ARGUMENT
Cet Évangile a été écrit quelque temps après celui de Saint Matthieu et comme l’on croit, environ dix ans après l’ascension de Jésus-Christ, et cela par Saint Marc, sous les yeux de l’Apôtre Saint Pierre.
Chapitres Chapitre I. Chapitre II. Chapitre III. Chapitre IV. Chapitre V. Chapitre VI Chapitre VII. Chapitre VIII. Chapitre IX. Chapitre X. Chapitre XI. Chapitre XII. Chapitre XIII. Chapitre XIV. Chapitre XV. Chapitre XVI. Livres du Nouveau Testament.
Saint Marc rapporte en abrégé la prédication de Jean-Baptiste, le baptême de Jésus-Christ, sa tentation, le commencement de sa prédication dans la Galilée et la vocation de quelques apôtres. Il récite ensuite la guérison d’un homme possédé d’un esprit malin, celle de la belle-mère de Saint Pierre, de divers malades et d’un lépreux.
1 Le commencement de l’évangile de Jésus-Christ, Fils de Dieu,
2 conformément à ce qui est écrit dans les prophètes : Voici, j’envoie mon messager devant ta face, qui préparera le chemin devant toi ;
3 La voix de celui qui crie dans le désert est : Préparez le chemin du Seigneur ; aplanissez ses sentiers.
4 Conformément à cela, dis-je, Jean baptisait dans le désert, et prêchait le baptême de repentance, pour la rémission des péchés.
5 Et toute la Judée, ceux de Jérusalem allaient à lui, et ils étaient tous baptisés par lui dans le fleuve du Jourdain, en confessant leurs péchés.
6 Jean était vêtu de poils de chameau, il avait une ceinture de cuir autour de ses reins, et il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage.
7 Et il prêchait en disant : Il en vient un après moi, qui est plus puissant que moi, et dont je ne suis pas digne, en me baissant, de délier la courroie des souliers.
8 Il est vrai que je vous ai baptises d’eau ; mais il vous baptisera du Saint-Esprit.
9 Il arriva, en ce temps-là, que Jésus vint de Nazareth, ville de Galilée, et il fut baptisé par Jean dans le Jourdain.
10 Et comme Jésus sortait de l’eau, Jean vit tout d’un coup les cieux se fendre et le Saint-Esprit descendre sur lui comme une colombe.
11 Et on entendit une voix qui venait des cieux et qui dit : Tu es mon fils bien-aimé, en qui j’ai mis toute mon affection.
12 Et incontinent l’Esprit le poussa au désert.
13 Et il fut là au désert quarante jours étant tenté par Satan ; et il était parmi les bêtes sauvages, et les anges le servaient.
14 Or, après que Jean eut été mis en prison, Jésus s’en alla en Galilée, prêchant l’évangile du règne de Dieu,
15 Et disant : Le temps est accompli, et le règne de Dieu approche. Amendez-vous et croyez à l’évangile.
16 Et comme il marchait le long de la mer de Galilée, il vit Simon et André son frère qui jetaient leurs filets dans la mer ; car ils étaient pêcheurs.
17 Alors Jésus leur dit : Suivez-moi, et je vous ferai pêcheurs d’hommes.
18 Et aussitôt, laissant leurs filets, ils le suivirent.
19 Et de là passant un peu plus loin, il vit dans une barque Jacques, fils de Zébédée, et Jean son frère qui raccommodaient leurs filets.
20 Au même instant il les appela ; et eux, laissant Zébédée leur père dans la barque avec les ouvriers, ils le suivirent.
21 Ensuite ils entrèrent à Capernaüm ; et Jésus étant d’abord entré dans la synagogue le jour du sabbat, il y enseignait.
22 Et ils étaient étonnés de sa doctrine ; car il les enseignait comme ayant autorité, et non pas comme les Scribes.
23 Or, il se trouva dans leur synagogue un homme possédé d’un esprit immonde, qui s’écria,
24 Et dit : Ah ! qu’y a-t-il entre toi et nous, Jésus Nazarien ? Es-tu venu pour nous perdre ? Je sais qui tu es ; tu es le Saint de Dieu.
25 Mais Jésus, le menaçant, lui dit : Tais-toi, et sors de lui.
26 Alors l’esprit immonde, l’agitant avec violence et jetant un grand cri, sortit de lui.
27 Et ils en furent tous étonnés, de sorte qu’ils se demandaient entre eux : Qu’est-ce que ceci ? Quelle est cette nouvelle doctrine, qu’il commande avec autorité même aux esprits immondes, et qu’ils lui obéissent ?
28 Et sa réputation se répandit incontinent par toute la contrée des environs de la Galilée.
29 Aussitôt après, étant sortis de la synagogue, ils vinrent avec Jacques et Jean dans la maison de Simon et d’André.
30 Or, la belle-mère de Simon était au lit, malade de la fièvre ; et d’abord ils lui parlèrent d’elle.
31 Alors s’approchant, il la fit lever en la prenant par la main ; et au même instant la fièvre la quitta et elle les servit.
32 Et le soir étant venu, après le coucher du soleil, ils lui amenèrent tous ceux qui étaient malades, et les démoniaques.
33 Et toute la ville était assemblée à la porte de la maison.
34 Et il guérit plusieurs malades de diverses maladies, et chassa plusieurs démons, ne permettant pas aux démons de dire qu’ils le connaissaient.
35 Le lendemain matin, comme il faisait encore fort obscur, s’étant levé, il sortit et s’en alla dans un lieu écarté, et il y priait.
36 Et Simon, et ceux qui étaient avec lui le suivirent.
37 Et l’ayant trouvé, ils lui dirent : Tous te cherchent.
38 Et il leur dit : Allons-nous-en aux bourgs des environs, afin que j’y prêche aussi, car c’est pour cela que je suis venu.
39 Et il prêchait dans leurs synagogues, par toute la Galilée, et il chassait les démons.
40 Et un lépreux vint à lui, qui, s’étant jeté à genoux, le pria et lui dit : Si tu veux, tu peux me nettoyer.
41 Et Jésus, ému de compassion, étendit la main, et le toucha, et lui dit : Je le veux, sois nettoyé.
42 Et dès qu’il eut dit cela, la lèpre quitta aussitôt cet homme, et il fut nettoyé.
43 Et Jésus lui ayant défendu sévèrement d’en parler, le renvoya incontinent.
44 Et il lui dit : Garde-toi d’en rien dire à personne ; mais va-t’en et montre-toi au sacrificateur, et offre pour ta purification ce que Moïse a commandé, afin que cela leur serve de témoignage.
45 Mais cet homme, étant sorti, se mit à publier hautement la chose et à la divulguer, en sorte que Jésus ne pouvait plus entrer ouvertement dans la ville ; mais il se tenait dehors dans des lieux écartés, et de toutes parts on venait à lui.
REFLEXIONS
I. Saint Marc nous apprend, au commencement de son Évangile, que Jean-Baptiste fut envoyé, conformément aux oracles des prophètes, pour annoncer la manifestation du règne de Dieu, en prêchant la repentance, en baptisant ceux qui confessaient leurs péchés et en avertissant le peuple que le Messie allait paraître. Par-là Dieu voulait préparer les Juifs à recevoir Jésus-Christ et leur apprendre que le règne du Messie serait un règne spirituel et qu’il venait au monde pour y établir sa sainteté et pour convertir les hommes à Dieu.
Ainsi, nous devons regarder l’amendement et la pureté de la vie comme le but de la venue de notre Seigneur. C’est aussi ce qu’il nous a appris lui-même, puisqu’il commença son ministère en prêchant la repentance, comme Jean-Baptiste son précurseur et en disant : Amendez-vous et croyez à l’Évangile.
II. Ce qui arriva lors du baptême de Jésus-Christ, la descente du Saint-Esprit et la voix que Dieu fit entendre du Ciel, tendait à faire connaître à Jean-Baptiste et au peuple que Jésus était le fils de Dieu et celui dont tous les hommes doivent recevoir la doctrine avec obéissance et avec foi. Ce fut aussi pour faire voir que notre Seigneur était véritablement le fils de Dieu et pour en convaincre le diable que Dieu voulut que Jésus-Christ fût tenté dans le désert.
III. Le choix que Jésus-Christ fit de quelques pêcheurs pour en faire des apôtres marquait qu’il ne venait pas établir un royaume temporel et mondain, puisque ces gens-là n’avaient rien qui les distinguât dans le monde, cela prouve que les fruits de leurs admirables ministères ne venaient point d’eux, mais que toute la gloire doit en être donnée à Dieu seul.
IV. Notre Seigneur se fit d’abord connaître par des miracles dans lesquels on voyait paraître une puissance infinie et en même temps une grande bonté. Ce fut là la voie que la providence choisit pour prouver aux Juifs que Jésus était envoyé de Dieu et que sa doctrine était véritable et divine et ce qui devait encore plus en convaincre les hommes, c’est qu’il ne faisait ordinairement ces miracles qu’en faveur de ceux qui croyaient qu’il avait le pouvoir de les faire et qui l’en priaient. Cependant il empêchait, autant qu’il le pouvait, que ces miracles ne fissent trop d’éclat et il en usait ainsi par des raisons de prudence, de peur que ceux d’entre les Juifs qui l’auraient regardé comme le Messie ne fissent des émeutes pour le déclarer roi, dans la pensée où ils étaient que le Messie serait un roi temporel, ce qui aurait causé du trouble et engagé les Romains à s’opposer aux disciples de Jésus-Christ.
V. Enfin, nous devons penser en lisant le récit de toutes ces merveilles que notre Sauveur, n’étant ni moins puissant, ni moins bon que lorsqu’il était sur la terre, il nous accordera tout ce qui regarde la guérison et le salut de nos âmes encore plus certainement qu’il n’accordait autrefois aux malades la guérison des maux du corps.
Jésus-Christ guérit un paralytique : Il appelle Levi, qui est Saint Matthieu, à la charge d’apôtre. Il rend raison pourquoi il mangeait avec les pécheurs et pourquoi il n’obligeait pas ses disciples à observer des jeûnes réglés comme les disciples de Jean-Baptiste et les pharisiens en observaient. Et il répond aux pharisiens qui blâmaient les apôtres de ce qu’ils avaient arraché des épis de blé en un jour de sabbat.
1 Quelques jours après, Jésus revint à Capernaüm, et on ouït dire qu’il était dans la maison.
2 Et aussitôt tant de gens s’y assemblèrent, que l’espace qui était devant la porte ne les pouvait contenir ; et il leur annonçait la parole de Dieu.
3 Alors il vint à lui des gens qui lui présentèrent un paralytique, porté par quatre hommes.
4 Mais ne pouvant approcher de lui à cause de la foule, ils découvrirent le toit de la maison où il était, et l’ayant percé, ils descendirent le lit où le paralytique était couché.
5 Alors Jésus, voyant leur foi, dit au paralytique : Mon fils, tes péchés te sont pardonnés.
6 Et quelques Scribes, qui étaient là assis, raisonnaient ainsi en eux-mêmes :
7 Pourquoi cet homme prononce-t-il ainsi des blasphèmes ? Qui peut pardonner les péchés que Dieu seul ?
8 Et Jésus, ayant connu d’abord, par son esprit, qu’ils raisonnaient ainsi en eux-mêmes, leur dit : Pourquoi avez-vous ces pensées dans vos cœurs ?
9 Lequel est le plus aisé, de dire à ce paralytique : Tes péchés te sont pardonnés, ou de lui dire : Lève-toi, et emporte ton lit, et marche ?
10 Or, afin que vous sachiez que le Fils de l’homme a sur la terre l’autorité de pardonner les péchés, il dit au paralytique :
11 Je te dis : Lève-toi, et emporte ton lit, et t’en va en ta maison.
12 Et aussitôt il se leva, et s’étant chargé de son lit, il sortit, en la présence de tout le monde, de sorte qu’ils furent tous dans l’étonnement, et qu’ils glorifièrent Dieu, disant : Nous ne vîmes jamais rien de pareil.
13 Alors Jésus retourna du côté de la mer ; et tout le peuple venait à lui, et il les enseignait.
14 Et en passant, il vit Lévi, fils d’Alphée, assis au bureau des impôts ; et il lui dit : Suis-moi. Et lui, s’étant levé, le suivit.
15 Jésus étant à table dans la maison de cet homme, plusieurs péagers et gens de mauvaise vie se mirent aussi à table avec Jésus et ses disciples ; car il y en avait beaucoup qui l’avaient suivi.
16 Et les Scribes et les Pharisiens, voyant qu’il mangeait avec des péagers et des gens de mauvaise vie, disaient à ses disciples : Pourquoi votre Maître mange-t-il et boit-il avec les péagers et les gens de mauvaise vie ?
17 Et Jésus, ayant ouï cela, leur dit : Ce ne sont pas ceux qui sont en santé qui ont besoin de médecin, mais ce sont ceux qui se portent mal ; je suis venu appeler à la repentance non les justes, mais les pécheurs.
18 Or, les disciples de Jean et des Pharisiens jeûnaient souvent ; et ils vinrent à Jésus et lui dirent : D’où vient que les disciples de Jean et des Pharisiens jeûnent, et que tes disciples ne jeûnent point ?
19 Et Jésus leur dit : Les amis de l’époux peuvent-ils jeûner pendant que l’époux est avec eux ? Tout le temps qu’ils ont l’époux avec eux, ils ne peuvent jeûner.
20 Mais les jours viendront que l’époux leur sera ôté, et alors ils jeûneront.
21 Personne ne coud une pièce de drap neuf à un vieux habit ; autrement la pièce de drap neuf, qui aurait été mise, emporterait une pièce du vieux drap et la déchirure en serait pire.
22 De même, personne ne met le vin nouveau dans de vieux vaisseaux ; autrement le vin nouveau rompt les vaisseaux, et le vin se répand, et les vaisseaux se perdent ; mais le vin nouveau doit être mis dans des vaisseaux neufs.
23 Et il arriva, comme il passait par les blés un jour de sabbat, que ses disciples, en marchant, se mirent à arracher des épis.
24 Et les Pharisiens lui dirent : Regarde, pourquoi font-ils ce qui n’est pas permis dans les jours de sabbat ?
25 Mais il leur dit : N’avez-vous jamais lu ce que fit David, quand il fut dans la nécessité et qu’il eut faim, lui et ceux qui étaient avec lui ?
26 Comment il entra dans la maison de Dieu, du temps d’Abiathar, souverain sacrificateur, et mangea les pains de proposition, qu’il n’était permis de manger qu’aux sacrificateurs, et en donna même à ceux qui étaient avec lui ?
27 Puis il leur dit : Le sabbat a été fait pour l’homme, et non pas l’homme pour le sabbat.
28 Ainsi le Fils de l’homme est maître même du sabbat.
REFLEXIONS
I. Ce qu’il faut premièrement remarquer dans la guérison du paralytique, c’est la foi de ceux qui le présentèrent à Jésus-Christ, elle paraît en ce que ne pouvant approcher de notre Seigneur, ils dévalèrent ce malade par le toit de la maison et Jésus, voyant leur foi si admirable, fit en leur faveur le miracle qu’ils croyaient qu’il avait le pouvoir de faire.
Par là nous pouvons voir combien la foi est agréable à notre Seigneur et combien elle est efficace pour obtenir de lui les grâces qui nous sont nécessaires.
Après cela il paraît d’ici que Jésus-Christ, outre le pouvoir de délivrer des maladies, avait le droit et l’autorité de pardonner les péchés aux hommes.
Cela nous apprend que Jésus est non seulement un prophète envoyé de Dieu, mais qu’il est le juge du monde de qui seul nous pouvons attendre le salut et le pardon de nos fautes moyennant la foi et la repentance.
II. Ce chapitre nous enseigne que notre Seigneur est venu au monde pour appeler les pécheurs à la repentance, c’est ce qu’il fit connaître en mangeant avec des péagers et avec des personnes que les Juifs regardaient comme de grands pécheurs.
Cette doctrine doit nous remplir de confiance et nous faire reconnaître en même temps qu’il est absolument nécessaire de se repentir et de s’amender pour être sauvé.
III. Ce qui est dit ici, que Jésus-Christ n’obligeait pas ses disciples à jeûner régulièrement comme ceux de Jean-Baptiste, doit s’entendre de cette manière : C’est que notre Seigneur avait des raisons particulières de ne pas astreindre alors ses disciples à ces sortes de jeûnes, savoir parce que, tant lui que ses disciples, étaient sans cesse occupés à aller en divers lieux et qu’ils conversaient avec toutes sortes de personnes.
Cependant, il déclare que quand il ne serait plus au monde, ils seraient appelés, non seulement à jeûner, mais à de grandes souffrances et que s’il ne les y exposait pas encore, c’était parce qu’ils n’étaient pas alors capables de les supporter tout de même qu’une pièce d’étoffe neuve ne conviendrait pas à un vieux habit et que du vin nouveau romprait de vieux vaisseaux.
Ainsi, il ne faut pas conclure de cet endroit de l’Évangile que Jésus-Christ condamne le jeûne et la mortification, au contraire, cette doctrine suppose évidemment que notre Seigneur appelle ses disciples à une vie mortifiée et à porter leur croix.
IV. Enfin Jésus-Christ justifia l’action de ses disciples, qui, pressés par la faim, avaient arrachés des épis en un jour de sabbat, et il allégua dans cette vue ce que le roi David avait fait dans un cas à peu près semblable.
Cela nous enseigne que dans une extrême nécessité et lorsqu’on ne pourrait observer les lois extérieures de la religion, sans qu’il en arrivât un grand mal, on peut s’en dispenser, pourvu que ce ne soit pas par mépris et que l’on s’attache à l’essentiel de la piété. Ce serait hypocrisie et une superstition semblable à celle des pharisiens d’en user autrement.
L’Évangéliste rapporte : I. premièrement la guérison d’un homme qui avait une main sèche et celle de plusieurs autres malades. II. la vocation des douze apôtres ; III. ce que Jésus-Christ dit aux pharisiens qui attribuaient ses miracles à la puissance du diable. IV la déclaration qu’il fit que ses vrais disciples lui étaient aussi chers que ses parents.
1 Jésus entra une autre fois dans la synagogue, et il y avait là un homme qui avait une main sèche.
2 Et ils l’observaient, pour voir s’il le guérirait au jour du sabbat, afin de pouvoir l’accuser.
3 Alors il dit à l’homme qui avait la main sèche : Lève-toi et tiens-toi là au milieu.
4 Puis il leur dit : Est-il permis de faire du bien dans les jours de sabbat, ou de faire du mal ? de sauver une personne ou de la laisser périr ? Et ils se turent
5 Alors les regardant tous avec indignation, et étant affligé de l’endurcissement de leur cœur, il dit à cet homme : Étends ta main. Et il l’étendit, et sa main devint saine comme l’autre.
6 Alors les Pharisiens, étant sortis, tinrent d’abord conseil avec les Hérodiens contre lui, pour le faire périr.
7 Mais Jésus se retira avec ses disciples vers la mer, et une grande multitude de peuple le suivait de la Galilée, de la Judée,
8 De Jérusalem, de l’Idumée et de delà le Jourdain. Et ceux des environs de Tyr et de Sidon, ayant entendu parler des grandes choses qu’il faisait, vinrent à lui en grand nombre.
9 Et il dit à ses disciples qu’il y eût une petite barque toute prête auprès de lui, à cause de la multitude, de peur qu’elle ne le pressât trop.
10 Car il en avait guéri plusieurs, de sorte que tous ceux qui étaient affligés de quelque mal, se jetaient sur lui pour le toucher.
11 Et quand les esprits immondes le voyaient, ils se prosternaient devant lui, et s’écriaient : Tu es le Fils de Dieu !
12 Mais il leur défendait, avec menace, de le faire connaître.
13 Il monta ensuite sur une montagne, et appela ceux qu’il jugea à propos, et ils vinrent à lui.
14 Et il en établit douze pour être avec lui, pour les envoyer prêcher,
15 Et pour avoir la puissance de guérir les maladies et de chasser les démons.
16 Le premier fut Simon, à qui il donna le nom de Pierre ;
17 Puis Jacques fils de Zébédée, et Jean frère de Jacques, auxquels il donna le nom de Boanerges, c’est-à-dire enfants du tonnerre ;
18 Et André, Philippe, Barthélemi, Matthieu, Thomas, Jacques fils d’Alphée, Thaddée, Simon le Cananite,
19 Et Judas Iscariot, qui fut celui qui le trahit.
20 Puis ils retournèrent à la maison ; et une multitude s’y assembla encore, de sorte qu’ils ne pouvaient pas même prendre leur repas.
21 Et quand ses parents eurent appris cela, ils sortirent pour le prendre ; car on disait qu’il tombait en défaillance.
22 Et les Scribes, qui étaient descendus de Jérusalem, disaient : Il est possédé de Béelzébul, et il chasse les démons par le prince des démons.
23 Mais Jésus, les ayant appelés, leur dit par des similitudes : Comment Satan peut-il chasser Satan ?
24 Car si un royaume est divisé contre lui-même, ce royaume-là ne saurait subsister ;
25 Et si une maison est divisée contre elle-même, cette maison-là ne saurait subsister ;
26 De même, si Satan s’élève contre lui-même et est divisé, il ne peut subsister ; mais il est près de sa fin.
27 Personne ne peut entrer dans la maison d’un homme fort et piller son bien, s’il n’a auparavant lié cet homme fort ; et alors il pillera sa maison.
28 Je vous dis en vérité, que toutes sortes de péchés seront pardonnés aux enfants des hommes, et toutes sortes de blasphèmes par lesquels ils auront blasphémé ;
29 Mais quiconque aura blasphémé contre le Saint-Esprit, il n’en obtiendra jamais le pardon ; mais il sera sujet à une condamnation éternelle.
30 Jésus parla ainsi, parce qu’ils disaient : Il est possédé d’un esprit immonde.
31 Ses frères et sa mère arrivèrent donc, et se tenant dehors, ils l’envoyèrent appeler ; et la multitude était assise autour de lui.
32 Et on lui dit : Voilà, ta mère et tes frères sont là dehors, qui te demandent.
33 Mais il répondit : Qui est ma mère, ou qui sont mes frères ?
34 Et jetant les yeux sur ceux qui étaient autour de lui, il dit : Voici ma mère et mes frères.
35 Car quiconque fera la volonté de Dieu, celui-là est mon frère, et ma sœur et ma mère.
REFLEXIONS
I. On découvre la grande bonté et la souveraine puissance de notre Seigneur dans les guérisons dont il est parlé dans ce chapitre. Ainsi l’histoire de ces divers miracles est très propre à affermir notre foi et à nous remplir de confiance en lui.
On voit en particulier dans la guérison de cet homme qui avait une main sèche, l’aveuglement et la malice des pharisiens, qui, au lieu de se rendre à cette merveille, se scandalisaient de ce que Jésus l’avait faite un jour de sabbat.
Ce qu’il dit à ces ennemis de sa doctrine et la juste indignation qu’il témoignât nous montre combien il est offensé quand on résiste à la vérité et quand on se sert du prétexte de la religion pour condamner des œuvres de piété.
II. Le choix que notre Seigneur fit des douze apôtres pour être avec lui et le pouvoir qu’il leur donna d’annoncer l’Évangile et de faire des miracles semblables aux siens était un effet de sa grande sagesse aussi bien que de sa grande bonté envers les hommes puisqu’il devait se servir dans la suite du ministère de ces apôtres pour faire prêcher l’Évangile par tout le monde.
III. La troisième réflexion concerne le crime des pharisiens que Jésus-Christ accuse de blasphémer contre le Saint Esprit. Saint Marc explique clairement, en quoi ce blasphème consistait ; c’était en ce que les pharisiens, voyant que notre Seigneur chassait les démons, disaient qu’il faisait ces miracles par la puissance du diable, ce qui était un blasphème énorme contre le Saint Esprit et la marque d’une méchanceté d’où il n’y avait point de retour.
C’est là un exemple où l’on voit que, quand les hommes se sont une fois livrés à leurs préjugés et à leurs passions, ils s’endurcissent contre tout ce qu’on peut leur proposer de plus clair et de plus fort et qu’au lieu de se rendre, ils en deviennent encore plus méchants.
IV. Ce que Jésus-Christ déclare qu’il aimait autant ses disciples que ses plus proches parents, nous apprend que le plus sûr moyen d’être aimé de lui est de s’attacher à écouter sa parole et à faire sa volonté et que nous devons aussi à son imitation chérir particulièrement les Hommes qui craignent Dieu et à les estimer préférablement à tous les hommes.
Ce chapitre contient : I. La similitude de la semence et son explication. II. Une autre similitude de la semence qu’on jette dans la terre et qui produit son fruit quelque temps après. III. la parabole du grain de moutarde. IV. Le miracle que Jésus-Christ fit en apaisant une tempête.
1 Jésus se mit encore à enseigner près de la mer, et une grande multitude s’étant assemblée auprès de lui, il monta dans une barque où il s’assit, et tout le peuple était à terre sur le rivage.
2 Il leur enseignait beaucoup de choses par des similitudes, et il leur disait dans ses instructions :
3 Ecoutez : un semeur s’en alla pour semer ;
4 Et il arriva qu’en semant, une partie de la semence tomba le long du chemin, et les oiseaux vinrent et la mangèrent toute ;
5 Une autre partie tomba sur des endroits pierreux, où elle avait peu de terre ; et elle leva d’abord, parce qu’elle n’entrait pas profondément dans la terre ;
6 mais quand le soleil fut levé, elle fut brûlée, et parce qu’elle n’avait pas de racine, elle sécha ;
7 Une autre partie tomba parmi les épines ; et les épines crûrent et l’étouffèrent, et elle ne rapporta point de fruit ;
8 Et une autre partie tomba dans une bonne terre et rendit du fruit, qui monta et crût, en sorte qu’un grain en rapporta trente, un autre soixante, et un autre cent.
9 Et il leur dit : Que celui qui a des oreilles pour ouïr, entende.
10 Et quand il fut en particulier, ceux qui étaient autour de lui, avec les douze apôtres, l’interrogèrent touchant le sens de cette parabole.
11 Et il leur dit : Il vous est donné de connaître les mystères du royaume de Dieu, mais pour ceux qui sont de dehors, tout se traite par des paraboles ;
12 De sorte qu’en voyant, ils voient et n’aperçoivent point ; et qu’en entendant, ils entendent et ne comprennent point ; de peur qu’ils ne se convertissent et que leurs péchés ne leur soient pardonnés.
13 Et il leur dit : N’entendez-vous pas cette similitude ? Et comment entendrez-vous les autres ?
14 Le semeur, c’est celui qui sème la Parole ;
15 Ceux qui sont le long du chemin, ce sont ceux en qui la Parole est semée ; mais aussitôt qu’ils l’ont ouïe, Satan vient et enlève la Parole qui avait été semée dans leurs cœurs ;
16 De même, ceux qui reçoivent la semence dans des endroits pierreux, sont ceux qui, ayant ouï la Parole, la reçoivent d’abord avec joie ;
17 mais ils n’ont point de racine en eux-mêmes, et ils ne sont que pour un temps, de sorte que l’affliction ou la persécution survenant pour la Parole, ils sont aussitôt scandalisés.
18 Et ceux qui reçoivent la semence parmi les épines, ce sont ceux qui, à la vérité, écoutent la Parole ;
19 mais les soucis de ce monde, la séduction des richesses et les passions pour les autres choses survenant, étouffent la Parole, et elle devient infructueuse ;
20 Mais ceux qui ont reçu la semence dans une bonne terre, ce sont ceux qui écoutent la Parole, qui la reçoivent, et qui portent du fruit, un grain trente, un autre soixante, et un autre cent.
21 Il leur disait encore : Apporte-t-on une chandelle pour la mettre sous un boisseau, ou sous un lit ? N’est-ce pas pour la mettre sur un chandelier ?
22 Car il n’y a rien de secret qui ne doive être manifesté, et il n’y a rien de caché qui ne doive venir en évidence.
23 Si quelqu’un a des oreilles pour entendre, qu’il entende.
24 Il leur dit encore : Prenez garde à ce que vous entendez. On vous mesurera de la même mesure dont vous aurez mesuré, et on y ajoutera encore davantage pour vous qui écoutez.
25 Car on donnera à celui qui a ; mais pour celui qui n’a pas, on lui ôtera même ce qu’il a.
26 Il dit encore : Il en est du royaume de Dieu comme si un homme avait jeté de la semence en terre ;
27 Soit qu’il dorme ou qu’il se lève, la nuit ou le jour, la semence germe et croît sans qu’il sache comment.
28 Car la terre produit d’elle-même, premièrement l’herbe, ensuite l’épi, et puis le grain tout formé dans l’épi.
29 Et quand le fruit est dans sa maturité, on y met aussitôt la faucille, parce que la moisson est prête.
30 Il disait encore : À quoi comparerons-nous le royaume de Dieu, ou par quelle similitude le représenterons-nous ?
31 Il en est comme du grain de moutarde, lequel, lorsqu’on le sème, est la plus petite de toutes les semences que l’on jette en terre ;
32 Mais après qu’on l’a semé, il monte et devient plus grand que tous les autres légumes, et pousse de grandes branches, en sorte que les oiseaux du ciel peuvent demeurer sous son ombre.
33 Il leur annonçait ainsi la Parole par plusieurs similitudes de cette sorte, selon qu’ils étaient capables de l’entendre.
34 Et il ne leur parlait point sans similitude ; mais lorsqu’il était en particulier, il expliquait tout à ses disciples.
35 Ce jour-là, quand le soir fut venu, il leur dit : Passons de l’autre côté de l’eau.
36 Et après avoir renvoyé le peuple, ils emmenèrent Jésus avec eux dans la barque où il était, et il y avait aussi d’autres petites barques qui l’accompagnaient.
37 Alors un grand tourbillon de vent s’éleva, et les vagues entraient dans la barque, en sorte qu’elle commençait à s’emplir.
38 Mais il était à la poupe, dormant sur un oreiller ; et ils le réveillèrent et lui dirent : Maître, ne te soucies-tu point que nous périssions ?
39 Mais lui, étant réveillé, parla avec autorité aux vents, et il dit à la mer : Tais-toi, sois tranquille. Et le vent cessa, et il se fit un grand calme.
40 Puis il leur dit : Pourquoi avez-vous peur ? Comment n’avez-vous point de foi ?
41 Et ils furent saisis d’une fort grande crainte, et ils se disaient l’un à l’autre : Mais qui est celui-ci, que le vent même et la mer lui obéissent ?
REFLEXIONS
L’explication que Jésus-Christ a donnée lui-même de la similitude de la semence l’éclaircit parfaitement et en marque le sens et l’usage.
Voici ce que le Sauveur du monde a voulu nous enseigner.
La semence qui tombe sur le chemin représente ceux qui entendent l’Évangile, mais qui ne le reçoivent point ou qui n’en sont point touché.
La semence qui tombe en des lieux pierreux marque ceux qui ne reçoivent la parole de Dieu que pour un temps et qui dans la persécution ou dans la tentation abandonnent Jésus-Christ.
La semence qui tombe parmi les épines et qui y est étouffée est une image de ceux en qui cette parole produirait du fruit si le cœur n’était pas possédé par l’amour des biens ou des plaisirs du monde et par les soins de cette vie.
Et la semence qui est reçue dans une bonne terre désigne ceux qui ont le cœur bon et bien disposé et en qui l’Évangile produit du fruit et des effets salutaires. L’usage que nous devons faire de cette parabole est de nous examiner nous-mêmes et de voir si nous sommes du nombre :
- De ces endurcis sur qui la parole de Dieu ne fait aucune impression ;
- Ou de ces inconstants et de ces lâches, qui, après avoir été touchés, ne persévèrent pas ;
- Ou de ces hommes charnels et attachés au monde en qui la parole est rendue inutile par l’amour des biens et des plaisirs de cette vie ;
- Ou, enfin, si nous sommes de ces fidèles auditeurs qui rapportent avec abondance les fruits que Dieu attend d’eux.
Mettons ces divines instructions dans notre cœur et prenons garde, selon que Jésus-Christ nous y exhorte, à la manière dont nous les entendons, nous souvenant que Dieu augmente ses lumières et ses dons à ceux qui en font un bon usage, mais qu’il les ôte à ceux qui n’en profitent pas.
Le dessein de Jésus-Christ dans la similitude de la semence qui germe et qui croît peu à peu et dans celle du grain de moutarde était de marquer que quoi qu’il n’y eût pas alors beaucoup d’apparence que sa doctrine fit de grands progrès, vu la bassesse où il était et le petit nombre de ceux qui embrassaient sa doctrine, elle serait reçue dans peu par tout le monde.
Jésus-Christ disait ces choses en parabole au peuple parce que s’il eût dit ouvertement que son Évangile serait annoncé aux autres nations, cela aurait rebuté et scandalisé les Juifs. Mais ces paraboles devinrent très claires dans la suite par l’établissement de l’Église chrétienne, en sorte qu’elles nous fournissent aujourd’hui une preuve invincible de la vérité de l’Évangile.
Dans le récit du miracle que notre Seigneur fit en calmant une tempête, on remarque l’extrême frayeur des apôtres qui craignaient de périr, quoiqu’ils eussent Jésus avec eux, ce qui montre que leur foi était encore faible, comme le Seigneur le leur reprocha. Mais on y découvre aussi sa bonté envers eux et une merveilleuse puissance qui les jeta tous dans l’admiration.
Les enfants de Dieu sont exposés à divers dangers, ils ont leurs faiblesses et leurs craintes, mais Dieu subvient à leur infirmité et après les avoir fait passer par l’affliction pour leur épreuve, il leur donne, en les délivrant, des témoignages de sa bonté qui fortifient leur foi et qui les remplissent de consolation et de joie.
Saint Marc récite, I. un miracle très remarquable que Jésus-Christ fit en délivrant un homme qui était possédé d’une légion de démons. II. La guérison d’une femme malade d’une perte de sang et la résurrection de la fille de Jaïrus.
1 Ils arrivèrent de l’autre côté de la mer, dans la contrée des Gadaréniens.
2 Et aussitôt que Jésus fut descendu de la barque, un homme qui était possédé d’un esprit immonde, sortit des sépulcres et vint au-devant de lui.
3 Il faisait sa demeure dans les sépulcres, et personne ne le pouvait tenir lié, pas même avec des chaînes ;
4 car souvent, ayant eu les fers aux pieds, et ayant été lié de chaînes, il avait rompu les chaînes et brisé les fers ; et personne ne le pouvait dompter.
5 Et il demeurait continuellement, nuit et jour, sur les montagnes et dans les sépulcres, criant et se meurtrissant avec des pierres.
6 Quand il eut vu Jésus de loin, il accourut et se prosterna devant lui.
7 Et il dit, criant à haute voix : Qu’y a-t-il entre toi et moi, Jésus, Fils du Dieu très haut ? Je te conjure par le nom, de Dieu de ne me point tourmenter.
8 Car Jésus lui disait : Esprit immonde, sors de cet homme.
9 Et Jésus lui demanda : Comment t’appelles-tu ? Et il répondit : Je m’appelle Légion ; car nous sommes plusieurs.
10 Et il le priait fort de ne le pas envoyer hors de cette contrée.
11 Or, il y avait là, vers les montagnes, un grand troupeau de pourceaux qui paissait.
12 Et tous ces démons le priaient en disant : Envoie-nous dans ces pourceaux, afin que nous y entrions. Et aussitôt Jésus le leur permit.
13 Alors ces esprits immondes, étant sortis, entrèrent dans les pourceaux, et le troupeau se précipita avec impétuosité dans la mer, et ils se noyèrent dans la mer ; or, il y en avait environ deux mille.
14 Et ceux qui paissaient les pourceaux s’enfuirent, et en portèrent les nouvelles dans la ville et par la campagne.
15 Alors le peuple sortit pour voir ce qui était arrivé ; et ils vinrent vers Jésus, et virent celui qui avait été possédé de la Légion, assis, habillé et dans son bon sens ; et ils furent remplis de crainte.
16 Et ceux qui avaient vu cela, leur racontèrent ce qui était arrivé au démoniaque et aux pourceaux.
17 Alors ils se mirent à le prier de se retirer de leurs quartiers.
18 Et quand il fut entré dans la barque, celui qui avait été possédé le pria de lui permettre d’être avec lui.
19 Mais Jésus ne le lui permit pas, et il lui dit : Va-t’en dans ta maison vers tes parents, et raconte-leur les grandes choses que le Seigneur t’a faites, et comment il a eu pitié de toi.
20 Et il s’en alla, et se mit à publier dans le pays de Décapolis les grandes choses que Jésus lui avait faites ; et ils étaient tous dans l’admiration.
21 Jésus étant repassé dans la barque à l’autre bord, une grande foule de peuple s’assembla auprès de lui, et il était près de la mer.
22 Et un des chefs de la synagogue, nommé Jaïrus, vint, et l’ayant vu, il se jeta à ses pieds.
23 Et il le pria instamment, disant : Ma petite fille est à l’extrémité ; je te prie de venir lui imposer les mains, et elle sera guérie, et elle vivra.
24 Et Jésus s’en alla avec lui ; et il fut suivi d’une grande foule qui le pressait.
25 Alors une femme, malade d’une perte de sang, depuis douze ans,
26 qui avait beaucoup souffert entre les mains de plusieurs médecins, et qui avait dépensé tout son bien sans en avoir reçu aucun soulagement, et qui était plutôt allée en empirant,
27 ayant ouï parler de Jésus, vint dans la foule par derrière, et toucha son habit.
28 Car elle disait : Si je touche seulement ses habits, je serai guérie.
29 Et au même instant la perte de sang s’arrêta ; et elle sentit en son corps qu’elle était guérie de son mal.
30 Aussitôt Jésus, connaissant en soi-même la vertu qui était sortie de lui, se tourna vers la foule, disant : Qui a touché mon habit ?
31 Et ses disciples lui dirent : Tu vois que la foule te presse, et tu dis : Qui est-ce qui m’a touché ?
32 Et il regardait tout autour, pour découvrir celle qui avait fait cela.
33 Alors la femme effrayée et tremblante, sachant ce qui avait été fait en sa personne, vint et se jeta à ses pieds, et lui dit toute la vérité.
34 Et Jésus lui dit : Ma fille, ta foi t’a sauvée ; va-t’en en paix et sois guérie de ta maladie.
35 Comme il parlait encore, des gens du chef de la synagogue vinrent lui dire : Ta fille est morte ; ne donne pas davantage de peine au Maître.
36 Aussitôt que Jésus eut ouï cela, il dit au chef de la synagogue : Ne crains point, crois seulement.
37 Et il ne permit à personne de le suivre, sinon à Pierre, à Jacques et à Jean, frère de Jacques.
38 Etant arrivé à la maison du chef de la synagogue, il vit qu’on y faisait un grand bruit, et des gens qui pleuraient et qui jetaient de grands cris.
39 Et étant entré, il leur dit : Pourquoi faites-vous ce bruit, et pourquoi pleurez-vous ? Cette petite fille n’est pas morte, mais elle dort.
40 Et ils se moquaient de lui ; mais les ayant tous fait sortir, il prit le père et la mère de la jeune fille, et ceux qui étaient avec lui, et il entra dans le lieu où elle était couchée.
41 Et l’ayant prise par la main il lui dit : Talitha cumi ; c’est-à-dire : Petite fille, lève-toi, je te le dis.
42 Incontinent la petite fille se leva et se mit à marcher, car elle était âgée de douze ans. Et ils en furent dans un grand étonnement.
43 Et il leur commanda fortement que personne ne le sût ; et il dit qu’on donnât à manger à la fille.
REFLEXIONS
L’histoire du démoniaque est tout-à-fait digne d’attention. On y voit d’une manière sensible l’empire que les démons exerçaient alors sur les hommes par la permission de Dieu, mais on y voit aussi que Jésus-Christ avait un souverain pouvoir sur eux, qu’il devait détruire le règne du diable et qu’il était toujours prêt à déployer sa puissance en faveur de ceux qui avaient besoin de son secours.
Notre Seigneur, après avoir délivré ce démoniaque, permit aux démons d’entrer dans les pourceaux et de les précipiter dans la mer afin de faire voir que cet homme avait été véritablement possédé du démon et de prouver par ce moyen la vérité et la grandeur du miracle qu’il venait de faire. Il le fit aussi pour montrer que les démons ne pouvaient rien faire que par sa permission et pour châtier les habitants de ces quartiers-là, lesquels, selon que cela est dit dans cette histoire, ne voulurent pas souffrir le Seigneur parmi eux.
Nous devons bénir Dieu de ce que, depuis la venue de Jésus-Christ, le diable n’a plus le pouvoir qu’il avait autrefois sur les hommes et considérer au reste que l’état de ce démoniaque, quelque déplorable qu’il fut, n’était pas si funeste que celui des pécheurs qui s’adonnent au mal et qui sont les esclaves de leurs passions.
Cet homme ne s’était pas mis volontairement dans ce triste état et le démon ne pouvait lui nuire qu’en son corps, au lieu que les pécheurs se rendent eux-mêmes les esclaves du diable en faisant sa volonté, par où cet ennemi de Dieu et des hommes entraîne leurs âmes dans l’abîme de la perdition éternelle.
La guérison de cette femme dont le Seigneur loua la foi et qui fut délivrée de son mal en touchant le bord du vêtement de Jésus-Christ prouve que l’humilité et la foi ont une grande efficace, que la confiance en Jésus-Christ n’est jamais vaine et qu’il est toujours prêt à répandre ses grâces sur ceux qui s’adressent à lui dans ces dispositions.
La souveraine puissance de notre Seigneur paraît encore avec plus d’éclat dans la résurrection de la fille de Jaïrus. Sur quoi il faut considérer que Jésus-Christ qui rendait la santé aux malades, rendait aussi la vie aux morts, et cela non seulement pour montrer d’autant mieux sa puissance infinie, mais aussi pour confirmer les promesses qu’il nous a faites dans l’Évangile de nous ressusciter au dernier jour.
Ainsi la considération de ce miracle doit produire en nous une ferme espérance de l’immortalité, nous remplir de consolation dans cette attente et nous animer de plus en plus à l’étude de la sainteté et des bonnes œuvres, afin que nous puissions avoir part à cette résurrection bienheureuse que Jésus-Christ nous a promise.
Il est ici parlé : I. De l’arrivée de Jésus-Christ à Nazareth et de l’incrédulité des habitants de cette ville. II. De l’envoi des apôtres dans la Judée. III. De la mort de Jean-Baptiste.
1 Jésus étant parti de là, vint en sa patrie, et ses disciples le suivirent.
2 Et quand le sabbat fut venu, il commença à enseigner dans la synagogue ; et plusieurs de ceux qui l’entendaient, s’étonnaient et disaient : D’où viennent toutes ces choses à cet homme ? Quelle est cette sagesse qui lui a été donnée, et d’où vient que de si grands miracles se font par ses mains ?
3 N’est-ce pas le charpentier, le fils de Marie, le frère de Jacques, de Joses, de Jude et de Simon ? Ses sœurs ne sont-elles pas ici parmi nous ? Et ils se scandalisaient à son sujet.
4 Mais Jésus leur dit : Un prophète n’est méprisé que dans son pays, parmi ses parents et ceux de sa famille.
5 Et il ne put faire là aucun miracle, si ce n’est qu’il guérit quelque peu de malades, en leur imposant les mains.
6 Et il s’étonnait de leur incrédulité ; et il parcourut les bourgades des environs en enseignant.
7 Alors il appela les douze, et il commença à les envoyer deux à deux, et leur donna pouvoir sur les esprits immondes.
8 Et il leur ordonna de ne rien prendre pour le chemin, sinon un bâton ; de n'avoir ni sac, ni pain, ni monnaie dans leur ceinture ;
9 Ni d’autres souliers que ceux qu’ils avaient aux pieds, et de ne porter pas deux habits.
10 Il leur dit aussi : En quelque maison que vous entriez, demeurez-y jusqu'à ce que vous sortiez de ce lieu-là.
11 Et lorsqu’il se trouvera des gens qui ne vous recevront pas, et qui ne vous écouteront pas, en partant de là, secouez la poussière de vos pieds en témoignage contre eux. Je vous dis en vérité, que ceux de Sodome et de Gomorrhe seront traités moins rigoureusement au jour du jugement que cette ville-là.
12 Étant donc partis, ils prêchèrent qu’on s’amendât ;
13 et ils chassèrent plusieurs démons, et oignirent d’huile plusieurs malades, et ils les guérirent.
14 Or, le roi Hérode entendit parler de Jésus, car son nom était fort célèbre, et il dit : Ce Jean qui baptisait, est ressuscité d’entre les morts ; c’est pour cela que les puissances du ciel agissent en lui.
15 D’autres disaient : C’est Élie ; et d’autres disaient : C’est un prophète, ou un homme semblable aux prophètes.
16 Mais Hérode en ayant ouï parler, dit : C’est ce Jean que j’ai fait décapiter ; il est ressuscité d’entre les morts.
17 Car Hérode avait envoyé prendre Jean, et l’avait fait lier dans la prison, à cause d’Hérodias, femme de Philippe, son frère, parce qu’il l’avait épousée.
18 Car Jean disait à Hérode : Il ne t’est pas permis d’avoir la femme de ton frère.
19 C’est pourquoi Hérodias lui en voulait, et elle désirait de le faire mourir, mais elle ne pouvait en venir à bout ;
20 parce qu’Hérode craignait Jean, sachant que c’était un homme juste et saint ; il le considérait ; il faisait même beaucoup de choses selon ses avis, et il l’écoutait avec plaisir.
21 Mais un jour vint à propos, auquel Hérode faisait le festin du jour de sa naissance aux grands de sa cour, aux officiers de ses troupes et aux principaux de la Galilée.
22 La fille d’Hérodias étant entrée et ayant dansé, et ayant plu à Hérode et à ceux qui étaient à table avec lui, le roi dit à la jeune fille : Demande-moi ce que tu voudras, et je te le donnerai.
23 Et il le lui jura, disant : Tout ce que tu me demanderas, je te le donnerai, jusqu’à la moitié de mon royaume.
24 Et étant sortie, elle dit à sa mère : Que demanderai-je ? Et sa mère lui dit : Demande la tête de Jean-Baptiste.
25 Et étant incontinent rentrée avec empressement vers le roi, elle lui fit sa demande, et lui dit : Je voudrais que tout à l’heure tu me donnasses, dans un bassin, la tête de Jean-Baptiste.
26 Et le roi en fut fort triste ; cependant, à cause du serment qu’il avait fait, et de ceux qui étaient à table avec lui, il ne voulut pas la refuser.
27 Et il envoya incontinent un de ses gardes, et lui commanda d’apporter la tête de Jean.
28 Le garde y alla et lui coupa la tête dans la prison ; et l’ayant apportée dans un bassin, il la donna à la jeune fille, et la jeune fille la présenta à sa mère.
29 Et les disciples de Jean l’ayant appris, vinrent et emportèrent son corps, et le mirent dans un sépulcre.
REFLEXIONS
Voici les réflexions qu’il faut faire sur les trois parties de cette lecture.
I. La première regarde l’incrédulité et l’ingratitude de ceux de Nazareth, qui, ayant le bonheur d’avoir Jésus-Christ parmi eux, ne reconnurent pas que la sagesse et la puissance qui étaient en lui venaient de Dieu et profitèrent si mal de sa présence, ce qui fut cause qu’il ne fit que si peu de miracles dans ce lieu-là.
Voilà comment les préjugés et la malice des hommes font qu’ils négligent les grands avantages dans le temps qu’ils leurs sont offerts. Cela montre aussi que si Dieu les prive de sa grâce, c’est parce qu’ils la méconnaissent et qu’ils y mettent eux-mêmes des obstacles.
Sur l’envoi des apôtres, il faut remarquer :
II. Que Jésus-Christ, par un effet de sa sagesse et de sa bonté envers les Juifs, envoya les apôtres pour annoncer la venue du règne de Dieu dans la Judée et qu’afin de rendre leur prédication plus efficace, Il leur donna le pouvoir de faire des miracles ; II. Il leur défendit de prendre des provisions pour ce voyage parce qu’il devait être court et pour leur apprendre de bonne heure à se confier en la providence ;
III. Il leur déclara que ceux qui ne voudraient pas les recevoir seraient punis très rigoureusement, en quoi l’on voit la condamnation de ceux à qui Dieu fait présenter le salut et qui rejettent les offres de sa grâce. Pour ce qui est de la mort de Jean-Baptiste, elle doit être attribuée à la haine dont Hérodias était animée contre lui parce qu’il condamnait son mariage avec Hérode et à la lâche complaisance d’Hérode qui sacrifia à cette femme impudique Jean-Baptiste pour lequel il avait d’ailleurs de la vénération et qu’il regardait comme un homme juste et saint. On voit ici que les personnes vicieuses haïssent d’ordinaire ceux qui les reprennent de leur vie déréglée, que l’impureté aussi bien que la complaisance que l’on a pour les méchants ont toujours des suites funestes et qu’il est dangereux de se lier par des serments téméraires. Il est cependant à remarquer que Dieu permit que Jean-Baptiste perdît ainsi la vie afin de préparer les Juifs à ce qui devait arriver à Jésus-Christ lui-même dont ce Saint prophète avait été le précurseur. C’est enfin une chose digne d’attention, qu’Hérode qui était dans les sentiments des Sadducéens, lesquels ne croient pas la résurrection, crût que Jean-Baptiste, qu’il avait fait décapiter, était revenu en vie.
Cela fait voir que les impies et les incrédules n’ont aucune croyance fixe et arrêtée. Une conscience coupable est toujours en crainte et dans les remords dont les méchants sont agités, ils admettent les vérités qu’ils rejetaient auparavant et ils se persuadent des choses qui sont contraires aux sentiments dont ils font profession.
CHAPITRE VI VERSETS 30 A 56
Notre Seigneur nourrit cinq milles hommes d’une manière miraculeuse, ses disciples étant exposés à une tempête, il va vers eux en marchant sur la mer, et étant arrivé au pays de Génézareth, il y guérit plusieurs malades.
30 Et les apôtres se rassemblèrent auprès de Jésus, et lui racontèrent tout ce qu’ils avaient fait et tout ce qu’ils avaient enseigné.
31 Et il leur dit : Venez-vous-en à l’écart, dans un lieu retiré, et prenez un peu de repos. Car il allait et venait tant de monde qu’ils n’avaient pas même le temps de manger.
32 Ils s’en allèrent donc dans une barque, à l’écart et dans un lieu retiré.
33 Mais le peuple les ayant vus partir, plusieurs le reconnurent ; et ils y accoururent par terre, de toutes les villes, et ils arrivèrent avant eux, et s’assemblèrent auprès de lui.
34 Alors Jésus étant sorti, vit là une grande multitude ; et il fut touché de compassion envers eux, parce qu’ils étaient comme des brebis qui n’ont point de berger ; et il se mit à leur enseigner plusieurs choses.
35 Et comme il était déjà tard, ses disciples s’approchèrent de lui et lui dirent : Ce lieu est désert, et il est déjà tard ;
36 renvoie-les, afin qu’ils aillent dans les villages et dans les bourgs des environs, et qu’ils s’achètent du pain ; car ils n’ont rien à manger.
37 Et il leur dit : Donnez-leur vous-mêmes à manger. Ils lui répondirent : Irions-nous acheter pour deux cents deniers de pain, afin de leur donner à manger ?
38 Et il leur dit : Combien avez-vous de pains ? Allez et regardez. Et l’ayant vu, ils dirent : Nous en avons cinq et deux poissons.
39 Alors il leur commanda de les faire tous asseoir, en diverses troupes, sur l’herbe verte.
40 Et ils s’assirent par rangées, par centaines et par cinquantaines.
41 Et Jésus prit les cinq pains et les deux poissons, et levant les yeux au ciel, il rendit grâces, et rompit les pains, et il les donna à ses disciples, afin qu’ils les missent devant eux ; il leur distribua aussi à tous les deux poissons.
42 Et tous en mangèrent et furent rassasiés ;
43 et on emporta douze paniers pleins des morceaux de pain, et quelque reste des poissons.
44 Or, ceux qui avaient mangé de ces pains étaient environ cinq mille hommes.
45 Aussitôt après il obligea ses disciples d’entrer dans la barque, et de passer avant lui de l’autre côté de la mer, vers Bethsaïde, pendant qu’il congédierait le peuple.
46 Et quand il l’eut congédié, il s’en alla sur la montagne pour prier.
47 Le soir étant venu, la barque était au milieu de la mer, et il était seul à terre.
48 Et il vit qu’ils avaient beaucoup de peine à ramer, parce que le vent leur était contraire ; et environ la quatrième veille de la nuit il vint à eux, marchant sur la mer ; et il voulait les devancer.
49 Mais quand ils le virent marchant sur la mer, Ils crurent que c’était un fantôme et ils s’écrièrent.
50 Car ils le voyaient tous, et ils furent troublés ; mais aussitôt il leur parla et leur dit : Rassurez-vous, c’est moi ; n’ayez point de peur.
51 Alors il monta dans la barque vers eux, et le vent cessa ; et ils furent encore plus dans l’étonnement et dans l’admiration.
52 Car ils n’avaient pas fait assez d’attention au miracle des pains, parce que leur esprit était appesanti.
53 Et quand ils eurent traversé la mer, ils vinrent en la contrée de Génézareth ; et ils abordèrent.
54 Et dès qu’ils furent sortis de la barque, ceux du lieu le reconnurent.
55 Et ils coururent dans toute cette contrée, et apportèrent de tous côtés sur de petits lits ceux qui étaient malades, partout où ils entendaient dire qu’il était.
56 Et en quelque lieu qu’il entrât, dans les bourgs ou dans les villes, ou dans les villages, on mettait les malades dans les places publiques, et on le priait qu’au moins ils pussent toucher le bord de son habit ; et tous ceux qui le touchaient étaient guéris.
REFLEXIONS
Nous devons faire ici attention, en premier lieu à la bonté de notre Seigneur, qui, voyant les besoins du peuple qui le suivait, fut ému de compassion envers eux et leur donna avec la nourriture de l’âme celle du corps en multipliant les pains d’une manière miraculeuse. Il y a une circonstance particulière dans ce miracle et qui le distingue des autres. C’est qu’il le fit en faveur d’un grand peuple, au lieu qu’il ne faisait les autres qu’en faveur de certaines personnes en particulier, ce qui devait rendre ce miracle plus fameux et plus éclatant.
Notre Seigneur fit voir ensuite cette même bonté, aussi bien que sa puissance et sa sagesse, lorsque ses disciples étant en danger de périr dans une tempête, il alla vers eux en marchant sur la mer et qu’il fit cesser l’orage. Il parait qu’il était nécessaire que le Seigneur fît ce nouveau miracle pour convaincre pleinement ses disciples de sa puissance, puisque, comme l’évangéliste le remarque, ils n’avaient pas fait assez attention aux miracles qu’ils lui avaient vu faire auparavant. C’est ainsi que Jésus-Christ voulut confirmer leur foi qui était encore assez faible et les persuader de plus en plus qu’il était le fils de Dieu. Ce qui arriva dans cette occasion doit aussi produire en nous une pleine persuasion de la puissance sans borne de Jésus-Christ et du soin qu’il a des siens et qu’il n’y a aucun péril d’où il ne puisse les tirer, ni aucune affliction dont il ne leur donne une heureuse issue et c’est même dans ces occasions qu’il leur fait le mieux sentir combien il les aime.
Enfin, quand nous lisons que l’on apportait de toutes parts des malades à notre Seigneur et qu’ils étaient tous guéris, même par le simple attouchement de ses habits, nous devons penser que s’il déployait ainsi sa puissance pour le soulagement et la guérison de ceux qu’on lui présentait, il n’est pas moins disposé à sauver tous ceux qui cherchent auprès de lui la délivrance des maux de l’âme et c’est ce qui doit nous inciter à nous adresser avec confiance à ce Rédempteur charitable pour être aidé dans tous nos besoins.
Ce chapitre a deux parties :
Les pharisiens se plaignant de ce que les disciples de Jésus-Christ ne se lavaient pas selon la coutume des Juifs, il leur reproche qu’ils violaient eux-mêmes les commandements de Dieu en enseignant que si un enfant avait consacré à Dieu le bien dont il aurait pu assister son père ou sa mère, il était obligé d’accomplir ce vœu à la rigueur et qu’il ne lui était plus permis de secourir son père et sa mère dans leur nécessité avec ce bien là. Notre Seigneur enseigne ensuite au peuple et à ses disciples ce que c’est qui souille l’homme et ce qui ne le souille pas. Après cela il va du côté de Tyr et de Sidon où il guérit la fille d’une femme cananéenne et, revenant dans la Galilée, il guérit un homme sourd et muet.
1 Alors des Pharisiens et quelques Scribes, qui étaient venus de Jérusalem, s’assemblèrent vers Jésus ;
2 et voyant que quelques-uns de ses disciples prenaient leur repas avec des mains souillées, c’est-à-dire qui n’avaient pas été lavées, ils les en blâmaient.
3 (Car les Pharisiens et tous les Juifs ne mangent point sans se laver les mains jusqu’au coude, gardant en cela la tradition des anciens ;
4 et lorsqu’ils reviennent des places publiques, ils ne mangent point non plus sans s’être lavés. Il y a aussi beaucoup d’autres choses qu’ils ont reçues pour les observer, comme de laver les coupes, les pots, les vaisseaux d’airain et les lits.)
5 Là-dessus les Pharisiens et les Scribes lui demandèrent : D’où vient que tes disciples ne suivent pas la tradition des anciens, et qu’ils prennent leurs repas sans se laver les mains ?
6 Il leur répondit : Hypocrites, c’est de vous qu’Esaïe a prophétisé, quand il a dit : Ce peuple m’honore des lèvres ; mais leur cœur est bien éloigné de moi.
7 Mais c’est en vain qu’ils m’honorent, enseignant des doctrines qui ne sont que des commandements d’hommes.
8 Car en abandonnant le commandement de Dieu, vous observez la tradition des hommes, lavant les pots et les coupes, et faisant beaucoup d’autres choses semblables.
9 Il leur dit aussi : Vous annulez fort bien le commandement de Dieu, pour garder votre tradition.
10 Car Moïse a dit : Honore ton père et ta mère ; et que celui qui maudira son père ou sa mère soit puni de mort.
11 Mais vous, vous dites : Si quelqu’un dit à son père ou à sa mère : Tout ce dont je pourrais t’assister est corban, c’est-à-dire, un don consacré à Dieu,
12 Il ne lui ai plus permis de rien faire pour son père ou pour sa mère ;
13 et vous anéantissez ainsi la parole de Dieu par votre tradition, que vous avez établie ; et vous faites beaucoup d’autres choses semblables.
14 Alors ayant appelé toute la multitude, il leur dit : Écoutez-moi tous, et comprenez ceci :
15 Rien de ce qui est hors de l’homme et qui entre dans lui, ne le peut souiller ; mais ce qui sort de lui, voilà ce qui souille l’homme.
16 Si quelqu’un a des oreilles pour entendre, qu’il entende.
17 Quand il fut entré dans la maison, après s’être retiré d’avec la multitude, ses disciples l’interrogèrent sur cette parabole.
18 Et il leur dit : Êtes-vous aussi sans intelligence ? Ne comprenez-vous pas que rien de ce qui entre de dehors dans l’homme, ne le peut souiller ?
19 Parce que cela n’entre pas dans son cœur, mais qu’il va au ventre, et qu’il sort aux lieux secrets avec tout ce que les aliments ont d’impur.
20 Il leur disait donc : Ce qui sort de l’homme, c’est ce qui souille l’homme.
21 Car du dedans, c’est-à-dire, du cœur des hommes, sortent les mauvaises pensées, les adultères, les fornications, les meurtres,
22 les larcins, les mauvais moyens pour avoir le bien d’autrui, les méchancetés, la fraude, l’impudicité, l’œil envieux, la médisance, la fierté, la folie.
23 Tous ces vices sortent du dedans, et souillent l’homme.
24 Puis étant parti de là, il s’en alla aux frontières de Tyr et de Sidon ; et étant entré dans une maison, il ne voulait pas que personne le sût ; mais il ne put être caché.
25 Car une femme, dont la fille était possédée d’un esprit immonde, ayant ouï parler de lui, vint et se jeta à ses pieds.
26 Cette femme était Grecque, Syrophénicienne de nation ; et elle le pria de chasser le démon hors de sa fille.
27 Et Jésus lui dit : Laisse premièrement rassasier les enfants ; car il n’est pas juste de prendre le pain des enfants, et de le jeter aux petits chiens.
28 Mais elle répondit et lui dit : Il est vrai, Seigneur ; cependant les petits chiens mangent, sous la table, des miettes du pain des enfants.
29 Alors il lui dit : À cause de cette parole, va-t-en ; le démon est sorti de ta fille.
30 Et étant de retour dans sa maison, elle trouva que le démon était sorti de sa fille, et qu’elle était couchée sur le lit.
31 Et Jésus, étant parti des quartiers de Tyr et de Sidon, vint près de la mer de Galilée, traversant le pays de Décapolis.
32 Et on lui amena un homme sourd, qui avait la parole empêchée ; et on le pria de lui imposer les mains.
33 Et l’ayant tiré de la foule à part, il lui mit les doigts dans les oreilles ; et ayant pris de sa salive, il lui en toucha la langue.
34 Puis levant les yeux au ciel, il soupira et dit : Ephphatah, c’est-à-dire, ouvre-toi.
35 Aussitôt ses oreilles furent ouvertes, et sa langue fut déliée, et il parlait sans peine.
36 Et Jésus leur défendit de le dire à qui que ce fût ; mais plus il le leur défendait, plus ils le publiaient.
37 Et frappés d’étonnement ils disaient : Tout ce qu’il fait est admirable ; il fait ouïr les sourds et parler les muets.
REFLEXIONS
Nous devons apprendre d’ici :
I. Que c’est hypocrisie de pratiquer scrupuleusement des coutumes établies par les hommes et de violer les lois divines et les devoirs que Dieu a le plus expressément prescrits et que le vrai service de Dieu consiste à garder les commandements, mais qu’il a en abomination le culte des hypocrites qui prétendent l’honorer de la bouche ou par des pratiques extérieures pendant que leur cœur est souillé et éloigné de lui ;
II. ce discours de Jésus-Christ nous enseigne que Dieu veut que les enfants honorent et assistent leurs pères et leurs mères et que rien ne peut les dispenser de ce devoir ;
III. que les serments et les vœux par lesquels on s’engage à faire des choses contraires à la loi de Dieu ne lient point la conscience et que ce serait pécher que de les accomplir ;
IV. que ce qui nous souille devant Dieu c’est proprement ce qui vient du cœur, les mauvaises pensées, les désirs impurs et injustes, la haine du prochain, l’envie, l’orgueil, la fierté et les autres passions de cette nature, que ces mauvaises pensées sont de vrais péchés et que c’est là la source de toutes les mauvaises actions que les hommes commettent. Lorsque Jésus-Christ donnait ces instructions, il disait au peuple : Écoutez tous ceci et comprenez le bien.
Cet avertissement marque l’importance de cette doctrine et nous oblige à éviter sur toutes choses ce qui souille l’âme et de tâcher d’acquérir la véritable pureté qui est celle du cœur.
Sur la seconde partie de ce chapitre, il faut remarquer que notre Seigneur, étant prié par une femme païenne de guérir sa fille, il refusa de le faire alléguant qu’il n’était pas juste de donner aux chiens le pain des enfants ; ce qui voulait dire qu’il n’était pas raisonnable que Jésus-Christ fît en faveur des païens, qui étaient des étrangers, les miracles qu’il faisait en faveur des Juifs qui étaient le peuple de Dieu et comme les enfants de sa maison. Notre Seigneur disait cela parce que les païens ne devaient pas encore alors être égalés aux Juifs. Mais cette femme obtint enfin de lui, par sa profonde humilité, par sa persévérance, par sa foi et par l’ardeur de son zèle la grâce qu’elle venait lui demander. On peut voir dans cette histoire que les païens n’étaient pas exclus de la grâce de Dieu et qu’ils devaient bientôt y être admis aussi bien que les Juifs. On y voit aussi que des prières accompagnées d’humilité et de zèle ont une grande efficace et que si Dieu ne nous accorde pas incontinent ce que nous lui demandons, il en use ainsi pour exciter notre ardeur et pour nous donner un sentiment plus vif de notre indignité, mais qu’enfin on obtient tout de lui par la persévérance.
Au reste, on doit admirer dans ce miracle et dans la guérison de cet homme à qui Jésus-Christ rendit l’ouïe et la parole la facilité et la souveraine puissance avec laquelle il guérissait toutes sortes de maladies et cette grande charité qui le portait en toutes occasions à secourir les malheureux et à faire du bien à tout le monde.
Jésus-Christ nourrit miraculeusement quatre mille hommes. Il refuse de faire un miracle que les pharisiens lui demandaient, et il avertit ses disciples de se donner garde du levain des pharisiens et du levain d’Hérode.
1 En ces jours-là, il y avait avec Jésus une grande multitude de gens, et comme ils n’avaient rien à manger, il appela ses disciples et leur dit :
2 J’ai compassion de ce peuple ; car il y a déjà trois jours qu’ils ne me quittent point, et ils n’ont rien à manger.
3 Et si je les renvoie à jeun en leurs maisons, les forces leur manqueront en chemin ; car quelques-uns sont venus de loin.
4 Et ses disciples lui répondirent : D’où pourrait-on avoir des pains pour les rassasier dans ce lieu désert ?
5 Et il leur demanda : Combien avez-vous de pains ? Et ils dirent : Nous en avons sept.
6 Alors il commanda aux troupes de s’asseoir à terre ; et ayant pris les sept pains, et rendu grâces, il les rompit et les donna à ses disciples pour les distribuer ; et ils les distribuèrent au peuple.
7 Ils avaient aussi quelques petits poissons ; et Jésus ayant rendu grâces, il ordonna qu’on les leur présentât aussi.
8 Ils en mangèrent donc et furent rassasiés ; et on remporta sept corbeilles pleines des morceaux qui étaient restés.
9 Or, ceux qui mangèrent étaient environ quatre mille ; après quoi il les renvoya.
10 Aussitôt il entra dans une barque avec ses disciples, et alla aux quartiers de Dalmanutha.
11 Et il vint là des Pharisiens qui se mirent à disputer avec lui, lui demandant, en le tentant, qu’il leur fît voir quelque miracle du ciel.
12 Et Jésus, soupirant profondément en son esprit, dit : Pourquoi cette race demande-t-elle un miracle ? Je vous dis en vérité, qu’il ne lui en sera donné aucun.
13 Et les ayant laissés, il rentra dans la barque, et passa à l’autre bord.
14 Or, ils avaient oublié de prendre des pains, et n’en avaient qu’un avec eux dans la barque.
15 Et il leur fit cette défense : Gardez-vous avec soin du levain des Pharisiens, et du levain d’Hérode.
16 Sur quoi ils se disaient entre eux : C’est parce que nous n’avons point de pains.
17 Et Jésus, connaissant cela, leur dit : Pourquoi raisonnez-vous sur ce que vous n’avez point de pains ? N’entendez-vous et ne comprenez-vous point encore ? Avez-vous toujours un cœur stupide ?
18 Ayant des yeux, ne voyez-vous point ? Ayant des oreilles, n’entendez-vous point ? Et n’avez-vous point de mémoire ?
19 Lorsque je distribuai les cinq pains aux cinq mille hommes, combien remportâtes-vous de paniers pleins des morceaux qui étaient restés ? Ils lui dirent : Douze.
20 Et lorsque je distribuai les sept pains aux quatre mille hommes, combien remportâtes-vous de corbeilles pleines des morceaux qui étaient restés ? Ils lui dirent : Sept.
21 Et il leur dit : Comment donc ne comprenez-vous point encore ma pensée ?
REFLEXIONS
I. On doit premièrement admirer ici la manière miraculeuse et pleine de bonté dont Jésus-Christ nourrit plusieurs milliers de personnes avec sept pains et quelques poissons, comme il avait déjà fait peu auparavant. En faisant ce miracle, il se proposait non seulement de pourvoir à la nourriture et aux besoins corporels de ceux qui le suivaient, mais il voulait les disposer à recevoir de lui la véritable nourriture, savoir celle de l’âme. Au reste, la grande multitude de ceux en faveur de qui notre Seigneur multiplia ainsi les pains et les poissons et les pièces qui demeurèrent de reste et dont les apôtres emplirent sept corbeilles sont deux circonstances qui servirent à confirmer la certitude de ce miracle et à le répandre de tous côtés.
II. Les pharisiens demandèrent à Jésus de leur faire voir miracle du Ciel, mais il ne voulut en faire aucun. Il en usa ainsi très justement, puisqu’ayant déjà fait tant de miracles dont ils n’avaient pas profité, ce signe n’aurait servi de rien et ne les aurait point touchés. Dieu qui répond aux désirs des âmes simples et sincères abandonne avec justice ceux qui résistent à la vérité et après qu’il a mis en usage les moyens les plus propres pour convaincre les hommes, il n’est pas obligé d’en faire d’avantage et il emploierait même inutilement de nouveaux moyens pour persuader des gens dont l’aveuglement est volontaire et accompagné de malice.
III. Les apôtres ayant oublié de prendre du pain avec eux, le Seigneur les avertit de se garder du levain des pharisiens et du levain d’Hérode qui était la secte des saducéens. Cela voulait dire qu’ils devaient se garder, d’un côté, de la doctrine des pharisiens qui étaient des hypocrites et qui ne s’attachaient qu’aux traditions et aux dehors de la religion et de l’autre des sentiments impies des saducéens qui niaient la résurrection et qui avaient encore d’autres erreurs pernicieuses. C’est ainsi que ce divin Sauveur, par un effet de sa sagesse, prenait ordinairement occasion des choses qui se présentaient de donner à ses disciples des instructions salutaires. Ce qu’il dit dans cette rencontre nous apprend de quelle importance il est de fuir toutes sortes de fausses doctrines et surtout de s’éloigner des sentiments qui conduisent à la superstition et à l’hypocrisie ou à l’impiété et à l’incrédulité.
CHAPITRE VIII, VERSETS 22 A 38
Jésus-Christ guérit un aveugle. II. Il demande à ses disciples quelle opinion le peuple avait de lui et ce qu’ils en croyaient eux-mêmes et St. Pierre reconnait qu’il est le fils de Dieu. III. Notre Seigneur prédit sa mort. IV. Il exhorte ses disciples à se disposer à la souffrance et à faire une profession publique de l’Évangile devant les hommes et pour les y engager, il leur montre que c’est là l’unique moyen d’éviter la perte de leur âme.
22 Et Jésus étant venu à Bethsaïde, on lui présenta un aveugle qu’on le pria de toucher.
23 Alors il prit l’aveugle par la main, et l’ayant mené hors du bourg, il lui mit de la salive sur les yeux, et lui ayant imposé les mains, il lui demanda s’il voyait quelque chose.
24 Et l’homme, ayant regardé, dit : Je vois marcher des hommes qui me paraissent comme des arbres.
25 Jésus lui mit encore les mains sur les yeux, et lui dit de regarder ; et il fut guéri, et il les voyait tous distinctement.
26 Et il le renvoya dans sa maison, et lui dit : Ne rentre pas dans le bourg, et ne le dis à personne du bourg.
27 Et Jésus étant parti de là avec ses disciples, ils vinrent dans les bourgs de Césarée de Philippe ; et sur le chemin il demanda à ses disciples : Qui dit-on que je suis ?
28 Ils répondirent : Les uns disent que tu es Jean-Baptiste ; et les autres, Elie, et les autres, quelqu’un des prophètes.
29 Et il leur dit : Et vous, qui dites-vous que je suis ? Pierre, répondant, lui dit : Tu es le Christ.
30 Et il leur défendit très sévèrement de dire cela de lui à personne.
31 Alors il commença à leur apprendre qu’il fallait que le Fils de l’homme souffrît beaucoup, et qu’il fût rejeté par les sénateurs, par les principaux sacrificateurs, et par les Scribes, et qu’il fût mis à mort, et qu’il ressuscitât trois jours après.
32 Et il leur tenait ces discours tout ouvertement. Alors Pierre, l’embrassant, se mit à le reprendre.
33 Mais Jésus, se tournant et regardant ses disciples, censura Pierre et lui dit : Retire-toi de moi, Satan ; car tu ne comprends point les choses qui sont de Dieu, mais seulement celles qui sont des hommes.
34 Et ayant appelé le peuple avec ses disciples, il leur dit : Quiconque veut venir après moi, qu’il renonce à soi-même, qu’il se charge de sa croix et qu’il me suive.
35 Car quiconque voudra sauver sa vie, la perdra ; mais quiconque perdra sa vie pour l’amour de moi et de l’Évangile, il la sauvera.
36 Car que servirait-il à un homme de gagner tout le monde, s’il perdait son âme ?
37 Ou que donnerait l’homme en échange de son âme ?
38 Car quiconque aura eu honte de moi et de mes paroles, parmi cette race adultère et pécheresse, le Fils de l’homme aura aussi honte de lui, lorsqu’il viendra dans la gloire de son Père avec les saints anges.
REFLEXIONS
Il y a ceci de particulier dans la guérison de l’aveugle, dont il est parlé dans ce chapitre :
I. Que notre Seigneur ne le guérit pas d’un coup, mais qu’il le fit successivement. Il en usa de la sorte pour éprouver la foi de cet aveugle qui n’était peut-être pas assez forte, pour lui faire remarquer sa puissance d’une manière sensible par les progrès de sa guérison et pour montrer, en ne faisant pas toujours ses miracles de la même manière, qu’il pouvait déployer la puissance divine qui était en lui ou tout d’un coup ou peu à peu et par degrés et qu’il était le maître de faire de ses miracles comme il le trouvait à propos.
II. On voit ici, en second lieu, que Jésus-Christ était regardé parmi les Juifs comme un grand prophète, mais que St. Pierre et les apôtres le regardaient comme le fils de Dieu. C’est aussi là ce que nous devons tous croire du cœur et confesser de la bouche si nous voulons être sauvés. Cependant, le Seigneur défendit à ses disciples de publier qu’il fût le Messie, parce qu’il ne devait pas prendre ouvertement cette qualité avant sa mort.
III. Sur la prédication que Jésus-Christ fit de ses souffrances, il est à remarquer qu’il en avertit ses disciples afin de les disposer peu-à-peu à cet évènement auquel ils ne s’attendaient pas et qui aurait été capable d’ébranler leur foi. Ce fut pour les persuader tant mieux de la nécessité de cette mort qu’il reprit si fortement St. Pierre, qui étant dans les préjugés des Juifs, ne pouvait comprendre, que celui qu’il venait de reconnaitre pour le Messie et le fils de Dieu, dût mourir. Mais ce que cet apôtre ne comprenait pas alors est clair pour nous qui savons que cette mort est le moyen dont Dieu s’est servi pour nous racheter.
IV. Enfin, Jésus-Christ nous apprend dans ce chapitre que ceux qui veulent devenir ses disciples doivent renoncer à eux-mêmes et être prêts à souffrir et même à perdre la vie pour l’Évangile s’ils y étaient appelés, qu’il n’y a rien de plus important que la perte ou le salut de notre âme et que nous devons faire une profession ouverte de la piété et de la vérité si nous voulons que le Seigneur nous reconnaisse pour ses vrais disciples et qu’il nous reçoive dans sa gloire lorsqu’il viendra juger le monde. C’est ainsi que Jésus-Christ instruisait les hommes des devoirs les plus nécessaires de la religion et qu’il leur proposait les motifs les plus forts à s’en acquitter.
La première partie de ce chapitre contient trois choses. I. La transfiguration de Jésus-Christ. II. L’explication qu’il donna à ses disciples de ce qu’il avait été prédit qu’Élie devait venir au monde. III. La guérison d’un lunatique que les apôtres n’avaient pu guérir.
1 Il leur dit aussi : Je vous dis en vérité, qu’il y en a quelques-uns de ceux qui sont ici présents, qui ne mourront point, qu’ils n’aient vu le règne de Dieu venir avec puissance.
2 Six jours après, Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean, et les mena seuls à part sur une haute montagne ; et il fut transfiguré en leur présence.
3 Ses vêtements devinrent resplendissants et blancs comme la neige, et tels qu’il n’y a point de foulon sur la terre qui pût ainsi blanchir.
4 Et ils virent paraître Moïse et Élie, qui s’entretenaient avec Jésus.
5 Alors Pierre, prenant la parole, dit à Jésus : Maître, il est bon que nous demeurions ici ; faisons-y donc trois tentes, une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie.
6 Car il ne savait pas bien ce qu’il disait, parce qu’ils étaient effrayés.
7 Et il vint une nuée qui les couvrit ; et une voix sortit de la nuée, qui dit : C’est ici mon Fils bien-aimé, écoutez-le.
8 Et aussitôt les disciples, ayant regardé tout autour, ne virent plus personne que Jésus, qui était seul avec eux.
9 Et comme ils descendaient de la montagne, il leur défendit de dire à personne ce qu’ils avaient vu, jusqu’à ce que le Fils de l’homme fût ressuscité des morts.
10 Ils retinrent donc cette parole en eux-mêmes, se demandant les uns aux autres ce que cela voulait dire, ressusciter des morts.
11 Et ils l’interrogèrent, en disant : Pourquoi les Scribes disent-ils qu’il faut qu’Élie vienne auparavant ?
12 Il leur répondit : Il est vrai qu’Élie devait venir premièrement et rétablir toutes choses ; et qu’il en devait être de lui comme du Fils de l’homme, duquel il est écrit qu’il faut qu’il souffre beaucoup, et qu’il soit méprisé.
13 Mais je vous dis qu’Élie est déjà venu, comme il est écrit de lui, et qu’ils lui ont fait tout ce qu’ils ont voulu.
14 Et étant venu vers les autres disciples, il vit une grande foule autour d’eux, et des Scribes qui disputaient avec eux.
15 Et dès que toute cette foule le vit, elle fut saisie d’étonnement, et tous, étant accourus, le saluèrent.
16 Alors il demanda aux Scribes : De quoi disputez-vous avec eux ?
17 Et un homme de la troupe, prenant la parole, dit : Maître, je t’ai amené mon fils qui est possédé d’un esprit muet,
18 Qui l’agite par des convulsions partout où il le saisit ; alors il écume, grince les dents, et devient tout sec, et j’ai prié tes disciples de le chasser ; mais ils n’ont pu le faire.
19 Alors Jésus leur répondit : Ô race incrédule, jusqu’à quand serai-je avec vous ? jusqu’à quand vous supporterai-je ? Amenez-le-moi.
20 Ils le lui amenèrent donc ; et dès qu’il vit Jésus, l’esprit l’agita avec violence, et il tomba par terre, et se roulait en écumant.
21 Alors Jésus demanda à son père : Combien y a-t-il de temps que cela lui arrive ? Le père dit : Dès son enfance.
22 Et l’esprit l’a souvent jeté dans le feu et dans l’eau, pour le faire périr ; mais si tu y peux quelque chose, aide-nous et aie compassion de nous.
23 Jésus lui dit : Si tu le peux croire, toutes choses sont possibles pour celui qui croit.
24 Aussitôt le père de l’enfant, s’écriant, dit avec larmes : Je crois, Seigneur, aide-moi dans mon incrédulité.
25 Et quand Jésus vit que le peuple y accourait en foule, il reprit sévèrement l’esprit immonde et lui dit : Esprit muet et sourd, je te commande, moi, sors de lui, et ne rentre plus en lui.
26 Alors l’esprit sortit en jetant un grand cri et en l’agitant avec violence ; et l’enfant devint comme mort, de sorte que plusieurs disaient : Il est mort.
27 Mais Jésus l’ayant pris par la main, le fit lever ; et il se leva.
28 Lorsque Jésus fut entré dans la maison, ses disciples lui demandèrent en particulier : Pourquoi n’avons-nous pas pu chasser ce démon ?
29 Et il leur répondit : Cette espèce de démons ne peut sortir que par la prière et par le jeûne.
REFLEXIONS
I. Notre Seigneur fit voir sa gloire à trois de ses apôtres dans sa transfiguration afin de les convaincre pleinement par cette apparition magnifique qu’il était le fils de Dieu. Il le fit aussi pour fortifier leur foi qui devait être ébranlée par sa mort dans peu temps. Moïse et Élie parurent dans cette occasion pour faire voir que Jésus était ce grand Rédempteur, dont les prophètes avaient parlé, et qu’il était même au-dessus des prophètes les plus illustres entre lesquels Moïse et Élie tenaient le premier rang. Outre cela, Dieu déclara alors par une voix venue du Ciel que Jésus-Christ était son fils bien-aimé afin qu’il parût encore plus clairement que c’était lui que tous les hommes devaient désormais écouter et à qui ils devaient obéir. Cette transfiguration de Jésus-Christ est au reste une image de la gloire dans laquelle il paraîtra au dernier jour et la présence de Moïse et d’Élie prouve que ces saints hommes vivaient après leur sortie du monde et qu’ainsi il y a une autre vie après celle-ci pour les justes.
II. Notre Seigneur apprit à ses disciples dans cette occasion que Jean-Baptiste était cet Élie qui devait venir selon la prédiction de Malachie. Ce nom avait été donné au précurseur du Messie parce que, comme le prophète Élie, il devait réformer les mœurs des hommes et rétablir le pur service de Dieu. La manière honorable et distinguée dont Jésus-Christ parla dans cette occasion de Jean-Baptiste nous engage à reconnaitre la dignité de la personne de ce grand prophète, à bien considérer le but de son ministère et à nous soumettre à sa doctrine, aussi bien qu’à celle de Jésus-Christ qui est encore plus grand que son précurseur.
III. On doit remarquer dans la guérison du lunatique que les apôtres ne purent le délivrer parce qu’ils n’étaient pas assez persuadés qu’ils pouvaient opérer ce grand miracle au nom de Jésus-Christ. Mais le Seigneur ayant égard à l’état déplorable de ce jeune homme aussi bien qu’à sa foi et aux larmes de son père le guérit parfaitement et par sa seule parole. Ce que Jésus-Christ dit aux apôtres dans cette occasion nous montre que c’était par la foi, par la prière et par le jeûne qu’ils pouvaient obtenir de Dieu le pouvoir de faire des miracles. Ces moyens ne sont ni moins efficaces, ni moins nécessaires pour résister aux tentations et pour engager le Seigneur à nous accorder les secours les plus puissants de sa grâce. Ainsi, nous devons les pratiquer avec soin.
CHAPITRE IX, VERSETS 30 A 51
I. Notre Seigneur avertit ses disciples que sa mort approchait. II. Il les reprend sur ce qu’ils avaient disputé entre eux qui serait le plus grand dans le royaume du Messie et il leur enseigne l’humilité en mettant un petit enfant au milieu d’eux.
III. Il blâme Saint Jean et ses autres disciples de ce qu’ils s’étaient opposés à un homme qui chassait les démons en son nom et il les avertit de ne scandaliser et de ne rejeter aucun de ceux qui croyaient en lui.
IV. Il les exhorte à éviter tout ce qui pouvait être pour les autres ou pour eux-mêmes une occasion de scandale et chute. ll menace des peines de l’enfer ceux qui n’évitent pas les scandales et il leur représente qu’étant comme le sel de la terre, ils devaient travailler à édifier tous les hommes, ce qu’ils feraient surtout en ne rebutant personne, en ayant pour tout le monde des sentiments de charité et en vivant entre eux dans l’union et dans la paix,
30 Puis étant partis de là, ils traversèrent la Galilée ; et Jésus ne voulut pas que personne le sût.
31 Cependant il instruisait ses disciples, et il leur disait : Le Fils de l’homme va être livré entre les mains des hommes, et ils le feront mourir ; mais après avoir été mis à mort, il ressuscitera le troisième jour.
32 Mais ils ne comprenaient point ce discours ; et ils craignaient de l’interroger.
33 Il vint ensuite à Capernaüm, et étant dans la maison, il leur demanda : De quoi discouriez-vous ensemble en chemin ?
34 Et ils se turent ; car ils avaient disputé en chemin, qui d’entre eux serait le plus grand.
35 Et s’étant assis, il appela les douze et leur dit : Si quelqu’un veut être le premier, il sera le dernier de tous et le serviteur de tous.
36 Et ayant pris un petit enfant, il le mit au milieu d’eux ; et le tenant entre ses bras, il leur dit :
37 Quiconque reçoit un de ces petits enfants à cause de mon nom, il me reçoit ; et quiconque me reçoit, ce n’est pas moi qu’il reçoit, mais il reçoit celui qui m’a envoyé.
38 Alors Jean, prenant la parole, lui dit : Maître, nous avons vu quelqu’un qui chasse les démons en ton nom, et qui ne nous suit pas ; et nous nous y sommes opposés, parce qu’il ne nous suit pas.
39 Et Jésus leur dit : Ne vous y opposez pas, car il n’y a personne qui fasse des miracles en mon nom, et qui puisse en même temps parler mal de moi.
40 Car qui n’est pas contre nous est pour nous.
41 Et quiconque vous donnera un verre d’eau en mon nom, parce que vous appartenez à Christ, je vous dis en vérité qu’il ne perdra pas sa récompense ;
42 mais quiconque scandalisera l’un de ces petits qui croient en moi, il vaudrait mieux pour lui qu’on lui mît une meule au cou, et qu’on le jetât dans la mer.
43 Que si ta main te fait tomber dans le péché, coupe-là ; il vaut mieux pour toi que tu entres dans la vie, n’ayant qu’une main, que d’avoir deux mains et d’aller dans la géhenne, dans le feu qui ne s’éteint point,
44 où leur ver ne meurt point, et où le feu ne s’éteint point.
45 Et si ton pied te fait tomber dans le péché, coupe-le ; il vaut mieux pour toi que tu entres dans la vie, n’ayant qu’un pied, que d’avoir deux pieds et d’être jeté dans la géhenne, dans le feu qui ne s’éteint point,
46 où leur ver ne meurt point, et où le feu ne s’éteint point.
47 Et si ton œil te fait tomber dans le péché, arrache-le ; il vaut mieux pour toi que tu entres au royaume de Dieu, n’ayant qu’un œil, que d’avoir deux yeux, et d’être jeté dans la géhenne du feu,
48 où leur ver ne meurt point, et où le feu ne s’éteint point.
49 Car chacun sera salé de feu ; et toute oblation sera salée.
50 C’est une bonne chose que le sel ; mais si le sel perd sa saveur, avec quoi la lui rendra-t-on ?
51 Ayez du sel en vous-mêmes, et soyez en paix entre vous.
REFLEXIONS
Il faut considérer ici :
I. Que si les apôtres ne comprenaient pas ce que notre Seigneur leur disait de sa mort, cela venait de ce qu’ils ne pouvaient concevoir que le Messie dût mourir et souffrir un supplice ignominieux et cruel.
II. La dispute qu’ils eurent pour savoir lequel d’entre eux serait le plus grand dans le royaume du Messie venait aussi de l’opinion où ils étaient que ce devait être un royaume temporel et semblable à ceux des rois de la terre. Jésus-Christ les désabusa de ces pensées en mettent devant leurs yeux un petit enfant, par où il voulait leur inspirer des sentiments humbles et leur apprendre à ne point s’élever les uns par-dessus les autres et à ne mépriser personne. Cette leçon est pour tous les chrétiens, ainsi nous devons bannir de nos cœurs toutes les pensées d’orgueil et d’élévation et ressembler aux enfants en douceur, en innocence et en humilité.
III. Il est à remarquer que notre Seigneur reprit ses disciples de ce qu’ils avaient voulu empêcher un homme qui ne les suivait pas de chasser les démons au nom de Jésus-Christ. Cette censure nous enseigne bien clairement qu’il ne nous est jamais permis de rejeter aucun de ceux qui font profession d’aimer le Seigneur Jésus, mais qu’au contraire nous devons les regarder tous comme nos frères, les chérir et nous joindre à eux. C’est ce que Jésus-Christ nous apprend encore plus expressément en disant que c’est un des plus grands péchés de mépriser ou de scandaliser aucun de ses disciples, quand même il y aurait quelque faiblesse en eux ou qui paraitraient méprisables selon le monde.
IV. Enfin, notre Sauveur nous exhorte fortement et sous les plus sévères menaces à résister à tout ce qui peut être une occasion de chute, à renoncer courageusement à ce qui nous serait le plus cher, à mortifier nos inclinaisons et à souffrir même ce qu’il y a de plus fâcheux, plutôt que de tomber ou de faire tomber les autres dans le péché et que de s’exposer par là à être jeté dans la géhenne où le ver ne meurt point et où le feu ne s’éteint point.
Jésus-Christ fait trois choses :
I. Il répond aux pharisiens qui l’avaient interrogé sur le divorce et il dit que la coutume qui était établie parmi les Juifs de répudier les femmes pour toutes sortes de raisons était contraire à l’institution du mariage. II. Il bénit de petits enfants. III. Il répond à un jeune homme riche qui lui avait demandé ce qu’il fallait faire pour être sauvé et à cette occasion il dit que les richesses empêcheraient plusieurs personnes de croire en lui, mais qu’il récompenserait abondamment ceux qui abandonneraient leurs biens et tout ce qu’ils avaient de plus cher pour le suivre.
1 Jésus étant parti de là, vint aux confins de la Judée, le long du Jourdain, et le peuple s’assembla encore vers lui, et il continua à les instruire, comme il avait accoutumé.
2 Alors les Pharisiens vinrent et lui demandèrent pour l’éprouver : Est-il permis à un homme de quitter sa femme ?
3 Il répondit et leur dit : Qu’est-ce que Moïse vous a commandé ?
4 Ils lui dirent : Moïse a permis d’écrire la lettre de divorce, et de la répudier.
5 Et Jésus, répondant, leur dit : Il vous a laissé cette loi par écrit, à cause de la dureté de votre cœur.
6 Mais au commencement de la création, Dieu ne fit qu’un homme et qu’une femme.
7 C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère, et s’attachera à sa femme ;
8 et les deux seront une seule chair ; ainsi ils ne sont plus deux, mais ils sont une seule chair.
9 Que l’homme ne sépare donc point ce que Dieu a uni.
10 Et les disciples l’interrogèrent encore sur ce sujet dans la maison ;
11 et il leur dit : Quiconque quittera sa femme et en épousera une autre, commet adultère à l’égard d’elle ;
12 et si la femme quitte son mari, et en épouse un autre, elle commet adultère.
13 Alors on lui présenta de petits enfants, afin qu’il les touchât ; mais les disciples reprenaient ceux qui les présentaient.
14 Et Jésus voyant cela, il en fut indigné, et il leur dit : Laissez venir à moi ces petits enfants, et ne les en empêchez point ; car le royaume de Dieu est pour ceux qui leur ressemblent.
15 Je vous dis en vérité, que quiconque ne recevra pas le royaume de Dieu comme un petit enfant, n’y entrera point.
16 Et les ayant pris entre ses bras, il leur imposa les mains et les bénit.
17 Et comme il sortait pour se mettre en chemin, un homme accourut, et s’étant mis à genoux devant lui, il lui demanda : Mon bon maître, que dois-je faire pour obtenir la vie éternelle ?
18 Mais Jésus lui répondit : Pourquoi m’appelles-tu bon ? Il n’y a qu’un seul bon, c’est Dieu.
19 Tu sais les commandements : Ne commets point d’adultère ; ne tue point ; ne dérobe point ; ne dis point de faux témoignage ; ne fais tort à personne ; honore ton père et ta mère.
20 Il répondit : Maître, j’ai observé toutes ces choses dès ma jeunesse.
21 Et Jésus, ayant jeté les yeux sur lui, l’aima et lui dit : Il te manque une chose : va, vends tout ce que tu as, et le donne aux pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel ; après cela viens, et suis-moi, t’étant chargé de la croix.
22 Mais cet homme fut affligé de cette parole, et il s’en alla tout triste, car il avait de grands biens.
23 Alors Jésus, regardant autour de lui, dit à ses disciples : Qu’il est difficile que ceux qui ont des richesses entrent dans le royaume de Dieu !
24 Et ses disciples furent étonnés de ce discours. Mais Jésus, reprenant la parole, leur dit : Mes enfants, qu’il est difficile à ceux qui se confient aux richesses d’entrer dans le royaume de Dieu !
25 Il est plus aisé qu’un chameau passe par le trou d’une aiguille, qu’il ne l’est qu’un riche entre dans le royaume de Dieu.
26 Et ils furent encore plus étonnés, et ils se disaient l’un à l’autre : Et qui peut donc être sauvé ?
27 Mais Jésus, les regardant, leur dit : Quant aux hommes, cela est impossible, mais non pas quant à Dieu ; car toutes choses sont possibles à Dieu.
28 Alors Pierre, prenant la parole, lui dit : Voici, nous avons tout quitté, et nous t’avons suivi.
29 Et Jésus répondit : Je vous dis en vérité qu’il n’y a personne qui ait quitté maison, ou frères, ou sœurs, ou père, ou mère, ou femme, ou enfants, ou des terres, pour l’amour de moi et de l’Évangile,
30 qui n’en reçoive dès à présent, en ce siècle, cent fois autant, des maisons, des frères, des sœurs, des mères, des enfants, et des terres, avec des persécutions ; et dans le siècle à venir la vie éternelle.
31 Mais plusieurs qui étaient les premiers seront les derniers ; et ceux qui étaient les derniers seront les premiers.
REFLEXIONS
Ce que notre Seigneur dit aux pharisiens sur le mariage nous apprend que Dieu n’approuvait point les divorces tels que les Juifs les pratiquaient, quoique ces divorces eussent été tolérés jusqu’alors à cause de l’humeur charnelle de ce peuple et de leur naturel porté à la désobéissance. Jésus-Christ dit expressément que ces sortes de divorces ne devaient plus avoir lieu parmi les chrétiens, non plus que diverses autres choses semblables que Dieu supportait autrefois, que les lois du mariage sont inviolables et qu’elles lient aussi bien l’homme que la femme. Par où nous voyons que le fils de Dieu a rétabli ces lois telles qu’elles étaient au commencement du monde et qu’ainsi il n’est plus permis aux hommes ni aux femmes de se séparer et de se remarier, si ce n’est pour cause d’adultère.
La cérémonie d’imposition des mains que Jésus-Christ pratiqua à l’égard des petits enfants et les prières qu’il fit pour eux ne permettent pas de douter qu’il n’aime les petits enfants et que ce ne soit une pratique conforme à ses intentions de les offrir à Dieu par le baptême et par la prière. Cela nous montre aussi que le royaume des cieux n’est que pour ceux qui, comme les petits enfants, sont doux, innocents et vides de l’amour du monde et de sa gloire.
Nous devons apprendre de l’entretien que Jésus-Christ eu avec cet homme riche, dont il est parlé ici, que l’on ne saurait entrer dans la vie éternelle si l’on ne garde les commandements de Dieu, mais qu’il faut outre cela, en de certaines occasions abandonner ses biens et tout ce que l’on possède en ce monde, qu’en général, les chrétiens ne doivent pas s’attacher aux richesses et que si Dieu leur en donne, ils doivent les employer à des usages de charité. Nous recueillons de plus du discours de notre Seigneur que ce renoncement aux biens du monde, quelque difficile qu’il paraisse d’abord, n’est point un devoir impossible à pratiquer, non plus que nos autres devoirs et que ceux qui auront ainsi renoncé aux biens de la terre, comme les apôtres le firent autrefois, en seront abondamment récompensés en cette vie et en l’autre.
Au reste, l’exemple de cet homme qui avait quelque chose de bon et que Jésus-Christ aima à cause de cela, mais qui se rebuta lorsque le Seigneur lui dit qu’il devait se défaire de ses biens, prouve qu’il se peut faire que des gens qui ont de bonnes intentions et quelques bonnes dispositions ne parviennent pas au salut. Cela leur arrive lorsqu’ils n’ont pas le courage de faire tout ce qu’il faut pour l’obtenir et de renoncer à certaines passions qui les dominent et qui y font un obstacle et en particulier à l’amour des richesses et à l’attachement pour les biens du monde.
CHAPITRE X VERSETS 32 A 53
I. Notre Seigneur avertit ses disciples de sa mort et de sa résurrection. II. Il répond à Saint Jacques et à Saint Jean qui, croyant comme le reste des Juifs que le Messie règnerait glorieusement sur la terre, le priaient qu’ils possédassent les premières dignités dans son royaume. III. Il rend la vue à un aveugle près de Jéricho.
32 Comme ils étaient en chemin, en montant à Jérusalem, Jésus marchait devant eux ; et ils étaient effrayés et craignaient en le suivant. Et Jésus, prenant encore à part les douze, commença à leur dire ce qui lui devait arriver.
33 Voici, leur dit-il, nous montons à Jérusalem, et le Fils de l’homme sera livré aux principaux sacrificateurs et aux Scribes, et ils le condamneront à la mort, et le livreront aux Gentils.
34 Ils se moqueront de lui, ils le fouetteront, ils lui cracheront au visage, et le feront mourir ; mais il ressuscitera le troisième jour.
35 Alors Jacques et Jean, fils de Zébédée, vinrent à lui et lui dirent : Maître, nous voudrions que tu nous fisses ce que nous te demanderons.
36 Et il leur dit : Que voulez-vous que je vous fasse ?
37 Ils lui dirent : Accorde-nous que nous soyons assis dans ta gloire, l’un à ta droite et l’autre à ta gauche.
38 Et Jésus leur dit : Vous ne savez ce que vous demandez. Pouvez-vous boire la coupe que je dois boire, et être baptisés du baptême dont je dois être baptisé ?
39 Ils lui dirent : Nous le pouvons. Et Jésus leur dit : Il est vrai que vous boirez la coupe que je dois boire, et que vous serez baptisés du baptême dont je dois être baptisé ;
40 mais d’être assis à ma droite ou à ma gauche, ce n’est pas à moi de l’accorder ; cela ne sera donné qu’à ceux à qui il est destiné.
41 Ce que les dix autres ayant entendu, ils en furent indignés contre Jacques et Jean.
42 Mais Jésus, les ayant appelés, leur dit : Vous savez que ceux qui veulent commander aux nations les maîtrisent ; et que les grands d’entre eux leur commandent avec autorité.
43 Mais il n’en sera pas de même parmi vous ; au contraire, quiconque voudra être grand parmi vous, sera votre serviteur.
44 Et quiconque d’entre vous voudra être le premier, sera l’esclave de tous.
45 Car le Fils de l’homme lui-même est venu, non pour être servi, mais pour servir et pour donner sa vie pour la rançon de plusieurs.
46 Ensuite ils arrivèrent à Jérico ; et comme il en repartait avec ses disciples et une grande troupe, un aveugle, nommé Bartimée, c’est-à-dire, fils de Timée, était assis auprès du chemin, demandant l’aumône.
47 Et ayant entendu que c’était Jésus de Nazareth qui passait, il se mit à crier et à dire : Jésus, fils de David, aie pitié de moi !
48 Et plusieurs le reprenaient, pour le faire taire ; mais il criait encore plus fort : Fils de David, aie pitié de moi !
49 Et Jésus, s’étant arrêté, dit qu’on l’appelât. Ils appelèrent donc l’aveugle, lui disant : Prends courage, lève-toi, il t’appelle.
50 Et jetant son manteau, il se leva et vint vers Jésus.
51 Alors Jésus, prenant la parole, lui dit : Que veux-tu que je te fasse ? Et l’aveugle dit : Maître, que je recouvre la vue.
52 Et Jésus lui dit : Va-t’en, ta foi t’a sauvé.
53 Et incontinent il recouvra la vue, et il suivit Jésus dans le chemin.
REFLEXIONS
On doit considérer ici en premier lieu que le temps de la mort de Jésus-Christ approchant, il déclara plus ouvertement aux apôtres qu’il serait crucifié et qu’il ressusciterait, mais ils furent troublés et effrayés à l’ouïe de ces discours parce qu’ils s’attendaient à voir leur maître régner glorieusement sur la terre. En cela on découvre la sagesse et la bonté de Jésus-Christ qui voulait ainsi préparer ses disciples à ce qui devait lui arriver et l’on y remarque aussi que ses disciples étaient dans de grands préjugés et qu’ils ne savaient pas encore ce que notre Seigneur devait faire pour sauver les hommes.
Il faut faire ensuite attention à ce que Jésus-Christ dit à Saint Jacques et à Saint Jean, qui prétendaient occuper un rang distingué dans son royaume. Il leur dit qu’au lieu de s’attendre à être élevés à ces dignités, ils devaient se préparer à boire la même coupe et à être baptisés du même baptême que lui, c’est-à-dire à passer par de grandes souffrances et même à endurer la mort et qu’ainsi ils devaient s’humilier et être les serviteurs les uns des autres, à l’exemple de leur maître qui n’était venu au monde que pour servir et pour souffrir. Ces leçons et ce grand exemple d’humilité regardent tous les chrétiens aussi bien que les apôtres et nous devons nous les proposer continuellement afin de régler par-là nos sentiments et nos mœurs.
Enfin, la guérison que notre Seigneur accorda à cet aveugle qui implorait son secours avec tant d’ardeur est une nouvelle preuve de sa puissance et de sa grande charité et nous en devons conclure que, s’il était si prompt à assister les misérables, il sauvera encore plus certainement tous ceux qui l’invoquent avec humilité et qui cherchent auprès de lui le salut et la vie.
Jésus-Christ fait son entrée royale à Jérusalem. Il chasse du temple ceux qui le profanaient en y vendant des pigeons et d’autres bêtes pour les sacrifices et en y changeant de l’argent. Il fait sécher un figuier par sa parole. Et il répond aux pharisiens qui lui demandaient raison de son autorité.
1 Comme ils approchaient de Jérusalem et qu’ils étaient près de Bethphagé et de Béthanie, vers le mont des Oliviers, Jésus envoya deux de ses disciples,
2 et il leur dit : Allez-vous-en à la bourgade qui est devant vous ; et aussitôt que vous y serez entrés, vous trouverez un ânon attaché, sur lequel personne n’a encore monté ; détachez-le et amenez-le-moi.
3 Et si quelqu’un vous dit : Pourquoi faites-vous cela ? dites que le Seigneur en a besoin ; et aussitôt il le laissera amener.
4 Ils s’en allèrent donc ; et ils trouvèrent l’ânon qui était attaché dehors devant une porte, entre deux chemins, et ils le détachèrent.
5 Et quelques-uns de ceux qui étaient là leur dirent : Pourquoi détachez-vous cet ânon ?
6 Ils leur répondirent comme Jésus leur avait commandé ; et on les laissa aller.
7 Ils amenèrent donc l’ânon à Jésus, et mirent leurs vêtements sur l’ânon ; et Jésus monta dessus.
8 Et plusieurs étendaient leurs vêtements par le chemin, et les autres coupaient des branches d’arbres, et les étendaient par le chemin.
9 Et ceux qui marchaient devant, et ceux qui suivaient, criaient : Hosanna ! béni soit celui qui vient au nom du Seigneur !
10 Béni soit le règne de David notre père qui vient au nom du Seigneur ! Hosanna dans les lieux très hauts !
11 Ainsi Jésus entra dans Jérusalem, et alla au temple ; et ayant tout considéré, comme il était déjà tard, il sortit pour aller à Béthanie avec les douze apôtres.
12 Le lendemain, comme ils sortaient de Béthanie, il eut faim.
13 Et voyant de loin un figuier qui avait des feuilles, il y alla pour voir s’il y trouverait quelque chose ; et s’en étant approché, il n’y trouva que des feuilles ; car ce n’était pas la saison des figues.
14 Alors Jésus, prenant la parole, dit au figuier : Que jamais personne ne mange de ton fruit. Et ses disciples l’entendirent.
15 Ils vinrent donc à Jérusalem ; et Jésus étant entré dans le temple, se mit à chasser ceux qui vendaient et qui achetaient dans le temple, et il renversa les tables des changeurs, et les sièges de ceux qui vendaient des pigeons.
16 Et il ne permettait pas que personne ne portât aucun vaisseau par le temple.
17 Et il les instruisait, en leur disant : N’est-il pas écrit : Ma maison sera appelée, par toutes les nations, une maison de prière mais vous en avez fait une caverne de voleurs ?
18 Ce que les Scribes et les principaux sacrificateurs ayant entendu, ils cherchaient les moyens de le faire périr ; car ils le craignaient, parce que tout le peuple était ravi de sa doctrine.
19 Le soir étant venu, Jésus sortit de la ville.
20 Et le matin, comme ils passaient, ses disciples virent le figuier séché jusqu’aux racines.
21 Alors Pierre, s’étant souvenu de ce qui s’était passé, lui dit : Maître, voilà le figuier que tu as maudit, qui est séché.
22 Et Jésus, répondant, leur dit : Ayez la foi en Dieu ;
23 Car je vous dis en vérité, que quiconque dira à cette montagne : Ôte-toi de là et te jette dans la mer, et qui ne doutera point dans son cœur, mais qui croira fermement que ce qu’il dit arrivera, tout ce qu’il aura dit lui sera accordé.
24 C’est pourquoi je vous dis : Tout ce que vous demanderez en priant, croyez que vous le recevrez ; et il vous sera accordé !
25 Mais quand vous vous présenterez pour faire votre prière, pardonnez, si vous avez quelque chose contre quelqu’un, afin que votre Père qui est dans les cieux vous pardonne aussi vos fautes.
26 Que si vous ne pardonnez pas, votre Père qui est dans les cieux ne vous pardonnera point non plus vos fautes.
27 Puis ils revinrent à Jérusalem ; et comme il allait par le temple, les principaux sacrificateurs, les Scribes et les sénateurs s’approchèrent de lui,
28 et ils lui dirent : Par quelle autorité fais-tu ces choses, et qui t’a donné l’autorité de les faire ?
29 Jésus, répondant, leur dit : Je vous demanderai aussi une chose, et répondez-moi ; et alors je vous dirai par quelle autorité je fais ces choses.
30 Le baptême de Jean venait-il du ciel, ou des hommes ? Répondez-moi.
31 Or, ils raisonnaient entre eux, disant : Si nous disons : Du ciel ; il dira : Pourquoi donc n’y avez-vous pas cru ?
32 Et si nous disons : Des hommes, nous craignons le peuple ; car tous croyaient que Jean avait été un vrai prophète.
33 Alors ils répondirent à Jésus : Nous n’en savons rien. Et Jésus leur répondit : Et moi, je ne vous dirai pas non plus par quelle autorité je fais ces choses.
REFLEXIONS
Notre Seigneur fit son entrée royale à Jérusalem peu de jours avant sa mort pour montrer qu’il était ce grand roi et ce Sauveur que les Juifs attendaient et dont les prophètes avaient prédit la venue, ce qu’il avait évité de faire connaître publiquement pendant sa vie. Mais la manière dont il fit cette entrée, étant monté sur un ânon, marquait sa douceur et son humilité et faisait voir que son règne n’aurait rien de commun avec celui des rois de la terre.
Comme la gloire de Jésus-Christ et la nature de son règne nous sont beaucoup mieux connues qu’elles ne l’étaient à ce peuple qui l’accompagna dans cette occasion, nous avons encore plus de sujet de nous réjouir et de louer Dieu de ce qu’il nous a envoyé ce grand Sauveur et de ce que son règne a été manifesté.
I. Il faut remarquer que dans le même jour, auquel Jésus-Christ fit son entrée royale, il se rendit au temple et qu’il en chassa ceux qui le profanaient afin de faire sentir aux Juifs son autorité divine et de leur montrer en agissant dans le temple comme maître qu’il était le fils de Dieu. De là nous devons apprendre à ne pas profaner, ni par l’hypocrisie, ni par l’impiété, ni par l’irrévérence les lieux où Dieu est adoré et invoqué.
Pour ce qui est du miracle du figuier séché, il faut savoir que cet arbre était une d’espèce particulière de figuiers qui conservaient pendant l’hiver leurs feuilles et leurs figues et dont le fruit murissait au printemps. Ainsi Jésus voyant ce figuier qui avait des feuilles et qui pouvait aussi avoir des figues y alla exprès chercher du fruit, quoi que ce ne fût pas la saison des figues communes et il le fit pour avoir occasion de le faire sécher par un miracle et de montrer par là à ses disciples, selon ce qu’il leur dit, que la foi et la prière obtiennent tout de Dieu. Mais il les avertit expressément que la prière doit être faite dans un esprit de charité et que quand nous nous présentons pour faire notre prière, nous devons nous pardonner les uns les autres.
La réponse que notre Seigneur fit aux pharisiens, qui lui demandaient de qui il tenait son autorité, avait pour but de leur faire sentir que leur incrédulité et leur aveuglement étaient volontaires et que son autorité venait du Ciel, aussi bien que celle de Jean-Baptiste. Mais nous serions encore plus coupables que les pharisiens, si, sachant que Jean-Baptiste et Jésus-Christ ont été envoyé de Dieu, nous ne nous soumettions pas à la doctrine qu’ils ont annoncée et de laquelle nous faisons profession.
Jésus-Christ propose la parabole des vignerons. Il répond à la demande qu’on lui fit, s’il fallait payer le tribut de l’empereur. Et à une autre demande que les sadducéens lui firent sur la résurrection.
1 Jésus se mit ensuite à leur parler en paraboles : Un homme, dit-il, planta une vigne, il l’environna d’une haie, et y fit un creux pour un pressoir ; il y bâtit une tour, et il la loua à des vignerons, et s’en alla.
2 Et dans la saison il envoya un de ses serviteurs vers les vignerons, afin de recevoir d’eux du fruit de la vigne.
3 Mais l’ayant pris, ils le battirent, et le renvoyèrent à vide.
4 Il leur envoya encore un autre serviteur ; mais ils lui jetèrent des pierres, et lui meurtrirent toute la tête, et le renvoyèrent, après l’avoir traité outrageusement.
5 Et il en envoya encore un autre qu’ils tuèrent ; et plusieurs autres, dont ils battirent les uns et tuèrent les autres.
6 Enfin, ayant un fils qu’il chérissait, il le leur envoya encore le dernier, disant : Ils auront du respect pour mon fils.
7 Mais ces vignerons dirent entre eux : C’est ici l’héritier ; venez, tuons-le, et l’héritage sera à nous.
8 Et le prenant, ils le tuèrent, et le jetèrent hors de la vigne.
9 Que fera donc le maître de la vigne ? Il viendra et fera périr ces vignerons, et il donnera la vigne à d’autres.
10 Et n’avez-vous point lu cette parole de l’Écriture : La pierre que ceux qui bâtissaient ont rejetée, est devenue la principale pierre de l’angle ;
11 Cela a été fait par le Seigneur, et c’est une chose merveilleuse devant nos yeux ?
12 Alors ils tâchèrent de le saisir ; car ils connurent bien qu’il avait dit cette similitude contre eux ; mais ils craignirent le peuple ; c’est pourquoi le laissant, ils s’en allèrent.
13 Ensuite ils lui envoyèrent quelques-uns des Pharisiens et des Hérodiens, pour le surprendre dans ses discours.
14 Étant donc venus vers lui, ils lui dirent : Maître, nous savons que tu es sincère, et que tu n’as égard à qui que ce soit ; car tu ne regardes point à l’apparence des hommes, mais tu enseignes la voie de Dieu selon la vérité. Est-il permis de payer le tribut à César, ou non ? Le payerons-nous, ou ne le payerons-nous pas ?
15 Mais lui, connaissant leur hypocrisie, leur dit : Pourquoi me tentez-vous ? Apportez-moi un denier, que je le voie.
16 Et ils lui en apportèrent un. Alors il leur dit : De qui est cette image et cette inscription ? Ils lui dirent : De César.
17 Et Jésus leur répondit : Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. Et ils furent remplis d’admiration pour lui.
18 Ensuite les Sadducéens, qui disent qu’il n’y a point de résurrection, le vinrent trouver, et lui firent cette question :
19 Maître, Moïse nous a laissé par écrit, que si le frère de quelqu’un meurt, et laisse sa femme sans enfants, son frère épousera sa veuve, pour susciter lignée à son frère.
20 Or, il y avait sept frères, dont le premier ayant épousé une femme, mourut et ne laissa point d’enfants.
21 Le second l’épousa aussi, et mourut, et ne laissa point non plus d’enfants ; et le troisième de même.
22 Tous les sept l’ont épousée, sans avoir laissé d’enfants. La femme mourut aussi la dernière de tous.
23 Duquel d’eux sera-t-elle donc femme quand ils ressusciteront ? car tous les sept l'ont eue pour femme.
24 Et Jésus, répondant, leur dit : N’êtes-vous pas dans l’erreur, parce que vous n’entendez pas les Écritures, ni quelle est la puissance de Dieu ?
25 Car quand on ressuscitera, ni les hommes ne prendront point de femmes, ni les femmes de maris ; mais ils seront comme les anges qui sont dans le ciel.
26 Et à l’égard des morts, pour vous montrer qu’ils doivent ressusciter, n’avez-vous point lu dans le livre de Moïse, comment Dieu lui parla dans le buisson, en disant : Je suis le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob ?
27 Dieu n’est point le Dieu des morts ; mais il est le Dieu des vivants. Vous êtes donc dans une grande erreur.
REFLEXIONS
Le sens de la parabole des vignerons est que les Juifs, après avoir rejeté et persécuté les prophètes, feraient mourir le fils de Dieu, qu’à cause de cela Dieu les priverait de son alliance et les détruirait, qu’il ferait prêcher l’Évangile aux païens et que Jésus, qui avait été rejeté par les principaux des Juifs, deviendrait le chef et le roi de l’Église et serait élevé à la droite de Dieu. Il y a sur cela deux réflexions à faire :
L’une, que tout ce que Jésus-Christ avait prédit arriva peu de temps après par la ruine de Jérusalem, par la vocation des païens et par l’établissement de son règne ;
L’autre, que, comme Dieu fit une sévère vengeance de l’ingratitude des Juifs, il punira encore plus l’infidélité de ceux qui auront méprisé les offres de sa grâce et désobéi à l’Évangile.
II. Dans la réponse que Jésus-Christ fit à la question qu’on lui proposa sur le tribut, nous voyons que notre Seigneur découvrit le piège que les pharisiens lui tendaient et qu’il évita ce piège en leur disant : Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu.
D’où nous devons recueillir qu’il faut se soumettre à l’autorité des rois et des princes et leur rendre tout ce qui leur est dû et s’acquitter aussi inviolablement des devoirs auxquels la religion nous engage envers Dieu.
III. Notre Seigneur eut en ce temps-là en entretien remarquable avec les sadducéens qui niaient la résurrection des morts et il répondit à la question qu’ils lui firent sur ce sujet d’une manière qui les confondit et qui leur fit voir qu’ils étaient dans une grande erreur. Cet endroit de l’Évangile mérite bien de l’attention. Jésus-Christ y instruit sur la vérité de la résurrection et sur l’état des personnes qui ressusciteront, ce qui doit nous affermir dans la croyance de cette grande et consolante vérité et nous porter à imiter la foi et la piété des patriarches dont le Seigneur s’est déclaré le Dieu, même après leur mort et à vivre d’une manière pure et spirituelle afin que nous puissions avoir part à la gloire d’une heureuse résurrection.
CHAPITRE XII VERSETS 28 A 44
Jésus-Christ répond à un docteur de la Loi qui lui demandait quel était le plus grand commandement. II. Il demande aux pharisiens comment le Messie pouvait être tout à la fois le fils et le Seigneur de David. III. Il censure l’hypocrisie des docteurs de la Loi. IV. Il loue l’offrande d’une pauvre veuve.
28 Alors un des Scribes qui les avait ouïs disputer ensemble, voyant qu’il leur avait bien répondu, s’approcha et lui demanda : Quel est le premier de tous les commandements ?
29 Jésus lui répondit : Le premier de tous les commandements est celui-ci : Écoute, Israël, le Seigneur notre Dieu est le seul Seigneur ;
30 tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta pensée, et de toute ta force. C’est là le premier commandement.
31 Et voici le second qui lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n’y a point d’autre commandement plus grand que ceux-ci.
32 Et le Scribe lui répondit : Maître, tu as bien dit, et selon la vérité, qu’il n’y a qu’un seul Dieu, et qu’il n’y en a point d’autre que lui,
33 et que l’aimer de tout son cœur, de toute son intelligence, de toute son âme, et de toute sa force, et aimer son prochain comme soi-même, c’est plus que tous les holocaustes et que tous les sacrifices.
34 Jésus voyant qu’il avait répondu en homme intelligent, lui dit : Tu n’es pas éloigné du royaume de Dieu. Et personne n’osait plus l’interroger.
35 Et comme Jésus enseignait dans le temple, il leur dit : Comment les Scribes disent-ils que le Christ est fils de David ?
36 Car David lui-même a dit par le Saint-Esprit : Le Seigneur a dit à mon Seigneur : Assieds-toi à ma droite, jusqu’à ce que j’aie mis tes ennemis pour te servir de marchepied.
37 Puis donc que David lui-même l’appelle son Seigneur, comment est-il son fils ? Et une grande multitude qui était là prenait plaisir à l’écouter.
38 Il leur disait aussi, en les enseignant : Gardez-vous des Scribes qui aiment à se promener en robes longues, et à être salués dans les places publiques ;
39 et qui aiment les premiers sièges dans les synagogues, et les premières places dans les festins ;
40 qui dévorent les maisons des veuves, et cela en affectant de faire de longues prières ; ils en recevront une plus grande condamnation.
41 Et Jésus, étant assis vis-à-vis du tronc, regardait comment le peuple mettait de l’argent dans le tronc.
42 Et plusieurs personnes riches y mettaient beaucoup ; et une pauvre veuve vint, qui y mit deux petites pièces, qui font un quadrin.
43 Alors, ayant appelé ses disciples, il leur dit : Je vous dis en vérité, que cette pauvre veuve a plus mis au tronc que tous ceux qui y ont mis.
44 Car tous les autres y ont mis de leur superflu ; mais celle-ci y a mis de son indigence tout ce qu’elle avait, tout ce qui lui restait pour vivre.
REFLEXIONS
I.. Cette lecture nous donne une leçon très importante. C’est que le premier commandement et celui qui comprend tous les autres est d’aimer Dieu de tout notre cœur et notre prochain comme nous-mêmes, que c’est là ce que nous pouvons faire de plus agréable à Dieu et ce qui vaut mieux que toutes les cérémonies et tous les devoirs extérieurs de la religion. Ceux qui ont bien compris cette vérité et qui travaillent par-dessus toutes choses à remplir leur cœur de cet amour sincère de Dieu et du prochain sont dans la disposition où il faut être pour entrer dans le royaume de Dieu, selon que notre Seigneur le déclare expressément.
II. Jésus-Christ ayant demandé aux scribes comment David appelait le Messie son Seigneur au Psaume CX, puisque le Messie était son fils, ils furent réduits au silence et ne purent lui répondre. Par cette question le Seigneur voulut les convaincre de leur ignorance en présence du peuple, mais il ne leur expliqua pas cet oracle de David, parce qu’il ne voulait pas alors parler ouvertement de la dignité de sa personne et parce que d’ailleurs cela eût été inutile et que les pharisiens n’auraient pas cru ce qu’il leur aurait dit sur ce sujet. Mais cette question n’a rien d’obscur pour nous qui savons que Jésus-Christ est fils de David parce qu’il est descendu de lui à l’égard de sa nature humaine, mais qu’il est aussi son Seigneur en tant qu’il est le fils de Dieu.
III. Les reproches que Jésus-Christ fit aux docteurs de la Loi nous montrent que l’orgueil, l’hypocrisie et l’avarice sont des vices tout-à-fait condamnables, surtout dans ceux qui enseignent les autres et dans les personnes qui font profession d’avoir de la piété.
IV. Le jugement que notre Seigneur fit de l’offrande d’une pauvre veuve, qui jeta deux petites pièces de monnaie dans un tronc où l’on mettait ce qu’on voulait donner pour les usages du temple et du service divin, nous apprend que Dieu a principalement égard au cœur et à l’intention et que les contributions et les aumônes des pauvres, quoi qu’elles soient de petite valeur lui sont aussi agréables que celles des riches lorsque les pauvres donnent autant que leur pauvreté le leur permet et qu’ils le font par un principe de piété et de charité.
Jésus-Christ parle des signes qui précéderaient la destruction du temple et de la ville de Jérusalem et la fin du monde. Il dit qu’il paraîtrait de faux prophètes et de faux messies, que l’on verrait des guerres, des famines et toutes sortes de calamités, que ses disciples seraient persécutés et que l’Évangile serait annoncé par toute la terre. Il prédit que les idolâtres rentreraient bientôt dans la Judée et qu’ils assiègeraient Jérusalem, qu’il paraîtrait de tous côté des signes de la colère de Dieu, qu’alors le Fils de l’homme se montrerait dans sa gloire et que ces choses arriveraient avant que la génération d’alors fût passée. Il exhorte ses disciples à se retirer en ce temps-là de Jérusalem. Enfin il leur recommande de se tenir prêts et de veiller en attendant sa venue et pour les y engager, il leur dit que le temps précis de cette venue était inconnu et incertain.
1 Comme Jésus sortait du temple, un de ses disciples lui dit : Maître, regarde quelles pierres et quels bâtiments !
2 Et Jésus, répondant, lui dit : Tu vois ces grands bâtiments ; il n’y restera pierre sur pierre qui ne soit renversée.
3 Et comme il était assis sur le mont des Oliviers, vis-à-vis du temple, Pierre, Jacques, Jean et André lui firent cette question à part, et lui dirent :
4 Dis-nous quand ces choses arriveront, et par quel signe on connaîtra que toutes ces choses devront s’accomplir.
5 Alors Jésus, leur répondant, se mit à leur dire : Prenez garde que personne ne vous séduise ;
6 car plusieurs viendront, qui prendront mon nom, disant : C’est moi qui suis le Christ ; et ils en séduiront plusieurs.
7 Quand vous entendrez parler de guerres et de bruit de guerres, ne vous troublez point ; car il faut que ces choses arrivent ; mais ce ne sera pas encore la fin.
8 Car une nation s’élèvera contre une autre nation, et un royaume contre un autre royaume ; et il y aura des tremblements de terre en divers lieux, des famines, et des troubles ; et ces choses ne seront que des commencements de douleurs.
9 Mais prenez garde à vous-mêmes ; car ils vous livreront aux tribunaux et aux synagogues ; vous serez fouettés, et vous serez présentés devant les gouverneurs et devant les rois, à cause de moi, pour me rendre témoignage devant eux.
10 Mais il faut que l’Évangile soit auparavant prêché à toutes les nations.
11 Or, quand ils vous mèneront pour vous livrer, ne soyez point en peine par avance de ce que vous aurez à dire, et ne le méditez point ; mais dites tout ce qui vous sera inspiré à cette heure-là ; car ce ne sera pas vous qui parlerez, mais ce sera le Saint-Esprit.
12 Alors un frère livrera son frère à la mort, et le père son enfant ; et les enfants se lèveront contre leurs pères et leurs mères et les feront mourir.
13 Et vous serez haïs de tous à cause de mon nom ; mais celui qui persévérera jusqu’à la fin, c’est celui-là qui sera sauvé.
14 Or, quand vous verrez l’abomination qui cause la désolation, et dont le prophète Daniel a parlé, établie où elle ne doit pas être ; (que celui qui le lit y fasse attention) alors, que ceux qui seront dans la Judée s’enfuient sur les montagnes ;
15 et que celui qui sera sur la maison, ne descende point dans sa maison, et n’y entre point pour s’arrêter à en emporter quoi que ce soit ;
16 et que celui qui sera aux champs, ne retourne point en arrière, pour emporter son habit.
17 Mais malheur aux femmes qui seront enceintes, et à celles qui allaiteront en ces jours-là.
18 Priez que votre fuite n’arrive point en hiver.
19 Car il y aura en ces jours-là une telle affliction, que, depuis le commencement de la création de toutes choses jusqu’à maintenant, il n’y en a point eu et qu’il n’y en aura jamais de semblable.
20 Et si le Seigneur n’avait abrégé ces jours-là, personne n’échapperait ; mais il a abrégé ces jours à cause des élus qu’il a choisis.
21 Alors, si quelqu’un vous dit : Voici, le Christ est ici ; ou : Il est là, ne le croyez point.
22 Car de faux Christs et de faux prophètes s’élèveront et feront des signes et des prodiges pour séduire même les élus, s’il était possible.
23 Mais prenez-y garde ; voici, je vous ai tout prédit.
24 En ces jours-là, après cette affliction, le soleil sera obscurci, la lune ne donnera point sa lumière ;
25 Les étoiles du ciel tomberont et les puissances qui sont dans les cieux seront ébranlées.
26 Et alors on verra le Fils de l’homme venir sur les nuées, avec une grande puissance et une grande gloire ;
27 Et il enverra ses anges pour rassembler ses élus des quatre vents, depuis les extrémités de la terre jusqu’aux extrémités du ciel.
28 Apprenez ceci par la comparaison d’un figuier : Quand ses branches commencent à être tendres, et qu’il pousse des feuilles, vous connaissez que l’été est proche.
29 Vous aussi de même, quand vous verrez que ces choses arriveront, sachez qu’il est proche et à la porte.
30 Je vous dis en vérité, que cette génération ne passera point, que toutes ces choses n’arrivent.
31 Le ciel et la terre passeront ; mais mes paroles ne passeront point.
32 Pour ce qui est du jour et de l’heure, personne ne le sait, non pas même les anges qui sont dans le ciel, ni même le Fils ; mais seulement le Père.
33 Prenez garde à vous ; veillez et priez : car vous ne savez quand ce temps viendra.
34 Il en est comme d’un homme qui, allant en voyage, laisse sa maison, et en donne la conduite à ses serviteurs, marquant à chacun sa tâche, et qui ordonne au portier d’être vigilant.
35 Veillez donc ; car vous ne savez pas quand le maître de la maison viendra, si ce sera le soir, ou à minuit, ou à l’heure que le coq chante, ou le matin ;
36 De peur, qu’arrivant tout à coup, il ne vous trouve endormis.
37 Or, ce que je vous dis, je le dis à tous : Veillez.
REFLEXIONS
Ce discours du fils de Dieu nous présente ces trois réflexions principales :
I. La première, que l’événement vérifia pleinement toutes ces prédictions de notre Seigneur peu après son départ de ce monde. Plusieurs séducteurs parurent en ce temps-là, les Juifs furent affligés par la guerre et par toutes sortes de fléaux, les apôtres et les chrétiens furent persécutés, l’Évangile se répandit en divers lieux du monde, Jérusalem fut assiégée et détruite avec son temple par les Romains, les chrétiens qui en sortirent furent garantis de cette désolation et enfin, tout cela arriva avant que les hommes qui vivaient du temps de Jésus-Christ fussent tous morts, comme il l’avait prédit formellement. Ce sont là des preuves de la vérité et de la divinité de l’Évangile auxquelles on ne saurait rien opposer et des marques visibles de la vengeance divine sur les Juifs.
II. Ceci doit nous persuader que ce que notre Seigneur a dit d’une manière qui n’est pas moins formelle de sa dernière venue, et de la punition des méchants, ne manquera pas d’arriver aussi.
III. La troisième réflexion est que le temps de cette venue nous est inconnu, de même que celui de notre mort, Dieu nous l’ayant caché par un effet de sa sagesse et de sa bonté, qu’ainsi nous devons y penser continuellement et nous y préparer par la prière, par une vie pure et par la pratique de toutes sortes de bonnes œuvres, servant Dieu fidèlement chacun dans notre vocation afin que ce jour redoutable ne nous surprenne pas. C’est à quoi notre Seigneur nous exhorte lui-même par ces paroles qui se lisent à la fin de ce discours et qui en marquent le but et l’usage : Prenez garde à vous. Veillez et priez, car vous ne savez pas quand votre Seigneur viendra. Ce que je vous dis, je le dis à tous : Veillez.
Saint Marc commence ici l’histoire de la passion de Jésus-Christ et il rapporte : I. Qu’une femme oignit notre Seigneur avec une huile précieuse. II. Que Judas promit aux Juifs de leur livrer son maître. III. Que Jésus-Christ célébra la pâque la veille de sa mort et que, pendant le souper il prédit la trahison de Judas, qu’il institua la sainte cène et qu’il prédit aussi que Saint Pierre le renierait.
1 La fête de Pâque et des pains sans levain devait être deux jours après ; et les Scribes cherchaient comment ils pourraient se saisir de Jésus par finesse, et le faire mourir.
2 Mais ils disaient : Il ne faut pas que ce soit durant la fête, de peur qu’il ne se fasse quelque émotion parmi le peuple.
3 Et Jésus, étant à Béthanie, dans la maison de Simon, surnommé le lépreux, une femme vint à lui, lorsqu’il était à table, avec un vase d’albâtre, plein d’une huile odoriférante et de grand prix, qu’elle lui répandit sur la tête, ayant rompu le vase.
4 Et quelques-uns en furent indignés en eux-mêmes, et dirent : Pourquoi perdre ainsi ce parfum ?
5 Car on pouvait le vendre plus de trois cents deniers, et les donner aux pauvres. Ainsi ils murmuraient contre elle.
6 Mais Jésus dit : Laissez-la ; pourquoi lui faites-vous de la peine ? Elle a fait une bonne action à mon égard.
7 Car vous aurez toujours des pauvres avec vous ; et toutes les fois que vous voudrez, vous pourrez leur faire du bien ; mais vous ne m’aurez pas toujours.
8 Elle a fait ce qui était en son pouvoir ; elle a embaumé par avance mon corps pour ma sépulture.
9 Je vous dis en vérité, que dans tous les endroits du monde où cet évangile sera prêché, ce qu’elle a fait sera aussi raconté en mémoire d’elle.
10 Alors Judas Iscariot, l’un des douze, s’en alla vers les principaux sacrificateurs, pour leur livrer Jésus.
11 Ils l’écoutèrent avec joie, et ils lui promirent de lui donner de l’argent ; après quoi il chercha une occasion propre pour le leur livrer.
12 Le premier jour des pains sans levain, auquel on immolait la Pâque, ses disciples lui dirent : Où veux-tu que nous allions te préparer ce qu’il faut pour manger la Pâque ?
13 Alors il envoya deux de ses disciples, et il leur dit : Allez à la ville, et vous rencontrerez un homme portant une cruche d’eau ; suivez-le.
14 Et en quelque lieu qu’il entre, dites au maître de la maison : Notre maître demande : Où est le lieu où je mangerai la Pâque avec mes disciples ?
15 Et il vous montrera une grande chambre haute, meublée et toute prête ; préparez-nous là la Pâque.
16 Ses disciples donc partirent, et vinrent à la ville, et trouvèrent les choses comme il leur avait dit ; et ils préparèrent la Pâque.
17 Quand le soir fut venu, il vint avec les douze apôtres.
18 Et comme ils étaient à table et qu’ils mangeaient, Jésus dit : Je vous dis en vérité, que l’un de vous, qui mange avec moi, me trahira.
19 Alors ils commencèrent à s’affliger ; et ils lui dirent, l’un après l’autre : Est-ce moi ?
20 Il leur répondit : C’est l’un de vous douze, qui met la main au plat avec moi.
21 Pour ce qui est du Fils de l’homme, il s’en va, selon ce qui a été écrit de lui ; mais malheur à cet homme par qui le Fils de l’homme est trahi ! il eût mieux valu pour cet homme de n’être jamais né.
22 Et comme ils mangeaient, Jésus prit du pain, et ayant rendu grâces, il le rompit, et il le leur donna, et dit : Prenez, mangez, ceci est mon corps.
23 Ayant aussi pris la coupe et rendu grâces, il la leur donna, et ils en burent tous.
24 Et il leur dit : Ceci est mon sang, le sang de la nouvelle alliance, lequel est répandu pour plusieurs.
25 Je vous dis en vérité, que je ne boirai plus de ce fruit de la vigne jusqu’au jour que je le boirai nouveau dans le royaume de Dieu.
26 Et après qu’ils eurent chanté le cantique, ils s’en allèrent à la montagne des Oliviers.
27 Alors Jésus leur dit : Je vous serai cette nuit à tous une occasion de chute ; car il est écrit : Je frapperai le berger, et les brebis seront dispersées.
28 Mais après que je serai ressuscité, j’irai devant vous en Galilée.
29 Et Pierre lui dit : Quand tous les autres seraient scandalisés, je ne le serai pourtant pas.
30 Alors Jésus lui dit : Je te dis en vérité, qu’aujourd’hui, cette même nuit, avant que le coq ait chanté deux fois, tu me renieras trois fois.
31 Mais Pierre disait encore plus fortement : Quand même il me faudrait mourir avec toi, je ne te renierai point. Et tous les autres disaient la même chose.
REFLEXIONS
La première réflexion qu’il faut faire ici, regarde l’action de cette femme qui répandit sur Jésus un parfum précieux. Notre Seigneur approuva cette action, il loua le zèle et les bonnes intentions de cette femme, il dit même que la mémoire de ce qu’elle avait fait serait conservée dans l’Église. Dès là nous ne pouvons douter qu’il n’ait aussi pour agréable tout ce que nous faisons en vue de l’honorer. Ce qu’il dit à ceux qui voulaient que le prix de ce parfum fût donné aux pauvres doit nous apprendre à éviter les jugements téméraires, à ne pas condamner facilement les actions des autres lorsqu’elles peuvent partir d’un bon principe et à faire du bien aux pauvres toutes les fois que nous le pourrons.
I. L’exemple de Judas montre que l’avarice endurcit et aveugle les hommes à un tel point qu’elle les pousse dans toutes sortes de crimes.
III. Puisque Jésus-Christ prédit la trahison de Judas, il paraît de là que rien ne lui était caché, qu’il connaissait les cœurs et les desseins des hommes et qu’il savait ce qui devait lui arriver et qu’ainsi il a souffert volontairement tout ce qu’il a souffert.
IV. Jésus-Christ célébra la pâque avec ses disciples suivant la coutume des Juifs, pour faire voir qu’il était religieux observateur de tout ce qui était prescrit par la loi divine, mais il le fit surtout parce que son dessein était d’instituer la sainte-cène et de la mettre à la place de la pâque des Juifs. C’est ce qui doit nous remplir d’un très grand respect pour cette divine cérémonie que notre Seigneur a établie comme un mémorial de sa mort et nous engager à la célébrer avec reconnaissance, conformément à ses intentions.
Enfin, la prédiction du reniement de St. Pierre suppose que notre Seigneur avait une parfaite connaissance du cœur des hommes et ce qu’il dit à cet apôtre, qui protestait qu’il ne l’abandonnerait jamais, doit nous inspirer une salutaire défiance de nous-mêmes et nous porter à profiter des avertissements que Dieu nous donne et à chercher dans l’humilité, dans la vigilance et dans la prière la fermeté nécessaire pour n’être pas surpris par les tentations.
CHAPITRE XIV VERSETS 32 A 72
Saint Marc rapporte ici : I. Ce que Jésus-Christ souffrit dans le jardin. II. Comment il fut pris par les Juifs qui étaient conduits par Judas. III. Ce qui se passa lorsque Jésus fut présenté au conseil. IV. La chute de Saint Pierre et sa repentance.
32 Ils allèrent ensuite dans un lieu appelé Gethsémané. Et Jésus dit à ses disciples : Asseyez-vous ici jusqu’à ce que j’aie prié.
33 Et il prit avec lui Pierre, Jacques et Jean, et commença à être saisi de frayeur et fort agité.
34 Et il leur dit : Mon âme est saisie de tristesse jusqu’à la mort ; demeurez ici et veillez.
35 Et s’en allant un peu plus avant, il se prosterna contre terre, priant que, s’il était possible, cette heure s’éloignât de lui.
36 Et il disait : Mon Père, toutes choses te sont possibles ; détourne cette coupe de moi ; toutefois qu’il en soit, non ce que je voudrais, mais ce que tu veux.
37 Et il revint vers eux et les trouva endormis ; et il dit à Pierre : Simon, tu dors ! n’as-tu pu veiller une heure ?
38 Veillez et priez, de peur que vous ne tombiez dans la tentation ; car l’esprit est prompt, mais la chair est faible.
39 Et il s’en alla encore, et il pria disant les mêmes paroles.
40 Et étant revenu, il les trouva encore endormis, car leurs yeux étaient appesantis ; et ils ne savaient que lui répondre.
41 Et il revint pour la troisième fois, et il leur dit : Vous dormez encore et vous vous reposez ! C’est assez ; l’heure est venue : voici, le Fils de l’homme s’en va être livré entre les mains des méchants.
42 Levez-vous, allons, voici, celui qui me trahit s’approche.
43 Et aussitôt, comme Jésus parlait encore, Judas qui était l’un des douze, vint, et avec lui une grande troupe de gens armés d’épées et de bâtons, de la part des principaux sacrificateurs, des Scribes et des sénateurs.
44 Et celui qui le trahissait avait donné ce signal : Celui que je baiserai, c’est lui ; saisissez-le, et l’emmenez sûrement.
45 Aussitôt, donc qu’il fut arrivé, il s’approcha de lui et lui dit : Maître, maître ; et il le baisa.
46 Alors ils mirent les mains sur Jésus, et le saisirent.
47 Et un de ceux qui étaient là présents tira son épée, et en frappa un serviteur du souverain sacrificateur, et lui emporta une oreille.
48 Alors Jésus prit la parole et leur dit : Vous êtes sortis comme après un brigand, avec des épées et des bâtons pour me prendre.
49 J’étais tous les jours au milieu de vous, enseignant dans le temple, et vous ne m’avez point saisi ; mais tout ceci est arrivé, afin que les Écritures fussent accomplies.
50 Alors tous ses disciples l’ayant abandonné, s’enfuirent.
51 Et il y avait un jeune homme qui le suivait, ayant le corps couvert seulement d’un linceul ; et quelques jeunes gens l’ayant pris,
52 Il leur laissa le linceul, et s’enfuit nu de leurs mains.
53 Ils menèrent ensuite Jésus chez le souverain sacrificateur où s’assemblèrent tous les principaux sacrificateurs, les sénateurs et les Scribes.
54 Pierre le suivit de loin jusque dans la cour du souverain sacrificateur ; et étant assis auprès du feu avec les domestiques, il se chauffait.
55 Or, les principaux sacrificateurs et tout le conseil cherchaient quelque témoignage contre Jésus, pour le faire mourir ; et ils n’en trouvaient point.
56 Car plusieurs rendaient de faux témoignages contre lui ; mais leurs dépositions ne s’accordaient pas.
57 Alors quelques-uns se levèrent, qui portèrent un faux témoignage contre lui, disant :
58 Nous lui avons ouï dire : Je détruirai ce temple, qui a été bâti par la main des hommes, et dans trois jours j’en rebâtirai un autre, qui ne sera point fait de main d’homme.
59 Mais leur déposition ne s’accordait pas non plus.
60 Alors le souverain sacrificateur se levant au milieu du conseil, interrogea Jésus, et lui dit : Ne réponds-tu rien ? Qu’est-ce que ces gens déposent contre toi ?
61 Mais Jésus se tut et ne répondit rien. Le souverain sacrificateur l’interrogea encore, et lui dit : Es-tu le Christ, le Fils du Dieu béni ?
62 Et Jésus lui dit : Je le suis ; et vous verrez le Fils de l’homme assis à la droite de la puissance de Dieu, et venir sur les nuées du ciel.
63 Alors le souverain sacrificateur déchira ses vêtements, et dit : Qu’avons-nous plus à faire de témoins ?
64 Vous avez entendu le blasphème ; que vous en semble ? Alors tous le condamnèrent comme étant digne de mort.
65 Et quelques-uns se mirent à cracher contre lui, à lui couvrir le visage, et à lui donner des coups de poing ; et ils lui disaient : Devine qui t’a frappé. Et les sergents lui donnaient des coups de leurs bâtons.
66 Or, comme Pierre était en bas dans la cour, une des servantes du souverain sacrificateur y vint ;
67 Et voyant Pierre qui se chauffait, elle le regarda en face, et lui dit : Et toi, tu étais avec Jésus de Nazareth.
68 Mais il le nia, et dit : Je ne le connais point, et je ne sais ce que tu dis ; et il sortit au vestibule ; et le coq chanta.
69 Et cette servante l’ayant encore vu, elle se mit à dire à ceux qui étaient présents : Cet homme est de ces gens-là.
70 Mais il le nia encore. Et un peu après, ceux qui étaient présents dirent à Pierre : Tu es assurément de ces gens-là, car tu es Galiléen, et ton langage est semblable au leur.
71 Alors il commença à faire des imprécations et à jurer, disant : Je ne connais point cet homme dont tu parles.
72 Et le coq chanta pour la seconde fois ; et Pierre se ressouvint de la parole que Jésus lui avait dite : Avant que le coq ait chanté deux fois, tu me renieras trois fois. Et étant sorti promptement, il pleura.
REFLEXIONS
L’extrême tristesse que notre Seigneur ressentit dans le jardin est l’une des circonstances les plus remarquables de sa passion. Elle nous découvre bien clairement que c’était pour expier les péchés des hommes qu’il souffrait. Nous y voyons quelle est l’horreur du péché et de quel désespoir les méchants seront saisis lorsqu’ils seront rejetés de Dieu et qu’ils souffriront les peines dues à leurs péchés. Nous devons après cela, à l’imitation de Jésus-Christ, qui, dans son agonie, priait avec tant de ferveur et une si parfaite soumission à la volonté de son Père, invoquer Dieu avec persévérance lorsque nous sommes dans l’affliction et en même temps avec une entière résignation à sa volonté disant toujours : Seigneur, non point ce que je voudrais, mais ce que tu veux.
Jésus-Christ nous donne un avertissement bien important lorsqu’il dit : Veillez et priez, de peur que vous ne tombiez dans la tentation, car l’esprit est prompt mais la chair est faible.
Il nous apprend par-là que le moyen infaillible de ne pas tomber dans le péché est de nous défier de notre faiblesse, de veiller et de prier, mais que les tentations nous entrainent dès que nous nous négligeons de ce côté-là.
On voit dans ce qui se passa lorsque notre Seigneur fut pris et dans ce qu’il dit alors à Judas et aux Juifs qu’il ne fut pris et condamné que parce qu’il le voulait bien et parce que Dieu le permettait. C’est là pour nous un puissant engagement à aimer ardemment notre Sauveur qui s’est exposé volontairement à la mort pour nous et à acquiescer en toutes choses à la volonté du Seigneur.
On doit remarquer : que Jésus parut devant le conseil, qu’il fut examiné, qu’on entendit des témoins, mais qu’il ne put être convaincu d’aucun crime, quelques efforts que les Juifs fissent pour trouver des accusations et des faux témoignages contre lui et qu’il ne fut condamné que parce qu’il avoua qu’il était le fils de Dieu. Tout cela fut dispensé par la providence pour faire voir la parfaite innocence de notre Seigneur.
Cette grande douceur et cette patience qu’il fit paraître par ses discours et en souffrant toutes sortes d’indignités est une preuve bien sensible de sa soumission à la volonté de son Père et de son amour envers nous et un modèle de patience auquel nous devons nous conformer. Après cela, il est à remarquer que notre Seigneur avoua qu’il était le fils de Dieu et qu’il dit aux Juifs qu’ils le verraient bientôt assis à la droite de Dieu et venant dans sa gloire. Cela s’accomplit peu après, lorsque les Juifs furent détruits et qu’ils virent le règne de notre Seigneur s’établir dans le monde.
Nous devons enfin profiter de la chute de Saint Pierre qui renia son maître après avoir protesté si fortement qu’il ne l’abandonnerait jamais. Tout le monde et même les personnes qui ont du zèle et de bons sentiments peuvent voir ici combien grande est notre faiblesse et comment nous ne saurions jamais trop nous précautionner contre les tentations. La repentance de cet apôtre, qui fut si prompte et si amère, nous apprend que si nous avons fait quelque chute nous devons nous en relever incontinent, en avoir une vive douleur et la réparer par le recours à la miséricorde de Dieu et par une sincère conversion.
Jésus-Christ est présenté à Pilate qui, après avoir tâché de le délivrer, consent enfin à sa mort. Il est crucifié, il meurt et on l’ensevelit.
1 Dès qu’il fut jour, les principaux sacrificateurs, avec les sénateurs et les Scribes, et tout le conseil, ayant délibéré ensemble, emmenèrent Jésus lié, et le livrèrent à Pilate.
2 Et Pilate l’interrogea et lui dit : Es-tu le roi des Juifs ? Jésus lui répondit : Tu le dis.
3 Et les principaux sacrificateurs l’accusaient de plusieurs choses ; mais il ne répondait rien.
4 Et Pilate l’interrogea encore et lui dit : Ne réponds-tu rien ? Vois combien de choses ils avancent contre toi.
5 Mais Jésus ne répondit plus rien, de sorte que Pilate en était tout surpris.
6 Or, il avait accoutumé de relâcher, à la fête de Pâque, celui des prisonniers que le peuple demandait.
7 Et il y en avait un, nommé Barabbas, qui était en prison avec d’autres séditieux qui avaient commis un meurtre dans une sédition.
8 Et le peuple se mit à demander, avec de grands cris, qu’il leur fît comme il leur avait toujours fait.
9 Pilate leur répondit : Voulez-vous que je vous relâche le roi des Juifs ?
10 Car il savait bien que c’était par envie que les principaux sacrificateurs l’avaient livré.
11 Mais les principaux sacrificateurs incitèrent le peuple à demander qu’il leur relâchât plutôt Barabbas.
12 Et Pilate, reprenant la parole, leur dit : Que voulez-vous donc que je fasse de celui que vous appelez le roi des Juifs ?
13 Et ils crièrent de nouveau : Crucifie-le.
14 Et Pilate leur dit : Mais quel mal a-t-il fait ? Et ils crièrent encore plus fort : Crucifie-le.
15 Pilate donc, voulant contenter le peuple, leur relâcha Barabbas ; et après avoir fait fouetter Jésus, il le livra pour être crucifié.
16 Alors les soldats l’emmenèrent dans la cour du prétoire, et ils y assemblèrent toute la compagnie des soldats ;
17 et ils le revêtirent d’un manteau de pourpre, et lui mirent sur la tête une couronne d’épines qu’ils avaient entrelacées.
18 Et ils se mirent à le saluer, en disant : Je te salue, roi des Juifs.
19 Et ils lui frappaient la tête avec une canne, et ils crachaient contre lui, et se mettant à genoux, ils se prosternaient devant lui.
20 Après s’être ainsi moqués de lui, ils lui ôtèrent le manteau de pourpre, et lui ayant remis ses habits, ils l’emmenèrent pour le crucifier.
21 Et un certain homme de Cyrène, nommé Simon, père d’Alexandre et de Rufus, passant par là en revenant des champs, ils le contraignirent de porter la croix de Jésus.
22 Et ils le conduisirent au lieu appelé Golgotha, c’est-à-dire la place du crâne.
23 Et ils lui présentèrent à boire du vin mêlé avec de la myrrhe ; mais il n’en but point.
24 Et après l’avoir crucifié, ils partagèrent ses habits, en les jetant au sort, pour savoir ce que chacun en aurait.
25 Il était la troisième heure quand ils le crucifièrent.
26 Et le sujet de sa condamnation était marqué par cet écriteau : LE ROI DES JUIFS.
27 Ils crucifièrent aussi avec lui deux brigands, l’un à sa droite, et l’autre à sa gauche.
28 Ainsi cette parole de l’Écriture fut accomplie : Il a été mis au rang des malfaiteurs.
29 Et ceux qui passaient par là lui disaient des outrages, hochant la tête et disant : Hé ! toi, qui détruis le temple, et qui le rebâtis en trois jours,
30 sauve-toi toi-même, et descends de la croix.
31 De même aussi les principaux sacrificateurs et les Scribes disaient entre eux, en se moquant : Il a sauvé les autres, et il ne peut se sauver lui-même.
32 Que le Christ, le roi d’Israël, descende maintenant de la croix, afin que nous le voyions, et que nous croyions. Et ceux qui étaient crucifiés avec lui, lui disaient aussi des outrages.
33 Mais depuis la sixième heure il y eut des ténèbres sur toute la terre, jusqu’à la neuvième heure.
34 Et à la neuvième heure Jésus cria à haute voix, disant : Éloï, Éloï, lamma sabachthani ? C’est-à-dire : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?
35 Et quelques-uns de ceux qui étaient présents, l’ayant entendu, disaient : Voilà qu’il appelle Élie.
36 Et l’un d’eux courut, emplit une éponge de vinaigre, la mit au bout d’une canne, et la lui présenta pour boire, en disant : Laissez, voyons si Élie viendra l’ôter de la croix.
37 Alors Jésus ayant jeté un grand cri, rendit l’esprit.
38 Et le voile du temple se déchira en deux, depuis le haut jusqu’au bas.
39 Et le centenier qui était vis-à-vis de lui, voyant qu’il était expiré en criant ainsi, dit : Cet homme était véritablement Fils de Dieu.
40 Il y avait aussi des femmes qui regardaient de loin, entre lesquelles étaient Marie-Magdelaine, et Marie, mère de Jacques le petit et de Joses, et Salomé,
41 lesquelles le suivaient et le servaient lorsqu’il était en Galilée, et plusieurs autres qui étaient montées avec lui à Jérusalem.
42 Comme il était déjà tard, et que c’était le jour de la préparation, c’est-à-dire la veille du sabbat,
43 Joseph d’Arimathée, qui était un sénateur de considération, et qui attendait aussi le règne de Dieu, vint avec hardiesse vers Pilate, et lui demanda le corps de Jésus.
44 Pilate s’étonna qu’il fût déjà mort ; et ayant appelé le centenier, il lui demanda s’il y avait longtemps qu’il était mort.
45 Et l’ayant appris du centenier, il donna le corps à Joseph.
46 Et Joseph ayant acheté un linceul, le descendit de la croix, l’enveloppa dans ce linceul, et le mit dans un sépulcre qui était taillé dans le roc ; et il roula une pierre à l’entrée du sépulcre.
47 Et Marie-Magdelaine et Marie, mère de Joses, regardaient où on le mettait.
REFLEXIONS
Il y a quatre choses principales à remarquer dans ce qui se passa devant Pilate :
I. L’injustice et la fureur des Juifs que rien ne put apaiser et qui sollicitèrent avec tant d’instance la condamnation de Jésus, jusque-là qu’ils lui préférèrent un meurtrier.
II. L’humilité, le silence et la patience de notre Seigneur qui se soumit à la sentence de Pilate et qui souffrit sans se plaindre toutes les injustices qu’on lui fit. Ce sont là de fortes preuves de son amour pour les hommes qu’ils voulaient sauver et de sa soumission à la volonté de son Père et c’est aussi un exemple de résignation pour ceux qui sont exposés à la souffrance et à l’injustice des hommes.
III. Il faut remarquer que l’innocence de Jésus-Christ fut pleinement reconnue par Pilate, ce qui aggravait le crime des Juifs et celui de ce gouverneur.
IV. Et enfin que ce juge inique, après avoir refusé de faire ce que les Juifs voulaient et tâché de sauver Jésus-Christ, prononça enfin la sentence de sa mort. Pilate connaissait ce que la justice demandait, il avait même de bonnes intentions, mais il n’eut pas le courage de les suivre.
C’est ainsi qu’en usent ceux qui pèchent contre leur conviction, ils connaissent leur devoir, ils ont quelque bonne volonté, mais après avoir résisté quelques temps à la tentation, ils y succombent par la crainte qu’ils ont des hommes, par des vues de politique et d’intérêt ou par quelque autre principe de cette nature. Au lieu que les gens de bien sont toujours attachés à leur devoir et suivent avec fermeté ce que la conscience leur dicte, sans que les égards humains soient capables de les en empêcher.
Ce que l’on doit principalement considérer dans la passion de notre Seigneur, ce sont les douleurs de ce supplice cruel qu’il endura, la honte et l’ignominie à laquelle il fut exposé ayant été crucifié au milieu de deux brigands, les outrages et les insultes que les pharisiens et les sacrificateurs lui firent pendant qu’il était attaché à la croix et enfin la mort qui termina ses souffrances. On découvre en tout cela le profond abaissement du fils de Dieu, le grand amour qu’il nous a porté et l’exemple de la patience la plus parfaite.
Ainsi nous devons regarder cette mort comme le prix de notre rédemption et l’appui de notre foi, aimer ce bon Sauveur, qui nous a tant aimé, renoncer au péché qu’il est venu détruire par sa mort et apprendre, par son exemple, à porter notre croix et à souffrir patiemment lorsque nous y sommes appelés.
L’histoire de la sépulture de Jésus-Christ et les informations que Pilate fit prendre avant que d’accorder son corps à Joseph prouvent qu’il a été véritablement mort et qu’ainsi il est véritablement ressuscité. La considération de cette sépulture est aussi très propre pour dissiper la crainte que nous pourrions avoir de la mort et du sépulcre et pour nous élever à l’attente d’une meilleure vie.
Dans ce dernier chapitre de Saint Marc, on voit : I. L’histoire de la résurrection de Jésus-Christ. II. les ordres qu’il donna aux apôtres avant que de quitter le monde. III. Son ascension.
1 Après que le sabbat fut passé, Marie-Magdelaine, Marie, mère de Jacques, et Salomé, achetèrent des drogues aromatiques pour venir embaumer le corps de Jésus.
2 Et elles vinrent au sépulcre de grand matin, le premier jour de la semaine, comme le soleil venait de se lever.
3 Et elles disaient entre elles : Qui nous ôtera la pierre qui ferme l’entrée du sépulcre ?
4 Et ayant regardé, elles virent que la pierre avait été ôtée ; or, elle était fort grande.
5 Puis, étant entrées dans le sépulcre, elles virent un jeune homme assis du côté droit, vêtu d’une robe blanche ; et elles en furent épouvantées.
6 Mais il leur dit : Ne vous effrayez point ; vous cherchez Jésus de Nazareth qui a été crucifié ; il est ressuscité, il n’est plus ici ; voici le lieu où on l’avait mis.
7 Mais allez, dites à ses disciples et à Pierre qu’il s’en va devant vous en Galilée ; vous le verrez là, comme il vous l’a dit.
8 Elles sortirent aussitôt du sépulcre, et elles s’enfuirent ; car elles étaient saisies de crainte et d’étonnement. Et elles n’en dirent rien à personne, tant elles étaient effrayées.
9 Or, Jésus, étant ressuscité le matin, le premier jour de la semaine, apparut premièrement à Marie-Magdelaine, de laquelle il avait chassé sept démons.
10 Et elle s’en alla, et l’annonça à ceux qui avaient été avec lui, et qui étaient dans le deuil et dans les larmes.
11 Mais eux, lui ayant ouï dire qu’il était vivant, et qu’elle l’avait vu, ne le crurent point.
12 Après cela il se montra sous une autre forme à deux d’entre eux qui étaient en chemin pour aller à la campagne.
13 Et ceux-ci s’en allèrent le dire aux autres disciples ; mais ils ne les crurent pas non plus.
14 Enfin il se montra aux onze apôtres, comme ils étaient à table, et il leur reprocha leur incrédulité et la dureté de leur cœur, parce qu’ils n’avaient pas cru ceux qui l’avaient vu ressuscité.
15 Et il leur dit : Allez-vous-en par tout le monde, et prêchez l’Évangile à toute créature humaine.
16 Celui qui croira et qui sera baptisé, sera sauvé ; mais celui qui ne croira point sera condamné.
17 Et voici les miracles qui accompagneront ceux qui auront cru : Ils chasseront les démons en mon nom ; ils parleront de nouvelles langues ;
18 ils chasseront les serpents ; quand ils auront bu quelque breuvage mortel, il ne leur fera point de mal ; ils imposeront les mains aux malades, et ils seront guéris.
19 Le Seigneur Jésus, après leur avoir ainsi parlé, fut élevé au ciel, et il s’assit à la droite de Dieu.
20 Et eux, étant partis, prêchèrent partout ; le Seigneur opérant avec eux, et confirmant la parole par les miracles qui l’accompagnaient.
REFLEXIONS
Ce qui est contenu dans ce chapitre établit premièrement la vérité et la certitude de la résurrection de Jésus-Christ, puisqu’elle a été confirmée par l’apparition et par le témoignage des anges et que notre Seigneur fut vu par les femmes qui étaient allées à son sépulcre et ensuite par les apôtres à diverses fois.
Nous devons considérer aussi combien cette résurrection fut glorieuse, Dieu ayant envoyé des anges pour annoncer aux hommes qu’il était ressuscité. Ce merveilleux événement prouve donc que Jésus est le fils de Dieu et nous assure qu’il nous a parfaitement réconcilié à Dieu par son sacrifice et qu’il a vaincu la mort et le sépulcre. Cette résurrection est aussi un gage certain de la nôtre, ce qui doit nous remplir de consolation et de confiance et nous exciter puissamment à la piété.
Les ordres que Jésus-Christ donna aux apôtres d’aller prêcher et baptiser par tout le monde et le pouvoir dont il les revêtit de faire toutes sortes de miracles montrent qu’il parlait comme le roi de l’Église et le Maître de toutes choses. Et l’événement ayant répondu à ce qu’il avait dit, cela prouve d’une manière incontestable qu’il a été élevé à une souveraine puissance et que l’Évangile est une doctrine céleste et divine.
Nous devons remarquer de plus que Jésus-Christ parle ici du baptême en des termes qui font voir que cette cérémonie est une institution divine, mais en même temps il déclare que le baptême ne peut sauver que lorsqu’il est accompagné d’une vraie foi.
Enfin l’ascension de Jésus-Christ nous engage à le regarder comme celui qui a un pouvoir souverain sur tout le monde et qui doit être notre juge. Et puisqu’il est aussi allé au Ciel pour nous y préparer place, nous devons par la piété et par les bonnes œuvres aspirer et tendre à ce glorieux séjour, où notre Rédempteur est entré et où il est assis à la droite de Dieu.
BROCHURE D'EVANGELISATION
COMMENT HERITER LA VIE ETERNELLE ?
Le Seigneur Jésus-Christ nous a apporté au travers de sa parole, les réponses à cette question si cruciale pour notre salut. Jésus-Christ lui-même a exhorté ses disciples : à sonder les Écritures, car, dit-il, c’est par elles que vous croyez avoir la vie éternelle et ce sont elles qui rendent témoignage de moi. Le Seigneur nous recommande par-là d’être assidu à la lecture et la méditation de la bible, parce que l’Écriture Sainte est le don le plus précieux que Dieu nous ait fait avec celui de son Fils. C’est un trésor où il a mis tout ce qui peut nous enrichir et nous rendre heureux. Il importe aussi de se recueillir avant de commencer cette lecture et d’y mettre toute notre attention. Dieu nous parle et que c’est par le moyen de sa parole qu’il veut nous conduire à la vie éternelle et faire de nos des Hommes bienheureux.
Et voici, quelqu’un s’approchant lui dit : Mon bon maître, que dois-je faire pour avoir la vie éternelle ? (Matthieu 19,16 ; Matthieu 25, 46 ; Marc 10, 17 ; Luc 10, 25 ; Luc 18, 18).
L’entretien que notre Seigneur Jésus-Christ a eu avec cet homme riche, dont il est parlé dans ce verset ci-dessus, est que l’on ne saurait entrer dans la vie éternelle si l’on ne garde les commandements de Dieu. Autrement dit hériter la vie éternelle c’est mettre en pratique dans notre vie quotidienne les préceptes de la parole de Dieu, les recommandations et commandements de notre Seigneur Jésus-Christ. Se convertir au Seigneur Jésus, c’est une étape indispensable mais il faut en plus garder les commandements de notre Seigneur. Il y a des situations où l’on peut-être appeler à quitter tout ce que l’on possède et même s’exposer à la pauvreté et à la persécution pour le suivre. Et dans certains cas, il faut outre cela, abandonner ses biens et tout ce que l’on possède en ce monde, qu’en général, les chrétiens ne doivent pas s’attacher aux richesses et que si Dieu leur en donne, ils doivent les employer à des usages de charité. Nous recueillons de plus du discours de notre Seigneur que ce renoncement aux biens du monde, quelque difficile qu’il paraisse d’abord, n’est point un devoir impossible à pratiquer, non plus que nos autres devoirs et que ceux qui auront ainsi renoncé aux biens de la terre, comme les apôtres le firent autrefois, en seront abondamment récompensés en cette vie et en l’autre. La surprise et la tristesse dont ce jeune homme fut saisi après avoir entendu Jésus-Christ, confirme ce que le Seigneur dit dans cette occasion, c’est que l’amour du monde et ses richesses sont souvent un grand obstacle au salut parce que ceux qui les possèdent y ont généralement le cœur très attaché.
Il faut donc élargir cela en évitant toute occasion de chute. Car où est votre trésor, là sera aussi votre cœur. Le Seigneur Jésus-Christ nous exhorte dans ses enseignements de ne pas rechercher avec ardeur à amasser les biens de ce monde qui sont vains et inconstants et dont diverses circonstances de la vie peuvent nous en priver, mais de travailler plutôt à acquérir les biens du Ciel qui sont les plus excellents et que rien ne saurait nous ravir. Jésus-Christ nous avertit sur ce sujet qu’il est dangereux d’aimer les richesses, que cet amour nous aveugle et attache nos inclinaisons à la terre et qu’il n’est pas possible de servir Dieu et d’avoir le cœur libre et élevé à lui pendant qu’on est possédé de l’amour des biens de ce monde.
Bien comprendre que notre Seigneur ne condamne pas seulement l’amour des richesses, il défend même de s’inquiéter et de se donner trop de soins pour les choses nécessaires à la vie. Il nous exhorte à nous confier en la providence, qui, ayant soin des oiseaux et des autres créatures, pourvoira beaucoup plus aux besoins de ses enfants qui sont d’une nature plus excellente et qu’il destine à l’éternité. Il nous dit que les soins temporels qui sont excessifs et accompagnés d’inquiétude et de défiance sont inutiles et d’ailleurs indignes des chrétiens.
Enfin, il nous exhorte à chercher avant toutes choses ce qui peut plaire à Dieu et nous faire parvenir au royaume céleste et il promet que si nous le faisons, Dieu nous accordera tout ce qui nous est nécessaire pour la vie du corps. Ce sont là des instructions que nous devons toujours avoir présentes au milieu des occupations de cette vie afin qu’elles nous garantissent de l’attachement aux biens de la terre et qu’elles nous engagent à rechercher principalement les biens éternels qui nous sont réservés dans le ciel.
Celui qui croit au Fils a la vie éternelle ; mais celui qui ne croit pas au Fils ne verra point la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui ; (Jean 3,36) Ce discours de Jean-Baptiste nous enseigne après cela que Jésus-Christ étant le Fils de Dieu et ayant reçu de son père une puissance sans borne, ce n’est que par la foi et par une sincère obéissance à sa doctrine qu’on peut obtenir le salut et que ceux qui lui désobéissent demeurent dans la condamnation et dans la mort. C’est ce qui est exprimé dans le dernier verset de ce chapitre 3 de l’evangile de l’Apôtre Jean par ces mots qui contiennent la substance de la doctrine chrétienne : Celui qui croit au Fils a la vie éternelle, mais celui qui ne croit point au Fils ne verra point la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui. S’il s’attribuait tant d’autorité et s’il appelait Dieu son Père, qu’il ferait dans la suite des merveilles plus grandes, que même il ressusciterait les morts, qu’il jugerait le monde, qu’il donnerait la vie éternelle à ceux qui croiraient en lui et qu’il condamnerait ceux qui l’auraient rejeté.
Que Dieu a donné à notre Seigneur une puissance sans borne et que, comme il la déployait autrefois en faisant des miracles, il la déploiera encore plus magnifiquement lorsqu’il viendra ressusciter les morts et juger tous les hommes, tant les bons que les méchants. Nous devons donc révérer cette puissance du fils de Dieu, lui obéir et l’honorer comme nous honorons Dieu son père, afin que nous ressuscitions un jour pour la vie éternelle et non pour être condamné.
Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang, a la vie éternelle ; et je le ressusciterai au dernier jour ; (Jean 6, 54).
Nous devons travailler avec beaucoup plus d’empressement à nous procurer la nourriture qui fait vivre éternellement que celle qui ne sert qu’à entretenir cette vie temporelle et périssable.
Il nous apprend ensuite qu’il est lui-même ce pain céleste, que cette nourriture de l’âme ne se trouve qu’en lui et dans sa doctrine et que : la volonté de Dieu son Père, qui l’avait envoyé, était que tous ceux qui croiraient en lui eussent la vie éternelle et qu’il les ressusciterait au dernier jour. Ce que notre Seigneur dit dans cette occasion avait de l’obscurité pour ceux qui l’entendirent. Les Juifs ne pouvaient comprendre comment Jésus était un pain descendu du Ciel et comment il fallait manger sa chair et boire son sang pour avoir la vie éternelle. Mais ces paroles de notre Sauveur sont faciles à entendre pour nous qui savons que la mort de Jésus-Christ est la vraie nourriture de l’âme et l’unique principe de la vie spirituelle et de l’immortalité. Il nous dit lui-même que ses paroles sont esprit et vie, c’est-à-dire qu’elles doivent s’entendre d’une manière spirituelle et que manger sa chair et boire son sang ne veut dire autre chose sinon venir à lui et croire en lui.
Simon Pierre lui répondit : Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle ; (Jean 6, 68).
Notre foi doit-être sincère et accompagnée d’amour, de confiance, d’obéissance et qu’elle nous attache et nous unifie si étroitement à notre Seigneur que rien ne puisse nous en séparer. Plusieurs des disciples de Jésus-Christ s’étant retirés d’avec lui, il demanda aux apôtres s’ils voulaient aussi le quitter, à quoi l’Apôtre Pierre répondit : À qui irions-nous Seigneur ?
Jésus-Christ ne contraint personne de s’attacher à son service, il demande une obéissance libre et volontaire, mais nous ne devons jamais l’abandonner, puisqu’il a lui seul les paroles de la vie éternelle et qu’étant le fils du Dieu vivant, il est l’unique auteur du salut.
Ne perdons jamais de vue que Jésus-Christ savait dès le commencement que Judas, qui était du nombre des douze apôtres, le trahirait, que notre Seigneur connait tous ceux qui se disent ses disciples et qu’il discerne ceux qui ne croient pas sincèrement en lui d’avec ceux qui lui sont fidèles. Une profession extérieure du christianisme ne suffit pas et il n’y a qu’une vraie foi et une obéissance constante qui puisse assurer notre conscience devant Dieu et nous rendre approuvé de celui qui connait les cœurs de tous les hommes et qui leur rendra à tous selon leurs œuvres.
Comme tu lui as donné puissance sur tous les hommes, afin qu’il donne la vie éternelle à tous ceux que tu lui as donnés ; (Jean 17, 2).
L’Évangile produit des effets bien différents quand elle est prêchée. Il y en a qui en profitent, mais il y en a d’autres qui la rejettent et qui, au lieu de céder à la vérité, s’y opposent même avec fierté. Mais s’il y a des incrédules qui demeurent dans l’aveuglement et dans la perdition, ils en sont eux seuls la cause, personne n’étant exclus de la vie éternelle que ceux qui s’en jugent eux-mêmes indignes.
Qui rendra à chacun selon ses œuvres ; savoir, la vie éternelle à ceux qui, en persévérant dans les bonnes œuvres, cherchent la gloire, l’honneur et l’immortalité ; (Romains 2, 6-7)
Que Dieu rendra un jour à tous les hommes selon leurs œuvres, qu’il donnera la vie éternelle à ceux qui auront fait le bien avec persévérance, mais que l’affliction et le désespoir seront le partage des méchants ;
Cela doit nous faire regarder Jésus-Christ comme celui en qui nous trouvons la délivrance de tous nos maux et qui est l’auteur et la source de la vie spirituelle et de la vie éternelle pour tous ceux qui croient en lui et qui lui obéissent.
Mais ayant été maintenant affranchis du péché, et étant devenus esclaves de Dieu, vous avez pour votre fruit la sanctification, et pour fin la vie éternelle ; (Romains 6, 22)
Que tous les hommes sans exception étaient naturellement dans la corruption et dans la condamnation, morts dans leurs fautes et dans leurs péchés, mais qu’ils ont été retirés d’un état si funeste et élevés à l’espérance de la vie éternelle par la grande miséricorde de Dieu et par la mort et la résurrection de notre Seigneur Jésus-Christ.
La charge de conserver fidèlement le dépôt de la pure doctrine qui lui avait été confié doit engager tous ceux qui sont dans le ministère sacré à redoubler de plus en plus leur zèle et à s’acquitter de tous leurs devoirs avec tant de fidélité : qu’ayant combattu dans le bon combat de la foi, ils obtiennent la vie éternelle et qu’ils soient irrépréhensibles à la venue de notre Seigneur Jésus-Christ, laquelle le bienheureux et le seul Prince, le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs manifestera en son temps, lui qui possède seul l’immortalité qui habite une lumière inaccessible, que nul homme n’a vu, ni ne peut voir et auquel appartient l’honneur et la puissance éternellement, amen !
Quiconque hait son frère est meurtrier ; et vous savez qu’aucun meurtrier n’a la vie éternelle demeurant en lui. (1 Jean 3, 15)
Il enseigne que la vérité de l’Évangile a été confirmée du Ciel par le témoignage du Père, du Fils et du Saint-Esprit et sur la terre par l’Esprit, par l’eau et par le sang. D’où il conclut que la doctrine de l’Évangile et les promesses de la vie éternelle qui nous y sont faites en Jésus-Christ doivent être reçues avec une pleine certitude de foi.
Et voici quel est ce témoignage, c’est que Dieu nous a donné la vie éternelle ; et cette vie est dans son Fils. (1 Jean 5 : 11)
Amen !