans par les soins de sa tante, femme du grand sacrificateur Jéhojadah. Au bout de ces six ans, Jéhojadah fit proclamer roi le jeune Joas, il fit mourir Hathalie et il rétablit la religion et le service de Dieu.

1 Hathalie, mère d’Achazia, ayant vu que son fils était mort, s’éleva et extermina toute la race royale.

2 Mais Jéhoscébah, fille du roi Joram, sœur d’Achazia, prit Joas, fils d’Achazia, et le déroba d’entre les fils du roi qu’on faisait mourir, et le mit avec sa nourrice dans la chambre aux lits, et on le cacha de devant Hathalie, de sorte qu’on ne le fit point mourir.

3 Et il fut caché avec sa nourrice dans la maison de l’Eternel l’espace de six ans ; cependant Hathalie régnait sur le pays.

4 Et la septième année Jéhojadah envoya et prit des centeniers, des capitaines et des archers, et les fit entrer vers lui dans la maison de l’Eternel, et traita alliance avec eux, et les fit jurer dans la maison de l’Eternel, et leur montra le fils du roi.

5 Ensuite il leur fit ce commandement, et leur dit : C’est ici ce que vous ferez : La troisième partie d’entre vous qui entrez en semaine, fera la garde de la maison du roi ;

6 et la troisième partie sera à la porte de Sur ; et la troisième partie sera à la porte qui est derrière les archers ; ainsi vous ferez la garde pour garder le temple, afin que personne n’y entre par force ;

7 et les deux bandes d’entre vous tous qui sortez de semaine, feront la garde, pour garder la maison de l’Eternel auprès du roi ;

8 et vous environnerez le roi tout autour, chacun ayant ses armes à la main, et que celui qui entrera dans les rangs soit mis à mort ; et soyez avec le roi quand il sortira, et quand il entrera.

9 Les capitaines firent donc tout ce que Jéhojadah le sacrificateur avait commandé, et prirent chacun ses gens, tant ceux qui entraient en semaine, que ceux qui sortaient de semaine, et ils vinrent vers le sacrificateur Jéhojadah.

10 Et le sacrificateur donna aux capitaines des hallebardes et des boucliers qui venaient du roi David, et qui étaient dans la maison de l’Eternel.

11 Et les archers s’étaient rangés auprès du roi tout autour, ayant chacun les armes à la main, depuis le côté droit du temple jusqu’au côté gauche de l’autel et du temple.

12 Alors Jéhojadah fit amener le fils du roi, et mit sur lui une couronne, et le témoignage, et ils l’établirent roi, et l’oignirent, et frappant des mains, ils dirent : Vive le roi !

13 Et Hathalie, entendant le bruit des archers et du peuple, entra vers le peuple dans la maison de l’Eternel ;

14 et elle regarda, et voilà, le roi était près de la colonne, selon la coutume des rois, et les capitaines et les trompettes étaient près du roi, et tout le peuple du pays était dans la joie, et on sonnait des trompettes. Alors Hathalie déchira ses vêtements, et cria : Conjuration, conjuration !

15 Et le sacrificateur Jéhojadah commanda aux capitaines qui avaient la charge de l’armée, et leur dit : Menez-la hors des rangs, et que celui qui la suivra soit mis à mort par l’épée ; car le sacrificateur avait dit : Qu’on ne la fasse pas mourir dans la maison de l’Eternel.

16 Ils lui firent donc place, et elle revint par le chemin de l’entrée des chevaux dans la maison du roi ; et elle fut tuée là.

17 Et Jéhojadah traita cette alliance entre l’Eternel, le roi et le peuple, qu’ils seraient le peuple de l’Eternel ; il traita aussi alliance entre le roi et le peuple.

18 Alors tout le peuple du pays entra dans la maison de Bahal, et ils la démolirent avec ses autels, et ils brisèrent entièrement ses images ; ils tuèrent aussi Mattam, sacrificateur de Bahal, devant les autels. Et le sacrificateur ordonna des gardes dans la maison de l’Éternel.

19 Et il prit les centeniers, les capitaines, les archers et tout le peuple du pays, qui firent descendre le roi de la maison de l’Éternel, et ils entrèrent dans la maison du roi par le chemin de la porte des archers ; et il s’assit sur le trône des rois.

20 Et tout le peuple du pays se réjouit, et la ville fut en repos, quoiqu’on eût mis à mort Hathalie par l’épée dans la maison du roi.

21 Joas était âgé de sept ans quand il commença à régner.

REFLEXIONS

On voit dans l’histoire du règne d’Hathalie, qui monta sur le trône par ses cruautés, que Dieu permet quelques fois que les desseins des méchants réussissent et qu’il s’élève des usurpateurs qui s’emparent des états. Mais on remarque aussi dans cette même histoire que Dieu donne des bornes à leur malice et qu’il délivre enfin ceux qui sont opprimés.

Joas, fils du roi Achazja, échappa à la cruauté d’Hathalie par un effet particulier de la providence divine et au bout de quelques années, Hathalie reçut la punition de ses crimes et la religion fut rétablie dans sa pureté.

Dieu accorde une grande grâce aux peuples lorsqu’il les délivre ainsi des méchants princes et qu’il en établit de bons à leur place. Et comme cette heureuse révolution fut procurée par les soins du grand sacrificateurs Jéhojadah qui fit un acte de justice en délivrant le royaume d’une reine étrangère et méchante et en rendant la couronne à celui qui en était légitime héritier, on doit reconnaître par là qu’il est très avantageux pour les états d’être conduits par des personnes prudentes et zélées pour la religion et pour le bien public.

CHAPITRE XII

Joas, septième roi de Juda, étant monté sur le trône à l’âge de sept ans, marqua du zèle pour la religion dans le commencement de son règne, mais s’étant corrompu dans la suite, ainsi qu’on le voit dans II Chroniques XXIV.

Il fut attaqué par Hazaël, roi de Syrie, et tué dans une conspiration, laissant Amasias, son fils, pour successeur.

1 La septième année de Jéhu, Joas commença à régner, et il régna quarante ans à Jérusalem ; sa mère s’appelait Tsibja, et elle était de Béer-scébah.

2 Joas fit ce qui est droit devant l’Éternel, tout le temps que Jéhojadah le sacrificateur l’instruisit.

3 Toutefois les hauts lieux ne furent point ôtés ; le peuple sacrifiait encore et faisait des encensements dans les hauts lieux.

4 Et Joas dit aux sacrificateurs : Pour ce qui est de tout l’argent consacré, qu’on apporte dans la maison de l’Éternel, soit l’argent de tout homme qui passe par le dénombrement, soit l’argent des personnes selon l’estimation qu’en fait le sacrificateur, soit tout l’argent que chacun apporte volontairement dans la maison de l’Éternel ;

5 que les sacrificateurs le prennent par-devers eux, chacun de celui qu’il connaît, et qu’ils en réparent ce qui est à réparer au temple, partout où l’on trouvera quelque chose à réparer.

6 Mais il arriva que la vingt et troisième année du roi Joas, les sacrificateurs n’avaient point encore réparé ce qui était à réparer au temple.

7 Et le roi Joas appela le grand sacrificateur Jéhojadah, et les sacrificateurs, et leur dit : Pourquoi n’avez-vous pas réparé ce qui était à réparer au temple ? Maintenant donc, ne prenez plus d’argent de ceux que vous connaissez ; mais laissez-le pour ce qui est à réparer au temple.

8 Et les sacrificateurs consentirent de ne prendre plus l’argent du peuple, et de ne pas être chargés de réparer ce qui était à réparer au temple.

9 Mais le sacrificateur Jéhojadah prit un coffre, et fit une ouverture à son couvercle, et le mit auprès de l’autel à main droite, à l’endroit par lequel on entrait dans la maison de l’Éternel ; et les sacrificateurs qui gardaient les vaisseaux, mettaient là tout l’argent qu’on apportait à la maison de l’Éternel.

10 Et dès qu’ils voyaient qu’il y avait beaucoup d’argent au coffre, le secrétaire du roi montait avec le grand sacrificateur, et ils mettaient l’argent qui se trouvait dans la maison de l’Éternel dans les sacs ; puis ils le comptaient.

11 Et ils délivraient cet argent bien compté entre les mains de ceux qui avaient la charge de l’ouvrage, qui étaient commis sur la maison de l’Éternel, lesquels le distribuaient aux charpentiers et aux architectes qui réparaient la maison de l’Éternel ;

12 et aux maçons, et aux tailleurs de pierres, pour acheter du bois et des pierres de taille pour réparer ce qui était à réparer dans la maison de l’Éternel, et tout ce qu’il fallait employer pour la réparation du temple.

13 Au reste, de cet argent qu’on apportait dans la maison de l’Éternel, on n’en faisait point de coupes d’argent pour la maison de l’Éternel, ni de serpes, ni de bassins, ni de trompettes, ni aucun autre ustensile d’or ou d’argent ;

14 Mais on le distribuait à ceux qui avaient la charge de l’ouvrage, lesquels en réparaient la maison de l’Éternel ;

15 et on ne faisait point rendre compte à ceux entre les mains de qui on avait délivré cet argent, pour le distribuer à ceux qui travaillaient ; car ils le faisaient fidèlement.

16 L’argent des sacrifices pour les délits, et l’argent des sacrifices pour les péchés n’étaient point apporté dans la maison de l’Éternel, car il appartenait aux sacrificateurs.

17 Alors Hazaël, roi de Syrie, monta et fit la guerre contre Gath, et la prit ; après cela, Hazaël tourna le visage pour monter contre Jérusalem.

18 Mais Joas, roi de Juda, prit tout ce qui était consacré, que Josaphat, Joram, et Achazia ses pères, roi de Juda, avaient consacré, et tout ce que lui-même avait consacré, et tout l’or qui se trouva dans les trésors de la maison de l’Éternel et de la maison du roi, et il l’envoya à Hazaël, roi de Syrie, qui se retira de Jérusalem.

19 Le reste des actions de Joas, et tout ce qu’il a fait, n’est-il pas écrit au livre des Chroniques des rois de Juda ?

20 Or, ses serviteurs se soulevèrent, et se liguèrent, et tuèrent Joas dans la maison de Millo, qui est à la descente de Silla.

21 Jozacar, fils de Scimhath, et Jozabad, fils de Sçomer, ses serviteurs, le tuèrent, et il mourut ; et on l’ensevelit avec ses pères dans la ville de David ; et Amasias son fils régna en sa place.

REFLEXIONS

Le roi Joas témoigna de la piété pendant assez longtemps et s’employa avec zèle à remettre en état le service de Dieu et à affermir la religion. Mais il ne continua pas. Il commit même de très grands crimes comme cela est rapporté dans les Chroniques ; aussi fit-il une fin malheureuse.

L’histoire de ce prince qui avait si bien commencé, mais qui finit si mal, nous engage à reconnaître que les personnes qui ont de bonnes intentions et même du zèle peuvent non seulement se relâcher, mais même tomber dans les derniers égarements lorsqu’elles ne veillent pas sur elles-mêmes et qu’elles prêtent l’oreille à de mauvais conseils, comme fit Joas. C’est ce qui arrive surtout aux princes qui, ayant été éclairés de la connaissance de Dieu et ayant reçu de lui des bienfaits signalés, viennent à l’abandonner.

CHAPITRE XIII

Joachaz, onzième roi d’Israël, fut idolâtre, à cause de quoi Dieu suscita contre lui le roi de Syrie, mais, ayant imploré le secours du Seigneur, il fut délivré, cependant il persévéra dans l’idolâtrie et il mourut en la dix-septième année de son règne, laissant le royaume à Joas, son fils, qui régna seize ans. Joas étant allé voir le prophète Élisée qui était malade, ce prophète lui prédit qu’il vaincrait les Syriens, mais qu’il ne les détruirait pas. Élisée mourut en ce temps-là et un homme mort ayant touché ses os ressuscita.

1 La vingt et troisième année de Joas, fils d’Achazia, roi de Juda, Joachaz, fils de Jéhu, commença à régner sur Israël à Samarie ; il régna dix-sept ans.

2 Et il fit ce qui est mauvais devant l’Éternel ; car il suivit les péchés de Jéroboam, fils de Nébat, par lesquels il avait fait pécher Israël, et il ne s’en retira point.

3 Et la colère de l’Éternel s’alluma contre Israël, et il les livra entre les mains de Hazaël, roi de Syrie, et entre les mains de Ben-Hadad, fils de Hazaël, pendant tout ce temps-là.

4 Mais Joachaz supplia l’Éternel, et l’Éternel l’exauça ; car il vit l’oppression d’Israël, parce que le roi de Syrie les opprimait.

5 L’Éternel donc donna un libérateur à Israël, et ils sortirent de dessous la puissance des Syriens ; ainsi les enfants d’Israël habitèrent dans leurs tentes comme auparavant.

6 Toutefois, il ne se détournèrent point des péchés de la maison de Jéroboam, par lesquels il avait fait pécher Israël ; mais ils y marchèrent, et même le bocage subsista à Samarie ;

7 bien que Dieu n’eût laissé du peuple à Joachaz que cinquante hommes de cheval, dix chariots et dix mille hommes de pied, et que le roi de Syrie les eût détruits, et les eût rendus menus comme la poudre qu’on foule dans l’aire.

8 Le reste des actions de Joachaz, tout ce qu’il a fait, et ses exploits, ne sont-ils pas écrits au livre des Chroniques des rois d’Israël ?

9 Ainsi Joachaz s’endormit avec ses pères, et on l’ensevelit à Samarie, et Joas son fils régna en sa place.

10 La trente-septième année de Joas, roi de Juda, Joas, fils de Joachaz, commença à régner sur Israël à Samarie, et il régna seize ans.

11 Il fit ce qui est mauvais devant l’Éternel, et il ne se détourna d’aucun des péchés de Jéroboam, fils de Nébat, par lesquels il avait fait pécher. Israël, mais il y marcha.

12 Le reste des actions de Joas, tout ce qu’il fit, et la valeur avec laquelle il combattit contre Amasias, roi de Juda, ces choses ne sont-elles pas écrites au livre des Chroniques des rois d’Israël ?

13 Et Joas s’endormit avec ses pères, et Jéroboam s’assit sur son trône. Et Joas fut enseveli à Samarie avec les rois d’Israël.

14 Or, Élisée avait été malade d’une maladie dont il mourut ; et Joas, le roi d’Israël, était descendu, et il avait pleuré sur son visage, disant : Mon père, mon père, chariot d’Israël et sa cavalerie.

15 Et Élisée lui dit : Prends un arc et des flèches. Et il prit en sa main un arc et des flèches.

16 Et il dit au roi d’Israël : Empoigne l’arc de ta main. Et quand il l’eut empoigné, Élisée mit ses mains sur les mains du roi,

17 et il dit : Ouvre la fenêtre vers l’orient ; et quand il l’eut ouverte, Élisée lui dit : Tire. Après qu’il eut tiré, il lui dit : C’est la flèche de la délivrance de l’Éternel, et la flèche de la délivrance contre les Syriens. Tu frapperas donc les Syriens à Aphek, jusqu’à les consumer.

18 Il lui dit encore : Prends des flèches. Et quand il les eut prises, il dit au roi d’Israël : Frappe contre terre. Et il frappa trois fois ; puis il s’arrêta.

19 Et l’homme de Dieu s’irrita contre lui ; et il lui dit : Il fallait frapper cinq ou six fois, alors tu eusses frappé les Syriens jusqu’à les détruire ; mais maintenant tu ne les battras que trois fois.

20 Et Élisée mourut, et on l’ensevelit. L’année suivante quelques troupes de Moabites entrèrent dans le pays.

21 Et il arriva que, comme on ensevelissait un homme, voici, on vit une troupe de soldats, de sorte qu’on jeta cet homme-là dans le sépulcre d’Élisée ; cet homme-là étant roulé là, et ayant touché les os d’Élisée, revint en vie, et il se leva sur ses pieds.

22 Or, Hazaël, roi de Syrie, avait opprimé les Israélites pendant toute la vie de Joachaz.

23 Mais l’Éternel eut compassion d’eux, et il leur fit grâce, et il se retourna vers eux pour l’amour de l’alliance qu’il avait faite avec Abraham, Isaac, et Jacob, et ne les voulut point exterminer, ni les rejeter de devant lui jusqu’à maintenant.

24 Car Hazaël, roi de Syrie, mourut, et Ben-Hadad son fils régna en sa place.

25 Et Joas, fils de Joachaz, retira d’entre les mains de Ben-Hadad, fils de Hazaël, les villes que Hazaël avait prises par guerre à Joachaz son père. Joas le battit par trois fois, et recouvra les villes d’Israël.

REFLEXIONS

I. Ce qu’on doit remarquer dans l’histoire du roi Joachaz, c’est qu’il fut idolâtre comme ses prédécesseurs et que se voyant attaqué par le roi de Syrie, il eut recours à Dieu par ses prières. Dieu le délivra par un effet de son amour envers le peuple d’Israël qu’il voyait opprimé par les Syriens. Mais quoi que ce prince eût éprouvé le secours du Seigneur et qu’il se vît même extrêmement affaibli, il ne laissa pas de persévérer dans l’idolâtrie.

Telle est ordinairement la conduite des méchants. Ils s’adressent à Dieu dans les maux qui les pressent, mais après que Dieu les en a délivrés ils n’en deviennent pas meilleurs et ils sont insensibles aux marques de son support aussi bien qu’à ses châtiments.

II. On voit dans l’histoire du roi Joas, fils de Joachaz, que ce prince imita son père dans ses dérèglements et que cependant Dieu lui promit par le prophète Élisée qu’il vaincrait les Syriens. Il est à remarquer sur cela dans ce chapitre que Joas remporta ces avantages parce que Dieu eut compassion des Israélites et en considération de l’alliance qu’il avait traitée avec leurs pères.

Dieu qui est bon et miséricordieux en use toujours de la sorte envers les hommes et il les supporte longtemps avant que de les abandonner entièrement.

III. Nous avons ici le récit de la mort d’Élisée que Dieu retira du monde après qu’il eut exercé la charge de prophète pendant plus de soixante ans. La visite que Joas, roi d’Israël, lui fit et l’affliction qu’il témoigna de sa mort font voir que ce prince, quoi qu’engagé dans l’idolâtrie, respectait Élisée et que les prophètes du Seigneur étaient considérés dans le royaume d’Israël.

La mémoire de ce Saint prophète doit être en bénédiction dans l’église, son zèle et ses autres vertus doivent nous servir d’exemple et animer tous les chrétiens et principalement ceux qui ont charge dans l’église à servir Dieu fidèlement chacun dans leur vocation.

La résurrection de cet homme qui revint à la vie pour avoir touché les os d’Élisée devait faire une grande impression sur les Israélites des dix tribus auxquels ce prophète avait été envoyé. Mais cet événement miraculeux doit aussi nous convaincre que Dieu, qui a promis de ressusciter les morts, a la puissance de leur rendre la vie et qu’il le fera au dernier jour.

CHAPITRE XIV

Ce chapitre contient l’histoire de deux rois : I. Le premier fut Amasias huitième roi de Juda. Il donna d’abord des marques de piété et de modération et il remporta la victoire sur les Iduméens. Mais, étant devenu idolâtre comme on le lit dans les Chroniques et ayant déclaré la guerre à Joas, roi d’Israël, il fut battu et pris par ce prince qui pilla la ville et le temple de Jérusalem. Enfin Amasias fut tué par des personnes qui conspirèrent contre lui et Asarias, son fils, lui succéda. II. On a ici en abrégé l’histoire de Jéroboam second qui fut le XIIIe roi d’Israël et qui régna quarante et un an.

1 La seconde année de Joas, fils de Joachaz, roi d’Israël, Amasias, fils de Joas, roi de Juda, commença à régner.

2 Il était âgé de vingt-cinq ans quand il commença à régner, et il régna vingt-neuf ans à Jérusalem ; sa mère s’appelait Jéhohaddan, et elle était de Jérusalem.

3 Il fit ce qui est droit devant l’Éternel, non pas toutefois comme David son père ; il fit comme Joas son père avait fait.

4 De sorte qu’il n’y eut que les hauts lieux qui ne furent point ôtés ; le peuple sacrifiait encore et faisait des encensements dans les hauts lieux.

5 Et dès que le royaume fut affermi entre ses mains, il fit mourir ses serviteurs qui avaient tué le roi son père.

6 Mais il ne fit point mourir leurs enfants, selon ce qui est écrit au livre de la loi de Moïse, où l’Éternel a donné ce commandement, disant : On ne fera point mourir les enfants pour les pères ; mais on fera mourir chacun pour son péché.

7 Il frappa dix mille hommes d’Edom dans la vallée du sel, et prit Sélah par guerre, et lui donna le nom de Jokthéel, et on l’a ainsi nommée jusqu’à ce jour.

8 Alors Amasias envoya des messagers vers Joas, fils de Joachaz, fils de Jéhu, roi d’Israël, pour lui dire : Viens, que nous nous voyions l’un l’autre.

9 Et Joas, roi d’Israël, envoya dire à Amasias, roi de Juda : L’épine qui est au Liban a envoyé dire au cèdre qui est au Liban : Donne ta fille pour femme à mon fils ; mais les bêtes sauvages qui sont au Liban ont passé, et ont foulé l’épine.

10 Parce que tu as rudement frappé les Iduméens, ton cœur s’est élevé. Contente-toi de ta gloire, et tiens-toi dans ta maison ; et pourquoi attirerais-tu un mal par lequel tu tomberais, toi, et Juda, avec toi.

11 Mais Amasias ne lui obéit pas ; et Joas, roi d’Israël, monta, et ils se virent l’un l’autre, lui et Amasias, roi de Juda, à Beth-scémès, qui est de Juda.

12 Et Juda ayant été défait par Israël, ils s’enfuirent chacun dans leurs tentes.

13 Et Joas, roi d’Israël, prit Amasias, roi de Juda, fils de Joas, fils d’Achazia, à Beth-scémès ; ensuite il vint à Jérusalem, et il fit une brèche de quatre cents coudées dans la muraille de Jérusalem, depuis la porte d’Ephraïm jusqu’à la porte du coin.

14 Et ayant pris tout l’or et l’argent, et tous les vaisseaux qui furent trouvés dans la maison de l’Éternel et dans les trésors de la maison royale, et des gens pour être en otage, il retourna à Samarie.

15 Le reste des actions de Joas, et sa valeur, et comment il combattit contre Amasias, cela n’est-il pas écrit au livre des Chroniques des rois d’Israël ?

16 Et Joas s’endormit avec ses pères, et il fut enseveli à Samarie avec les rois d’Israël ; et Jéroboam son fils régna en sa place.

17 Et Amasias, fils de Joas, roi de Juda, vécut quinze ans après la mort de Joas, fils de Joachaz, roi d’Israël.

18 Le reste des actions d’Amasias, n’est-il pas écrit au livre des Chroniques des rois de Juda ?

19 Or, on fit une conspiration contre lui à Jérusalem, et il s’enfuit à Lakis ; mais on envoya après lui à Lakis, et on le tua là.

20 Et de là on l’apporta sur des chevaux, et il fut enseveli à Jérusalem avec ses pères dans la ville de David.

21 Alors tout le peuple de Juda prit Asarias, âgé de seize ans, et ils l’établirent roi au lieu d’Amasias son père.

22 Il rebâtit Elath, l’ayant remise en la puissance de Juda, après que le roi fut endormi avec ses pères.

23 La quinzième année d’Amasias, fils de Joas, roi de Juda, Jéroboam, fils de Joas, commença à régner sur Israël à Samarie, et il régna l’espace de quarante et un ans.

24 Et il fit ce qui est mauvais devant l’Éternel ; il ne se détourna point d’aucun des péchés de Jéroboam, fils de Nébat, par lesquels il avait fait pécher Israël.

25 Il rétablit les bornes d’Israël, depuis l’entrée de Hamath jusqu’à la mer de la campagne, selon la parole de l’Éternel, le Dieu d’Israël, qu’il avait prononcée par son serviteur Jonas, fils d’Amittaï, prophète, qui était de Gath-hépher ;

26 parce que l’Éternel vit que l’affliction d’Israël était fort amère, et qu’il ne restait plus rien, ni de ce qui est serré, ni de ce qui est abandonné, et qu’il n’y avait personne qui aidât Israël ;

27 et l’Éternel n’avait point parlé d’effacer le nom d’Israël de dessous les cieux ; et il les délivra par les mains de Jéroboam, fils de Joas.

28 Le reste des actions de Jéroboam, tout ce qu’il a fait, et la valeur avec laquelle il combattit, et comment il rétablit Damas et Hamath de Juda en Israël, ces choses ne sont-elles pas écrites au livre des Chroniques des rois d’Israël ?

29 Puis Jéroboam s’endormit avec ses pères, avec les rois d’Israël, et Zacharie son fils régna en sa place.

REFLEXIONS

Les commencements du règne d’Amasias furent louables. Il eut de l’attachement pour le service de Dieu et il fit paraître sa justice et sa modération en épargnant les enfants de ceux qui avaient tué Joas son père. Dieu l’en récompensa par la victoire qu’il remporta sur les Iduméens. Mais dès qu’il se détourna de Dieu, il éprouva toutes sortes de malheurs, il vit son pays ravagé par le roi d’Israël et il périt enfin misérablement comme son père dans une conspiration.

Voici un nouvel exemple où l’on voit bien clairement que ceux qui tombent dans l’ingratitude et dans la rébellion contre Dieu, après avoir bien commencé, attirent sur eux les effets de sa vengeance.

Il y a deux réflexions à faire sur le règne de Jéroboam II.

L’une, qu’il conserva le culte idolâtre qui avait été établi dans le royaume d’Israël.

L’autre, que Dieu ne laissa pas sous le règne   de ce prince de conserver et de rétablir même ce royaume qui était alors dans un grand abaissement, ce qu’il fit à cause de l’amour qu’il portait à son peuple qu’il voyait extrêmement affligé et parce qu’il n’avait pas encore résolu de le détruire.

C’est là un effet de la grande bonté de Dieu et de son support envers les princes et les peuples coupables.

Au reste, il paraît d’ici que Jonas, qui fut envoyé à Ninive, prophétisait dans ce temps-là dans le royaume des dix tribus et que ce fut même lui qui promit à Jéroboam les avantages que Dieu lui accorda.

Nous voyons en cela la vérité de ce que l’Écriture dit en tant d’endroits, que Dieu ne cessa point d’envoyer des prophètes aux Israélites afin de les détourner de l’idolâtrie et de les rappeler à son service et qu’ils ne furent rejetés que parce qu’ils refusèrent d’écouter les remontrances des serviteurs de Dieu et qu’ils persévérèrent avec obstination dans leurs péchés.

CHAPITRE XV

I. Asarias, nommé autrement Ozias, neuvième roi de Juda fut d’abord attaché au service de Dieu, mais il fut frappé de lèpre pour avoir voulu usurper les fonctions du sacerdoce. L’histoire de ce prince se voit plus au long dans les Chroniques.

II. On trouve dans ce chapitre l’histoire de Zacharie, de Sallum, de Manahem, de Pékajah et de Pékah, tous rois d’Israël. Jéroboam second du nom, roi d’Israël étant mort, il y eut un interrègne d’environ onze ans. Au bout de ce temps, Zacharie son fils fut établi roi. Il régna six mois et la famille de Jéhu fut éteinte en lui dans la quatrième génération comme Dieu l’avait prédit. Sallum le tua et ne régna qu’un mois ayant été tué par Manahem qui régna dix ans et devint tributaire du roi d’Assyrie. Pékajah, son fils, fut le dix-septième roi d’Israël. Il fut tué par Pékah sous le règne duquel une partie du peuple fut transporté en Assyrie. Ce Pékah fut tué par Hosée qui fut le dix-neuvième et dernier roi d’Israël. Tous ces princes furent idolâtre.

III. Asarias roi de Juda étant mort, Jotham, son fils, prince religieux, lui succéda. Ce fut le dixième roi de Juda et il régna seize ans.

1 La vingt-septième année de Jéroboam, roi d’Israël, Asarias, fils d’Amasias, roi de Juda, régnait.

2 Il était âgé de seize ans quand il commença à régner, et il régna cinquante-deux ans à Jérusalem ; sa mère s’appelait Jécolia, et elle était de Jérusalem.

3 Il fit ce qui est droit devant l’Éternel, comme avait fait Amasias son père ;

4 de sorte qu’il n’y eut que les hauts lieux qui ne furent point ôtés ; le peuple sacrifiait encore et faisait des encensements sur les hauts lieux.

5 Mais l’Éternel frappa le roi, et il fut lépreux jusqu’au jour qu’il mourut ; et il demeura dans une maison écartée ; et Jotham, fils du roi, avait l’intendance du palais, et jugeait le peuple du pays.

6 Le reste des actions d’Asarias, tout ce, dis-je, qu’il a fait, n’est-il pas écrit au livre des Chroniques des rois de Juda ?

7 Et Asarias s’endormit avec ses pères, et il fut enseveli dans la ville de David, et Jotham son fils régna en sa place.

8 La trente-huitième année d’Asarias, roi de Juda, Zacharie, fils de Jéroboam, commença à régner sur Israël à Samarie, et il régna six mois.

9 Et il fit ce qui est mauvais devant l’Éternel, comme avaient fait ses pères ; il ne se détourna point des péchés de Jéroboam, fils de Nébat, par lesquels il avait fait pécher Israël.

10 Or, Sçallum, fils de Jabès, fit une conspiration contre lui, et le frappa en la présence du peuple, et le tua ; et il régna en sa place.

11 Quant au reste des actions de Zacharie, voilà, elles sont écrites au livre des Chroniques des rois d’Israël.

12 C’est là la parole que l’Éternel avait prononcée à Jéhu, en lui disant : Tes fils seront assis sur le trône d’Israël jusqu’à la quatrième génération ; et il en fut ainsi.

13 Sçallum, fils de Jabès, commença à régner la trente-neuvième année de Hozias, roi de Juda, et il ne régna que l’espace d’un mois entier dans Samarie.

14 Car Ménahem, fils de Gadi, qui était de Tirtsa, monta, et il entra dans Samarie, et il frappa Sçallum, fils de Jabès, à Samarie, et le tua ; et il régna en sa place.

15 Le reste des actions de Sçallum, et la conspiration qu’il fit, voilà, ces choses sont écrites au livre des Chroniques des rois d’Israël.

16 Et Ménahem battit Tiphsah, et tous ceux qui y étaient et dans sa contrée depuis Tirtsa, parce qu’elle ne lui avait pas ouvert les portes ; et il les tua, et fendit toutes les femmes grosses qui y étaient.

17 La trente-neuvième année d’Asarias, roi de Juda, Ménahem, fils de Gadi, commença à régner sur Israël, et il régna dix ans à Samarie.

18 Et il fit ce qui est mauvais devant l’Éternel ; il ne se détourna point des péchés de Jéroboam, fils de Nébat, par lesquels il avait fait pécher Israël pendant toute sa vie.

19 Alors Pul, roi des Assyriens, vint contre le pays ; et Ménahem donna mille talents d’argent à Pul, afin qu’il lui aidât à affermir son royaume entre ses mains.

20 Et Ménahem tira cet argent d’Israël, de tous ceux qui étaient puissants en bien, pour le donner au roi des Assyriens, de chacun cinquante sicles d’argent ; ainsi le roi des Assyriens s’en retourna, et ne s’arrêta point dans le pays.

21 Le reste des actions de Ménahem, tout ce, dis-je, qu’il a fait, n’est-il pas écrit au livre des Chroniques des rois d’Israël ?

22 Et Ménahem s’endormit avec ses pères, et Pékachja son fils régna en sa place.

23 La cinquantième année d’Asarias, roi de Juda, Pékachja, fils de Ménahem, commença à régner sur Israël à Samarie, et il régna deux ans.

24 Et il fit ce qui est mauvais devant l’Éternel ; il ne se détourna point des péchés de Jéroboam, fils de Nébat, par lesquels il avait fait pécher Israël.

25 Et Pékach, fils de Rémalja, son capitaine, fit une conspiration contre lui, et le frappa, à Samarie, au palais royal, avec Argob et Arjé, ayant avec lui cinquante hommes des descendants des Galaadites. Ainsi il le tua, et il régna en sa place.

26 Le reste des actions de Pékachja, tout ce qu’il a fait, voilà, il est écrit au livre des Chroniques des rois d’Israël.

27 La cinquante-deuxième année d’Asarias, roi de Juda, Pékach, fils de Rémalja, commença à régner sur Israël, à Samarie, et il régna vingt ans.

28 Et il fit ce qui est mauvais devant l’Éternel, et il ne se détourna point des péchés de Jéroboam, fils de Nébat, par lesquels il avait fait pécher Israël.

29 Du temps de Pékach, roi d’Israël, Tiglath-Piléser, roi des Assyriens, vint et prit Hijon, et Abel-Bethmahaca, et Janoah, et Kédès, et Hatsor, et Galaad, et la Galilée, même tout le pays de Nephthali, et il en transporta le peuple en Assyrie.

30 Et Hosée, fils d’Ela, fit une conspiration contre Pékach, fils de Rémalja ; il le frappa, le tua, et régna en sa place, la vingtième année de Jotham, fils de Hozias.

31 Le reste des actions de Pékach, tout ce, dis-je, qu’il a fait, voilà, il est écrit au livre des Chroniques des rois d’Israël.

32 La seconde année de Pékach, fils de Rémalja, roi d’Israël, Jotham, fils de Hozias, roi de Juda, commença à régner.

33 Il était âgé de vingt-cinq ans quand il commença à régner, et il régna seize ans à Jérusalem. Sa mère s’appelait Jérusça, et elle était fille de Tsadok.

34 Il fit ce qui est droit devant l’Éternel, et il fit comme Hozias son père avait fait ;

35 de sorte, qu’il n’y eut que les hauts lieux qui ne furent point ôtés ; le peuple sacrifiait encore, et il faisait des encensements dans les hauts lieux. Ce fut lui qui bâtit la plus haute porte de la maison de l’Éternel.

36 Le reste des actions de Jotham, tout ce, dis-je, qu’il a fait, n’est-il pas écrit au livre des Chroniques des rois de Juda ?

37 En ces jours-là, l’Éternel commença d’envoyer contre Juda Retsin, roi de Syrie, et Pékach, fils de Rémalja.

38 Et Jotham s’endormit avec ses pères, et il fut enseveli dans la ville de David son père ; et Achaz son fils régna en sa place.

REFLEXIONS

On remarque dans l’histoire du roi Asarias qui, de même que quelques-uns de ses prédécesseurs, commença bien, mais qui ne persévéra pas et qui finit sa vie étant séquestré, ce qui arrive à ceux qui ont de bons sentiments, mais qui se relâchent et qui s’écartent de leur devoir.

Ce qu’il y a à observer sur le règne de Zacharie, de Sallum, de Manahem, de Pékahja et de Pékah rois d’Israël, c’est :

I. Que l’on voit dans tous ces princes une obstination insurmontable à conserver l’idolâtrie malgré les châtiments dont Dieu les visitait et quoiqu’ils dussent reconnaître que la protection de Dieu se retirait de dessus eux,

II. Que ces rois furent tous malheureux et qu’ils périrent presque tous misérablement, s’étant tués les uns les autres,

III. Que Dieu commença alors de livrer le royaume d’Israël à leurs ennemis et même qu’une partie des Israélites furent transportés en Assyrie, ce qui marquait bien clairement que ce royaume tendait à sa fin.

Il n’y a point de signe plus certain des jugements de Dieu que lorsque, ni ses fléaux, ni son support ne peuvent ramener les hommes à leur devoir et lorsqu’ils ont des conducteurs abandonnés à l’irreligion et à l’impiété.

L’histoire sainte fait une réflexion particulière sur la mort du roi Zacharie, c’est que la famille de Jéhu finit en lui, conformément à ce que Dieu avait dit au roi Jéhu que ses fils seraient assis sur le trône d’Israël jusqu’à la quatrième génération. C’est ici la quatrième famille des rois d’Israël que nous avons vu périr par l’idolâtrie. Celle de Jéroboam fut détruite la première, après celle de Bahasça, ensuite celle d’Achab et enfin celle de Jéhu.

Mais cependant la famille des rois de Juda à laquelle les promesses de Dieu étaient attachées subsistait toujours. Elle continua en Jotham qui imita Ozias, son père, dans ce qu’il avait eu de bon, mais qui ne l’imita pas dans ses fautes.

CHAPITRE XVI

Achaz, onzième roi de Juda, prince impie et idolâtre, est attaqué par les rois de Syrie et d’Israël et il appelle à son secours Tiglatpiléser roi des Assyriens, qui prit Damas la capitale du royaume de Syrie et en fit mourir le roi.

Achaz fait bâtir un autel aux idoles que les Syriens adoraient. Il place cet autel dans le temple de Jérusalem et y établit l’idolâtrie. Ayant régné seize ans, il mourut et laissa le royaume à Ézéchias, son fils.

1 La dix-septième année de Pékach, fils de Rémalja, Achaz, fils de Jotham, roi de Juda, commença à régner.

2 Achaz était âgé de vingt ans quand il commença à régner, et il régna seize ans à Jérusalem ; et il ne fit point ce qui est droit devant l’Éternel son Dieu, comme David son père ;

3 mais il suivit le train des rois d’Israël, et même il fit passer son fils par le feu, selon les abominations des nations que l’Éternel avait chassées de devant les enfants d’Israël.

4 Il sacrifiait aussi, et il faisait des encensements dans les hauts lieux, sur les coteaux, et sous tout arbre feuillu.

5 Alors Retsin, roi de Syrie, et Pékach, fils de Rémalja, roi d’Israël, montèrent contre Jérusalem pour combattre, et ils assiégèrent Achaz ; mais ils n’en purent point venir à bout par les armes.

6 En ce temps-là, Retsin, roi de Syrie, remit Elath en la puissance des Syriens ; car il déposséda d’Elath ceux de Juda, et les Syriens vinrent à Elath, et ils y ont demeuré jusqu’à ce jour.

7 Or, Achaz avait envoyé des députés à Tiglath-Piléser, roi des Assyriens, pour lui dire : Je suis ton serviteur et ton fils ; monte et délivre-moi de la main des Syriens, et de la main du roi d’Israël, qui s’élèvent contre moi.

8 Et Achaz avait pris l’argent et l’or qui s’était trouvé dans la maison de l’Éternel, et dans les trésors de la maison royale ; et il l’avait envoyé en don au roi d’Assyrie.

9 Et le roi d’Assyrie fit ce qu’il souhaitait, et monta à Damas, et la prit, et en transporta le peuple à Kir ; et il fit mourir Retsin.

10 Alors le roi Achaz s’en alla au-devant de Tiglath-Piléser, roi d’Assyrie, à Damas, et le roi Achaz ayant vu l’autel qui était à Damas, envoya à Urie le sacrificateur, le dessin et le modèle de cet autel, selon toute sa figure.

11 Et Urie le sacrificateur bâtit un autel, suivant tout ce que le roi Achaz avait mandé de Damas ; Urie le sacrificateur le fit ainsi, en attendant que le roi fût revenu de Damas.

12 Et quand le roi Achaz fut revenu de Damas, et qu’il eut vu l’autel, il s’en approcha, et fit offrir sur cet autel ;

13 et il fit fumer son holocauste, et son sacrifice, et il versa ses aspersions, et répandit le sang de ses sacrifices de prospérités sur cet autel-là.

14 Et pour ce qui est de l’autel d’airain qui était devant l’Éternel, il le transporta de devant la maison, en sorte qu’il ne fût point entre son autel et la maison de l’Éternel ; et il le mit à côté de cet autel-là, vers le septentrion.

15 Et le roi Achaz donna ce commandement à Urie le sacrificateur, disant : Fais fumer l’holocauste du matin, et l’oblation du soir, l’holocauste du roi, et son gâteau, l’holocauste de tout le peuple du pays, leurs gâteaux et leurs aspersions sur le grand autel, et répands tout le sang des holocaustes ; mais l’autel d’airain sera pour moi, afin d’y consulter le Seigneur.

16 Et Urie le sacrificateur fit tout ce que le roi Achaz lui avait commandé.

17 Le roi Achaz retrancha aussi les soutiens qui étaient autour des soubassements, et il ôta les cuviers de dessus, et il fit ôter la mer de dessus les bœufs d’airain qui étaient dessous, et il la mit sur un pavé de pierre.

18 Il ôta aussi de la maison de l’Éternel le couvert du Sabbat qu’on avait bâti au temple, et l’entrée du roi qui était en dehors, à cause du roi des Assyriens.

19 Le reste des actions qu’Achaz a faites, n’est-il pas écrit au livre des Chroniques des rois de Juda ?

20 Puis Achaz s’endormit avec ses pères, et fut enseveli avec eux dans la ville de David ; et Ezéchias son fils régna en sa place.

REFLEXIONS

Achaz fut le plus méchant roi qu’il y eût eu jusqu’à lui dans le royaume de Juda. Il servit les faux dieux et il imita même la coutume des idolâtres qui faisaient passer leurs enfants par le feu en honneur des idoles. Au lieu de s’humilier devant Dieu suivant les exhortations du prophète Ésaïe, qui lui promettait que Dieu le délivrerait des Rois de Syrie et d’Israël, il porta l’impiété jusqu’à faire un autel sur le modèle de celui que les Syriens avaient à Damas et à mettre cet autel dans le temple.

L’histoire de ce prince fait voir de quoi sont capables ceux qui se livrent à leurs passions et à l’endurcissement de leur cœur.

On doit aussi faire réflexion sur la conduite du sacrificateur Urie qui, au lieu de s’opposer au dessein criminel et impie du roi Achaz, exécuta ses ordres et plaça un autel idolâtre dans le temple de Jérusalem. L’impiété est encore plus odieuse dans les ministres de la religion que dans les princes et ils se rendent extrêmement coupables lorsque la crainte, la complaisance pour les grands de ce monde ou quelque autre considération que ce soit, les engage à faire des choses contraires à la loi divine.

CHAPITRE XVII

C’est ici l’histoire de la destruction du royaume des dix tribus. Elle arriva sous le règne d’Hosée, dernier roi d’Israël, et du temps qu’Ézéchias, roi de Juda, régnait. Hosée ayant conspiré contre le roi d’Assyrie, dont il était tributaire, ce prince assiégea et prit Samarie et transporta les Israélites en Assyrie et en d’autres lieux. Quelques années après le roi des Assyriens ayant envoyé des gens pour habiter à Samarie et au pays d’Israël, il arriva que, parce qu’ils ne servaient pas le Seigneur, ils étaient dévorés par des lions. Cela obligea ce roi de leur envoyer un sacrificateur Israélite qui leur enseignât à servir Dieu. Mais ces peuples mêlèrent leurs superstitions et le service de leurs idoles avec le service du Seigneur et ce fut là l’origine des Samaritains.

1 La douzième année d’Achaz, roi de Juda, Hosée, fils d’Ela, commença à régner à Samarie, sur Israël, et il régna neuf ans.

2 Et il fit ce qui est mauvais devant l’Éternel ; non pas toutefois comme les rois d’Israël qui avaient été avant lui.

3 Sçalmanéeser, roi des Assyriens, monta contre lui, et Hosée lui fut assujetti, et il lui envoyait un tribut.

4 Mais le roi des Assyriens découvrit une conspiration qu’Hosée faisait ; parce qu’il avait envoyé des députés vers So, roi d’Égypte, et qu’il n’envoyait plus le tribut tous les ans au roi d’Assyrie ; et le roi des Assyriens l’enferma et le lia dans une prison.

5 Le roi des Assyriens monta donc par tout le pays, et il monta à Samarie, et l’assiégea pendant trois ans.

6 La troisième année d’Hosée, le roi des Assyriens prit Samarie, et il transporta les Israélites en Assyrie, et les fit habiter à Halah, et dans Habor sur le fleuve de Gozan, et dans les villes des Mèdes.

7 Car il était arrivé que les enfants d’Israël avaient péché contre l’Éternel leur Dieu, qui les avait fait monter hors du pays d’Égypte, et qu’ils avaient révéré d’autres dieux,

8 Et qu’ils avaient suivi les coutumes des nations que l’Éternel avait chassées de devant les enfants d’Israël, et des rois d’Israël qui les avaient établies.

9 Et les enfants d’Israël avaient caché les choses qu’ils faisaient, qui n’étaient point droites devant l’Eternel leur Dieu, et ils s’étaient bâti des hauts lieux par toutes leurs villes, depuis la tour des gardes jusqu’aux villes fortes.

10 Et ils s’étaient dressé des statues, et ils avaient planté des bocages sur toutes les hautes collines et sous tout arbre feuillu ;

11 et ils avaient fait là des encensements dans tous les hauts lieux, à l’imitation des nations que l’Eternel avait chassées de devant eux ; et ils avaient fait de méchantes actions, pour irriter l’Eternel ;

12 et ils avaient servi les dieux infâmes, desquels l’Eternel leur avait dit : Vous ne ferez point cela.

13 Et l’Eternel avait sommé Israël et Juda par tous les prophètes et par tous les voyants, leur disant : Détournez-vous de toutes vos méchantes voies ; convertissez-vous et gardez mes commandements et mes statuts, selon toute la loi que j’ai commandée a vos pères, et que je vous ai envoyée par mes serviteurs les prophètes.

14 Mais ils n’écoutèrent point, et ils raidirent leur cou, comme leurs pères avaient raidi leur cou, lesquels n’avaient point cru à l’Eternel leur Dieu.

15 Et ils méprisèrent ses statuts et l’alliance qu’il avait traitée avec leurs pères, et ses témoignages par lesquels ils les avaient sommés ; et ils marchèrent après la vanité ; ils furent aussi vains ; ils imitèrent les nations qui étaient autour d’eux, bien que l’Eternel eût défendu de faire comme elles.

16 Et ayant abandonné tous les commandements de l’Eternel leur Dieu, ils se firent des images de fonte, savoir, deux veaux ; ils se firent aussi des bocages, ils se prosternèrent devant toute l’armée des cieux, et ils servirent Bahal.

17 Ils firent aussi passer leurs fils et leurs filles par le feu, ils s’adonnèrent aux divinations et aux enchantements, et ils se vendirent pour faire ce qui déplaît à l’Eternel, afin de l’irriter.

18 Et l’Eternel s’irrita contre Israël, et il les rejeta, et il ne demeura rien de reste que la seule tribu de Juda.

19 Juda même ne garda point les commandements de l’Eternel son Dieu ; mais ils marchèrent dans les ordonnances qu’Israël avait établies.

20 C’est pourquoi l’Eternel rejeta toute la race d’Israël, et il les affligea et les livra entre les mains de ceux qui les pillaient, jusqu’à ce qu’il les eût rejetés de devant sa face.

21 Car Israël fit schisme d’avec la maison de David, et ils établirent roi Jéroboam, fils de Nébat, lequel Jéroboam débaucha Israël, afin qu’il ne suivît plus l’Eternel ; et il leur fit commettre un grand péché.

22 Et les enfants d’Israël marchèrent dans tous les péchés que Jéroboam avait faits, et ils ne s’en retirèrent point,

23 Jusqu’à ce que l’Eternel les rejeta de devant lui, selon qu’il en avait parlé par tous ses serviteurs les prophètes ; et Israël fut transporté de dessus sa terre en Assyrie, où il est demeuré jusqu’à ce jour.

24 Et le roi des Assyriens fit venir des gens de Babel, de devers Cuth, de Hava, de Hamath, et de Sépharvajim, et il les fit habiter dans les villes de Samarie, en la place des enfants d’Israël ; et ils possédèrent Samarie, et habitèrent dans ses villes.

25 Or, il arriva qu’au commencement qu’ils habitèrent là, ils ne servaient pas l'Eternel, et l’Eternel envoya contre eux des lions qui les tuaient.

26 Et on dit au roi des Assyriens : Les nations que tu as transportées et fait habiter dans les villes de Samarie, ne savent pas la manière de servir le Dieu du pays ; c’est pourquoi il a envoyé des lions, et voilà, les lions les tuent, parce qu’ils ne savent pas la manière de servir le Dieu du pays.

27 Alors le roi des Assyriens fit ce commandement, et dit : Faites aller là quelqu’un de ces sacrificateurs que vous avez amenés captifs, et qu’on aille, et qu’on demeure là, et qu’il enseigne la manière de servir le Dieu du pays.

28 Ainsi un des sacrificateurs qu’on avait transportés de Samarie, vint et habita à Beth-el, et il leur enseignait comment ils devaient servir l’Éternel.

29 Mais chaque nation fit ses dieux, et ils les mirent dans les maisons des hauts lieux que les Samaritains avaient faits ; chaque nation les mit dans ses villes où ils habitaient.

30 Car les gens de Babel firent Succoth-Bénoth ; et les gens de Cuth firent Nergal ; et les gens de Hamath firent Asçima ;

31 et les Haviens firent Nibchaz et Tartac ; mais ceux de Sépharvajim brûlaient au feu leurs enfants à Adrammélec et Hanammélec, qui étaient les dieux de Sépharvajim.

32 Toutefois, ils servaient l’Éternel et ils établirent pour sacrificateurs des hauts lieux les derniers pris d’entre eux, qui leur faisaient le service dans les maisons des hauts lieux.

33 Ainsi ils servaient l’Éternel, et en même temps ils servaient leurs dieux, à la manière des nations du milieu desquelles ils avaient été transportés.

34 Ils suivent jusqu’à ce jour leurs premières coutumes. Ils ne servent pas l’Éternel, et néanmoins ils ne font ni selon leurs ordonnances, ni selon la loi et le commandement que l’Éternel Dieu avait donné aux enfants de Jacob, lequel il nomma Israël ;

35 avec lesquels l’Éternel avait traité une alliance, et auxquels il avait donné ce commandement, en leur disant : Vous ne révérerez point d’autres dieux ; vous ne vous prosternerez point devant eux ; vous ne les servirez point et vous ne leur sacrifierez point ;

36 mais vous révérerez l’Éternel qui vous a fait monter hors du pays d’Égypte avec une grande force et avec un bras étendu ; et vous vous prosternerez devant lui, et vous lui sacrifierez.

37 Vous prendrez garde à faire, tous les jours de votre vie, les statuts, les ordonnances, la loi et les commandements qu’il vous a écrits, et vous ne révérerez point d’autres dieux.

38 Vous n’oublierez donc pas l’alliance que j’ai traitée avec vous, et vous ne révérerez pas d’autres dieux ;

39 mais vous révérerez l’Éternel votre Dieu, et il vous délivrera de la main de vos ennemis.

40 Mais ils n’écoutèrent point, et ils agirent selon leurs premières coutumes.

41 Ainsi ces nations-là révéraient l’Éternel, et servaient en même temps leurs images ; leurs enfants aussi, et les enfants de leurs enfants font jusqu’à ce jour comme leurs pères ont fait.

REFLEXIONS

L’événement qui est récité dans ce chapitre est l’un des plus remarquables du vieux Testament. C’est l’entière ruine du royaume d’Israël, appelé autrement le royaume des dix tribus, qui prit fin deux cent cinquante ans après qu’il fut séparé du royaume de Juda. L’Écriture marque expressément la cause de cette ruine.  Ce fut non seulement la conspiration d’Hosée, roi d’Israël, contre le roi d’Assyrie, mais principalement l’ingratitude, l’idolâtrie et les autres péchés des Israélites et surtout leur endurcissement insurmontable et le mépris qu’ils avaient fait pendant longtemps de la patience de Dieu, de sa parole et des remontrances et des menaces de ses prophètes.

Cet exemple doit apprendre à tous les hommes que l’obstination dans le péché et le mépris de la parole de Dieu l’engagent enfin à exécuter ses menaces et que l’alliance même que Dieu a traitée avec un peuple n’empêche pas qu’il ne le punisse avec la dernière sévérité quand ce peuple persévère à l’offenser.

Il faut après cela reconnaître la sagesse de Dieu dans cette destruction et dans cette dispersion des Israélites. Il les chassa ainsi de leur pays afin de faire connaître que l’alliance divine ne serait pas toujours attachée à leur nation et afin de répandre par leur moyen quelques rayons de sa connaissance parmi les païens et de leur préparer à recevoir un jour l’Évangile.

Dieu envoya des lions contre les habitants qui étaient venus demeurer dans le pays d’Israël pour leur faire sentir sa puissance et les engager à le révérer et pour empêcher que sa connaissance ne fût effacée de ce pays-là.

Enfin, ce qui est rapporté ici du culte des Samaritains qui faisaient profession de servir Dieu et qui servaient en même temps leurs images nous enseigne que Dieu veut être servi purement et sans mélange de superstition ou d’hypocrisie et qu’en général ceux qui font profession de l’adorer et de le craindre doivent le faire sincèrement et sans se partager entre lui et le monde.

CHAPITRE XVIII

On voit ici trois choses :

I. Le zèle avec lequel Ézéchias, douzième roi de Juda, entreprit d’abolir l’idolâtrie et les avantages que Dieu lui accorda. II. Un récit abrégé de la ruine du royaume des dix tribus. III. Sanchérib roi d’Assyrie vient faire la guerre à Ézéchias et il envoie des principaux officiers de son armée à Jérusalem qui somment ce prince et ses sujets de se soumettre à lui et qui prononcent des discours outrageants, non seulement contre Ézéchias, mais même contre Dieu.

1 La troisième année d’Hosée, fils d’Ela, roi d’Israël, Ezéchias, fils d’Achaz, roi de Juda, commença à régner.

2 Il était âgé de vingt-cinq ans quand il commença à régner, et il régna vingt-neuf ans à Jérusalem. Sa mère s’appelait Abi, et elle était fille de Zacharie.

3 Il fit ce qui est droit devant l’Éternel, comme David son père avait fait.

4 Il ôta les hauts lieux, il mit en pièces les statues, il coupa les bocages et brisa le serpent d’airain que Moïse avait fait, parce que jusqu’à ce jour-là les enfants d’Israël lui faisaient des encensements ; et il le nomma Néhusçtan.

5 Il mit son espérance en l’Éternel, le Dieu d’Israël, et après lui il n’y en eut point de semblable à lui entre tous les rois de Juda, comme il n’y en avait point eu entre ceux qui avaient été avant lui.

6 Il s’attacha à l’Éternel, et il ne se détourna point de lui, et il garda les commandements que l’Éternel avait donnés à Moïse ;

7 et l’Éternel fut avec lui partout où il allait, et il prospérait. Il se révolta contre le roi des Assyriens, pour ne lui être plus assujetti ;

8 il battit les Philistins jusqu’à Gaza et ses frontières, depuis les tours des gardes jusqu’aux villes fortes.

9 Or, il arriva, la quatrième année du roi Ezéchias, qui était la septième du règne d’Hosée, fils d’Ela, roi d’Israël, que Sçalmanéeser, roi des Assyriens, monta contre Samarie, et l’assiégea.

10 Au bout de trois ans ils la prirent ; la sixième année du règne d’Ezéchias, qui était la neuvième d’Hosée, roi d’Israël, Samarie fut prise.

11 Et le roi des Assyriens transporta les Israélites en Assyrie, et il les fit mener dans Halah et dans Habor, sur le fleuve de Gozan, et dans les villes des Mèdes,

12 Parce qu’ils n’avaient point obéi à la voix de l’Éternel leur Dieu, mais qu’ils avaient transgressé son alliance et tout ce que Moïse, serviteur de l’Éternel, avait commandé ; ils n’y avaient point obéi, et ils ne l’avaient point fait.

13 Et la quatorzième année du roi Ezéchias, Sanchérib, roi des Assyriens, monta contre toutes les villes fortes de Juda, et il les prit.

14 Alors Ezéchias, roi de Juda, envoya dire au roi des Assyriens à Lakis : J’ai fait une faute ; retire-toi de moi, je paierai tout ce que tu m’imposeras. Et le roi des Assyriens imposa trois cents talents d’argent, et trente talents d’or, à Ezéchias, roi de Juda ;

15 et Ezéchias donna tout l’argent qui se trouva dans la maison de l’Éternel et dans les trésors de la maison royale.

16 En ce temps-là, Ezéchias dépouilla les portes du temple de l’Éternel, et les linteaux que lui-même avait couverts de lames d’or, et il les donna au roi des Assyriens.

17 Et le roi des Assyriens envoya de Lakis, Tartan, Rabsari et Rabsçaké, avec de grandes forces, contre le roi Ezéchias à Jérusalem ; et ils montèrent et vinrent à Jérusalem ; et étant venus, ils se présentèrent auprès de l’aqueduc du haut étang, qui est au grand chemin du champ du foulon,

18 et ils appelèrent le roi. Alors Éliakim, fils de Hilkija, maître d’hôtel, et Scebna le secrétaire, et Joah, fils d’Asaph, commis sur les registres, sortirent vers eux.

19 Et Rabsçaké leur dit : Dites maintenant à Ezéchias : Ainsi a dit le grand roi, le roi des Assyriens : Quelle est cette confiance où tu es, et sur laquelle tu t’appuies ?

20 Tu parles, mais ce ne sont que des paroles ; le conseil et la force sont nécessaires pour la guerre. Et maintenant, à qui t’es-tu fié, que tu te sois rebellé contre moi ?

21 Voici maintenant, tu te confies en l’Égypte, à ce bâton qui n’est qu’un roseau cassé, sur lequel si quelqu’un s’appuie, il lui entrera dans la main, et la percera : tel est Pharaon, roi d’Égypte, pour tous ceux qui se confient en lui.

22 Que si vous me dites : Nous nous confions en l’Éternel notre Dieu : N’est-ce pas celui-là dont Ezéchias a ôté les hauts lieux et les autels, ayant dit à Juda et à Jérusalem : Vous vous prosternerez devant cet autel à Jérusalem ?

23 Maintenant donc, donne des otages au roi des Assyriens mon maître, et je te donnerai deux mille chevaux, si tu peux donner autant d’hommes pour monter dessus.

24 Et comment ferais-tu tourner visage au moindre gouverneur d’entre les serviteurs de mon maître ? Mais tu te confies en l’Égypte à cause des chariots et des gens de cheval.

25 Et maintenant, suis-je monté sans l’ordre de l’Éternel contre ce lieu pour le détruire ? L’Éternel m’a dit : Monte contre ce pays-là, et détruis-le.

26 Alors Éliakim, fils de Hilkija, et Scebna et Joah dirent à Rabsçaké : Nous te prions de parler en langue syriaque à tes serviteurs, car nous l’entendons ; et ne nous parle point en langue judaïque, pendant que le peuple qui est sur la muraille nous écoute.

27 Et Rabsçaké leur répondit : Mon maître m’a-t-il seulement envoyé vers ton maître, ou vers toi, pour dire ces paroles ? Ne m’a-t-il pas aussi envoyé vers les hommes qui se tiennent sur la muraille, pour leur dire qu’ils mangeront leurs propres excréments, et qu’ils boiront leur urine avec vous ?

28 Rabsçaké donc se tint debout et s’écria à haute voix en langue judaïque, et parla, et dit : Ecoutez la parole du grand roi, le roi des Assyriens.

29 Ainsi a dit le roi : Qu’Ézéchias ne vous abuse point ; car il ne vous pourra point délivrer de ma main.

30 Qu’Ézéchias ne vous fasse point confier en l’Éternel, en vous disant : L’Éternel nous délivrera certainement, et cette ville ne sera point livrée entre les mains du roi des Assyriens.

31 N’écoutez point Ézéchias, mais ainsi a dit le roi des Assyriens : Faites composition avec moi, et sortez vers moi, et mangez chacun de sa vigne, et chacun de son figuier, et buvez chacun de l’eau de sa citerne ;

32 jusqu’à ce que je vienne, et que je vous emmène en un pays qui est comme votre pays, un pays de froment et de bon vin, un pays de pain et de vignes, un pays d’oliviers et d’huile, et un pays de miel, et vous vivrez, et vous ne mourrez point ; mais n’écoutez point Ézéchias, quand il voudra vous persuader disant : L’Éternel nous délivrera.

33 Les dieux des nations ont-ils délivré chacun leur pays de la main du roi des Assyriens ?

34 Où sont les dieux de Hamath et d’Arpad ? Où sont les dieux de Sépharvajim, d’Hénah, et de Hivah ? Et même a-t-on délivré Samarie de ma main ?

35 Qui sont ceux d’entre tous les dieux de ces pays-là qui aient délivré leur pays de ma main, pour dire que l’Éternel délivrera de ma main Jérusalem ?

36 Et le peuple se tut, et on ne lui répondit pas un mot ; car le roi avait donné ce commandement, disant : Vous ne lui répondrez rien.

37 Après cela, Eliakim, fils de Hilkija, maître d’hôtel, et Scebna le secrétaire, et Joah, fils d’Asaph, commis sur les registres, s’en revinrent avec leurs vêtements déchirés vers Ézéchias, et lui rapportèrent les paroles de Rabsçaké.

REFLEXIONS

Aussitôt qu’Ézéchias fut monté sur le trône, il pensa à ôter l’idolâtrie que son père avait établie et à détourner la colère de Dieu de dessus son royaume. Voyant que le peuple faisait des encensements au serpent d’airain, il le brisa, quoi que ce serpent eût été fait par l’ordre de Dieu et que ce fût un monument très remarquable de ce qui était arrivé autrefois dans le désert lorsque les serpents brûlants faisaient mourir plusieurs Israélites. Cette action d’Ézéchias, qui est rapportée et louée dans l’Écriture, montre que tout ce qui est une occasion d’idolâtrie, de péché et de scandale doit être ôté et que l’on ne doit rendre aucun honneur à quelque image ou relique que ce soit.

L’attachement sincère qu’Ézéchias eut pour la loi de Dieu et pour son service lui fut très agréable.  Dieu le fit prospérer, il le rendit victorieux des Philistins et il le garantit lorsque le roi d’Assyrie vint prendre Samarie et détruire le royaume des dix tribus. Cependant cette ruine du royaume d’Israël qui arriva du temps d’Ézéchias était un événement qui devait apprendre aux Juifs du royaume de Juda que s’ils irritaient le Seigneur par leur désobéissance, il les détruirait aussi. C’est ce qu’ils durent encore mieux reconnaître lorsque le même roi d’Assyrie vint quelques années après faire la guerre à Ézéchias et qu’il lui prit plusieurs villes. Dieu exposa ce prince à ce grand danger pour l’éprouver, pour lui donner des marques de sa protection et pour engager ses sujets à se confier en lui seul. Mais il le fit aussi afin qu’il parût clairement que Dieu protégeait le royaume de Juda et que les Assyriens n’auraient pas subjugué les Israélites des dix tribus si Dieu ne l’eut permis.

Et voilà comment le Seigneur fait toutes choses pour le bien des hommes, pour l’avantage de ceux qui le craignent et pour l’honneur de son nom.

Il est à remarquer qu’Ézéchias étant attaqué par le roi d’Assyrie reconnut qu’il avait fait une faute en se rebellant contre lui. Il lui envoya même une grande somme d’argent qui lui avait été imposée par ce prince. Cette conduite d’Ézéchias marque sa prudence et sa droiture et elle devait engager Sanchérib à se retirer. Mais ce roi injuste et superbe ne laissa pas de continuer la guerre, ce qui fut la cause de sa ruine ainsi qu’on le voir dans la suite.

L’on doit enfin faire attention à la manière insolente et impie dont les envoyés de Sanchérib parlèrent du vrai Dieu en le comparant aux idoles et en disant que, comme les dieux des divers peuples que Sanchérib avait vaincus n’avaient pu garantir ces peuples, le Dieu qu’Ézéchias adorait ne le garantirait pas non plus. Ces discours fiers et blasphématoires de ce roi idolâtre qui étonnèrent si fort Ézéchias furent ce qui hâta la ruine de Sanchérib et ce qui engagea le Seigneur à le détruire.

Dieu est jaloux de sa gloire, il venge les outrages qu’on lui fait. Ainsi lorsque nous voyons que parmi les chrétiens même il se trouve des impies qui attaquent ouvertement la divinité, bien loin de perdre courage, nous devons croire que Dieu ne manquera pas de réprimer leur audace et de confondre ceux qui l’outragent et qui s’en prennent ainsi à lui.

CHAPITRE XIX

Ézéchias informe le prophète Ésaïe des menaces de Sanchérib roi d’Assyrie et il expose dans le temple devant le Seigneur une lettre pleine de blasphèmes qu’il avait reçues de ce prince. Ésaïe promet à Ézéchias que Dieu le délivrerait. L’armée de Sanchérib est défaite par un ange et ce roi étant retourné en son pays y est tué par ses fils.

1 Dès que le roi Ézéchias eut entendu ces choses, il déchira ses vêtements, et se couvrit d’un sac, et il entra dans la maison de l’Éternel.

2 Et il envoya Eliakim, maître d’hôtel, et Scebna le secrétaire, et les anciens d’entre les sacrificateurs, couverts de sacs, vers Ésaïe le prophète, fils d’Amos ;

3 et ils lui dirent : Ainsi a dit Ézéchias : Ce jour est un jour d’angoisse, et de reproches, et de blasphème ; car les enfants sont venus jusqu’au terme de leur naissance ; mais il n’y a point de force pour enfanter.

4 Peut-être que l’Éternel ton Dieu aura entendu toutes les paroles de Rabsçaké, que le roi des Assyriens son maître a envoyé pour blasphémer le Dieu vivant, et l’insulter par des paroles que l’Éternel ton Dieu a entendues. Prie donc pour ce qui se trouve encore de reste.

5 Les serviteurs du roi Ézéchias vinrent donc vers Ésaïe ;

6 et Ésaïe leur dit : Vous direz ainsi à votre maître : Ainsi a dit l’Éternel : Ne crains point pour les paroles que tu as entendues, par lesquelles les serviteurs du roi des Assyriens m’ont blasphémé.

7 Voici, je vais mettre en lui un tel esprit, qu’ayant entendu une certaine nouvelle, il retournera dans son pays, et je le ferai tomber par l’épée dans son pays.

8 Quand Rabsçaké s’en fut retourné, il alla trouver le roi des Assyriens qui assiégeait Libna ; car il avait entendu Qu’il était parti de Lakis.

9 Et le roi des Assyriens eut des nouvelles touchant Tirhaka, roi d’Ethiopie : Voilà, lui disait-on, il est sorti pour te combattre. C’est pourquoi il s’en retourna ; mais il envoya des députés à Ézéchias, et leur dit :

10 Vous parlerez ainsi à Ézéchias, roi de Juda, et vous lui direz : Que ton Dieu, en qui tu te confies, ne t’abuse point, disant : Jérusalem ne sera point livrée entre les mains du roi des Assyriens.

11 Voilà, tu as entendu ce que les rois des Assyriens ont fait à tous les pays, en les détruisant entièrement ; et toi, tu échapperais !

12 Les dieux des nations que mes ancêtres ont détruites, savoir, de Gozan, de Caran, de Retseph, et des enfants d’Héden, qui sont en Télasar, les ont-ils délivrées ?

13 Où est le roi de Hamath, le roi d’Arpad, et le roi de la ville de Sépharvajim, Hénah et Hivah ?

14 Et quand Ézéchias eut reçu la lettre de la main des députés, et qu’il l’eut lue, il monta dans la maison de l’Éternel, et Ézéchias la déploya devant l’Éternel.

15 Et Ézéchias fit sa prière devant l’Éternel, et dit : Ô Éternel ! Dieu d’Israël, qui es assis entre les chérubins, tu es le seul Dieu de tous les royaumes de la terre ; tu as fait les cieux et la terre !

16 Ô Éternel ! prête l’oreille, et écoute ; ouvre tes yeux, et regarde ; écoute les paroles de Sanchérib, de celui qu’il a envoyé pour blasphémer le Dieu vivant.

17 Il est vrai, ô Éternel ! que les rois des Assyriens ont détruit ces nations-là et leur pays ;

18 et qu’ils ont jeté au feu leurs dieux ; car ce n’étaient point des dieux ; mais c’étaient des ouvrages de mains d’homme, du bois et de la pierre ; c’est pourquoi ils les ont détruits.

19 Maintenant donc, ô Éternel notre Dieu, je te prie, délivre-nous de la main de Sanchérib, afin que tous les royaumes de la terre sachent que c’est toi, Éternel, qui es le seul Dieu.

20 Alors Esaïe, fils d’Amos, envoya vers Ézéchias, pour lui dire : Ainsi a dit l’Éternel, le Dieu d’Israël : Je t’ai exaucé en ce que tu m’as demandé touchant Sanchérib, roi des Assyriens.

21 C’est ici la parole que l’Éternel a prononcée contre lui : La vierge fille de Sion t’a méprisé, et s’est moquée de toi ; la fille de Jérusalem a hoché la tête après toi.

22 Qui as-tu outragé et blasphémé ? Contre qui as-tu haussé la voix, et levé les yeux en haut ? C’est contre le Saint d’Israël.

23 Tu as outragé le Seigneur par tes députés, et tu as dit : Avec la multitude de mes chariots, je monterai au haut des montagnes, aux côtés du Liban ; je couperai les plus hauts cèdres et les plus beaux sapins qui y soient, et j’entrerai dans ses habitations les plus reculées, à la forêt de son Carmel.

24 J’ai creusé, et j’ai bu les eaux étrangères, et j’ai tari, de la plante de mes pieds, tous les ruisseaux des forteresses.

25 N’as-tu pas ouï dire que déjà dès longtemps j’ai fait cette ville, et que je l’ai ainsi formée anciennement ? Et maintenant, l’aurais-je conservée jusqu’ici pour être réduite en désolation, et ses villes munies pour être réduites en monceaux de ruines ?

26 Il est vrai que leurs habitants, étant sans force, ont été épouvantés et confus ; ils sont devenus comme l’herbe des champs, l’herbe verte et le foin des toits, comme la moisson qui a senti la brûlure, avant qu’elle ait crû en épi.

27 Mais je sais ta demeure, ta sortie et ton entrée, et comment tu es forcené contre moi.

28 Puisque tu es ainsi furieux contre moi, et que ton insolence est montée à mes oreilles, je te mettrai une boucle aux narines, et un mors à la bouche, et je te ferai retourner par le chemin par lequel tu es venu.

29 Et ceci te sera pour signe, ô Ézéchias, c’est qu’on mangera cette année ce qui viendra de soi-même aux champs, et la seconde année ce qui croîtra encore sans semer ; mais la troisième année vous sèmerez et vous moissonnerez ; vous planterez des vignes et vous en mangerez le fruit.

30 Et ce qui est réchappé et demeuré de reste à la maison de Juda, étendra par-dessous sa racine, qui produira son fruit par-dessus.

31 Car il sortira quelque reste de Jérusalem, et quelques réchappés de la montagne de Sion ; la jalousie de l’Éternel des armées fera cela.

32 C’est pourquoi, ainsi a dit l’Éternel du roi des Assyriens : Il n’entrera point dans cette ville, il n’y jettera aucune flèche, il ne se présentera point contre elle avec le bouclier, et ne dressera point de terrasse contre elle.

33 Il s’en retournera par le chemin par lequel il est venu, et il n’entrera point dans cette ville, dit l’Éternel.

34 Car je garantirai cette ville et je la délivrerai, à cause de moi et à cause de David mon serviteur.

35 Et il arriva cette nuit-là qu’un ange de l’Éternel sortit et tua cent quatre-vingt et cinq mille hommes au camp des Assyriens ; et quand on fut levé de bon matin, voilà, c’étaient tous des corps morts.

36 Et Sanchérib, roi des Assyriens, partit de là, s’en alla, et s’en retourna, et demeura à Ninive.

37 Et il arriva, comme il était prosterné dans la maison de Nisroc son dieu, qu’Adrammélec et Sçaréetser, ses fils, le tuèrent avec l’épée ; puis ils se sauvèrent au pays d’Ararat ; et Essarhaddon son fils régna en sa place.

REFLEXIONS

Il faut remarquer ici :

I. Que le pieux roi Ézéchias, alarmé des menaces de Sanchérib à la puissance de qui il ne pouvait résister et touché des blasphèmes que ce prince idolâtre avait prononcés contre Dieu, se recommanda aux prières d’Ésaïe, qu’il porta au temple la lettre insultante et pleine d’impiété que Sanchérib lui avait écrite et qu’il adressa à Dieu une prière dans laquelle on voit paraître une profonde humilité et surtout une ferme confiance en Dieu et un grand zèle pour sa gloire.

Les gens de bien ont toujours leur recours à Dieu, ils espèrent en lui dans leurs plus grandes détresses, mais ils l’invoquent avec une ardeur et une confiance particulière lorsque sa gloire est intéressée à leur délivrance.

II. Dieu fit donner à Ézéchias des assurances de son secours par le moyen d’Ésaïe et ce que ce prophète dit dans cette occasion de la part de Dieu est très remarquable. On y voit que Dieu avait été particulièrement irrité des blasphèmes de Sanchérib et de la manière insolente dont il avait parlé contre lui. Ésaïe y décrit l’infinie puissance de Dieu et la facilité avec laquelle le Seigneur allait confondre ce prince orgueilleux et impie. Ces promesses du prophète et la confiance d’Ézéchias ne furent pas vaines et sans effet. Dieu suscita les Éthiopiens qui vinrent pour combattre Sanchérib, ce qui l’obligea de quitter la Judée. Un ange fit périr toute son armée en une nuit. Enfin, ce prince idolâtre, étant de retour dans son pays, il y fut assassiné par ses propres fils dans le temps qu’il adorait ses idoles.

Cet événement apprend à tous les hommes que ce n’est jamais en vain qu’on se confie en Dieu lorsqu’on le craint, que sa puissance est sans borne, qu’il est jaloux de sa gloire et que ceux qui l’outragent par leur impiété et par leur orgueil et principalement les princes superbes et impies n’échapperont pas à sa vengeance.

Enfin, il faut savoir que cette merveilleuse délivrance mit Ézéchias en grande considération chez les princes voisins et même que l’on apporta de tous côtés des offrandes à Dieu dans le temple de Jérusalem.

C’est ainsi que Dieu fait servir toutes choses au bien de ceux qui l’aiment et à la plus grande gloire de son nom.

CHAPITRE XX

Ézéchias étant malade, Ésaïe lui dénonce la mort, mais Dieu, fléchi par ses prières, lui prolonge la vie de quinze ans et il lui confirme cette promesse par un miracle. Le roi de Babylone envoie des ambassadeurs à Jérusalem avec des lettres et des présents. Ézéchias leur montre ses trésors, de quoi il fut repris par le prophète Ésaïe qui lui prédit que ses trésors et même ses enfants seraient transportés en ce pays-là. Ézéchias meurt après un règne de vingt-neuf ans et Manassé son fils monte sur le trône.

1 En ce temps-là, Ézéchias fut malade à la mort ; et le prophète Ésaïe, fils d’Amos, vint vers lui et lui dit : Ainsi a dit l’Éternel : Dispose de ta maison ; car tu vas mourir, et tu ne vivras plus.

2 Alors Ézéchias tourna son visage contre la muraille, et fit sa prière à l’Éternel, disant :

3 Je te prie, ô Éternel, que maintenant tu te souviennes comment j’ai marché devant toi en vérité et en intégrité de cœur, et comment j’ai fait ce qui t’était agréable. Et Ézéchias versa des larmes en abondance.

4 Or, il arriva qu’Ésaïe n’étant point encore sorti de la cour du milieu, la parole de l’Éternel lui fut adressée, et le Seigneur lui dit :

5 Retourne, et dis à Ézéchias, conducteur de mon peuple : Ainsi a dit l’Éternel, le Dieu de David ton père : J’ai exaucé ta prière, j’ai vu tes larmes ; voici, je te vais guérir ; dans trois jours tu monteras dans la maison de l’Éternel ;

6 et j’ajouterai quinze ans à tes jours, et je te délivrerai, toi et cette ville, de la main du roi des Assyriens ; et je garantirai cette ville, à cause de moi, et à cause de David mon serviteur.

7 Puis Ésaïe dit : Prenez une masse de figues ; et ils la prirent et la mirent sur l’ulcère ; et il fut guéri.

8 Or, Ézéchias avait dit à Ésaïe : Quel signe aurai-je que l’Éternel me guérira, et qu’au troisième jour je monterai à la maison de l’Éternel ?

9 Et Ésaïe répondit : Voici le signe que l’Éternel te donne pour t’assurer qu’il accomplira la parole qu’il a prononcée : l’ombre s’avancera-t-elle de dix degrés, ou rétrogradera-t-elle de dix degrés ?

10 Et Ézéchias dit : C’est peu de chose que l’ombre s’avance de dix degrés ; non, mais que l’ombre rétrograde de dix degrés.

11 Et Ésaïe le prophète cria à l’Éternel ; et il fit rétrograder l’ombre par les degrés par lesquels elle était descendue au cadran d’Achaz, dix degrés en arrière.

12 En ce temps-là, Bérodac-Baladan, fils de Baladan, roi de Babylone, envoya une lettre avec un présent à Ézéchias par ses ambassadeurs, parce qu’il avait appris qu’Ézéchias avait été malade.

13 Ézéchias les ayant entendus, leur montra tous les cabinets de ses parfums, l’argent, l’or, les choses aromatiques, ses baumes de prix, tout son arsenal et tout ce qui se trouvait dans ses trésors ; il n'y eut rien qu’Ézéchias ne leur montrât dans son palais, et dans toute sa cour.

14 Et le prophète Esaïe vint vers le roi Ézéchias, et lui dit : Qu’ont dit ces gens-là, et d’où sont-il venus vers toi ? Et Ézéchias répondit : Ils sont venus d’un pays fort éloigné, savoir, de Babylone.

15 Et Esaïe dit : Qu’ont-ils vu dans ta maison ? Et Ézéchias répondit : Ils ont vu tout ce qui est dans ma maison ; il n’y a rien dans mes trésors que je ne leur aie montré.

16 Alors Esaïe dit à Ézéchias : Ecoute la parole de l’Éternel :

17 Voici, les jours viendront que tout ce qui est dans ta maison, et ce que tes pères ont amassé dans leurs trésors jusqu’à ce jour, sera emporté à Babylone ; il n’en demeurera rien de reste, a dit l’Éternel.

18 On prendra même de tes fils qui sortiront de toi, et à qui tu auras donné le jour, afin qu’ils soient eunuques au palais du roi de Babylone.

19 Et Ézéchias répondit à Esaïe : La parole de l’Éternel que tu as prononcée est bonne ; et il ajouta : N’y aura-t-il pas paix et sûreté pendant ma vie ?

20 Le reste des actions d’Ézéchias, et tous ses exploits, et comment il fit l’étang et le canal par lequel il fit entrer les eaux dans la ville ; tout cela n’est-il pas écrit au livre des Chroniques des rois de Juda ?

21 Et Ézéchias s’endormit avec ses pères, et Manassé son fils régna en sa place.

REFLEXIONS

I. Dans le temps qu’Ézéchias venait d’être attaqué par le roi d’Assyrie, il tomba dans une maladie dangereuse et le prophète Ésaïe vint lui annoncer la mort de la part de Dieu. Ce fut là une nouvelle épreuve que Dieu envoya à Ézéchias pour manifester et pour enflammer sa foi et sa piété.

C’est dans les mêmes vues que Dieu dispense l’adversité aux siens et qu’il redouble même quelquefois les afflictions à leur égard.

II. Les avertissements qu’Ésaïe donna à ce roi de disposer de sa maison avant sa mort nous apprennent que c’est une chose conforme à la volonté de Dieu que ceux qui sont sur le point de mourir mettent ordre à leurs affaires temporelles. Mais le principal soin des mourants doit être de pourvoir à ce qui concerne leur salut.

III. La prière qu’Ézéchias adressa à Dieu lorsqu’Ésaïe lui annonça la mort montre combien il est avantageux à la fin de la vie d’avoir vécu dans la piété et avec quelle confiance les gens de bien invoquent le Seigneur dans les afflictions.

IV. On voit dans la prompte guérison d’Ézéchias et dans le miracle que Dieu fit en sa faveur que les prières des justes ont une grande efficace pour fléchir le Seigneur et pour détourner l’effet de ses menaces. Cela nous montre aussi que Dieu tient en sa main la vie de tous les hommes et qu’il la prolonge ou qu’il l’abrège suivant qu’il juge à propos.

V. L’arrivée des ambassadeurs du roi de Babylone à Jérusalem fait voir qu’Ézéchias était en grande considération chez les princes étrangers. Cependant l’Écriture remarque qu’il pécha en leur montrant ses trésors et tout ce qu’il avait de plus précieux. Ce fut aussi pour lui faire sentir sa faute et pour le porter à s’humilier qu’Ésaïe lui dit que tous ses trésors et même ses fils seraient transportés à Babylone. Ce qui arriva sous le règne de Manassé son fils et sous celui de ses successeurs.

Par là nous devons reconnaître que les avantages du monde sont vains et de courte durée et qu’on ne doit pas s’élever quand on les possède, ni y mettre sa confiance.

CHAPITRE XXI

Manassé, treizième roi de Juda introduit de nouveau l’idolâtrie et s’adonne à toutes sortes de crimes. Dieu irrité par ses péchés déclare qu’il étendrait sur Jérusalem le cordeau de Samarie et le niveau de la maison d’Achab, c’est-à-dire que Jérusalem serait détruite avec le royaume de Juda comme le royaume d’Israël et Samarie qui était la capitale de ce royaume l’avaient été depuis peu et que Dieu punirait Manassé comme il avait puni l’impie Achab, roi d’Israël. Après la mort de Manassé, Amon, son fils, continua dans les péchés de son père et fut tué n’ayant été sur le trône que deux ans et il eut pour successeur Josias.

1 Manassé était âgé de douze ans quand il commença à régner, et il régna cinquante-cinq ans à Jérusalem ; sa mère s’appelait Hephtsiba.

2 Et il fit ce qui est mauvais devant l’Éternel, selon les abominations des nations que l’Éternel avait chassées de devant les enfants d’Israël.

3 Car il rebâtit les hauts lieux qu’Ézéchias son père avait détruits ; il redressa des autels à Bahal, et fit un bocage, comme avait fait Achab, roi d’Israël ; et il se prosterna devant toute l’armée des cieux et les servit.

4 Il bâtit aussi des autels dans la maison de l’Éternel, dont l’Éternel avait dit : Je mettrai mon nom dans Jérusalem ;

5 il bâtit, dis-je, des autels à toute l’armée des cieux, dans les deux parvis de la maison de l’Éternel.

6 Il fit aussi passer son fils par le feu ; il prédisait le temps, et observait les augures ; il établit des magiciens, et multiplia les diseurs de bonne aventure ; il faisait ce qui est mauvais devant l’Éternel, pour l’irriter.

7 Il posa aussi l’idole du bocage qu’il avait faite, dans la maison, de laquelle l’Éternel avait dit à David et à Salomon son fils : Je mettrai à perpétuité mon nom dans cette maison, et dans Jérusalem, que j’ai choisie d’entre toutes les tribus d’Israël ;

8 et je ne ferai plus errer les Israélites hors de cette terre que j’ai donnée à leurs pères, pourvu seulement qu’ils prennent garde à faire tout ce que je leur ai commandé, et toute la loi que Moïse mon serviteur leur a commandé d’observer.

9 Mais ils n’obéirent point ; car Manassé les fit sortir du bon chemin, jusqu’à faire pis que les nations que Dieu avait exterminées de devant les enfants d’Israël.

10 Et l’Éternel parla par ses serviteurs les prophètes, et il dit :

11 Parce que Manassé, roi de Juda, a commis des abominations, faisant pis que tout ce qu’ont fait les Amorrhéens, qui ont été avant lui, et même qu’il a fait pécher Juda par ses dieux infâmes,

12 aussi, ainsi a dit l’Éternel, le Dieu d’Israël : Voici, je vais faire venir un si grand mal sur Jérusalem et sur Juda, que quiconque en entendra parler, les deux oreilles lui en corneront.

13 Car j’étendrai sur Jérusalem le cordeau de Samarie, et le niveau de la maison d’Achab, et j’écurerai Jérusalem comme une écuelle qu’on écure et qu’on renverse sur son fond, après l’avoir écurée ;

14 et j’abandonnerai le reste de mon héritage, et je les livrerai entre les mains de leurs ennemis, et ils seront en pillage et en proie à tous leurs ennemis ;

15 parce qu’ils ont fait ce qui est mauvais devant moi, et qu’ils m’ont irrité depuis le jour que leurs pères sont sortis d’Egypte, même jusqu’à ce jour.

16 Manassé répandit encore du sang innocent en fort grande abondance, jusqu’à en remplir Jérusalem depuis un bout jusqu’à l’autre, outre son péché par lequel il fit pécher Juda ; ainsi il fit ce qui est mauvais devant l’Eternel.

17 Le reste des actions de Manassé, tout ce, dis-je, qu’il a fait, et le péché qu’il commit, cela n’est-il pas écrit au livre des Chroniques des rois de Juda ?

18 Et Manassé s’endormit avec ses pères, et il fut enseveli au jardin de sa maison, au jardin de Huza, et Amon son fils régna en sa place.

19 Amon était âgé de vingt-deux ans quand il commença à régner, et il régna deux ans à Jérusalem. Sa mère s’appelait Mesçullémet, et elle était fille de Haruts, de Jotba.

20 Il fit ce qui est mauvais devant l’Eternel, comme avait fait Manassé son père ;

21 car il suivit tout le train que son père avait tenu ; il servit les dieux infâmes que son père avait servis ; et il se prosterna devant eux ;

22 il abandonna l’Éternel, le Dieu de ses pères, et il ne marcha point dans les voies de l’Eternel.

23 Et les serviteurs d’Amon firent une conspiration contre lui, et le tuèrent dans sa maison ;

24 et le peuple du pays fit mourir tous ceux qui avaient conspiré contre le roi Amon, et ils établirent Josias son fils pour roi en sa place.

25 Le reste des actions d’Amon, n’est-il pas écrit au livre des Chroniques des rois de Juda ?

26 Et on l’ensevelit dans son sépulcre, dans le jardin de Huza ; et Josias son fils régna en sa place.

REFLEXIONS

Il y a deux choses à remarquer sur ce qui est rapporté du règne de Manassé dans ce chapitre.

La première, que le roi au lieu de marcher sur les traces d’Ézéchias son père commit toutes sortes d’abominations et qu’il surpassa en impiété tous les méchants rois de Juda qui l’avaient précédé.

L’autre, que le Seigneur fit dénoncer alors que la ruine totale du royaume de Juda et de Jérusalem était arrêtée et irrévocable.

Ce qu’il y a considérer là-dessus, c’est que les enfants n’héritent pas toujours de la piété de leurs pères, que ceux qui dans la jeunesse se détournent de la crainte de Dieu et qui ont les moyens de contenter leurs passions sont capables de porter le crime aux derniers excès et que les princes impies attirent les derniers malheurs sur leurs états.

Au reste, ces menaces que Dieu fit faire à Manassé s’exécutèrent. Il fut mené à Babylone, chargé de chaînes, mais s’étant humilié, Dieu le fit revenir à Jérusalem comme cela est dit dans les Chroniques et au bout de quelques années, on vit la dernière destruction de Jérusalem. Amon fils de Manassé l’imita dans son idolâtrie mais il ne l’imita pas dans sa repentance et il reçut la punition qu’il méritait ayant perdu la vie dans une conspiration.

CHAPITRE XXII

Josias, quinzième roi de Juda, prince doué d’une grande piété, étant encore fort jeune entreprend de remettre sur pied le service de Dieu et de réparer le temple. Comme on travaillait à cela, on trouva dans le temple le livre de la loi de Moïse et Josias en ayant ouï la lecture envoya consulter la prophétesse Hulda qui lui fit dire que les menaces contenues dans ce livre allaient s’exécuter sur les Juifs, mais que Dieu retirerait ce roi avant que cette ruine arrivât.

 Josias était âgé de huit ans quand il commença à régner, et il régna trente et un ans à Jérusalem. Sa mère s’appelait Jédida, et elle était fille de Hadaja, de Botskath.

2 Il fit ce qui est droit devant l’Eternel, et il marcha dans toutes les voies de David son père, et ne s’en détourna ni à droite ni à gauche.

3 Or, il arriva à la dix-huitième année du roi Josias, que le roi envoya Sçaphan, fils d’Atsalja, fils de Mesçullam le secrétaire, dans la maison de l’Eternel, lui disant :

4 Monte vers Hilkija le grand sacrificateur, et qu’il lève la somme de l’argent qu’on apporte dans la maison de l’Eternel, et que ceux qui gardent les vaisseaux ont recueilli du peuple ;

5 et qu’on le délivre entre les mains de ceux qui ont la charge de l’ouvrage, qui sont commis sur la maison de l’Eternel ; qu’on le délivre, dis-je, à ceux qui ont la charge de l’ouvrage qui est dans la maison de l’Eternel, pour réparer ce qui est à réparer au temple ;

6 savoir, aux charpentiers, aux architectes et aux maçons, même pour acheter du bois et des pierres de taille, pour réparer le temple ;

7 mais qu’on ne leur fasse point rendre compte de l’argent qu’on leur délivre entre les mains, parce qu’ils s’y conduisent fidèlement.

8 Alors Hilkija le grand sacrificateur dit à Sçaphan le secrétaire : J’ai trouvé le livre de la loi dans la maison de l’Eternel ; et Hilkija donna ce livre-là à Sçaphan, qui le lut.

9 Et Sçaphan le secrétaire vint vers le roi, et rapporta la chose au roi, et lui dit : Tes serviteurs ont amassé de l’argent qui a été trouvé dans le temple, et ils l’ont délivré entre les mains de ceux qui ont la charge de l’ouvrage, qui sont commis sur la maison de l’Eternel.

10 Sçaphan le secrétaire fit aussi entendre ceci au roi, disant : Hilkija le sacrificateur m’a donné un livre. Et Sçaphan le lut devant le roi.

11 Et dès que le roi eut entendu les paroles du livre de la loi, il déchira ses vêtements ;

12 et il donna ce commandement au sacrificateur Hilkija, à Ahikam, fils de Sçaphan, à Hacbor, fils de Micaja, à Sçaphan le secrétaire, et à Hasaja, serviteur du roi, disant :

13 Allez, consultez l’Eternel pour moi, et pour le peuple, et pour tout Juda, touchant les paroles de ce livre qui a été trouvé ; car la colère de l’Eternel, qui s’est allumée contre nous, est grande, parce que nos pères n’ont point obéi aux paroles de ce livre, pour faire tout ce qui nous y est prescrit.

14 Hilkija donc le sacrificateur, et Ahikam, et Hacbor, et Sçaphan, et Hasaja s’en allèrent vers Hulda la prophétesse, femme de Sçallum, fils de Tikva, fils de Harhas gardien des vêtements, qui habitait à Jérusalem dans la seconde enceinte de la ville, et ils lui parlèrent.

15 Et elle leur répondit : Ainsi a dit l’Eternel, le Dieu d’Israël : Dites à l’homme qui vous a envoyés vers moi :

16 Ainsi a dit l’Eternel : Voici, je vais faire venir du mal sur ce lieu et sur ses habitants, savoir, toutes les paroles du livre que le roi de Juda a lu.

17 Parce qu’ils m’ont abandonné, et qu’ils ont fait des encensements à d’autres dieux, pour m’irriter par toutes les œuvres de leurs mains, ma colère s’est allumée contre ce lieu, et elle ne sera point éteinte.

18 Mais pour ce qui est du roi de Juda, qui vous a envoyés pour consulter l’Eternel, vous lui parlerez ainsi : Ainsi a dit l’Eternel, le Dieu d’Israël, touchant les paroles que tu as entendues :

19 Parce que ton cœur s’est amolli, et que tu as entendu ce que j’ai prononcé contre ce lieu et contre ses habitants, savoir, qu’ils seraient désolés et maudits ; et parce que tu as déchiré tes vêtements et que tu as pleuré devant moi, je t’ai exaucé, dit l’Eternel.

20 C’est pourquoi, voici, je vais te retirer avec tes pères, et tu seras recueilli dans tes sépulcres en paix, et tes yeux ne verront point tout ce mal que je vais faire venir sur ce lieu. Et ils rapportèrent toutes ces choses au roi.

REFLEXIONS

L’histoire du roi Josias qui prit tant de soin pour ôter de Jérusalem et de tout son royaume les crimes qui y régnaient et pour détourner la colère de Dieu qu’il voyait prête à fondre sur ses sujets doit servir d’instruction et d’exemple aux princes chrétiens et les inciter à bannir de leurs états l’irréligion et l’impiété et à ne rien négliger pour cela.

Josias fut touché d’une vive frayeur à l’ouïe des menaces qui étaient contenues dans les livres de Moïse et il envoya vers Hulda, la prophétesse, pour savoir d’elle ce qu’il avait à faire dans ces temps fâcheux.

C’est ainsi que ceux qui craignent Dieu tremblent à sa parole et s’appliquent à chercher les moyens d’apaiser sa colère lorsqu’ils la voient allumée.

Mais ce que la prophétesse répondit mérite une attention particulière. Elle fit dire au roi que les crimes des Juifs étaient venus à un point que désormais les menaces du Seigneur s’exécuteraient, mais qu’avant ce temps-là Dieu le retirerait du monde.

Cela nous donne ces deux instructions :

L’une que quand la malice des hommes est sans remède, ni les soins, ni les prières des personnes pieuses ne peuvent arrêter le cours des jugements de Dieu,

L’autre, que la mort n’est pas toujours une marque de la colère du Seigneur et qu’il abrège quelquefois la vie de ceux qu’il aime le plus afin qu’ils ne soient pas enveloppés dans les jugements qu’il se propose de déployer sur les méchants.

CHAPITRE XXIII

Le roi Josias assemble le peuple pour entendre la lecture du livre de la loi et pour renouveler l’alliance avec Dieu. Il ôte du temple et du pays de Juda, l’idolâtrie, il démolit l’autel que Jéroboam avait fait bâtir à Bé-thel, il brûle sur cet autel les os de corps morts pour marquer par-là que ce lieu-là était souillé et abominable et il fait mourir les sacrificateurs idolâtres suivant que Dieu l’avait ordonné dans sa loi. Il fait célébrer la pâque avec une grande solennité et il s’applique avec beaucoup de zèle à abolir l’idolâtrie et la superstition et à observer tout ce que Dieu avait commandé. Josias ayant été tué dans une guerre contre le roi d’Égypte, Joachaz son fils lui succéda. Ce fut le seizième roi de Juda et il rétablit l’idolâtrie, mais il ne régna que trois mois. Le roi d’Égypte le déposa et mit à sa place Éliakim son frère nommé autrement Jéhojakim qui s’adonna pareillement à l’idolâtrie et régna onze ans.

1 Alors le roi envoya et fit assembler vers lui tous les anciens de Juda, et de Jérusalem.

2 Et le roi monta à la maison de l’Eternel, et tous les hommes de Juda et tous les habitants de Jérusalem étaient avec lui ; les sacrificateurs y étaient aussi, et les prophètes, et tout le peuple, depuis le plus petit jusqu’au plus grand, et ils entendirent lire toutes les paroles du livre de l’alliance, qui avait été trouvé dans la maison de l’Eternel.

3 Et le roi se tint auprès de la colonne, et il traita alliance devant l’Eternel, promettant qu’ils suivraient l’Eternel et qu’ils garderaient ses commandements, ses témoignages et ses statuts, de tout leur cœur et de toute leur âme, pour mettre en effet les paroles de cette alliance, qui sont écrites dans ce livre ; et tout le peuple adhéra à cette alliance.

4 Alors le roi commanda à Hilkija le grand sacrificateur, et aux sacrificateurs du second rang, et à ceux qui gardaient les vaisseaux, de tirer hors du temple de l’Eternel tous les ustensiles qui avaient été faits pour Bahal, et pour les bocages, et pour toute l’armée des cieux ; et il les brûla hors de Jérusalem, aux campagnes de Cédron, et il porta leurs cendres à Beth-el.

5 Et il abolit les Camars que les rois de Juda avaient établis quand on faisait des encensements dans les hauts lieux, par les villes de Juda et autour de Jérusalem ; il abolit aussi ceux qui faisaient des encensements à Bahal, au soleil, à la lune, aux astres et à toute l’armée des cieux.

6 Il fit aussi emporter le bocage de la maison de l’Eternel hors de Jérusalem, dans la vallée de Cédron, où l’ayant brûlé et réduit en cendres, il en fit jeter les cendres sur les sépulcres du commun peuple.

7 Après cela, il démolit les maisons des prostituées qui étaient dans la maison de l’Eternel, et dans lesquelles les femmes travaillaient à faire des tentes pour le bocage.

8 Il fit encore venir tous les sacrificateurs des villes de Juda, et il profana les hauts lieux où les sacrificateurs avaient fait des encensements, depuis Guébah jusqu’à Béer-scébah ; et il démolit les hauts lieux des portes qui étaient à l’entrée de la porte de Josué, capitaine de la ville, qui est à la gauche de la porte de la ville.

9 Au reste, ceux qui avaient été les sacrificateurs des hauts lieux ne montaient pas à l’autel de l’Eternel à Jérusalem ; mais ils mangeaient des pains sans levain parmi leurs frères.

10 Il profana aussi Topheth, qui était dans la vallée du fils de Hinnom, afin qu’il ne servît plus à personne, pour y faire passer son fils ou sa fille par le feu à Molec.

11 Il ôta aussi de l’entrée de la maison de l’Eternel les chevaux que les rois de Juda avaient consacrés au soleil, vers le logis de Néthanmélec eunuque, situé à Parvarim ; et il brûla les chariots du soleil.

12 Le roi démolit aussi les autels qui étaient sur la plate-forme de la chambre haute d’Achaz, et que les rois de Juda avaient faits, et les autels que Manassé avait faits dans les deux parvis de la maison de l’Eternel ; il les brisa et les ôta de là, et il en répandit la poudre au torrent de Cédron.

13 Le roi profana aussi les hauts lieux qui étaient vis-à-vis de Jérusalem, à la main droite de la montagne des oliviers, que Salomon, roi d’Israël, avait bâtis à Hasçthoreth, l’abominable idole des Sidoniens, et à Kémos, l’idole des Moabites, et à Milcom, celle des enfants de Hammon.

14 Il brisa aussi les statues, il coupa les bocages, et remplit d’ossements d’hommes les lieux où ils étaient.

15 Il démolit même l’autel qui était à Beth-el ; et le haut lieu qu’avait fait Jéroboam, fils de Nébat, qui avait fait pécher Israël ; il démolit cet autel et le haut lieu ; il brûla le haut lieu et le réduisit en cendres ; il brûla aussi le bocage.

16 Et Josias s’étant tourné vit les sépulcres qui étaient là dans la montagne, et il envoya prendre les os des sépulcres, et il les brûla sur l’autel, et ainsi il le profana, selon la parole de l’Eternel que l’homme de Dieu avait prononcée à haute voix, lorsqu’il prononça ces choses publiquement.

17 Et le roi dit : Qu’est-ce que ce tombeau que je vois ? Et les hommes de la ville lui répondirent : C’est le sépulcre de l’homme de Dieu, qui vint de Juda et qui prononça à haute voix les choses que tu as faites sur l’autel de Beth-el.

18 Et il dit : Laissez-le ; que personne ne remue ses os. Ainsi ils conservèrent ses os, avec les os du prophète qui était venu de Samarie.

19 Josias ôta aussi toutes les maisons des hauts lieux qui étaient dans les villes de Samarie, que les rois d’Israël avaient faites pour irriter l’Eternel ; et il fit à leur égard tout ce qu’il avait fait à Beth-el.

20 Et il sacrifia sur les autels tous les sacrificateurs des hauts lieux, qui étaient là ; et il brûla des ossements d’hommes sur eux ; après quoi il retourna à Jérusalem.

21 Alors le roi fit ce commandement à tout le peuple, et dit : Célébrez la Pâque à l’Eternel votre Dieu, comme il est écrit dans le livre de cette alliance.

22 Et jamais Pâque n’avait été célébrée depuis le temps des juges qui avaient jugé en Israël, ni pendant tout le temps des rois d’Israël et des rois de Juda,

23 Comme cette Pâque qui fut célébrée à l’honneur de l’Eternel dans Jérusalem, la dix-huitième année du roi Josias.

24 Josias extermina aussi ceux qui avaient des esprits de Python, les diseurs de bonne aventure, les marmousets, les dieux infâmes, et toutes les abominations qu’on avait vues dans le pays de Juda et dans Jérusalem, afin d’accomplir les paroles de la loi, qui étaient écrites dans le livre qu’Hilkija le sacrificateur avait trouvé dans la maison de l’Éternel.

25 Avant lui il n’y eut point de roi semblable à lui, qui se fût tourné vers l’Éternel de tout son cœur, de toute son âme et de toute sa force, selon toute la loi de Moïse ; et après lui il ne s’en est point levé qui lui ait été semblable.

26 Toutefois l’Éternel ne revint point de l’ardeur de sa grande colère, qui s’était allumée contre Juda, à cause de tout ce que Manassé avait fait pour l’irriter.

27 Car l’Éternel avait dit : Je rejetterai aussi Juda de devant ma face, comme j’ai rejeté Israël, et je rejetterai cette ville de Jérusalem que j’ai choisie, et la maison de laquelle j’ai dit : Mon nom sera là.

28 Le reste des actions de Josias, tout ce, dis-je, qu’il a fait, n’est-il pas écrit au livre des Chroniques des rois de Juda ?

29 De son temps, Pharaon Néco, roi d’Égypte, monta contre le roi des Assyriens vers le fleuve d’Euphrate, et Josias marcha contre lui ; mais dès que Pharaon l’eut vu, il le tua à Méguiddo.

30 Alors ses serviteurs le chargèrent mort sur un chariot de Méguiddo, et l’emmenèrent à Jérusalem, et l’ensevelirent dans son sépulcre. Et le peuple du pays prit Jéhoachaz, fils de Josias, et ils l’oignirent et l’établirent pour roi à la place de son père.

31 Jéhoachaz était âgé de vingt-trois ans quand il commença à régner, et il, régna trois mois à Jérusalem. Sa mère s’appelait Hamutal, et elle était fille de Jérémie de Libna.

32 Il fit ce qui est mauvais devant l’Éternel, comme avaient fait ses pères.

33 Et Pharaon Néco l’emprisonna à Ribla, au pays de Hamath, afin qu’il ne régnât plus à Jérusalem ; et il imposa sur le pays une amende de cent talents d’argent, et d’un talent d’or.

34 Et Pharaon Néco établit pour roi Eliachim, fils de Josias, à la place de Josias son père, et lui changea son nom, l’appelant Jéhojachim ; et il prit Jéhoachaz, et l’emmena en Égypte, où il mourut.

35 Or, Jéhojachim donna cet argent-là et cet or à Pharaon, de sorte qu’il taxa le pays pour fournir cet argent, selon le commandement de Pharaon ; il leva l’argent et l’or sur chacun du peuple du pays, selon qu’il était taxé, pour le donner à Pharaon Néco.

36 Jéhojachim était âgé de vingt-cinq ans quand il commença à régner, et il régna onze ans à Jérusalem. Sa mère s’appelait Zébudda, et elle était fille de Pédaja de Ruma.

37 Il fit ce qui est mauvais devant l’Éternel, comme ses pères avaient fait.

REFLEXIONS

Il faut considérer ici que Dieu ayant fait dire par la prophétesse Hulda au roi Josias que les malédictions qui étaient contenues dans la loi de Moïse allaient tomber sur les Juifs, ce prince fit assembler tout le peuple pour entendre la lecture de cette loi. Il fit renouveler l’alliance avec Dieu d’une manière solennelle dans le temple, il promit d’observer cette alliance et les commandements du Seigneur et il fit faire la même promesse à tous ses sujets. Après cela, il travailla avec un zèle admirable à retrancher le culte des idoles, à abolir l’impureté et la débauche qui étaient une suite de l’idolâtrie et à rétablir la religion dans son royaume et même dans le pays des dix tribus.

C’est ainsi que les personnes pieuses, et en particulier les bons princes, s’instruisent dans la loi de Dieu et s’emploient de tout leur pouvoir à retrancher l’impiété et à faire en sorte que Dieu soit révéré et craint et que ses saintes lois soient observées.

La piété de Josias est d’autant plus digne de louange que Dieu lui avait fait dire que la ruine du royaume de Juda était arrêtée et qu’il mourrait lui-même bientôt. Et cependant il ne relâcha rien de son zèle, il ne laissa pas de rappeler le peuple au vrai service de Dieu et d’employer le reste de sa vie à des actes de religion et de piété.

Dans quelque circonstance qu’un homme de bien se trouve et quel que doive être l’événement, il fait toujours son devoir et il consacre tout ce que Dieu lui donne de vie et de moyens à l’avancement de sa gloire et à l’édification publique.

Il paraît au reste du détail qu’on lit ici de tout ce que Josias fit à Jérusalem et par tout le pays pour en ôter les idoles et les objets de scandale que toutes sortes d’abominations et que les crimes les plus exécrables s’étaient établis à Jérusalem sous les règnes précédents et s’y exerçaient publiquement, ainsi il ne faut pas être surpris si Dieu détruisit cette ville.

On doit faire une attention toute particulière sur ce que Josias démolit et profana l’autel de Béthel en y faisant immoler les sacrificateurs idolâtres conformément à ce qui était prescrit par la loi de Dieu et en brûlant sur cet autel des os de corps morts. C’est ici l’accomplissement de la prédiction qu’avait faite trois cent cinquante ans auparavant ce prophète qui vint de Béthel, lorsque le roi Jéroboam y établit un faux culte et qui déclara publiquement qu’un roi nommé Josias démolirait cet autel-là, y sacrifierait les sacrificateurs des hauts lieux et y brûlerait des os de corps morts. Il est même remarqué que le sépulcre de ce prophète subsistait encore alors et que Josias voulut qu’on le respectât, ce qui était un monument de cette prédiction. C’est ici un événement tout-à-fait considérable et qui prouve bien fortement la vérité de la parole de Dieu et la certitude de ses menaces. Josias signala encore son zèle dans cette pâque solennelle qu’il fit célébrer. Mais surtout l’Écriture rend un témoignage bien glorieux à ce prince lorsqu’elle dit :

Qu’avant lui il n’y avait point eu de rois qui eût recherché le Seigneur de tout son cœur comme lui et qu’après lui il ne s’en est point élevé qui lui fût semblable.

Cependant, il est remarqué

Que Dieu ne revînt point de l’ardeur de son courroux qui était embrasé contre Juda à cause de tout ce que Manassé avait fait.

La piété des gens de bien n’est jamais sans fruit par rapport à eux-mêmes, mais ils ne peuvent pas toujours détourner la colère de Dieu de dessus les peuples coupables et il y a de certains péchés dont les fruits et les effets subsistent longtemps, quoi que Dieu les ait pardonnés à ceux qui les ont commis.

Josias fut le dernier bon roi de Juda. Quoique ses successeurs eussent devant les yeux le bon exemple qu’il leur avait laissé et qu’ils vissent des marques évidentes de la colère de Dieu, ils l’irritèrent de plus en plus en servant les idoles. Aussi furent-ils attaqués, ôtés, emprisonnés et rendus tributaires par les rois voisins jusqu’à ce qu’enfin le royaume de Juda fut entièrement détruit.

CHAPITRE XXIV

Le roi de Babylone vient contre Jéhojakim, dix-huitième roi de Juda, avec les troupes des Syriens, des Moabites et des Hammonites. Il le fit lier de chaînes d’airain pour l’emmener à Babylone avec une partie du peuple et des vaisseaux sacrés qu’il y transporta comme cela est dit dans II Chroniques XXXVI. Cependant il revint à Jérusalem où il fut tué au bout de quelques années et jeté à la voirie ainsi qu’on le lit dans le livre de Jérémie, où l’on trouve aussi diverses particularités remarquables du règne de Jéhojachim, de Jéchonias et de Sédécias. Jéhojachim son fils, aussi nommé Jéchonias, lui succéda et fut idolâtre comme son père. Sous son règne, qui ne fut que de trois mois et dix jours, le roi de Babylone vint encore à Jérusalem et transporta ce prince avec un grand nombre de personnes et un grand butin et il établit roi à Jérusalem Sédécias, oncle de Jéhojakim, qui fut le dix-neuvième et dernier roi de Juda.

1 De son temps, Nébucadnetsar, roi de Babylone, monta, et Jéhojachim lui fut assujetti l’espace de trois ans ; mais ayant changé de volonté, il se révolta contre lui ;

2 et l’Éternel envoya contre lui des troupes de Caldéens et des troupes de Syriens, et des troupes de Moabites, et des troupes d’Hammonites ; il les envoya, dis-je, contre Juda, pour le détruire, selon la parole de l’Éternel qu’il avait prononcée par les prophètes ses serviteurs.

3 Et cela arriva selon le commandement de l’Éternel contre Juda, pour le rejeter de devant sa face à cause des péchés de Manassé, selon tout ce qu’il avait fait ;

4 et même à cause du sang innocent qu’il avait répandu, ayant rempli Jérusalem de sang innocent, l’Éternel ne voulut point pardonner.

5 Le reste des actions de Jéhojachim, et tout ce qu’il a fait, n’est-il pas écrit au livre des Chroniques des rois de Juda ?

6 Ainsi Jéhojachim s’endormit avec ses pères ; et Jéhojachim son fils régna en sa place.

7 Or, le roi d’Égypte ne sortit plus de son pays, parce que le roi de Babylone avait pris tout ce qui était au roi d’Égypte, depuis le torrent d’Égypte jusqu’au fleuve d’Euphrate.

8 Jéhojachim était âgé de dix-huit ans quand il commença à régner, et il régna trois mois à Jérusalem ; sa mère s’appelait Néhusçta, et elle était fille d’Elnathan de Jérusalem.

9 Il fit ce qui est mauvais devant l’Éternel comme son père avait fait.

10 En ce temps-là, les gens de Nébucadnetsar, roi de Babylone, montèrent contre Jérusalem, et la ville fut assiégée.

11 Et Nébucadnetsar, roi de Babylone, vint contre la ville, lorsque ses gens l’assiégeaient.

12 Alors Jéhojachim, roi de Juda, sortit vers le roi de Babylone, lui, sa mère, ses gens, ses capitaines, et ses eunuques ; de sorte que le roi de Babylone le prit la huitième année de son règne.

13 Et il tira de là tous les trésors de la maison de l’Éternel, et les trésors de la maison royale, et il mit en pièces tous les ustensiles d’or que Salomon, roi d’Israël avait faits au temple de l’Éternel, comme l’Éternel en avait parlé.

14 Et il transporta tout Jérusalem, et tous les capitaines, et tous les vaillants hommes de guerre, au nombre de dix mille captifs, avec les charpentiers et les serruriers, de sorte qu’il ne demeura personne de reste que le pauvre peuple du pays.

15 Ainsi il transporta Jéhojachim à Babylone, et la mère du roi, et les femmes du roi, et ses eunuques, et il emmena en captivité, de Jérusalem à Babylone, tous les puissants du pays,

16 avec tous les hommes vaillants, au nombre de sept mille, et les charpentiers et les serruriers, au nombre de mille ; tous ceux qui étaient vaillants et propres à la guerre, le roi de Babylone les emmena captifs à Babylone.

17 Et le roi de Babylone établit pour roi, à la place de Jéhojachim, Mattanja son oncle, et il lui changea son nom l’appelant Sédécias.

18 Sédécias était âgé de vingt et un ans quand il commença à régner, et il régna onze ans à Jérusalem. Sa mère s’appelait Hamutal, et elle était fille de Jérémie de Libna.

19 Il fit ce qui est mauvais devant l’Éternel, comme avait fait Jéhojachim.

20 Et il arriva, à cause de la colère de l’Éternel contre Jérusalem et Juda, qu’il les rejeta de devant sa face, et Sédécias se révolta contre le roi de Babylone.

REFLEXIONS

Ce qu’on doit recueillir de cette lecture, c’est qu’après la mort du bon roi Josias, les choses allèrent en empirant dans le royaume de Juda. Ses successeurs furent des impies et Dieu commença alors à exécuter ses menaces en permettant qu’ils fussent exposés à l’invasion du roi de Babylone qui vint leur faire la guerre et qui emmena un grand nombre de captifs et emporta les vaisseaux du temple. L’Écriture remarque expressément que tout cela arriva par le commandement de Dieu à cause des péchés des Juifs et en particulier à cause des péchés de Manassé et que Dieu ne voulut point leur pardonner. C’étaient là des signes avant-coureurs de la totale ruine de ce peuple qui arriva peu d’années après et ils devaient reconnaître dans tous ces événements que la protection de Dieu se retirait de dessus eux et qu’il allait les abandonner.

Dieu use d’un grand et d’un long support envers ceux qui l’offensent, il les prive de sa grâce et de sa protection par degrés, mais après qu’ils ont longtemps résisté aux moyens qu’il emploie pour les retirer de leurs péchés et lorsqu’il n’y a plus rien qui puisse les ramener à leur devoir, il les rejette entièrement comme cela arriva enfin aux Juifs ainsi que nous le voyons dans le chapitre suivant.

Au reste, c’est depuis le transport des Juifs qui fut fait sous le règne de Jéhojachim qu’on doit compter les soixante et dix années de la captivité de Babylone.

CHAPITRE XXV

Sédécias, dix-neuvième et dernier roi de Juda, étant tombé dans l’idolâtrie comme ses prédécesseurs et ayant violé le serment qu’il avait fait au roi de Babylone, Dieu détruisit enfin le royaume de Juda. Nébucadnetsar assiégea Jérusalem, il la prit, la pilla et la brûla avec le temple. Sédécias fut mené à Babylone enchaîné après qu’on lui eut crevé les yeux et le peuple fut aussi captif à la réserve de quelques Juifs qui demeurèrent dans le pays pour labourer les terres sous la conduite de Guédalja. Au bout de quelques années, le roi de Babylone traita favorablement le roi Jéhojachim qui y était captif depuis longtemps.

1 Il arriva donc, la neuvième année du règne de Sédécias, le dixième jour du dixième mois, que Nébucadnetsar, roi de Babylone, vint contre Jérusalem, lui et toute son armée, et il campa contre elle, et ils bâtirent des forts tout autour ;

2 et la ville fut assiégée jusqu’à la onzième année du roi Sédécias ;

3 et le neuvième jour du quatrième mois, la famine augmenta dans la ville, de sorte qu’il n’y avait plus de pain pour le peuple du pays.

4 Alors la brèche fut faite à la ville, et tous les gens de guerre s’enfuirent de nuit par le chemin de la porte, entre les deux murailles qui étaient près du jardin du roi, (or, les Caldéens étaient tout joignant la ville, autour des murailles) et le roi s’en alla par le chemin de la campagne ;

5 Mais l’armée des Caldéens poursuivit le roi ; et quand ils l’eurent atteint aux campagnes de Jérico, toute son armée se dispersa d’auprès de lui.

6 Ils prirent donc le roi ; et le firent monter vers le roi de Babylone à Ribla où on lui fit son procès.

7 Et on égorgea les fils de Sédécias en sa présence ; après quoi on creva les yeux à Sédécias ; puis on le lia de doubles chaînes d’airain, et on le mena à Babylone.

8 Et au septième jour du cinquième mois, dans la dix-neuvième année du roi Nébucadnetsar, roi de Babylone, Nébuzar-adan, prévôt de l’hôtel, officier du roi de Babylone, entra dans Jérusalem ;

9 et il brûla la maison de l’Éternel, et la maison royale, et toutes les maisons de Jérusalem, et il mit le feu à toutes les maisons des grands ;

10 et toute l’armée des Caldéens qui était avec le prévôt de l’hôtel, démolit les murailles de Jérusalem tout autour ;

11 et Nébuzar-Adan, prévôt de l’hôtel, transporta à Babylone le reste du peuple, savoir, ceux qui étaient demeurés de reste dans la ville, et ceux qui s’étaient allés rendre au roi de Babylone, et le reste de la multitude.

12 Toutefois, le prévôt de l’hôtel en laissa quelques-uns des plus pauvres du pays, pour être vignerons et laboureurs.

13 Et les Caldéens mirent en pièces les colonnes d’airain qui étaient dans la maison de l’Éternel, et les soubassements, et la mer d’airain qui était dans la maison de l’Éternel ; et ils emportèrent l’airain à Babylone.

14 Ils emportèrent aussi les chaudières, les pelles, les serpes, les tasses, et tous les ustensiles d’airain dont on faisait le service.

15 Le prévôt de l’hôtel emporta aussi les encensoirs et les bassins, ce qui était d’or, et ce qui était d’argent ;

16 pour ce qui est des deux colonnes, de la mer et des soubassements que Salomon avait faits pour la maison de l’Éternel, on ne pesa point l’airain de tous ces vaisseaux-là.

17 Chaque colonne avait dix-huit coudées de haut, et un chapiteau d’airain par-dessus, dont la hauteur était de trois coudées, outre les rets et les grenades qui étaient tout autour du chapiteau, le tout d’airain, et la seconde colonne était de la même façon avec les rets.

18 Le prévôt de l’hôtel emmena aussi Séraja, premier sacrificateur, et Sophonie, second sacrificateur, et les trois gardes des vaisseaux.

19 Il emmena aussi de la ville un officier qui avait la charge des gens de guerre, et cinq hommes de ceux qui étaient près de la personne du roi, qui furent trouvés dans la ville ; de plus le secrétaire du capitaine de l’armée, qui tenait les rôles du peuple du pays, et soixante hommes d’entre le peuple du pays, qui furent trouvés dans la ville.

20 Nébuzar-Adan, prévôt de l’hôtel, les prit donc et les mena au roi de Babylone à Ribla.

21 Et le roi de Babylone les frappa et les fit mourir à Ribla, au pays de Hamath. Ainsi Juda fut transporté hors de sa terre.

22 Mais pour ce qui est du peuple qui était demeuré de reste au pays de Juda, que Nébucadnetsar, roi de Babylone, y avait laissé de reste, il établit pour gouverneur sur eux Guédalja, fils d’Ahikam, fils de Sçaphan.

23 Quand tous les capitaines des gens de guerre et leurs gens, eurent appris que le roi de Babylone avait établi pour gouverneur Guédalja, ils vinrent vers Guédalja à Mitspa, savoir, Ismaël, fils de Néthanja, et Johanan, fils de Karéath, et Séraja, fils de Tanhumeth Néthophathite, Jaazanja, fils d’un Mahacathite, eux et leurs gens.

24 Et Guédalja leur jura et à leurs gens, et leur dit : Ne craignez point d’être les serviteurs des Caldéens ; demeurez au pays et servez le roi de Babylone, et vous vous en trouverez bien.

25 Mais il arriva, au septième mois, qu’Ismaël, fils de Néthanja, fils d’Élisçamath, du sang royal, et dix hommes avec lui, vinrent et frappèrent Guédalja, et il mourut. Ils frappèrent aussi les Juifs et les Caldéens qui étaient avec lui à Mitspa.

26 Et tout le peuple, depuis le plus petit jusqu’au plus grand, avec les capitaines des gens de guerre, se levèrent et s’en allèrent en Egypte, parce qu’ils avaient peur des Caldéens.

27 Or, il arriva, la trente-septième année de la captivité de Jéhojachim, roi de Juda, au vingt-septième jour du douzième mois, qu’Evilmérodac, roi de Babylone, l’année qu’il commença à régner, tira de prison Jéhojachim, roi de Juda, et le mit en liberté ;

28 et il lui parla avec douceur, et il mit son trône au-dessus du trône des autres rois qui étaient avec lui à Babylone.

29 Et après qu’il lui eut changé les habits qu’il avait dans la prison, il mangea du pain ordinairement tout le temps de sa vie en sa présence.

30 Et pour son entretien, un ordinaire continuel lui fut établi par le roi, pour chaque jour et pour tout le temps de sa vie.

REFLEXIONS

Voici l’une des histoires les plus mémorables de l’Écriture sainte.

Nous voyons ici que Dieu livra Jérusalem aux Babyloniens et que les Juifs périrent misérablement par la famine ou par l’épée, à la réserve de ceux qui furent menés en captivité et de ceux qui restèrent dans la Judée. Ce fut ainsi que les menaces que Dieu leur avait fait entendre tant de fois s’exécutèrent et c’est là un grand exemple des jugements de Dieu sur ceux qui abusent de ses grâces et de sa patience et qui persévèrent avec obstination dans leurs péchés. Ce qu’il y a de plus remarquable dans ces événements, c’est que le temple même fut enveloppé dans cette ruine et que Dieu permit que les Babyloniens profanassent et brûlassent cette maison qui lui était consacrée, après en avoir emporté ce qu’il y avait de plus précieux. Par-là Dieu voulut punir les Juifs qui avaient profané son temple et son service et montrer en même temps que le culte légal qui y était établi ne devait pas toujours subsister et que ce culte qui fut alors aboli pour un temps le serait pour toujours à la venue du Messie par la dernière ruine de Jérusalem et du temple et par la dispersion des Juifs.

L’on doit remarquer que le roi Sédécias fut mené, enchaîné à Babylone après qu’on eût égorgé ses fils en sa présence et qu’on lui eût crevé les yeux pour le punir de sa rébellion et de sa parjure. Ce fut là un terrible, mais juste jugement de Dieu sur ce roi, puisque c’était lui qui par ses crimes, par la violation de son serment, par sa rébellion contre le roi de Babylone et par son obstination contre tout ce que

 Jérémie lui avait dit, donna occasion à la ruine de Jérusalem.

Pour ce qui est des Juifs qui demeurèrent dans la Judée, leur état fut fort triste pendant que la captivité dura, cependant Dieu les y conserva, comme cela est rapporté dans le livre de Jérémie, chap XXXVII & XXXVIII. Enfin, il est dit que le roi Jéhojachim, nommé autrement Jéchonias, qui était captif à Babylone depuis longtemps, fut tiré de prison et traité honorablement par Evilmérodach, roi de Babylone. Dieu voulut que les Juifs qui étaient dans la captivité et Jéhojachim leur roi y trouvassent quelque douceur afin qu’ils pussent être rétablis lorsque les soixante et dix ans de leur captivité seraient écoulés et afin que la famille du roi David, de laquelle le Messie devait naître, subsistât.