Blue Flower

Chapitres  CHAPITRE I. CHAPITRE II.  CHAPITRE III.  CHAPITRE IV.   CHAPITRE V.  CHAPITRE VI.  CHAPITRE VII.  CHAPITRE VIII.   CHAPITRE IX.  CHAPITRE X.   CHAPITRE XI.   CHAPITRE XII. CHAPITRE XIII.  CHAPITRE XIV.   CHAPITRE XV.   CHAPITRE XVI. CHAPITRE XVII.  CHAPITRE XVIII.  CHAPITRE XIX.    LIVRES DES APOCRYPHES.

CHAPITRE I.

Exhortation à chercher Dieu et sa justice, 8. Il faut pour cela se détourner de toute injustice et de toute méchanceté. 

  1. Aimez la justice, vous qui êtes les juges de la terre. Ayez de bons sentiments du Seigneur et le cherchez avec simplicité de cœur.
  2. Car il se fait trouver à ceux qui ne le tentent point, et il se montre à ceux qui croient en lui.
  3. Car les pensées perverses séparent de Dieu, et sa puissance, étant éprouvée, reprend les fous.
  4. Car la sapience n'entre point dans un cœur malicieux et n'habite point dans un corps asservi au péché,
  5. Parce que le saint esprit de discipline fuit le déguisement, et se retire des pensées folles, et est contredit par l'iniquité survenante.
  6. Car l'esprit de sapience est doux et il n'absout point celui qui a blasphémé de ses lèvres, parce que Dieu est le témoin de ses pensées, et le vrai inspecteur de son cœur, et l'auditeur de ce qui sort de sa langue.
  7. Car l’esprit du Seigneur remplit toute la terre, et lui qui maintient toutes choses, entend bien ce qu'on dit
  8. C'est pourquoi celui qui profère de méchantes choses, ne lui peut être caché ; et le jugement ordonné pour le châtiment ne le laissera point passer.
  9. Car la recherche sera faite des discours du méchant, et le son de ses paroles viendra jusqu'à Dieu pour la correction de ses iniquités,
  10. Parce que l'oreille de cour roux entend toutes choses, et le bruit des murmures ne lui est point caché.
  11. Gardez-vous donc des murmures, lesquels ne profitent de rien, et retenez votre langue, en sorte qu'elle ne parle point mal ; car la parole dite en secret ne s'en ira point en vain, et la bouche qui ment, tue l'âme.
  12. Ne cherchez point la mort par les égarements de votre vie et n'attirez point la perdition par les œuvres de vos mains.
  13. Car Dieu n'a point fait la mort et il ne prend point plaisir à voir périr les vivants,
  14. Vu qu'il a créé toutes choses pour être, et les nations du monde sont capables de salut ; le venin de perdition n'est point en elles, et le règne des enfers n'est pas en la terre.
  15. Car la justice est immortelle, mais l'injustice est une acquisition de mort,
  16. Laquelle les iniques ont fait venir par leurs œuvres et par leurs paroles ; puis, estimant qu'elle fût leur amie, ils en ont été consumés et ont fait complot avec elle, car ils sont dignes d'être de son côté.  

CHAPITRE II.

Pensées des méchants qui nient la providence de Dieu, 10. Et complotent contre la vie des gens de bien, 13. Se moquant même de l’Esperance qu’ils mettent au Seigneur. 

  1. Car ils ont dit en eux-mêmes dans l'égarement de leurs discours : Le temps de notre vie est court et plein d’ennui ; il n'y a point de remède contre la mort de l'homme, et jamais l'on n'a connu personne qui soit retourné du sépulcre.
  2. Car nous sommes nés à l'aventure, et puis nous serons comme si nous n'avions point été, parce que le souffle de nos narines n'est qu'une fumée, et notre parole est comme une étincelle qui part de notre cœur.
  3. Laquelle étant éteinte, notre corps deviendra cendre, et l'esprit sera dissipé comme un air subtil.
  4. Et notre nom sera oublié avec le temps, et nul ne se souviendra de nos actions, et notre vie pas sera comme la trace d'une nuée et se dissoudra comme un brouillard chassé par les rayons du soleil et abattu par sa chaleur.
  5. Car notre temps est comme une ombre qui passe, et il n'est pas possible de retirer le pied de notre fin ; car elle est scellée et nul n’en revient.
  6. Venez donc, et faisons grande chère des biens que nous avons. Hâtons-nous de nous servir des créatures et de la jeunesse.
  7. Remplissons-nous du meilleur vin et de parfums, et ne laissons point passer la fleur de la saison.
  8. Soyons couronnés de boutons de roses, avant qu'elles se flétrissent.
  9. Qu'il n'y ait pas un d'entre nous qui n'ait part à nos dérèglements, laissons partout des marques de plaisir ; car c'est là notre portion et le lot de notre héritage.
  10. Foulons le pauvre qui est juste, et n'épargnons point la veuve, et ne portons point de respect aux cheveux blancs des vieillards qui ont vécu longtemps.
  11. Que notre force soit la loi de la justice ; car ce qui est faible, est tenu pour inutile.
  12. Et dressons des embûches pour surprendre le juste, puisqu'il nous est incommode et contraire à nos œuvres ; il nous reproche les péchés commis contre la loi et nous blâme des fautes de notre manière de vivre.
  13. Il se vante qu'il a la connaissance de Dieu et il s'appelle le fils du Seigneur.
  14. Il est fait pour reprendre nos pensées.
  15. Il nous est à charge, même à le regarder, parce que sa vie n'est pas semblable à celle des autres, et ses voies sont diverses de celles des autres.
  16. Nous ne sommes pas plus estimés de lui que la fausse monnaie, et il s'abstient de notre manière de vivre comme de choses honteuses, estimant bienheureuse la fin des justes et se glorifiant d'avoir Dieu pour son père.
  17. Voyons si ses discours sont véritables, et éprouvons ce qui lui doit arriver.
  18. Car si le juste est fils de Dieu, Dieu prendra sa défense et le délivrera des mains de ses adversaires.
  19. Examinons-le par des injures et par des tourments, afin que nous connaissions sa douceur et que nous éprouvions sa patience.
  20. Condamnons-le à une mort infâme ; car il sera secouru, si ce qu'il dit, est vrai.
  21. Ils ont ainsi discouru et ont erré, parce que leur malice les a aveuglés
  22. Et ils n'ont point connu les secrets de Dieu ni espéré la récompense de la sainteté, et ils n'ont point jugé qu'il y eût une récompense pour les âmes irrépréhensibles.
  23. Car Dieu a créé l'homme pour être incorruptible et l'a fait être une image de sa propre ressemblance
  24. Mais par l’envie du diable la mort est entrée dans le monde, et ceux qui sont de son parti en font l’essai. 

CHAPITRE III.

De la récompense préparée aux fidèles, 10. Et au contraire des tourments préparer au méchant. 

  1. Mais les âmes des justes sont dans la main de Dieu, et nul tourment ne les touchera.
  2. Il a semblé aux yeux des fous qu'ils mourussent, et leur issue a été estimée une angoisse.
  3. Et il a semblé à leur départ d'avec nous qu'ils fussent perdus, mais ils sont en paix.
  4. Que s'ils ont souffert des tourments devant les hommes, leur espérance était pleine d'immortalité.
  5. Et, ayant été légèrement châtiés, ils recevront beaucoup de biens, parce que Dieu les a éprouvés et les a trouvés dignes de lui.
  6. Il les a éprouvés comme l'or dans la fournaise, et les a reçus comme un sacrifice d'holocauste, et il les regardera favorablement, quand il sera temps.
  7. Ils reluiront et courront partout, comme des étincelles au travers des roseaux.
  8. Ils jugeront les nations, et ils domineront les peuples, et leur Seigneur régnera à toujours.
  9. Ceux qui se seront confiés en lui, entendront la vérité, et les fidèles demeureront avec lui dans son amour, car la grâce et la miséricorde est pour ses saints, et il a soin de ses élus.
  10. Mais les méchants, qui n'ont tenu compte du juste et qui se sont révoltés contre le Seigneur, seront punis selon leurs pensées.
  11. Car ceux qui méprisent la sagesse et la discipline, sont malheureux, et leur espérance est vaine ; leurs travaux ne leur servent de rien, et leurs œuvres sont inutiles.
  12. Leurs femmes sont folles, et leurs enfants, mauvais.
  13. Leur lignée est maudite ; c'est pourquoi bienheureuse est la stérile et celle qui ne s'est point souillée, laquelle n'a point connu le lit criminel ; elle aura du fruit au temps de la visitation des âmes.
  14. Et l’eunuque qui n'a point fait de cas énorme par ses mains et n'a point pensé contre Dieu des choses criminelles, certainement la grâce exquise de la foi et une condition désirable au temple du Seigneur lui sera donnée.
  15. Car le fruit des bons travaux est plein de bonne renommée, et la racine de la sagesse ne sèche jamais.
  16. Mais les enfants des adultères demeureront imparfaits, et la postérité du lit inique sera exterminée,
  17. De sorte qu'encore qu'ils soient de longue vie, néanmoins ils seront estimés comme rien, et leur dernière vieillesse sera sans honneur.
  18. Et s'ils meurent plus tôt, ils n'auront point d'espérance ni de consolation au jour de l'examen.
  19. Car la fin de la génération injuste est horrible. 

CHAPITRE IV.

De la félicité des gens de bien, 3. Et au contraire, de la vanité des méchants et de leur fin très malheureuse. 

  1. Il vaut mieux n'avoir point d'enfants et avoir de la vertu ; car sa mémoire est immortelle, parce qu'elle est connue de Dieu et des hommes.
  2. On l'imite lorsqu'elle est présente, et on la désire lorsqu'elle s'est retirée ; puis, étant couronnée, elle triomphe à toujours, après avoir été victorieuse dans les combats honnêtes et qui sont sans reproche.
  3. Mais la multitude des méchants abondants en lignée ne profitera point, et les plantes bâtardes ne jetteront point de profondes racines, et leur tige ne s'affermira point.
  4. Car encore qu'elles jettent des branches pour un temps, toutefois, n'étant pas sûrement fondées, elles seront ébranlées par le vent et déracinées par la violence des vents.
  5. Leurs branches seront brisées avant que d'avoir pris leur accroissement, et les fruits n'en vaudront rien ; mais ils seront trop verts pour en manger et ils ne pourront servir de rien.
  6. Car tous les enfants qui naissent d'une couche illégitime, sont témoins de la méchanceté de leurs pères et de leurs mères, quand on les interroge.
  7. Mais, si le juste est prévenu de la mort, il sera en repos.
  8. Car la vieillesse vénérable n'est pas celle qui est longue, ni celle qui se compte par la multitude des années.
  9. Mais la prudence tient lieu de vieillesse aux hommes, et la vie sans tache, de l’âge avancé.
  10. Celui qui anciennement se rendit agréable à Dieu, fut bien aimé et, quoiqu'il vécût parmi les pécheurs, il fut transporté de la terre au ciel.
  11. Il fut ravi, afin que la malice ne changeât point son entendement ou que la fraude ne trompât point son âme.
  12. Car la méchanceté, par son ensorcellement, obscurcit le lustre de la vertu, et la passion volage pervertit l'entendement qui est sans malice.
  13. Étant bientôt consommé, il a accompli beaucoup temps.
  14. Car son âme était agréable à Dieu, c'est pourquoi Dieu se hâta de le tirer du milieu de l'iniquité.
  15. Toutefois les peuples voient et n'entendent pas de telles choses, et ils ne les mettent point dans leurs cœurs, savoir que la grâce et la miséricorde est en ses saints, et son regard, sur ses élus.
  16. Mais le juste qui est mort, condamne les méchants qui vivent, et la jeunesse bientôt finie condamne la longue vie de l'injuste.
  17. Car ils verront la fin du sage et ne penseront point ce que le Seigneur a délibéré d'en faire, et pourquoi il l'aura mis en sûreté.
  18. Ils le verront et ils le mépriseront, mais le Seigneur se moquera d'eux,
  19. De sorte qu'après cela, ils tomberont sans honneur et seront à toujours en opprobre entre les morts. Car il les brisera, et il les jettera par terre, la tête la première, sans qu'ils puissent parler, et il les ébranlera dès les fondements, et ils seront réduits à la dernière désolation. Ils seront dans la douleur, et leur mémoire périra.
  20. Ils deviendront craintifs en pensant à leurs péchés, et leurs énormités viendront en leur présence pour les convaincre. 

CHAPITRE V.

Description des tourments que les méchants endurent lorsqu'ils verront les justes glorifiés : 16. Du soin que Dieu a de ses fidèles, 18. Et au contraire de la vengeance qu’il exercera contre ses ennemis. 

  1. Alors le juste se présentera avec une grande assurance devant la face de ceux qui l'auront tourmenté et qui auront rejeté ses travaux.
  2. Et eux, le voyant, seront troublés d'une horrible crainte et seront tout effrayés de le voir sauvé contre leur attente.
  3. Alors, changeant d'opinion et soupirant de l'angoisse qu'ils auront dans leurs esprits, ils diront entre eux : Voici celui dont autre fois nous nous moquions et dont nous faisions des proverbes de déshonneur.
  4. Insensés que nous étions, nous estimions que sa vie était une manie, et que sa mort était infâme.
  5. Et comment est-il compté entre les enfants de Dieu et a-t-il sa part entre les saints ?
  6. Nous nous sommes donc égarés hors du chemin de la vérité, et la lumière de la justice ne nous a point éclairés, et le soleil de justice ne s'est point levé sur nous.
  7. Nous nous sommes lassés dans la voie de l'iniquité et de la perdition, et nous avons marché par des voies égarées, ignorant la voie du Seigneur.
  8. De quoi nous a servi l’orgueil ? ou que nous ont rapporté les richesses et la vaine gloire ?
  9. Toutes ces choses sont passées comme une ombre et comme un courrier qui court la poste ;
  10. Ou comme un navire qui traverse l'eau agitée par les vagues, dont on ne peut trouver la trace ni le sentier parmi les flots, après qu'il est passé ;
  11. Ou comme un oiseau qui vole au travers de l'air, du chemin duquel on ne trouve aucune marque, et dont, après que, par le mouvement de ses ailes, il a traversé l'air subtil et l'a fendu avec bruit et avec effort, on ne trouve plus aucune marque de son passage ;
  12. Ou comme, quand une flèche est tirée au blanc, l'air qui en est divisé, se rejoint aussitôt, sans qu'on reconnaisse par où elle est passée.
  13. De même nous, aussitôt que nous sommes nés, nous défaillons et nous ne pouvons montrer aucune trace de vertu.
  14. Car nous sommes consumés en notre méchanceté,
  15. Parce que l'espérance du méchant est comme de la poudre emportée par le vent, et comme de l'écume déliée qui est jetée çà et là par la tempête, et comme de la fumée dispersée par le vent ; et elle passe comme la mémoire d'un homme qui ne loge qu'un jour dans un lieu.
  16. Mais les justes vivent à jamais ; leur salaire est dans le Seigneur, et le Souverain a soin d'eux.
  17. C'est pourquoi ils recevront le Royaume d'honneur et le diadème de beauté de la main du Seigneur, car il les couvrira de sa droite et les défendra de son bras, comme avec un bouclier.
  18. Il prendra la jalousie et s'en armera comme de toutes pièces, et il armera ses créatures pour se venger de ses ennemis.
  19. Il se revêtira de la justice pour cuirasse et il prendra pour casque un jugement droit.
  20. Il prendra sa sainteté pour bouclier invincible.
  21. Il aiguisera sa colère sévère pour épée, et tout l'univers se joindra avec lui pour combattre les insensés.
  22. Des foudres lancés iront droit à eux et, partant des nues comme d'un arc bandé avec force, ils donneront droit au but.
  23. Des grêles seront jetées avec abondance comme avec la raideur d'une fronde, qui est dans la main d'un homme enflammé de courroux ; l'eau de la mer irritée se répandra contre eux, et les fleuves ravageront tout avec impétuosité.
  24. Un vent fort leur sera contraire et les secouera comme un tourbillon, de sorte que l'iniquité rendra toute la terre déserte, et la malice renversera les trônes des puissants. 

CHAPITRE VI.

Exhortation aux rois et aux princes à s'adonner à la sagesse, 13. à cause des excellents fruits qui en résultent. 

  1. Vous donc, ô rois, écoutez et entendez.
  2. Vous, juges des bouts de la terre, apprenez.
  3. Prêtez l'oreille, vous qui gouvernez les peuples et qui vous glorifiez de la multitude des nations.
  4. Car la puissance vous est donnée par le Seigneur, et la domination, par le Souverain, qui fera l'examen de votre vie et sondera vos pensées,
  5. Parce qu'étant les ministres de son royaume, vous n'avez pas jugé droitement ni gardé la loi, et n'avez point marché suivant la volonté de Dieu.
  6. Il vous apparaîtra avec horreur et bientôt, car un jugement rigoureux sera fait de ceux qui seront par-dessus les autres.
  7. Le plus petit est digne de miséricorde, mais les puissants seront rigoureusement examinés.
  8. Car le Seigneur de tous n'épargnera personne et ne craindra la grandeur d’aucun ; car il a fait le petit et le grand, et il a également soin de tous.
  9. Mais aux plus puissants est pré parée une recherche plus exacte.
  10. C'est donc à vous, ô rois, que je parle, afin que vous appreniez la sagesse et que vous ne bronchiez point.
  11. Car ceux qui auront saintement gardé les choses saintes, seront réputés saints, et ceux qui l'auront apprise, trouveront une défense.
  12. Convoitez donc mes paroles et les désirez, et vous en serez enseignés.
  13. La sagesse est claire et ne se flétrit jamais ; elle se découvre facilement par ceux qui l'aiment, et se trouve par ceux qui la cherchent.
  14. Elle prévient ceux qui la désirent, pour se montrer la première à eux.
  15. Celui qui se lèvera dès le matin pour elle, ne sera point en peine ; car il la trouvera assise à sa porte.
  16. Penser donc à elle est le comble de la science, et celui qui aura veillé pour elle, sera bientôt sans inquiétude.
  17. Car elle tourne de tous côtés, cherchant ceux qui sont dignes d'elle, et se montre agréablement à eux par les chemins, allant au-devant d'eux dans toutes leurs pensées.
  18. Car son commencement est le vrai désir de la science, et, de cette sollicitude, on vient à l'aimer.
  19. De cet amour, on vient à garder ses ordonnances, et, de l'observation de ses ordonnances, procède l'assurance de l'immortalité.
  20. Et l'immortalité nous approche de Dieu.
  21. Ainsi le désir de la sagesse fait parvenir au royaume.
  22. Vous donc, ô rois des peuples, si vous prenez plaisir aux trônes et aux sceptres, aimez la sagesse, afin que vous régniez à toujours.
  23. Or je réciterai ce que c'est que la sagesse, et quelle est son origine, et je ne vous en cèlerai point les secrets ; mais j'en rechercherai l'origine dès le commencement de sa naissance, la mettant en évidence, la faisant connaître, et je ne parlerai point de la vérité comme en passant,
  24. Ni je ne tiendrai point le chemin de celui qui sèche d'envie ; car un tel homme ne sera point fait participant de la sagesse.
  25. Mais la multitude des sages est la garde du monde, et le roi prudent est l'assurance du peuple
  26. Soyez donc enseignés par mes paroles et vous en aurez du profit. 

CHAPITRE VII.

Tous les hommes sont d'une même condition. 9. Mais la connaissance de la sagesse les rend différents, 22. son excellence. 

  1. Je suis, moi aussi, un homme mortel, semblable à tous les autres et descendu du premier homme qui fut formé de la terre.
  2. J'ai été formé de chair en dix mois dans le ventre de ma mère, ayant été caillé en sang de la semence de l'homme et par le plaisir qui accompagne le sommeil
  3. Puis, étant né, j'ai respiré l'air qui nous est commun, et je suis tombé sur la terre où tous sont sujets aux mêmes misères ; j'ai poussé la première voix comme tous, en pleurant.
  4. J'ai été nourri au milieu des langes et avec beaucoup de soin
  5. Car il n'y a point de roi qui ait eu un autre commencement de naissance.
  6. Mais il y a pour tous une même manière d'entrer dans la vie et une même manière d'en sortir.
  7. C'est pourquoi j'ai prié, et la science m'a été donnée ; j'ai invoqué, et l'esprit de la sagesse est venu en moi.
  8. Je l'ai préférée aux sceptres et aux trônes, n'estimant rien les richesses au prix d'elle.
  9. Et je n'ai fait aucune comparaison des pierres précieuses avec elle ; car tout l'or du monde n'est au prix d'elle qu'un peu de gravier, et, devant elle, l'argent sera estimé comme de la boue.
  10. Je l'ai plus aimée que la santé et que la beauté, et je me suis proposé de l'avoir pour lumière, parce que sa lueur ne peut être éteinte.
  11. Tous les biens donc me sont venus ensemble avec elle, et des richesses innombrables, par ses mains.
  12. Et je me suis réjoui en toutes ces choses, parce que la sagesse les conduit. Or je ne savais pas qu'elle fût la mère de toutes ces choses.
  13. Et je l'ai apprise avec sincérité, je la communique sans envie et je ne cache point ses richesses.
  14. Car elle est un trésor infini pour les hommes, et ceux qui en ont fait usage, sont faits participants de l'amour de Dieu et rendus recommandables à cause des dons de la science.
  15. Dieu m'a fait la grâce de pouvoir dire ce que je veux, de faire des discours selon les choses qui me sont données ; car c'est lui qui conduit à la sagesse et qui dirige les sages,
  16. Vu que nous sommes dans sa main, nous et nos paroles, avec toute la prudence et la science de tous les ouvrages.
  17. Il m'a donné la vraie connaissance des choses qui sont, afin que je susse la disposition du monde et les vertus des éléments,
  18. Le commencement, la fin et le milieu des temps, les variations des solstices et les changements des saisons,
  19. Les révolutions des années, les rangs des étoiles,
  20. La nature des animaux et les instincts des bêtes sauvages, la force des vents, les discours des hommes, les différences des plantes, les vertus des racines.
  21. Tellement que je connais toutes ces choses, tant secrètes que manifestes ; car l'ouvrier de toutes choses m'a enseigné par la sagesse,
  22. Parce qu'il y a dans elle un esprit entendu, saint, unique, abondant en diversité, subtil, vigoureux, clair et net, évident, ne nuisant à personne, aimant le bien, pénétrant et que rien ne peut empêcher d'agir en bienfaisant,
  23. Humain, sûr et ferme, sans chagrin, qui peut tout, qui regarde tout et qui passe parmi tous les esprits intelligibles, purs et subtils.
  24. Car la sagesse est la chose la plus mobile de tous les mouvements, vu qu'elle atteint et entre partout à cause de sa pureté.
  25. Parce qu'elle est une vapeur de la vertu de Dieu et une pure influence découlée de la gloire du Tout-Puissant, c'est pourquoi elle ne peut être sujette à aucune impureté.
  26. Car elle est la splendeur de la lumière éternelle et un miroir sans tache de la vertu de Dieu, l'image de sa bonté.
  27. Ainsi, quoiqu'elle soit seule, elle peut toutes choses et, demeurant toujours en elle-même, renouvelle toutes choses ; et, par certains espaces de temps, étant entrée dans les saintes âmes, elle en fait des amis de Dieu et des prophètes.
  28. Car Dieu n'aime personne, s'il n'habite avec la sagesse,
  29. Parce qu'elle est plus belle que le soleil et au-dessus de tous les rangs des étoiles, et, si on fait comparaison d'elle à la lumière, elle est préférable.
  30. Car la nuit suit la lumière, mais la malice ne peut surmonter la sagesse. 

CHAPITRE VIII.

Éloge de la sagesse, 5. Et des fruits qu'elle apporte aux hommes qui s'y adonnent : 17.  De sorte qu'elle doit être aimée sur toute chose. 

  1. La sagesse atteint donc par sa force depuis un bout jusqu'à l'autre et gouverne toutes choses comme il faut.
  2. Je l'ai aimée, et je l'ai cherchée dès ma jeunesse, et j'ai demandé qu'elle me fût amenée pour épouse, et j'ai été amoureux de sa beauté.
  3. La noblesse de sa race est rendue plus illustre, parce qu'elle converse avec Dieu, et le Seigneur de toutes choses l’a aimée.
  4. Car c'est elle qui enseigne la discipline de Dieu et qui discerne ses œuvres.
  5. Que si les richesses sont une chose désirable dans la vie, qu'y a-t-il de plus riche que la sagesse, qui fait toutes choses ?
  6. Et, si c'est la prudence qui agit, qui est meilleur ouvrier qu'elle entre toutes les choses qui sont dans la nature ?
  7. Si quelqu'un aime la justice, ses travaux ne sont que vertu ; car elle enseigne la sobriété, la prudence, la justice et la force, qui sont plus utiles à la vie des hommes que nulle autre chose.
  8. Et, si quelqu'un désire l'expérience de beaucoup de choses, elle sait le passé et juge de l'avenir, elle sait les ruses des paroles et comment il faut résoudre les arguments, elle prévoit les signes, et les prodiges, et les événements des saisons et des temps.
  9. Je me suis donc proposé de la mener avec moi pour vivre ensemble, sachant qu'elle me conseillera ce qui sera bon, et qu'elle sera ma consolation dans mes soucis et dans mes ennuis.
  10. Par elle, je serai honoré dans les assemblées et estimé par les vieillards, bien que je sois jeune.
  11. Je serai trouvé subtil dans le jugement et je me ferai admirer en la présence des puissants.
  12. Quand je me tairai, ils m’attendront ; quand je parlerai, ils m'écouteront attentivement ; quand je tiendrai de longs discours, ils mettront la main sur leur bouche.
  13. Par elle, j'aurai l'immortalité et je laisserai une mémoire éternelle de moi à ceux qui viendront après moi.
  14. Je gouvernerai les peuples, et les nations me seront assujetties.
  15. Les rois redoutables, ayant ouï parler de moi, craindront, et je me ferai voir homme de bien dans les assemblées et vaillant dans la guerre.
  16. Entrant chez moi, je me reposerai avec elle ; car sa conversation n'a point d'amertume, ni sa compagnie, de tristesse, mais seulement de l'allégresse et de la joie.
  17. Or, pensant à ces choses en moi-même et considérant dans mon cœur qu'en fréquentant la sagesse, on devient immortel
  18. Et qu'on trouve un honnête plaisir dans son amitié et des richesses, qui ne manquent jamais, dans les ouvrages de ses mains, et la prudence dans les conférences de ses entretiens, et une grande réputation dans la communication de ses discours, je la cherchais çà et là, afin de la prendre pour moi.
  19. Or j'étais un enfant bien né, et une bonne âme m'était échue.
  20. Ou plutôt, étant bon, j'étais venu dans un corps sans souillure.
  21. Quand donc j'eus connu que je n'en pourrais pas jouir si Dieu ne me la donnait, et que cela même était de la prudence de savoir de qui était ce don, je m'en allai supplier le Seigneur et je le priai, disant de tout mon cœur :

 CHAPITRE IX.

Salomon s'adresse au Seigneur pour obtenir la sagesse, 13. Vu qu'il en est le seul auteur et donateur. 

  1. Ô Dieu de nos pères et Seigneur de miséricorde ! qui as fait toutes choses par ta parole
  2. Et qui, par ta sagesse, as formé l'homme afin qu'il dominât sur les créatures que tu as faites,
  3. Et qu'il gouvernât le monde dans la sainteté et dans la justice, en rendant jugement avec droiture de cœur,
  4. Donne-moi cette sagesse qui se tient assise près de tes trônes, et ne m'exclus point du nombre de tes enfants !
  5. Car je suis ton serviteur et fils de ta servante, un homme faible, et de petite durée, et encore moindre dans l'intelligence du jugement et des lois.
  6. Car, bien que quelqu'un fût parfait entre les hommes, il ne sera rien estimé si ta sagesse n'est avec lui.
  7. Tu m'as élu pour roi de ton peuple et pour juge de tes fils et de tes filles,
  8. Tu m'as dit que je bâtisse un temple sur ta sainte montagne et un autel dans la cité de ton habitation, qui fût fait à la ressemblance de ton saint tabernacle, que tu as préparé dès le commencement.
  9. Et avec toi est la sagesse, qui connaît tes œuvres, laquelle aussi était présente lorsque tu faisais le monde, et qui sait ce qui est agréable à tes yeux et ce qui est droit selon tes commandements.
  10. Envoie-la de tes saints cieux et du siège de ta gloire, afin qu'étant avec moi, elle s'emploie à travailler, et que je sache ce qui est agréable devant toi.
  11. Car elle sait et entend toutes choses, et elle me conduira sagement dans mes œuvres et me gardera par sa majesté,
  12. De sorte que mes œuvres seront bien reçues, et je gouvernerai justement ton peuple, et je serai digne des trônes de mon père.
  13. Car qui est l'homme qui pourrait savoir le conseil de Dieu ? Ou qui pourra penser ce que Dieu veut ?
  14. Car les pensées des hommes mortels sont mal assurées, et nos intentions sont incertaines,
  15. Parce que le corps, qui est corruptible, appesantit l'âme, et ce tabernacle fait de terre abaisse l'esprit chargé de soucis.
  16. A grande peine pouvons-nous comprendre ce qui est dans la terre, et nous ne pouvons trouver sans difficulté et sans travail ce que nous avons entre les mains ; et qui est celui qui a sondé les choses qui sont dans les cieux ?
  17. Qui est celui qui a entendu ton conseil, si tu ne lui as donné la sagesse et si tu ne lui as pas envoyé ton saint Esprit des lieux très-hauts ?
  18. Car c'est par ce moyen que sont dressés les sentiers de ceux qui habitent sur la terre, et que les hommes apprennent ce qui t'est agréable.
  19. Et ils ont été sauvés par la Sagesse. 

CHAPITRE X.

Recueil des divers exemples de forces et vertus, que la sagesse du Seigneur a fait paraître, tant dans la conversion de l'Eglise que dans la ruine de ses ennemis. 

  1. C'est elle qui a gardé le premier père du monde, qui fut le premier formé, ayant été créé seul, et qui le retira de sa propre chute ;
  2. Et lui donna la force de dominer sur toutes choses.
  3. Mais l'injuste, se retirant d'elle dans sa colère, périt en ses passions, qui le poussèrent à tuer son frère.
  4. A cause de quoi, la terre étant couverte du déluge, la sagesse la garda encore, gouvernant le juste par un bois de peu de valeur.
  5. Et, lors aussi que les nations furent confondues dans leur complot malicieux, elle connut le juste et le conserva innocent devant Dieu, le maintenant fort et assuré, parce qu'elle l'aimait affectueusement comme son fils.
  6. Elle a délivré, lorsque les méchants périssaient, le juste qui fuyait le feu qui descendit sur les cinq villes,
  7. De la méchanceté desquelles rendent encore témoignage la terre déserte qui fume, et les arbres qui portent des fruits, lesquels ne viennent jamais à une pleine maturité, avec la statue de sel toute droite, qui est le monument de l'âme incrédule.
  8. Car ceux qui méprisent la sagesse, n'ont pas souffert seulement ce dommage de ne pas connaître ce qui est bon ; mais aussi ils ont tissé aux vivants la mémoire de leur folie, afin qu'ils ne pussent pas même demeurer dans les choses auxquelles ils ont péché.
  9. Mais la sagesse a délivré de peine ceux qui l'ont honorée.
  10. Elle a conduit aussi par le droit chemin le juste, lorsqu'il fuyait le courroux de son frère, et lui a montré le royaume de Dieu, lui donnant la connaissance des choses saintes ; elle l'a fait riche par le travail et a fait profiter ses peines.
  11. Elle lui a tenu compagnie et l'a enrichi contre l'avarice de ceux qui l'opprimaient.
  12. Elle l'a gardé des ennemis et l'a assuré contre ceux qui lui dressaient des embûches. Elle lui a fait gagner le prix d'un rude combat, afin qu'il connût que la crainte de Dieu est plus forte qu'aucune chose.
  13. Elle n'a point abandonné le juste, lorsqu'il fut vendu, mais elle l'a délivré du péché et elle est descendue avec lui dans la prison.
  14. Elle ne l'a point quitté dans les ceps, jusqu'à ce qu'elle lui eût apporté le sceptre du royaume et la puissance sur ceux qui l'opprimaient ; et elle a fait que ceux qui l'avaient blâmé, passèrent pour menteurs ; et elle lui a acquis une renommée éternelle.
  15. C'est elle qui a délivré le peuple saint et la race irrépréhensible de la nation de ceux qui l'opprimaient.
  16. Elle est entrée dans l'âme du serviteur du Seigneur qui s'opposa aux rois terribles avec des merveilles et des miracles.
  17. Elle a rendu aux saints la récompense de leurs travaux et les a conduits par un chemin merveilleux. Elle leurra été, de jour, comme une couverture et, de nuit, comme la lumière des étoiles.
  18. Elle les a fait passer par la mer Rouge et les a fait traverser par l'eau profonde.
  19. Mais elle a noyé leurs ennemis dans la mer et a tiré ceux-là du fond des gouffres.
  20. Ainsi les justes ont butiné les méchants, et ont chanté, ô Seigneur ! ton saint nom, et ont loué d'un commun accord ta main qui les avait défendus.
  21. Car la sagesse a ouvert la bouche des muets et a rendu éloquentes les langues des enfants.

 CHAPITRE XI.

Récit de plusieurs miracles faits par la Sagesse du Seigneur en faveur des israélites, 18. Preuve de la grandeur de sa puissance. 

  1. Elle a fait prospérer les œuvres par le moyen du prophète.
  2. Ils ont traversé des déserts inhabitables et planté leurs tentes en des lieux inaccessibles.
  3. Ils ont tenu bon contre leurs ennemis et se sont vengés de leurs adversaires.
  4. Ils ont eu soif et t'ont invoqué ; alors leur fut donnée de l'eau d'un haut rocher, et, d'une pierre dure, le remède contre la soif.
  5. Car, par les mêmes choses par lesquelles leurs ennemis avaient été punis,
  6. Les enfants d'Israël furent se courus en leurs nécessités.
  7. Car, au lieu de la source perpétuel le du fleuve, leurs ennemis furent étonnés de voir du sang corrompu leur reprochant l'édit qui commandait de faire mourir les petits enfants ;
  8. Et tu as donné à ceux-ci de l'eau en abondance outre leur espérance,
  9. Montrant, par la soif qu'ils eurent alors, comment tu avais puni leurs ennemis.
  10. Car, quand ils furent tentés par un châtiment que tu leur fis toutefois sentir en ta miséricorde, ils connurent quels tourments en duraient les infidèles qui étaient jugés dans ta colère.
  11. Car tu as éprouvé ceux-ci, en les avertissant comme père ; mais tu as condamné les autres, en les examinant comme un roi rigoureux.
  12. Et tant ceux qui étaient absents que ceux qui étaient présents, étaient tourmentés de la même manière,
  13. Parce qu'ils étaient saisis d'une double tristesse et qu'ils gémissaient par le souvenir des choses passées.
  14. Car, quand ils apprirent que, par leurs propres tourments, il arrivait du bien à ceux-ci, ils sentirent le Seigneur.
  15. Et, voyant ce qui était arrivé, ils eurent en admiration celui qui avait été autrefois exposé à la mort, suivant l'édit, lequel ils avaient rejeté avec insulte, ayant bien une autre soif que les justes.
  16. Après, pour récompense des fantaisies folles de leur iniquité, par la séduction desquelles ils ont adoré des reptiles qui n'ont aucun usage de raison, et d'autres bêtes viles, tu leur as envoyé une multitude de bêtes sans raison pour te venger d'eux,
  1. Afin qu'ils connussent que l'homme est puni par les choses mêmes par lesquelles il pèche.
  2. Car ta main toute-puissante et qui a créé tout le monde d'une matière confuse, n'avait pas besoin de puissance pour leur envoyer une multitude d'ours, ou de fiers lions,
  3. Ou de bêtes sauvages pleines de fureur, formées de nouveau et inconnues, qui eussent jeté une haleine brûlante comme le feu ou eussent jeté du feu épouvantable par les yeux ;
  4. Desquels non-seulement la violence les eût pu détruire tous ensemble, mais dont le seul regard terrible les eût pu faire périr entièrement.
  5. Et, sans cela, ils pouvaient être abattus par un seul souffle, étant poursuivis par ta vengeance et défaits par ton Esprit puissant ; mais tu as disposé toutes choses avec mesure, avec nombre et avec poids.
  6. Car il est toujours dans ton pouvoir de montrer ta force merveilleuse en tout et partout, et qui est-ce qui résistera à la force de ton bras ?
  7. Car tout le monde est devant toi comme un grain dans les bassins d'une balance et comme une goutte de rosée qui tombe au matin sur la terre.
  8. Mais tu as pitié de tous, parce que tu peux tout, et tu fais semblant de ne pas voir les péchés des hommes, afin qu'ils se repentent,
  9. Parce que tu aimes toutes les choses qui sont et que tu ne hais aucune des choses que tu as faites ; car tu ne les eusses point créées, si tu les eusses haïes.
  10. Et comment aussi eût subsisté ce que tu n'eusses point voulu ? ou comment eût été gardé ce que tu n'eusses pas ordonné ?
  11. Donc tu les épargnes tous, parce qu'ils sont à toi, ô Seigneur ! Qui aimes les âmes.

 CHAPITRE XII.

But des afflictions, 8. Douceur et modération dont use le Seigneur lorsqu’il exerce ses jugements, tant sur les infidèles, que principalement sur les fidèles. 

  1. Car ton Esprit incorruptible est en tous.
  2. C'est pourquoi tu reprends peu à peu ceux qui sont tombés, et tu les avertis, les faisant souvenir de leurs fautes, afin que, renonçant à leur malice, ils se confient en toi, Seigneur !
  3. Car, haïssant les anciens habitants de ta terre sainte,
  4. Parce qu'ils usaient de sortilèges exécrables et faisaient des sacrifices contraires à toute sainteté,
  5. Meurtrissant cruellement leurs enfants et mangeant les entrailles de la chair humaine dans leurs festins, dans lesquels le sang était exécrablement répandu par leurs sacrificateurs enragés ;
  6. Et que les pères étaient les propres meurtriers de ces âme dénuées de tout secours, les haïssant, dis-je, à cause de ces abominations, tu les voulus détruire par les mains de nos pères,
  7. Afin que cette terre, que tu tiens plus chère que toutes les autres, reçût pour nouveaux habitants dignes d'elle les enfants de Dieu.
  8. Mais toutefois tu les épargnas, comme étant hommes, et tu envoyas des guêpes, comme les avant-coureurs de ton armée, pour les détruire peu à peu.
  9. Ce n'est pas que tu ne pusses assujettir les méchants aux justes par une bataille ou les défaire par des bêtes sauvages ou par un seul mot rigoureux tout à coup ;
  10. Mais, en les punissant peu à peu, tu leur donnais lieu de se repentir, n'ignorant point que leur race était mauvaise, et que, leur malice étant enracinée en eux, leur cœur ne se changerait jamais,
  11. Parce que leur semence était maudite dès le commencement. Et, si tu les as épargnés dans leurs péchés, ce n'était pas que tu ne craignisses personne.
  12. Car qui est-ce qui te demandera : Qu'as-tu fait ? Ou qui est-ce qui contredira à ton jugement ? Qui est-ce qui te tirera en cause pour les nations qui auront été, détruites, lesquelles tu as faites ? Et qui est-ce qui s'élèvera contre toi pour venger les hommes injustes,
  13. Puisqu'il n'y a point d'autre Dieu que toi, qui as le soin de tous, afin que tu montres que tu ne juges point injustement ?
  14. Et il n'y a ni roi, ni tyran qui ose lever les yeux contre toi pour ceux que tu auras punis.
  15. Or, parce que tu es juste, tu gouvernes toutes choses justement et tu estimes qu'il n'appartient point à ta puissance de condamner celui qui n'a point mérité d'être puni.
  16. Car ta force est le principe de la justice, et ce que tu domines sur toutes choses, fait que tu les épargnes toutes.
  17. Car tu montres ta puissance, quand on ne croit point que tu aies une puissance toute parfaite, et tu reprends l'audace des sages.
  18. Toutefois, quoique tu aies toute force en main, tu juges avec toute modération et tu nous gouvernes avec un grand support ; car tu peux tout, quand tu veux.
  19. Mais tu as montré à ton peuple par ces actions que le juste doit être humain, et tu as rempli de bonne espérance tes enfants, parce que tu donnes lieu à la repentance quand on a péché.
  20. Car, si tu as puni les ennemis de tes enfants et ceux qui étaient dignes de mort, avec tant de précaution, leur donnant le temps et le moyen de se corriger de leur malice,
  21. Combien plus prendras-tu garde de près, en jugeant tes enfants, aux pères desquels tu as fait serment et avec qui tu as traité une alliance de bonnes promesses ?
  22. Lors donc que tu nous châties, tu bats de tes fléaux mille fois plus nos ennemis, afin qu'en jugeant, nous pensions sérieusement à ta bonté, et qu'étant jugés, nous attendions miséricorde.
  23. C'est pourquoi aussi tu as tourmenté les injustes, qui ont vécu dans leur folie, par leurs propres abominations,
  24. De sorte qu'en s'égarant, ils sont entrés bien avant dans le chemin de l'erreur, jusqu'à penser que les bêtes mêmes, que leurs ennemis méprisaient, fussent des dieux, se laissant abuser comme de petits enfants qui sont sans entendement.
  25. C'est pourquoi, pour te moquer d'eux, tu les as traités, en ton jugement, comme de petits enfants qui n'ont point l'usage de la raison.
  26. Mais eux, ne s'étant point amendés par ces choses vaines, par lesquelles tu les reprenais, sentiront un jugement digne de Dieu.
  27. Car, en se dépitant de ce qu'ils souffraient lorsqu'ils étaient châtiés à cause de ceux qu'ils estimaient être dieux, ils ont aperçu en eux- mêmes celui qu'ils reniaient auparavant, et ont reconnu qu'il était le vrai Dieu ; c'est pour quoi une extrême condamnation est venue sur eux.

 CHAPITRE XIII.

Vanité et stupidité de tous les idolâtres. 

  1. Certainement tous les hommes qui n'ont pas la connaissance de Dieu, sont vains de leur nature et, ne pouvant pas connaître celui qui est, par les choses bonnes qui se présentent à leurs yeux, ils ne reconnaissent pas l'ouvrier par la considération de ses ouvrages.
  2. Au contraire, ils ont pensé que le feu, ou le vent, ou l'air mobile, ou les cercles des astres, ou l'eau impétueuse, ou les luminaires du ciel étaient des dieux qui gouvernaient le monde.
  3. Que si, étant attirés par la beauté de ces choses, ils les ont prises pour des dieux, au moins devaient-ils avoir connu combien leur maître est plus excellent ; car le premier auteur de toute beauté les a faites.
  4. Que s'ils ont eu en admiration leur puissance et leur vertu, au moins devaient-ils comprendre de là combien celui qui les a faites, est encore plus puissant.
  5. Car par la grandeur et la beauté de toutes les créatures, le Créateur, leur étant comparé, se peut contempler par quelque proportion.
  6. Mais encore y a-t-il moins de sujet de répréhension, car peut être que tels se sont trompés en cherchant Dieu et le voulant trouver.
  7. Car ils s'exercent à la recherche de ses œuvres et ils sont persuadés par la vue que les choses qu'ils voient, sont bonnes.
  8. Et toutefois ceux- là même ne sont pas dignes de pardon.
  9. Car, s'ils en ont pu tant comprendre, que de pouvoir atteindre jusqu'à la connaissance du monde comment n'ont-ils plus tôt trouvé le maître de toutes ces choses ?
  10. Mais ceux-là sont entièrement misérables qui ont appelé dieux les œuvres des mains des hommes, l'or et l'argent mis en œuvre par art, les ressemblances des animaux ou la pierre inutile, qui est l’ouvrage d'une main antique ; et leur espérance est en des choses mortes.
  11. Que si même un menuisier, ayant coupé un bel arbre, ôte adroitement toute l'écorce d'alentour et en fait, selon son art, quelque belle pièce de ménage, dont on se puisse servir ;
  12. Et qu'ensuite, des pièces qui restent de son ouvrage, il en cuise sa viande pour prendre son repas ;
  13. Enfin, qu'il en prenne le reste qui ne sert à rien, un tronc tout courbé et raboteux, lequel il taille diligemment à son loisir, et lui donne une forme selon qu'il est expert dans son art, et le fasse ressembler à un homme ;
  14. Ou qu'il en fasse la figure d'une bête vile, et que, le frottant avec du vermillon, il lui donne de la couleur et couvre toutes les taches qui y sont ;
  15. Puis, lui ayant dressé une maison honorable, le mette contre une muraille, l'attachant avec du fer,
  16. Il a bien pourvu par ce moyen à ce qu'il ne tombe pas, parce qu'il sait qu'il ne se peut soutenir soi-même, à cause que c'est une image qui a besoin qu'on lui aide ;
  17. Mais il n'a point de honte de le prier pour ses biens, pour son mariage et pour ses enfants, parlant à une chose qui n'a point d'âme.
  18. Et il invoque pour sa santé ce qui est faible, et prie pour sa vie ce qui est mort ; il implore à son secours ce qui n'a nulle expérience ;
  19. Il prie pour son voyage ce qui ne saurait marcher un pas ; il demande de l'adresse pour gagner, · pour travailler et pour être habile ouvrier, à ce qui n'a pas le pouvoir de se remuer.

 CHAPITRE XIV.

De la providence de Dieu, surtout dans la navigation ; 8. De l'origine des idoles, 23. Et des grands maux qui procèdent de l'idolâtrie. 

  1. Un autre aussi, équipant un navire et ayant à voyager au travers des vagues impétueuses, réclame un bois plus pourri que le navire qui le porte.
  2. Car la convoitise du gain a inventé le navire, et l'ouvrier l'a bâti par son adresse.
  3. Mais, ô Père ! c'est ta providence qui le gouverne, vu que tu as donné et la voie dans la mer le chemin assuré parmi les vagues,
  4. Pour faire voir que tu peux sauver de tous lieux, même si quelqu'un y montait sans le secours d'aucun art.
  5. Toutefois tu ne veux point que les œuvres de ta sagesse soient inutiles ; c'est pourquoi les hommes confient leurs personnes à un bois bien petit, et, en passant par la mer impétueuse dans un vaisseau, ils y sont conservés.
  6. Car aussi, dès le commencement, quand les géants orgueilleux périssaient, l'espérance du monde eut son refuge à un vaisseau de bois et, étant gouverné par ta main, laissa une semence de génération au monde.
  7. Car le bois par lequel la justice est exercée, est béni.
  8. Mais celui qui est fait de main, est maudit, tant lui que l'ouvrier qui l'a fait : celui-ci, parce qu'il en est l’ouvrier ; et celui-là, parce qu'étant corruptible, il a reçu le titre et le nom de dieu.
  9. Car le méchant et sa méchanceté sont également haïs de Dieu.
  10. C'est pourquoi l'ouvrage sera puni avec celui qui l'a fait.
  11. C'est pourquoi l'examen sera fait des idoles des Gentils, parce que, de créatures de Dieu, elles ont été converties en abomination pour faire tomber les âmes des hommes et pour être comme un piège pour attraper les pieds des insensés.
  12. Car l'invention des idoles a été le commencement de la paillardise et la corruption de la vie.
  13. Elles n'ont point été du commencement, aussi ne dureront-elles pas toujours.
  14. Parce qu'elles ont été introduites au monde pour la vaine gloire des hommes, c'est pourquoi il a été ordonné que leur fin arriverait bientôt.
  15. Car un père, étant amèrement affligé de la mort précipitée de son fils, qui lui avait été si tôt enlevé, lui ayant fait une image, honora comme dieu ce qui n'est qu'une créature morte, ordonnant pour cela à ses sujets des cérémonies et des sacrifices.
  16. Et puis cette méchante coutume, se confirme avec le temps, a été observée pour loi, et les images ont été adorées par les commandements des tyrans.
  17. Car les hommes ne les pouvant honorer en leur présence. Parce qu'ils demeuraient loin, ils contrefirent le visage qui était loin d'eux, et firent une image qui représentait au vif le roi qu'ils honoraient, afin de le flatter par leur affection, aussi bien absent que présent.
  18. L'ambition aussi de l'ouvrier a aidé à pousser bien avant les ignorants à ce service des idoles.
  19. Car l'ouvrier, voulant peut-être complaire au prince, s'est efforcé de représenter par son art sa figure en perfection.
  20. Et le commun peuple, attiré par la beauté de l'ouvrage, a d'abord attribué une majesté divine à celui qu'il honorait auparavant comme homme.
  21. Et ceci est devenu un piège à la vie humaine, parce que les hommes, asservis par la calamité et la tyrannie, ont imposé à des pierres et à du bois un nom qui ne doit être communiqué à aucune chose.
  22. Davantage, il n'a pas suffi aux hommes d'avoir été dans l'erreur touchant la connaissance de Dieu ; mais, vivant dans une grande guerre d'ignorance, ils donnent à de si grands maux le nom de paix.
  23. Car, en faisant des sacrifices pour immoler leurs enfants, ou des cérémonies secrètes, ou des banquets furieux, selon les coutumes étrangères,
  24. Ils ne gardent ni manière de vivre, ni mariage en pureté ; mais ou l'un tue l'autre par trahison, ou l'un afflige l'autre par adultère.
  25. Tout est pêle-mêle dans la confusion, le sang et le meurtre, le larcin et la fraude, la corruption, l'infidélité, le tumulte, le parjure, le trouble des gens de bien.
  26. L'oubli des bienfaits, la souillure des âmes, les changements de lignée, le désordre dans le mariage, l'adultère et l'impudicité, dominent parmi tous indifféremment,
  27. Parce que l'adoration des idoles, qui ne sont pas dignes d'être nommées, est le commencement, la cause et la fin de tout mal.
  28. Car, en se réjouissant, ou ils deviennent enragés, ou ils prophétisent des mensonges, ou ils vivent mal, ou ils se parjurent sur-le champ,
  29. Parce que, mettant leur confiance en des idoles qui n'ont point de vie, lorsqu'ils jurent faussement, ils ne s'attendent pas d'en recevoir du mal.
  30. Mais, pour ces deux causes, ils seront justement punis, savoir, parce qu'ils ont mal jugé de Dieu, s'attachant aux idoles, et parce qu'ils ont iniquement juré par fraude, méprisant la sainteté.
  31. Car ce n'est point la puissance de ceux par lesquels ils jurent, mais c'est la juste vengeance de ceux qui ont péché, qui vient toujours en jugement contre la transgression des iniques.

 CHAPITRE XV.

Bonté du Seigneur envers son peuple ; 6. Extravagance des idolâtres. 

  1. Mais tu es notre Dieu doux, véritable, patient et qui gouvernes toutes choses par ta miséricorde.
  2. Car, quoique nous péchions, nous sommes tiens, en connaissant ta force ; mais nous ne pécherons point, sachant que nous sommes à toi,
  3. Parce que te connaître, c'est la justice entière, et entendre ta vertu, c'est la racine de l'immortalité.
  4. Car l'invention malicieuse des hommes ne nous a point trompés, ni le travail inutile des peintres, savoir, l'image qui est peinte de diverses couleurs,
  5. Dont la vue excite la convoitise des fous, qui convoitent la figure sans esprit d'une image morte.
  6. Telles gens qui aiment les choses méchantes, sont dignes de telles espérances, tant ceux qui les font que ceux qui les désirent et qui les honorent.
  7. Car le potier de terre, ayant pétri par son travail la terre molle, en forme chaque pièce telle qu'il veut pour notre usage, et, d'une même terre, il en forme des vaisseaux pour servir à des usages honnêtes et d'autres aussi pour des usages contraires ; or le potier lui-même est le juge de l'usage que chacune doit avoir.
  8. Puis lui-même, employant mal son temps, forme de la même boue un dieu de néant, lui qui, un peu auparavant, a été formé de terre et y doit retourner bientôt, puisqu’il en a été pris, savoir, quand son âme lui sera redemandée comme une chose qui lui a été prêtée.
  9. Mais il ne se soucie point de la peine qu'il aura, ni de ce que sa vie est de petite durée ; mais il tâche seulement de surpasser les orfèvres et, imitant les fondeurs en argent et en cuivre, il fait gloire de savoir contrefaire des tromperies.
  10. Son cœur n'est que poudre, et son espérance est plus vile que la terre, et sa vigne moins digne d'honneur que la boue,
  11. Parce qu'il ignore celui qui l'a formé et qui lui a inspiré une âme agissante et soufflé en lui l'esprit qui le fait vivre.
  12. Mais telles gens comptent notre vie pour un jeu et le cours de la vie comme une foire où il y a à gagner, disant, qu'il faut gagner comme on peut et même par le moyen du mal.
  13. Car un tel homme sait bien qu'il pèche plus que tous les autres, en formant d'une même matière terrestre des vaisseaux fragiles et des images.
  14. Or tous les ennemis de ton peuple, qui l'oppriment par leur violence, sont entièrement dépourvus de sens et plus misérables encore que les fous mêmes,
  15. Parce qu'ils estiment que toutes les idoles des nations sont des dieux, quoiqu'elles ne se puissent servir ni de leurs yeux pourvoir, ni de leurs narines pour at tirer l'air, ni de leurs oreilles pour ouïr, ni des doigts de leurs mains pour toucher, et desquelles les pieds sont incapables de marcher.
  16. Car c'est un homme qui les a faites, et celui qui les a formées, a emprunté son esprit d'ailleurs, et il n'y a aucun homme qui puisse former un dieu semblable à soi-même.
  17. Mais lui, étant mortel, fait une chose morte de ses mains injustes. Et, en effet, il est plus excellent que les choses qu'il adore, puisqu'il a lui-même eu la vie, et qu'elles ne l'eurent jamais.
  18. Davantage, ils adorent entre les bêtes celles qui leur sont les plus ennemies et qui sont les pires, si on en fait comparaison avec les autres, parce qu'elles n'ont nul sens ;
  19. Et même qui n'ont point tant de beauté (selon que le peut porter la forme des bêtes) qu'elles soient désirables, mais qui sont privées de la louange et de la bénédiction de Dieu.

 CHAPITRE XVI.

Le Seigneur traitant avec bonté les israélites, leur a fait tourner toute chose en bien, tandis qu’il a puni les Égyptiens comme ils l’avaient mérité. 

  1. C'est pourquoi ils ont été justement punis par de semblables animaux et tourmentés par une multitude de bêtes.
  2. Mais, au lieu de cette punition, tu as fait grâce à ton peuple, quand tu lui as préparé une viande de nouveau goût, savoir, des cailles, pour satisfaire leur appétit,
  3. Afin que ceux-là, quand ils auraient faim, eussent même en horreur leur appétit naturel et nécessaire à cause des choses étranges que tu leur faisais voir et que tu leur envoyais, et afin que ceux qui, pour un peu de temps, avaient été dans l'indigence, reçussent même une viande de nouveau goût.
  4. Car il était raisonnable que ceux-là qui usaient de tyrannie, tombassent en une indigence inévitable, et qu'il fût montré seulement à ceux-ci comment leurs ennemis étaient tourmentés.
  5. Car, en effet, quand l'âpre fureur des bêtes les assaillit, et qu'ils furent blessés à mort par les morsures des serpents dangereux,
  6. Ta colère ne dura pas jusqu'à la fin ; mais ils furent troublés pour un peu de temps, afin d'être corrigés, ayant un sacrement de salut, lequel les fit souvenir de l'ordonnance de ta loi.
  7. Car celui qui l'avait regardé, n'était pas guéri à cause qu'il regardait ; mais il l'était par toi, qui es le sauveur de tous les hommes.
  8. En quoi tu as fait voir à nos ennemis que c'est toi qui délivres de tout mal.
  9. Car, quant à ceux-là, les morsures des sauterelles et des mouches les ont fait mourir, et il ne s'est point trouvé de remède pour garantir leur vie, parce qu'ils étaient dignes d'être punis par ces choses-là.
  10. Mais tes enfants n'ont point été vaincus même par les dents des dragons venimeux, parce que ta miséricorde les a secourus et les a guéris.
  11. Car ils étaient comme piqués d'aiguillons, afin qu'ils se souvins sent de tes paroles, et d'abord ils étaient guéris, de peur qu'étant tombés en un oubli profond, ils n'en pussent plus être retirés par ta bénéficence.
  12. Car ce n'a été ni herbe ni emplâtre qui les a guéris, mais ta parole, Seigneur ! qui donne la santé à toutes choses,
  13. Parce que tu as la puissance de la vie et de la mort, et que tu mènes jusqu'aux portes de l'enfer, et que tu en ramènes.
  14. Il est vrai qu'un homme peut par sa malice en tuer un autre, dont l'âme, étant sortie, ne retournera point ; mais il ne peut dissoudre l'âme qui a été recueillie.
  15. Mais c'est une chose impossible de fuir ta main.
  16. Car les infidèles, qui disaient qu'ils ne te connaissaient point, ont été battus par la force de ton bras, étant poursuivis par des pluies étranges, des grêles et des orages, sans les pouvoir éviter ; puis ils ont été consumés par le feu.
  17. Car, ce qui est digne d'une grande admiration, le feu avait une plus grande force dans l'eau qui éteint tout, parce que le monde combat pour la défense des justes.
  18. Car, pendant quelque temps, la flamme se modérait, afin de ne pas brûler les bêtes qui étaient en envoyées sur les infidèles, mais afin de leur faire voir clairement qu'ils étaient poursuivis du jugement de Dieu.
  19. Quelquefois aussi elle brûlait au milieu de l'eau, surpassant la force du feu, afin de détruire la race qui avait été produite dans la terre injuste.
  20. Mais, au lieu de cela, tu as nourri ton peuple de la viande des anges, et tu lui as envoyé du ciel, sans qu’il n’y eût en rien travaillé, du pain tout prêt, qui avait en soi la force de toutes les délices et qui s'accordait au goût de tous.
  1. Car cette substance qui venait de toi, faisait voir quelle est ta douceur envers tes enfants, et, servant à l'appétit de celui qui la prenait, elle s'accommodait selon son désir.
  2. Davantage, la neige et la glace ont tenu contre le feu et n'ont point été fondues, afin qu'ils connussent que le feu, qui, en brûlant parmi la grêle et étincelant parmi les pluies, avait détruit les fruits des ennemis,
  3. Avait, au contraire, oublié sa propre force, afin que les justes fussent nourris.
  4. Car la créature qui te sert, toi qui l'as faite, redouble sa force pour la punition des injustes et elle se ralentit pour faire du bien à ceux qui se confient en toi.
  5. C'est pourquoi, étant alors transformée en toutes manières, elle servait à ta libéralité, qui nourrit tout, selon le désir des indigents,
  6. Afin que tes enfants, lesquels tu aimes, ô Seigneur ! apprissent que ce ne sont pas les revenus des fruits qui nourrissent l'homme, mais que c'est ta parole qui garde ceux qui croient en toi.
  7. Car ce qui ne se corrompait point du tout par le feu, se fondait, étant seulement échauffé d'un petit rayon du soleil,
  8. Afin qu'il fût connu qu'il faut devancer le soleil pour te remercier et qu'il faut te saluer dès le point du jour,
  9. Parce que l'espérance de l'homme ingrat s'évanouira comme la glace de l'hiver et s'écoulera comme de l'eau qui ne sert de rien. 

CHAPITRE XVII.

Des ténèbres que le Seigneur envoya au pays d’Egypte, lorsqu’il en voulut retirer son peuple par le moyen de moïse. 

  1. Car tes jugements sont grands et ne peuvent pas bien se raconter, c'est pourquoi les personnes mal instruites ont été abusées.
  2. Car les iniques, présumant de tenir sujette la nation sainte, ont été liés par des liens de ténèbres et d'une longue nuit, renfermés dans leurs maisons et gisants là comme exclus de la providence éternelle,
  3. De sorte que, pensant être bien cachés avec leurs péchés occultes, comme sous un voile obscur d'oubli, ils ont été dispersés, extrêmement effrayés et troublés par des visions étranges.
  4. Car la cachette dans laquelle ils étaient, ne les gardait point en sûreté ; mais des sons divers bruyant à l'entour pour les étonner, et des spectres tristes et d'un regard affreux leur apparaissaient.
  5. Le feu aussi n'avait aucune vertu pour les éclairer, et les rayons brillants des étoiles ne pouvaient illuminer cette nuit épouvantable.
  6. Mais seulement quelques feux pleins de frayeurs, s'élevant d'eux-mêmes, se montraient à eux, tellement qu'étant effrayés de cette vision qui ne se voyait point, ils en estimaient pires les choses qui se voyaient.
  7. Cependant les illusions de l'art magique étaient abattues avec un reproche honteux de l'orgueil qu'ils avaient de leur savoir.
  8. Car ceux qui promettaient de chasser hors de la personne malade toutes sortes de craintes et de troubles, étaient eux-mêmes tourmentés d'une frayeur ridicule,
  9. Vu que, lors même qu'il n'y avait rien de terrible pour leur faire peur, ils étaient toutefois épouvantés de la rencontre des bêtes et du sifflement des serpents, et mouraient de peur,
  10. Disant qu'ils ne voyaient pas même l'air, lequel toutefois on ne saurait éviter.
  11. Car la malice est une chose qui intimide, qui se condamne par son propre témoignage et qui, étant pressée par la conscience, anticipe toujours ce qui la fâchera,
  12. Parce que la peur n'est autre chose qu'une trahison et une révolte du secours qui procède de la raison.
  13. Et plus l'attente qui est au dedans, est petite, plus il estime grande, sans la connaître, la cause de ce qui le tourmente
  14. Eux donc, abattus d'un même sommeil, pendant cette nuit vraiment insupportable et qui procédait des cavernes de l'enfer insupportable,
  15. Étaient, d'un côté, poursuivis par les monstres des fantômes et, de l'autre, défaillaient comme trahis par leur propre âme, parce qu'une crainte soudaine et non attendue les surprit.
  16. Et, par ce moyen, quiconque y tombait, était mis en garde et serré en une prison sans fers.
  17. Car, soit que ce fût un laboureur, ou un berger, ou un homme qui travaillait avec peine aux champs, qui eût été ainsi surpris, il lui fallait soutenir une nécessité dont il ne pouvait échapper, 18. parce qu'ils étaient tous liés d'une même chaîne de ténèbres. Soit qu'un vent sifflât, ou que le son mélodieux des oiseaux résonnât entre les branches épaisses, ou que le murmure de l'eau qui coulait avec impétuosité, frappât leurs oreilles,
  18. Ou le grand bruit que faisaient les pierres en tombant, ou la course des animaux se jouant sans qu'ils les pussent apercevoir, ou la voix des bêtes sauvages et cruelles, lorsqu'elles hurlaient, ou un écho produit par la répercussion de la concavité des montagnes, tout cela les faisait évanouir de peur.
  19. Car tout le reste du monde était éclairé d'une claire lumière et rempli d'hommes qui travaillaient sans aucun empêchement.
  20. Il n'y avait que ceux-là sur lesquels était étendue une nuit pesante, qui était la figure des ténèbres qui les devaient saisir, et ils étaient devenus plus insupportables à eux-mêmes que les ténèbres mêmes.

 CHAPITRE XVIII.

De la colonne de feu, envoyée pour éclairer les israélites, 10. De la mort des premiers nés d’Egypte. 20. Et de la plaie qui arriva au peuple à l’occasion de Coré. 

  1. Mais il y avait une grande clarté pour tes saints, dont les autres entendant la voix et ne voyant point la face, les estimaient bien heureux de ce qu'ils n'étaient pas aussi dans la même souffrance.
  2. Et même ils les remerciaient de ce qu'ils ne leur faisaient point de mal, après en avoir été outragés, et leur demandaient pardon des torts qu'ils leur avaient faits.
  3. Pour cela donc, tu leur donnas une colonne flamboyante, qui leur servit de guide dans le chemin qui leur était inconnu, et comme d'un soleil qui ne nuisait point, pour leur voyage glorieux.
  4. Car ceux-là étaient dignes d'être privés de la clarté et d'être renfermés dans les ténèbres, qui avaient, tenu enfermés tes enfants, par lesquels la lumière incorruptible de la loi devait être donnée au monde.
  5. Et, quand ils eurent délibéré de tuer les petits enfants des saints, et que l'un d'eux, qui avait été exposé, eut été sauvé pour les convaincre, tu leur ôtas la multitude des enfants et tu les détruisis tous ensemble dans les grandes eaux.
  6. Cette nuit-là avait été auparavant notifiée à nos pères, afin qu'ils eussent bon courage, sachant quels étaient les serments auxquels ils avaient cru.
  7. Ainsi ton peuple reçut le salut des justes et la ruine des ennemis.
  8. Car, comme tu as puni les adversaires, ainsi, en nous appelant à toi, tu nous as glorifiés.
  9. Car les saints enfants des bons avaient sacrifié en secret et ils avaient fait une ordonnance divine tous d'un accord, que les saints participeraient en commun aux mêmes biens et aux mêmes dangers, les pères étant les premiers à chanter les saintes louanges.
  10. Mais, en même temps, un cri confus des ennemis retentissait, et une lamentation misérable se levait à cause des enfants qu'on pleurait.
  11. Car le serviteur était puni du même jugement que le maître, et le commun peuple était affligé comme le roi.
  12. Et tous pareillement, sous un seul titre de mort, avaient une infinité de personnes mortes, tellement que les survivants ne pouvaient point suffire à ensevelir les morts, parce que leur plus excellente lignée avait été détruite en un moment.
  13. Ainsi ceux qui n'avaient rien cru à cause des sortilèges, confessèrent, à la mort des premiers-nés, que ce peuple était fils de Dieu.
  14. Car, comme toutes choses étaient dans un profond silence, et que la nuit était déjà au milieu de son cours,
  15. Ta parole toute-puissante se jeta des cieux de ton trône royal, comme un soldat robuste au milieu du méchant pays,
  16. Portant comme une épée aiguë ton commandement précis, et, se tenant debout, remplit tout de mort, touchant de la tête au ciel et marchant sur la terre.
  17. Alors subitement des imaginations de songes terribles les épouvantèrent, et des peurs qu'ils n'avaient jamais attendues, leur survinrent.
  18. C'est pourquoi les uns couchés deçà, les autres delà, tous plats et à demi morts, montraient pour quelle cause ils mouraient.
  19. Car ces songes-là qui les avaient épouvantés, leur avaient signifié cela auparavant, afin qu'ils ne périssent pas sans savoir pourquoi ils étaient affligés.
  20. Il est vrai que l'épreuve de la mort a bien aussi touché les justes, et qu'il y a eu au désert une plaie de la multitude ; mais ce courroux ne dura pas longtemps.
  21. Car, aussitôt l'homme innocent les défendit, mettant en avant les armes de son ministère, savoir, la prière et la réconciliation par le parfum, s'opposant au courroux, et il mit fin à la calamité, montrant qu'il était ton serviteur.
  22. Or il ne vainquit point l'exterminateur par force de corps ni par exploit d’armes ; mais il s'assujettit par la parole celui qui punissait, en ayant allégué les serments et les alliances faites aux pères.
  23. Car, les morts étant déjà tombés les uns sur les autres en monceaux, se tenant entre deux, il en arrêta le courroux et l'empêcha de passer jusqu'à ceux qui étaient encore en vie,
  24. Parce qu'il y avait tout l'ornement par-dessus la longue robe, et les excellences des pères aux quatre rangées des pierres précieuses, avec ta majesté au diadème de sa tête.
  25. A ces choses, l'exterminateur céda et les redouta ; car c'était assez qu'ils eussent essayé le courroux.

 CHAPITRE XIX.

Du passage de la mer Rouge, où Dieu montra sa grande puissance, tant en faveur de son peuple, que dans la juste punition de ses ennemis. 

  1. Mais, quant aux méchants, la fureur sans miséricorde est demeurée sur eux jusqu'à la fin, parce qu'il avait aussi prévu ce qu'ils feraient à l'avenir.
  2. C'est qu'ayant donné congé au peuple et l'ayant sollicité de partir en diligence, ils le poursuivraient, ayant changé d'avis.
  3. Car, ayant encore le deuil entre les mains et se lamentant au sépulcre des morts, ils prirent une autre folle délibération et poursuivirent comme fugitifs ceux qu'ils avaient fait partir avec prières.
  4. Parce que la nécessité dont ils étaient dignes, les conduisait à cette fin et leur faisait oublier les choses qui étaient arrivées, afin qu'ils accomplissent la punition qui manquait encore à leurs tourments,
  5. Et que, ton peuple essayant un passage contre toute espérance, ils tombassent en un genre de mort étrange.
  6. Car toute créature en son espèce a pris comme de nouveau une nouvelle forme pour servir à tes propres commandements, afin que tes enfants fussent gardés sans aucun dommage.
  7. La nuée fit ombrage au camp, et la terre sèche, se levant d'entre les eaux qui l'occupaient auparavant, apparut ; un chemin aussi sans empêchement s'ouvrit dans la mer Rouge, et, au lieu du gouffre impétueux, il y eut comme un champ couvert d'herbe,
  8. Par lequel tout le peuple passa, étant protégé par ta main et contemplant des monstres merveilleux,
  9. De sorte qu'ils hennirent comme des chevaux et qu'ils bondirent comme des agneaux, en te louant, Seigneur, qui les avais délivrés.
  10. Car ils se souvenaient encore de ce que tu avais fait en la terre où ils avaient habité comme étrangers, savoir, comment, au lieu des bêtes, la terre avait produit des mouches, et comment le fleuve avait dégorgé une multitude de grenouilles au lieu de poissons.
  11. Après, ils virent une nouvelle sorte d'oiseaux, lorsque, étant poussés par leur convoitise, ils demandèrent des viandes délicieuses.
  12. Car, pour les satisfaire, il leur fit monter des cailles de la mer. Or les punitions surprirent les pécheurs, non sans des signes de tonnerres impétueux qui précédèrent, parce qu'ils souffraient des peines dignes de leurs méchancetés, pour avoir exercé une grande cruauté envers des étrangers.
  1. Car les uns ne recevaient point ceux qui étaient entre eux sans connaissance, les autres opprimaient par servitude les étrangers qui leur avaient fait du bien.
  2. Et non-seulement cela ; mais aussi ils ne pouvaient souffrir que quelqu'un en eût pitié, parce qu'ils traitaient les étrangers sans aucune amitié.
  3. Les autres, après leur avoir fait grande fête à leur arrivée, les tourmentèrent à force de travail, lorsqu'ils étaient déjà unis dans les mêmes droits et dans la même bourgeoisie,
  4. C'est pourquoi ils furent frappés d'aveuglement, comme autre fois certains personnages devant la porte du juste, lesquels, environnés de ténèbres épaisses, allaient cherchant chacun le chemin de sa maison.
  5. Car les éléments s'accordaient entre eux dans ce changement, comme en un psaltérion les sons changent le nom de l'accord, demeurant toutefois en leur ton, ce qu'on peut voir en considérant diligemment les choses qui ont été faites.
  6. Car les bêtes terrestres devenaient aquatiques, et celles qui étaient faites pour nager dans l'eau, sortaient pour marcher sur la terre.
  7. Le feu retenait sa force dans l'eau, ayant oublié sa propre force, et l'eau oubliait la vertu d'éteindre.
  8. Au contraire, les flammes ne gâtèrent point les corps des animaux corruptibles, bien qu'ils marchassent au milieu d'elles, et ne fondirent point ce qui ressemblait à la glace, d'une nature sujette à couler, et qui était une sorte de viande immortelle.
  9. Car, en toutes choses, Seigneur ! tu as magnifié et glorifié ton peuple, et tu n'as pas dédaigné de l'assister en tout temps et en tout lieu.