ARGUMENT
Nous avons dans l’évangile l’histoire de la naissance de notre Seigneur, de sa vie, de sa mort, de sa résurrection, et de son ascension au ciel. Le devoir des chrétiens est d’apporter une grande attention et un grand respect à la lecture de ces livres divins, de les méditer continuellement et de profiter des instructions qui y sont contenues. Le premier des quatre Evangiles a été écrit par l’Apôtre St. Matthieu environ huit ans, comme l’on croit, après que Jésus-Christ fu monté au ciel.
Chapitres : Chapitre I. Chapitre II. Chapitre III. Chapitre IV. Chapitre V. Chapitre VI Chapitre VII. Chapitre VIII. Chapitre IX. Chapitre X. Chapitre XI. Chapitre XII. Chapitre XIII. Chapitre XIV. Chapitre XV. Chapitre XVI. Chapitre XVII. Chapitre XVIII. Chapitre XIX. Chapitre XX. Chapitre XXI. Chapitre XXII. Chapitre XXIII. Chapitre XXIV. Chapitre XXV. XXVI. Chapitre XXVII. Chapitre XXVIII. Livres du Nouveau Testament.
Ce chapitre contient, I. La généalogie de Jésus-Christ, depuis Abraham jusqu’à Joseph l’époux de la Sainte vierge Marie. II. Un récit abrégé de la naissance de notre Seigneur.
1 La généalogie de JÉSUS-CHRIST, fils de David, fils d’Abraham.
2 Abraham fut père d’Isaac. Isaac fut père de Jacob. Jacob fut père de Juda et de ses frères.
3 Juda eut de Thamar Pharez et Zara. Pharez fut père d’Esrom. Esrom fut père d’Aram.
4 Aram fut père d’Aminadab. Aminadab fut père de Naasson. Naasson fut père de Salmon.
5 Salmon eut Booz de Rahab. Booz eut Obed de Ruth. Obed fut père de Jessé.
6 Jessé fut père du roi David. Le roi David eut Salomon, de celle qui avait été femme d’Urie.
7 Salomon fut père de Roboam. Roboam fut père d’Abia. Abia fut père d’Asa.
8 Asa fut père de Josaphat. Josaphat fut père de Joram. Joram fut père d’Hosias.
9 Hosias fut père de Joatham. Joatham fut père d’Achas. Achas fut père d’Ézéchias.
10 Ézéchias fut père de Manassé. Manassé fut père d’Amon. Amon fut père de Josias.
11 Josias fut père de Joakim. Joakim fut père de Jéchonias et de ses frères, vers le temps qu’ils furent transportés à Babylone.
12 Et après qu’ils eurent été transportés à Babylone, Jéchonias fut père de Salathiel. Salathiel fut père de Zorobabel.
13 Zorobabel fut père d’Abiud. Abiud fut père d’Eliakim. Eliakim fut père d’Azor.
14 Azor fut père de Sadoc. Sadoc fut père d’Achim. Achim fut père d’Eliud.
15 Eliud fut père d’Eléazar. Eléazar fut père de Matthan. Matthan fut père de Jacob ;
16 et Jacob fut père de Joseph, l’époux de Marie, de laquelle est né Jésus, qui est appelé CHRIST.
17 Ainsi toutes les générations depuis Abraham jusqu’à David sont quatorze générations ; et depuis David jusqu’au temps qu’ils furent emmenés à Babylone, quatorze générations ; et depuis qu’ils eurent été emmenés à Babylone jusqu’au Christ, quatorze générations.
18 Or, la naissance de Jésus-Christ arriva ainsi : Marie sa mère ayant été fiancée à Joseph, elle se trouva enceinte par la vertu du Saint-Esprit, avant qu’ils fussent ensemble.
19 Alors Joseph son époux, étant un homme de bien, et ne voulant pas la diffamer, voulut la quitter secrètement.
20 Mais comme il pensait à cela, un ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit : Joseph, fils de David, ne crains point de prendre Marie pour ta femme, car ce qu’elle a conçu est du Saint-Esprit ;
21 et elle enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus, car c’est lui qui sauvera son peuple de leurs péchés.
22 Or, tout cela arriva afin que s’accomplît ce que le Seigneur avait dit par le prophète :
23 Voici, une vierge sera enceinte, et elle enfantera un fils, et on le nommera EMMANUEL, ce qui signifie : DIEU AVEC NOUS.
24 Joseph donc étant réveillé de son sommeil, fit comme l’ange du Seigneur lui avait commandé, et il prit sa femme.
25 Mais il ne la connut point jusqu’à ce qu’elle eût enfanté son fils premier-né, et il lui donna le nom de Jésus.
RÉFLEXIONS
La généalogie de Jésus-Christ qui est rapportée dans ce premier chapitre de S. Matthieu sert à montrer qu’il est descendu du patriarche Abraham et du roi David selon que les prophètes l’avaient prédit et l’histoire de sa conception et de sa naissance nous apprend qu’il est né de la vierge Marie d’une manière miraculeuse par l’opération du Saint-Esprit conformément à ce qui avait été dit autrefois par le prophète Esaïe. L’une et l’autre de ces choses prouvent que Jésus est le Messie que Dieu avait promis d’envoyer et que c’est en lui que les promesses de Dieu et les oracles du Vieux Testament ont eu leur accomplissement, ce qui nous engage à le recevoir comme notre sauveur, à nous soumettre à sa doctrine et à rendre grâce à Dieu de ce qu’il nous a donnés pour rédempteur son Fils unique qui est né de la postérité de David selon la chair et qui est Dieu sur toutes choses bénit éternellement. Amen. Romains I.3 et IX.5.
Saint Matthieu rapporte quatre choses : I. L’arrivée des mages qui vinrent adorer Jésus après qu’il fut né. Ces mages étaient des personnes éclairées et d’un rang distingué et ils venaient de l’Arabie ou de quelque autre pays situé à l’orient de la Judée. II. La retraite de Joseph et de Marie qui s’enfuirent en Égypte pour éviter la fureur d’Hérode. III. Le massacre des enfants de Bethléem qu’Hérode fît tuer pensant faire périr notre Seigneur. IV. Le retour de Joseph et de Marie en Judée après la mort d’Hérode.
1 JESUS étant né à Bethléem, ville de Judée, au temps du roi Hérode, des Mages d’Orient arrivèrent à Jérusalem,
2 Et dirent : Où est le Roi des Juifs qui est né ? car nous avons vu son étoile en Orient, et nous sommes venus l’adorer.
3 Le Roi Hérode l'ayant appris, en fut troublé, et tout Jérusalem avec lui.
4 Et ayant assemblé tous les principaux sacrificateurs et les Scribes du peuple, il s’informa d’eux où le Christ devait naître.
5 Et ils lui dirent : C’est à Bethléem, ville de Judée ; car c’est ainsi que l’a écrit un prophète :
6 Et toi, Bethléem, terre de Juda, tu n’es pas la moindre entre les principales villes de Juda, car c’est de toi que sortira le Conducteur qui paîtra Israël mon peuple.
7 Alors Hérode ayant appelé en secret les Mages, il s’informa d’eux exactement du temps auquel ils avaient vu l’étoile ;
8 et les envoyant à Bethléem, il leur dit : Allez, et informez-vous exactement de ce petit enfant, et quand vous l’aurez trouvé, faites-le-moi savoir, afin que j’y aille aussi, et que je l’adore.
9 Eux donc, ayant ouï le roi, s’en allèrent ; et voici, l’étoile qu’ils avaient vue en Orient allait devant eux, jusqu’à ce qu’étant arrivée sur le lieu où était le petit enfant, elle s’y arrêta.
10 Et quand ils virent l’étoile s’arrêter, ils eurent une fort grande joie.
11 Et étant entrés dans la maison, ils trouvèrent le petit enfant, avec Marie sa mère, lequel ils adorèrent en se prosternant ; et après avoir ouvert leurs trésors, ils lui présentèrent des dons, de l’or, de l’encens et de la myrrhe.
12 Et ayant été divinement avertis par un songe de ne pas retourner vers Hérode, ils se retirèrent en leur pays par un autre chemin.
13 Après qu’ils furent partis, un ange du Seigneur apparut en songe à Joseph, et lui dit : Lève-toi ; prends le petit enfant et sa mère, et t'enfuis en Égypte, et te tiens là jusqu’à ce que je te le dise ; car Hérode cherchera le petit enfant pour le faire mourir.
14 Joseph donc étant réveillé, prit de nuit le petit enfant et sa mère, et se retira en Égypte.
15 Et il y demeura jusqu’à la mort d’Hérode. C’est ainsi que s’accomplit ce que le Seigneur avait dit par un prophète : J’ai appelé mon fils hors d’Égypte.
16 Alors Hérode voyant que les Mages s’étaient moqués de lui, fut fort en colère ; et ayant envoyé ses gens, il mit à mort tous les enfants qui étaient dans Bethléem et dans tout son territoire, depuis ceux de deux ans et au-dessus, selon le temps dont il s’était exactement informé des Mages.
17 Alors s’accomplit ce qui avait été dit par Jérémie le prophète :
18 On a ouï dans Rama des cris, des lamentations, des pleurs et de grands gémissements, Rachel pleurant ses enfants ; et elle n’a pas voulu être consolée, parce qu’ils ne sont plus.
19 Mais après qu’Hérode fut mort, l’ange du Seigneur apparut à Joseph en songe en Égypte.
20 Et il lui dit : Lève-toi, prends le petit enfant et sa mère, et retourne au pays d’Israël ; car ceux qui en voulaient à la vie du petit enfant sont morts.
21 Joseph donc s’étant levé, prit le petit enfant et sa mère, et s’en vint au pays d’Israël.
22 Mais ayant appris qu’Archélaüs régnait en Judée en la place d’Hérode son père, il craignit d’y aller, et ayant été averti divinement en songe, il se retira dans les quartiers de la Galilée,
23 Et alla demeurer dans une ville appelée Nazareth, de sorte que fut accompli ce qui avait été dit par les prophètes : Il sera appelé Nazarien.
RÉFLEXIONS
I. La première réflexion qu’il faut faire sur ce chapitre est que les mages vinrent adorer Jésus après sa naissance, étant conduits vers lui par une étoile miraculeuse que Dieu fit paraître et sans doute aussi par un avertissement qu’ils reçurent du ciel. Dieu voulut par-là rendre cette naissance illustre, montrer la dignité de la personne de Jésus et apprendre aux Juifs que le Messie qu’ils attendaient allait paraître. Cela marquait aussi que les païens seraient bientôt reçus dans l’alliance divine. II. La démarche d’Hérode qui consulta les sacrificateurs et les docteurs juifs et la réponse qu’ils leur firent prouvent que l’on était alors dans l’attente du Messie et que l’on croyait que Bethléem serait le lieu de sa naissance. III. Les hommages que ces étrangers rendirent à Jésus petit enfant en se prosternant devant lui et en lui présentant leurs dons doivent nous engager, nous qui savons qu’il est notre Sauveur et notre Dieu à lui offrir nos adorations, nos louanges et notre amour et à lui consacrer tout ce qui est en notre puissance. IV. L’on voit dans la conduite d’Hérode envers les mages et dans le massacre qu’il fit faire des enfants de Bethléem que ce prince artificieux et cruel employa tous les moyens possibles pour ôter la vie à l’enfant Jésus et qu’ainsi notre Seigneur fut exposé dès sa naissance à de grands dangers, ce qui montrait dès lors que son règne ne serait pas de ce monde et qu’il était né pour souffrir. V. Enfin, l’on remarque dans cette histoire que Dieu par les avertissements qu’il fit donner aux mages et ensuite à Joseph rendit les efforts d’Hérode inutiles, en sorte que les mesures que ce roi injuste et barbare avait prises pour faire périr Jésus quelques sûres qu’elles parussent être n’empêchèrent pas que notre Seigneur ne fût conservé en vie, qu’il ne revint dans la Judée et qu’il n’y exerça dans la suite son ministère. Tous ces événements font voir que la providence dirigeait d’une façon particulière tout ce qui arrivait à Jésus-Christ. On peut aussi recueillir de là que tous les efforts que les hommes peuvent faire ne sauraient empêcher l’exécution des desseins de Dieu, ni nuire à ceux qu’il favorise.
Ce chapitre a deux parties. Dans la première, il est parlé de la prédication et du ministère de Jean Baptiste, Et dans la seconde, Saint Matthieu rapporte le baptême de notre Seigneur.
1 En ce temps-là Jean-Baptiste vint, prêchant dans le désert de Judée,
2 Et disant : Amendez-vous, car le royaume des cieux est proche ;
3 Car c’est celui dont Esaïe le prophète a parlé, en disant : La voix de celui qui crie dans le désert, dit : Préparez le chemin du Seigneur, dressez ses sentiers.
4 Or ce Jean avait un habit de poils de chameau, et une ceinture de cuir autour de ses reins, et sa nourriture était des sauterelles et du miel sauvage.
5 Alors ceux de Jérusalem, et de toute la Judée, et de tout le pays des environs du Jourdain venaient à lui ;
6 Et ils étaient baptisés par lui dans le Jourdain, confessant leurs péchés.
7 Lui donc voyant plusieurs des Pharisiens et des Sadducéens venir à son baptême, leur dit : Race de vipères, qui vous a appris à fuir la colère à venir ?
8 Faites donc des fruits convenables à la repentance.
9 Et n’allez pas dire en vous-mêmes : Nous avons Abraham pour père ; car je vous dis que, même de ces pierres, Dieu peut faire naître des enfants à Abraham.
10 Et la cognée est déjà mise à la racine des arbres ; tout arbre donc qui ne produit point de bon fruit va être coupé et jeté au feu.
11 Pour moi, je vous baptise d’eau, pour vous porter à la repentance ; mais celui qui vient après moi est plus puissant que moi, et je ne suis pas digne de lui porter les souliers ; c’est lui qui vous baptisera du Saint-Esprit et de feu.
12 Il a son van dans ses mains, et il nettoiera parfaitement son aire, et amassera son froment dans le grenier ; mais il brûlera la balle au feu qui ne s’éteint point.
13 Alors Jésus vint de Galilée au Jourdain vers Jean, pour être baptisé par lui.
14 Mais Jean s’y opposait, disant : C’est moi qui ai besoin d’être baptisé par toi, et tu viens à moi !
15 Et Jésus répondant, lui dit : Ne t’y oppose pas pour le présent ; car c’est ainsi qu’il nous convient d’accomplir tout ce qui est juste. Alors il ne s’y opposa plus.
16 Et quand Jésus eut été baptisé, il sortit incontinent de l’eau, et à l'instant les cieux s’ouvrirent sur lui, et Jean vit l’Esprit de Dieu descendant comme une colombe et venant sur lui.
17 En même temps une voix vint des cieux, qui dit : C’est ici mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis toute mon affection.
RÉFLEXIONS
Il faut faire d’abord cette considération générale sur la première partie de ce chapitre qu’avant que Jésus-Christ parût, Jean-Baptiste fut envoyé de Dieu selon les oracles des prophètes pour annoncer aux Juifs la venue du Messie et pour les exhorter à la repentance.
Par-là Dieu voulait leur apprendre que le temps de la manifestation du règne du Messie était arrivé, mais que ce serait un règne spirituel et céleste et non un règne temporel et mondain comme ils le croyaient. C’était dans les mêmes vues que Jean Baptiste déclarait aux Juifs que le privilège qu’ils avaient de descendre du patriarche Abraham ne les garantissait point de la vengeance divine qui était prête à tomber sur leur nation à cause de son incrédulité et que Dieu appellerait d’autres peuples à leur place qui deviendraient les enfants d’Abraham par la foi. Enfin, il leur donnait à entendre que Jésus allait paraître et que ce serait lui qui exécuterait les jugements de Dieu sur les incrédules et sur les impénitents et qui donnerait de glorieuses récompenses aux gens de bien. Ce fut ainsi que Dieu, par sa sagesse, voulut disposer les Juifs à recevoir Jésus-Christ et les faire revenir des préjugés où ils étaient sur le règne du Messie et qui les auraient empêchés de croire en lui. Ce que nous devons recueillir de la prédication de Jean-Baptiste, c’est que sans l’amendement et la sainteté de la vie, on ne peut être disciple de Jésus-Christ, ni entrer dans le royaume de Dieu. Elle nous apprend que, comme les Juifs incrédules se vantaient en vain d’être les enfants d’Abraham, il ne sert de rien aux hypocrites d’être extérieurement dans l’alliance divine, que Jésus-Christ les discerne et les connaît, qu’il les séparera d’avec les justes et qu’il nettoiera son Église en envoyant les méchants au feu éternel et en recevant les vrais fidèles dans son royaume. Pour ce qui est du baptême de notre Seigneur, il faut considérer que dans le temps qu’il allait commencer les fonctions de sa charge, Dieu voulut qu’il fût baptisé par St. Jean son précurseur, que même il fit descendre le Saint-Esprit sur lui d’une manière visible et qu’il déclara par une voix venue du Ciel que Jésus était son fils bien-aimé. Ces choses arrivèrent pour montrer premièrement à Jean Baptiste et ensuite à tout le peuple que Jésus était le Messie promis. Ainsi, l’histoire du baptême de Jésus-Christ nous oblige de le regarder comme le fils de Dieu et à lui rendre une obéissance inviolable. Elle nous engage aussi à respecter le baptême par lequel nous avons été consacrés à Dieu pour être ses enfants et les héritiers de son royaume.
Saint Matthieu rapporte dans ce chapitre : I. L’histoire de la tentation de Jésus-Christ. II. La manière dont il commença à exercer son ministère dans la Galilée en annonçant la venue du règne de Dieu, en choisissant des apôtres et en faisant des miracles.
1 Alors Jésus fut emmené par l’Esprit dans un désert pour être tenté par le diable.
2 Et après qu’il eut jeûné quarante jours et quarante nuits, il eut faim.
3 Et le tentateur s’étant approché de lui, lui dit : Si tu es le Fils de Dieu, dis que ces pierres deviennent des pains.
4 Mais Jésus répondit : Il est écrit : L’homme ne vivra pas seulement de pain, mais il vivra de tout ce qui sort de la bouche de Dieu.
5 Alors le diable le mena dans la ville sainte et le mit sur le haut du temple.
6 Et il lui dit : Si tu es le Fils de Dieu, jette-toi en bas ; car il est écrit qu’il ordonnera à ses anges d’avoir soin de toi ; et ils te porteront dans leurs mains, de peur que ton pied ne heurte contre quelque pierre.
7 Jésus lui dit : Il est aussi écrit : Tu ne tenteras point le Seigneur ton Dieu.
8 Le diable le mena encore sur une montagne fort haute, et lui montra tous les royaumes du monde et leur gloire ;
9 Et lui dit : Je te donnerai toutes ces choses, si, en te prosternant, tu m’adores.
10 Alors Jésus lui dit : Retire-toi, Satan ; car il est écrit : Tu adoreras le Seigneur ton Dieu, et tu le serviras lui seul.
11 Alors le diable le laissa ; et aussitôt les anges vinrent et le servirent.
12 Or, Jésus ayant appris que Jean avait été mis en prison, se retira dans la Galilée.
13 Et ayant quitté Nazareth, il vint demeurer à Capernaüm, ville proche de la mer, sur les confins de Zabulon et de Nephthali.
14 En sorte que ce qui avait été dit par Esaïe le prophète fut accompli :
15 Le pays de Zabulon et de Nephthali, le pays qui est sur le chemin de la mer, au-delà du Jourdain, la Galilée des gentils,
16 Le peuple qui était assis dans les ténèbres a vu une grande lumière ; et la lumière s’est levée sur ceux qui étaient assis dans la région et dans l’ombre de la mort.
17 Dès lors Jésus commença à prêcher et à dire : Amendez-vous ; car le royaume des cieux est proche.
18 Et Jésus, marchant le long de la mer de Galilée, vit deux frères, Simon, qui fut appelé Pierre, et André son frère, qui jetaient leurs filets dans la mer ; car ils étaient pêcheurs.
19 Et il leur dit : Suivez-moi, et je vous ferai pêcheurs d’hommes.
20 Et eux, laissant incontinent leurs filets, le suivirent.
21 De là, étant passé plus avant, il vit deux autres frères, Jacques, fils de Zébédée, et Jean son frère, dans une barque, avec Zébédée leur père, qui raccommodaient leurs filets, et il les appela.
22 Et eux, laissant incontinent leur barque et leur père, le suivirent.
23 Et Jésus allait par toute la Galilée, enseignant dans leurs synagogues, prêchant l’évangile du règne de Dieu, et guérissant toutes sortes de maladies et de langueurs parmi le peuple.
24 Et sa renommée se répandit par toute la Syrie ; et on lui présentait tous ceux qui étaient malades et détenus de divers maux et de divers tourments, les démoniaques, les lunatiques, les paralytiques ; et il les guérissait.
25 Et une grande multitude le suivit de Galilée, de la Décapole, de Jérusalem, de Judée, et de delà le Jourdain.
RÉFLEXIONS
Il faut remarquer en général sur l’histoire de la tentation que le diable en tentant notre Seigneur voulait éprouver s’il était le fils de Dieu et que Dieu permit cette tentation afin que le diable convaincu de cette vérité révérât la puissance de Jésus-Christ et afin qu’il parût que notre Seigneur était venu au monde pour détruire le règne du diable. Il faut considérer après cela sur cette histoire que puisque Jésus-Christ a été tenté, il ne faut pas être surpris si nous le sommes en diverses manières, mais que nous devons, à l’exemple de notre Seigneur, résister aux tentations et particulièrement à celles qui pourraient nous porter à la défiance, à la présomption, à l’amour de la gloire et des biens du monde, ou qui tendraient à nous détourner du vrai service de Dieu et de la fidélité que nous lui devons. La manière dont Jésus-Christ repoussa les tentations de satan en se servant de l’Écriture sainte nous montre que c’est par la parole de Dieu que nous pouvons rendre les tentations inutiles et éteindre tous les traits enflammés du malin. Il y a trois choses à remarquer sur la seconde partie de ce chapitre. I. La première que Jésus-Christ commença à exercer son ministère dans la Galilée en prêchant l’amendement comme Jean Baptiste avait fait. Cela doit nous convaincre de plus en plus que la sainteté de la vie était le but de l’Évangile que Jésus-Christ venait annoncer et que c’est aussi ce qu’il exige principalement de ses disciples. II. Le choix que notre Seigneur fit en appelant des pêcheurs pour en faire des apôtres est remarquable, il prouve que le succès que leur prédication eut dans la suite ne venait pas d’eux-mêmes et qu’on ne peut l’attribuer qu’à Dieu qui les revêtit de ses dons. III. Enfin, les guérisons miraculeuses par lesquelles Jésus se fit d’abord connaître tendaient à faire voir qu’il était envoyé de Dieu, que sa doctrine venait du ciel et qu’il n’était venu au monde que pour le bien et le salut des hommes.
Ce chapitre contient avec les deux suivants le sermon que Jésus fit sur la montagne. Dans la première partie de ce chapitre, notre Seigneur fait deux choses. I. Il enseigne dans quelles dispositions il faut être pour parvenir au vrai bonheur. Il parle de l’obligation où sont ses disciples de vivre dans une grande sainteté.
1 JESUS voyant le peuple, monta sur une montagne, et s’étant assis, ses disciples s’approchèrent de lui.
2 Et ouvrant sa bouche, il les enseignait, en disant :
3 Heureux les pauvres en esprit ; car le royaume des cieux est à eux.
4 Heureux ceux qui sont dans l’affliction ; car ils seront consolés.
5 Heureux les débonnaires ; car ils hériteront la terre.
6 Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice ; car ils seront rassasiés.
7 Heureux les miséricordieux ; car ils obtiendront miséricorde.
8 Heureux ceux qui ont le cœur pur ; car ils verront Dieu.
9 Heureux ceux qui procurent la paix ; car ils seront appelés enfants de Dieu.
10 Heureux ceux qui seront persécutés pour la justice ; car le royaume des cieux est à eux.
11 Vous serez heureux, lorsqu’à cause de moi on vous dira des injures, qu’on vous persécutera, et qu’on dira faussement contre vous toute sorte de mal.
12 Réjouissez-vous alors, et tressaillez de joie, parce que votre récompense sera grande dans les cieux ; car on a ainsi persécuté les prophètes qui ont été avant vous.
13 Vous êtes le sel de la terre ; mais si le sel perd sa saveur, avec quoi la salera-t-on ? Il ne vaut plus rien qu’à être jeté dehors, et à être foulé aux pieds par les hommes.
14 Vous êtes la lumière du monde ; une ville située sur une montagne ne peut être cachée ;
15 Et on n’allume point une chandelle pour la mettre sous un boisseau, mais on la met sur un chandelier, et elle éclaire tous ceux qui sont dans la maison.
16 Que votre lumière luise ainsi devant les hommes, afin qu’ils voient vos bonnes œuvres, et qu’ils glorifient votre père qui est dans les cieux.
17 Ne pensez point que je sois venu abolir la loi ou les prophètes ; je suis venu non pour les abolir, mais pour les accomplir ;
18 Car je vous dis en vérité que, jusqu’à ce que le ciel et la terre passent, il n’y aura rien dans la loi qui ne s’accomplisse, jusqu’à un seul iota, et à un seul trait de lettre.
19 Celui donc qui aura violé l’un de ces plus petits commandements, et qui aura ainsi enseigné les hommes, sera estimé le plus petit dans le royaume des cieux ; mais celui qui les aura observés et enseignés, celui-là sera estimé grand dans le royaume des cieux.
20 Car je vous dis, que si votre justice ne surpasse celle des Scribes et des Pharisiens, vous n’entrerez point dans le royaume des cieux.
RÉFLEXIONS
Le but de Jésus-Christ dans ce discours, qui est contenu dans les chapitres V, VI et VII de Saint Matthieu, est en général d’instruire ses disciples des principaux devoirs de la vie chrétienne. C’est pourquoi nous devons le lire avec une grande application et régler notre conduite par les divins préceptes qu’il contient. Il y a deux considérations à faire sur la première partie de ce chapitre : I. Les béatitudes nous enseignent en quoi consiste le vrai bonheur de l’homme et à quoi l’on reconnaît les vrais disciples de Jésus-Christ. Leur caractère est de n’avoir point le cœur attaché aux richesses, ni aux plaisirs, ni à la gloire du monde, de vivre dans le détachement des biens de la terre, dans la douceur, dans l’humilité, dans la pureté et dans la paix, de désirer ardemment et par-dessus toutes choses d’être justes et de plaire à Dieu ; et enfin, de souffrir avec joie la persécution pour l’Évangile. II. Jésus-Christ nous apprend que les disciples sont le sel de la terre et la lumière du monde, ce qui veut dire qu’ils doivent se distinguer des autres hommes par la sainteté de leur vie et travailler à les éclairer et à les édifier par leurs instructions et par leurs bons exemples. Il dit expressément que, tant s’en faut qu’il est venu au monde pour dispenser les hommes d’observer la loi de Dieu, il était venu au contraire pour les obliger encore plus fortement à l’accomplir et cela de la manière la plus parfaite. III. Enfin, il déclare qu’il ne recevra pas dans son royaume ceux qui n’auront pas une justice et une sainteté plus accomplie que celle qui était enseignée par les docteurs de la loi et par les pharisiens qui passaient parmi les Juifs pour les plus éclairés et les plus saints. Toutes ces instructions de notre Seigneur doivent nous faire sentir l’obligation indispensable où nous sommes de nous étudier à une vie sainte et même d’aspirer de toutes nos forces à une grande perfection.
CHAPITRE V VERSETS 21 A 48
Jésus-Christ, voulant montrer que ses disciples sont appelés à une grande sainteté, enseigne qu’il ne suffit pas de s’abstenir des grands crimes qui sont condamnés expressément dans la loi de Dieu, mais qu’il faut encore éviter les péchés qui paraissent moins considérables et régler surtout les mouvements du cœur.
Dans cette vue il rapporte les commandements qui regardent : le meurtre, adultère, les serments, la vengeance, et l’amour du prochain. Il corrige les fausses interprétations que les Juifs donnaient à ces commandements-là et il en marque le véritable sens.
21 Vous avez entendu qu’il a été dit aux anciens : Tu ne tueras point ; et celui qui tuera sera punissable par les juges.
22 Mais moi je vous dis que quiconque se met en colère contre son frère, sans cause, sera puni par les juges ; et celui qui dira à son frère, Racha, sera puni par le conseil, et celui qui lui dira, fou, sera puni par la géhenne du feu.
23 Si donc tu apportes ton offrande à l’autel, et que là tu te souviennes que ton frère a quelque chose contre toi,
24 Laisse là ton offrande devant l’autel, et va-t’en premièrement te réconcilier avec ton frère ; et après cela viens et offre ton offrande.
25 Accorde-toi au plus tôt avec ta partie adverse, pendant que tu es en chemin avec elle, de peur que ta partie adverse ne te livre au juge, et que le juge ne te livre au sergent, et que tu ne sois mis en prison.
26 Je te dis en vérité, que tu ne sortiras pas de là, jusqu’à ce que tu aies payé le dernier quadrin.
27 Vous avez entendu qu’il a été dit aux anciens : Tu ne commettras point adultère.
28 Mais moi je vous dis que quiconque regarde une femme pour la convoiter, il a déjà commis l’adultère avec elle dans son cœur.
29 Que si ton œil droit te fait tomber dans le péché, arrache-le, et jette-le loin de toi ; car il vaut mieux pour toi qu’un de tes membres périsse, que si tout ton corps était jeté dans la géhenne.
30 Et si ta main droite te fait tomber dans le péché, coupe-la, et jette-la loin de toi ; car il vaut mieux pour toi qu’un de tes membres périsse, que si tout ton corps était jeté dans la géhenne.
31 Il a été dit aussi : Si quelqu’un répudie sa femme, qu’il lui donne la lettre de divorce.
32 Mais moi je vous dis que quiconque répudiera sa femme, si ce n’est pour cause d’adultère, il l’expose à devenir adultère ; et que quiconque se mariera à la femme qui aura été répudiée, commet un adultère.
33 Vous avez encore entendu qu’il a été dit aux anciens : Tu ne te parjureras point, mais tu t’acquitteras envers le Seigneur de ce que tu auras promis avec serment.
34 Mais moi je vous dis : Ne jurez du tout point ; ni par le ciel, car c’est le trône de Dieu ;
35 Ni par la terre, car c’est son marchepied ; ni par Jérusalem, car c’est la ville du grand Roi.
36 Ne jure pas non plus par ta tête, car tu ne peux faire devenir un seul cheveu blanc ou noir.
37 Mais que votre parole, soit, oui, oui, non, non ; ce qu’on dit de plus, vient du malin.
38 Vous avez entendu qu’il a été dit : Œil pour œil, et dent pour dent.
39 Mais moi je vous dis de ne pas résister à celui qui vous fait du mal ; mais si quelqu’un te frappe à la joue droite, présente-lui aussi l’autre ;
40 Et si quelqu’un veut plaider contre toi et t’ôter ta robe, laisse-lui encore l’habit ;
41 Et si quelqu’un te veut contraindre d’aller une lieue avec lui, vas-en deux.
42 Donne à celui qui te demande, et ne te détourne point de celui qui veut emprunter de toi.
43 Vous avez entendu qu’il a été dit : Tu aimeras ton prochain, et tu haïras ton ennemi.
44 Mais moi je vous dis : Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous outragent et qui vous persécutent ;
45 Afin que vous soyez enfants de votre Père qui est dans les cieux ; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes.
46 Car si vous n’aimez que ceux qui vous aiment, quelle récompense en aurez-vous ? Les péagers même n’en font-ils pas autant ?
47 Et si vous ne faites accueil qu’à vos frères, que faites-vous d’extraordinaire ? Les péagers même n’en font-ils pas autant ?
48 Soyez donc parfaits, comme votre Père qui est dans les cieux est parfait.
REFLEXIONS
L’explication que notre Seigneur donne aux principaux commandements de la loi nous enseigne que Dieu ne défend et ne punit pas seulement les grands crimes et les péchés criants qui sont exprimés dans le décalogue, mais qu’il condamne et punit aussi les mauvaises pensées et les mauvais désirs que les docteurs juifs ne regardaient que comme des fautes légères.
Outre cette leçon générale et qui est fort importante, Jésus-Christ nous instruit sur ces quatre devoirs particuliers :
Le premier, que la colère et les termes méprisants et injurieux qui procèdent de la haine dont on est animé contre le prochain assujettissent aussi bien à la condamnation que le meurtre, que bien loin de haïr personne, il faut travailler à avoir la paix avec tous les hommes et qu’il ne nous est pas permis de nous présenter devant Dieu et de lui offrir nos prières, à moins que nous n’ayons fait tout ce qui est en notre pouvoir pour nous réconcilier avec ceux qui ont quelque chose contre nous.
Le second devoir regarde la pureté et la chasteté. Notre Seigneur nous enseigne que les désirs impurs rendent coupables devant Dieu, tout de même que l’adultère et les crimes de l’impureté, que pour être chaste, il faut veiller sur soi-même, mortifier ses sens, arracher son œil, couper sa main, c’est-à-dire se priver de ce qui nous serait le plus cher et le plus agréable, se mortifier et renoncer à tout ce qui pourrait être une occasion de chute. Il nous apprend aussi à cette occasion que les liens du mariage ne peuvent être rompus que par l’adultère, ce qui montre combien les chrétiens doivent être chastes.
La troisième instruction concerne le serment. La doctrine du fils de Dieu sur cet article est qu’il ne suffit pas d’éviter le parjure, qui est l’un des plus grands crimes, mais qu’il faut même se faire un scrupule de violer les serments qui ne sont pas faits par le nom de Dieu et s’abstenir entièrement des serments vains et téméraires, en quelques termes qu’ils soient conçus, puisqu’ils sont défendus par la loi de Jésus-Christ et d’ailleurs contraires au respect qui est dû à la divinité.
Le quatrième devoir est celui de la charité et de l’amour du prochain. Ce que Jésus-Christ nous ordonne à cet égard c’est de nous abstenir de la vengeance, de souffrir les injures, plutôt que de rendre le mal pour le mal, de nous relâcher de notre droit pour avoir la paix et pour éviter les disputes, d’aimer tous les hommes, même ceux qui nous haïssent et d’imiter en cela Dieu notre Père qui fait du bien à tous et même aux méchants et aux ingrats. C’est la loi de l’Évangile et de la vraie charité et ce sera dans la pratique de tous ces devoirs que nous trouverons notre perfection et notre gloire.
Jésus-Christ instruit ses disciples sur l’aumône, sur la prière et sur le jeûne. I. Il leur montre comment il faut s’acquitter de ces actes religieux et il recommande surtout d’y éviter l’hypocrisie et l’ostentation. II. II leur défend de travailler pour amasser les biens du monde et d’être en souci pour les besoins de cette vie et il les exhorte à se reposer sur la providence et à chercher avant toutes choses le royaume de Dieu et sa justice.
1 Prenez garde de ne pas faire votre aumône devant les hommes, afin d’en être vus ; autrement vous n’en aurez point de récompense de votre Père qui est aux cieux.
2 Quand donc tu feras l’aumône, ne fais pas sonner la trompette devant toi, comme font les hypocrites dans les synagogues et dans les rues, afin qu’ils en soient honorés des hommes. Je vous dis en vérité qu’ils reçoivent leur récompense.
3 Mais quand tu fais l’aumône, que ta main gauche ne sache pas ce que fait ta droite ;
4 Afin que ton aumône se fasse en secret ; et ton Père qui te voit dans le secret, te le rendra publiquement.
5 Et quand tu prieras, ne fais pas comme les hypocrites ; car ils aiment à prier en se tenant debout dans les synagogues et aux coins des rues, afin d’être vus des hommes. Je vous dis en vérité qu’ils reçoivent leur récompense.
6 Mais toi, quand tu pries, entre dans ton cabinet, et ayant fermé la porte, prie ton Père qui est dans ce lieu secret ; et ton Père qui te voit dans le secret, te le rendra publiquement.
7 Or, quand vous priez, n’usez pas de vaines redites, comme les païens ; car ils croient qu’ils seront exaucés en parlant beaucoup.
8 Ne leur ressemblez donc pas ; car votre Père sait de quoi vous avez besoin, avant que vous le lui demandiez.
9 Vous donc priez ainsi : Notre Père qui est aux cieux, ton nom soit sanctifié ;
10 Ton règne vienne ; ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel ;
11 Donne-nous aujourd’hui notre pain quotidien ;
12 Pardonne-nous nos péchés, comme aussi nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés ;
13 Et ne nous abandonne point à la tentation ; mais délivre-nous du malin ; car à toi appartient le règne, la puissance, et la gloire à jamais. Amen.
14 Si vous pardonnez aux hommes leurs offenses, votre Père céleste vous pardonnera aussi les vôtres.
15 Mais si vous ne pardonnez pas aux hommes leurs offenses, votre Père ne vous pardonnera pas non plus les vôtres.
16 Et quand vous jeûnez, ne prenez pas un air triste, comme les hypocrites ; car ils se rendent le visage tout défait, afin qu’il paraisse aux hommes qu’ils jeûnent. Je vous, dis en vérité qu’ils reçoivent leur récompense.
17 Mais toi, quand tu jeûnes, oins ta tête et lave ton visage ;
18 Afin qu’il ne paraisse pas aux hommes que tu jeûnes, mais seulement à ton Père qui est en secret ; et ton Père qui te voit dans le secret, te récompensera publiquement.
19 Ne vous amassez pas des trésors sur la terre, où les vers et la rouille gâtent tout, et où les larrons percent et dérobent ;
20 Mais amassez-vous des trésors dans le ciel, où les vers ni la rouille ne gâtent rien, et où les larrons ne percent ni ne dérobent point.
21 Car où est votre trésor, là sera aussi votre cœur.
22 L’œil est la lumière du corps. Si donc ton œil est sain, tout ton corps sera éclairé ;
23 Mais si ton œil est mauvais, tout ton corps sera ténébreux. Si donc la lumière qui est en toi n’est que ténèbres, combien seront grandes ces ténèbres !
24 Nul ne peut servir deux maîtres ; car ou il haïra l’un, et aimera l’autre ; ou il s’attachera à l’un, et méprisera l’autre. Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon.
25 C’est pourquoi, je vous dis : Ne soyez point en souci de votre vie, de ce que vous mangerez, ou de ce que vous boirez ; ni pour votre corps, de quoi vous serez vêtus. La vie n’est-elle pas plus que la nourriture, et le corps plus que le vêtement ?
26 Regardez les oiseaux de l’air ; car ils ne sèment ni ne moissonnent, ni n’amassent rien dans des greniers, et votre Père céleste les nourrit. N’êtes-vous pas beaucoup plus excellents qu’eux ?
27 Et qui est-ce d’entre vous qui par son souci puisse ajouter une coudée à sa taille ?
28 Et pour ce qui est du vêtement, pourquoi en êtes-vous en souci ? Apprenez comment les lis des champs croissent ; ils ne travaillent ni ne filent.
29 Cependant je vous dis que Salomon même, dans toute sa gloire, n’a point été vêtu comme l’un d’eux.
30 Si donc Dieu revêt ainsi l’herbe des champs, qui est aujourd’hui, et qui demain sera jetée dans le four, ne vous revêtira-t-il pas beaucoup plutôt, ô gens de petite foi ?
31 Ne soyez donc point en souci, disant : Que mangerons-nous ? que boirons-nous ? ou de quoi serons-nous vêtus ?
32 Car ce sont les païens qui recherchent toutes ces choses, et votre Père céleste sait que vous avez besoin de toutes ces choses-là.
33 Mais cherchez premièrement le royaume de Dieu et sa justice, et toutes ces choses vous seront données par-dessus.
34 Ne soyez donc point en souci pour le lendemain ; car le lendemain aura soin de ce qui le regarde. A chaque jour suffit sa peine.
REFLEXIONS
JESUS-CHRIST nous apprend ici :
I. Premièrement que l’aumône, la prière et le jeûne sont trois devoirs très importants. Quant au jeûne en particulier, puisque Jésus-Christ donne des règles là-dessus, aussi bien que la prière et sur l’aumône, il paraît évidemment que son intention a été que ses disciples jeûnassent. Les jeûnes particuliers sont ceux dont il s’agit dans ce chapitre, étant très utiles pour mortifier la chair et pour se disposer à l’humiliation et à la prière et ayant aussi été pratiqué par les apôtres et ensuite par tous les chrétiens.
II. Notre Seigneur recommande d’éviter avec soin l’hypocrisie et la vaine gloire lorsqu’on fait la charité, lorsqu’on prie et lorsqu’on jeûne et de s’acquitter de ces devoirs avec sincérité et avec humilité, nous souvenant que nous sommes devant Dieu qui voit tout ce qui se passe dans le secret de notre cœur et que les hypocrites n’ont aucune récompense à attendre de lui.
III. Puisque l’oraison dominicale est un formulaire de prière qui a Jésus-Christ pour auteur et qu’elle comprend tout ce qui est nécessaire pour la gloire de Dieu et pour notre propre bonheur, l’usage que nous en devons faire est premièrement d’apporter un très grand respect et beaucoup d’attention et de dévotion lorsque nous la présentons à Dieu et en second lieu de conformer non seulement nos prières, mais aussi nos sentiments et notre conduite à cet excellent modèle que Jésus-Christ nous a laissé.
IV. Notre Seigneur nous déclare ici de la manière la plus expresse que nous ne devons pas espérer que Dieu nous exauce et nous pardonne si nous ne pardonnons pas à ceux qui nous ont offensés. C’est sur quoi nous devons bien nous examiner toutes les fois que nous nous présentons devant Dieu pour lui offrir nos prières.
V. La cinquième leçon que ce chapitre nous donne est de ne pas rechercher avec ardeur à amasser les biens de ce monde qui sont vains et inconstants et dont divers accidents peuvent nous priver, mais de travailler plutôt à acquérir les biens du Ciel qui sont les plus excellents et que rien ne saurait nous ravir. Jésus-Christ nous avertit sur ce sujet qu’il est dangereux d’aimer les richesses, que cet amour nous aveugle et attache nos inclinaisons à la terre et qu’il n’est pas possible de servir Dieu et d’avoir le cœur libre et élevé à lui pendant qu’on est possédé de l’amour des biens de ce monde.
VI. Notre Seigneur ne condamne pas seulement l’amour des richesses, il défend même de s’inquiéter et de se donner trop de soins pour les choses nécessaires à la vie. Il nous exhorte à nous confier en la providence, qui, ayant soin des oiseaux et des autres créatures, pourvoira beaucoup plus aux besoins de ses enfants qui sont d’une nature plus excellente et qu’il destine à l’immortalité. Il nous dit que les soins temporels qui sont excessifs et accompagnés d’inquiétude et de défiance sont inutiles et d’ailleurs indignes des chrétiens.
VII. Enfin, il nous exhorte à chercher avant toutes choses ce qui peut plaire à Dieu et nous faire parvenir au royaume céleste et il promet que si nous le faisons, Dieu nous accordera tout ce qui nous est nécessaire pour la vie du corps. Ce sont là des instructions que nous devons toujours avoir présentes au milieu des occupations de cette vie afin qu’elles nous garantissent de l’attachement aux biens de la terre et qu’elles nous engagent à rechercher principalement les biens éternels qui nous sont réservés dans le ciel.
Notre Seigneur parle des jugements téméraires, de la prudence avec laquelle il faut proposer la vérité, de la prière et de son efficace. Il prescrit la règle de la justice et de la charité, il exhorte à entrer par la porte étroite et à éviter les faux docteurs. Il dit que ceux qui l’appellent Seigneur n’entreront pas tous dans le Ciel et il montre par une similitude qu’il ne sert de rien d’écouter sa parole si l’on ne pratique pas ce qu’elle enseigne.
1 Ne jugez point, afin que vous ne soyez point jugés ;
2 Car on vous jugera du même jugement que vous aurez jugé ; et on vous mesurera de la même mesure que vous aurez mesuré les autres.
3 Et pourquoi regardes-tu une paille qui est dans l’œil de ton frère, tandis que tu ne vois pas une poutre qui est dans ton œil ?
4 Ou, comment dis-tu à ton frère : Permets que j’ôte cette paille de ton œil, toi qui as une poutre dans le tien ?
5 Hypocrite ! ôte premièrement de ton œil la poutre, et alors tu penseras à ôter la paille hors de l’œil de ton frère.
6 Ne donnez point les choses saintes aux chiens, et ne jetez point vos perles devant les pourceaux, de peur qu’ils ne les foulent à leurs pieds, et que se tournant ils ne vous déchirent.
7 Demandez, et on vous donnera ; cherchez, et vous trouverez ; heurtez, et on vous ouvrira.
8 Car quiconque demande, reçoit ; et qui cherche, trouve ; et l’on ouvre à celui qui heurte.
9 Et qui sera même l’homme d’entre vous qui donne une pierre à son fils, s’il lui demande du pain ?
10 Et s’il lui demande du poisson, lui donnera-t-il un serpent ?
11 Si donc vous, qui êtes mauvais, savez bien donner à vos enfants de bonnes choses, combien plus votre Père qui est dans les cieux donnera-t-il des biens à ceux qui les lui demandent ?
12 Toutes les choses que vous voulez que les hommes vous fassent, faites-les-leur aussi de même ; car c’est là la loi et les prophètes.
13 Entrez par la porte étroite ; car la porte large et le chemin spacieux mènent à la perdition, et il y en a beaucoup qui y entrent.
14 Mais la porte étroite et le chemin étroit mènent à la vie, et il y en a peu qui le trouvent.
15 Gardez-vous des faux prophètes, qui viennent à vous en habits de brebis, mais qui au dedans sont des loups ravissants.
16 Vous les reconnaîtrez à leurs fruits ; cueille-t-on des raisins sur des épines, ou des figues sur des chardons ?
17 Ainsi tout arbre qui est bon, porte de bons fruits ; mais un mauvais arbre porte de mauvais fruits.
18 Un bon arbre ne peut porter de mauvais fruits, ni un mauvais arbre porter de bons fruits.
19 Tout arbre qui ne porte point de bon fruit est coupé et jeté au feu.
20 Vous les connaîtrez donc à leurs fruits.
21 Ceux qui me disent : Seigneur, Seigneur, n’entreront pas tous au royaume des cieux ; mais celui-là seulement qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux.
22 Plusieurs me diront en ce jour-là : Seigneur, Seigneur, n’avons-nous pas prophétisé en ton nom ? Et n’avons-nous pas chassé les démons en ton nom ? Et n’avons-nous pas fait plusieurs miracles en ton nom ?
23 Alors je leur dirai ouvertement : Je ne vous ai jamais connus ; retirez-vous de moi, vous qui faites métier d’iniquité.
24 Quiconque donc entend ces paroles que je dis, et les met en pratique, je le comparerai à un homme prudent qui a bâti sa maison sur le roc ;
25 Et la pluie est tombée, et les torrents se sont débordés, et les vents ont soufflé, et sont venus fondre sur cette maison-là ; elle n’est point tombée, car elle était fondée sur le roc.
26 Mais quiconque entend ces paroles que je dis, et ne les met pas en pratique, sera comparé à un homme insensé qui a bâti sa maison sur le sable ;
27 Et la pluie est tombée, et les torrents se sont débordés, et les vents ont soufflé, et sont venus fondre sur cette maison-là ; elle est tombée, et sa ruine a été grande.
28 Et quand Jésus eut achevé ces discours, le peuple fut étonné de sa doctrine ;
29 Car il les enseignait comme ayant autorité, et non pas comme les Scribes.
RÉFLEXIONS
Ce chapitre contient plusieurs instructions importantes. I. La première, de ne pas juger témérairement du prochain, de ne pas le condamner avec rigueur et de reconnaître nos propres défauts, afin de nous en corriger, plutôt que de rechercher curieusement et de reprendre les défauts des autres. II. La seconde, de ne pas donner les choses saintes aux chiens ; c’est une leçon de prudence dont le sens est que quand on a affaire à des hommes charnels et profanes qui rejettent avec mépris et avec fierté la doctrine de l’Évangile, il ne faut pas la leur proposer de peur qu’on n’expose la vérité et la piété à leur mépris et qu’on s’attire leur haine. III. Notre Seigneur nous exhorte à prier Dieu avec confiance et il nous assure que la prière est d’une très grande efficace, moyennant qu’elle soit accompagnée de zèle et de persévérance et que l’on demande à Dieu les véritables biens ; c’est ce qu’il montre par la comparaison qu’il fait de Dieu avec les pères qui ne refusent pas à leurs enfants les choses nécessaires.
IV. Il nous donne ici la règle de la justice et de la charité qui est de faire aux autres, tout ce que nous voudrions qu’ils nous fissent. C’est là une règle très parfaite et en même temps très simple et très claire que nous devons toujours avoir devant les yeux. V. Il exhorte ses disciples à entrer par la porte étroite, c’est-à-dire à suivre le chemin de la foi et de la piété qui conduit au salut, bien que ce chemin soit suivi de peu de personnes, qu’il soit contraire aux passions et aux inclinaisons des hommes et que l’on y soit quelquefois exposé à la persécution et il veut que l’on fuie le chemin de l’erreur et du vice qui paraît agréable à la chair et où l’on voit marcher beaucoup de gens, mais qui mène à la perdition. VI. Il avertit ses disciples de se donner garde des faux docteurs et des imposteurs dont on devait voir un grand nombre dans la suite. La règle qu’il donne là-dessus est de les examiner par leurs fruits, c’est-à-dire, par leurs œuvres et par leur conduite et d’avoir aussi égard aux effets que leur doctrine peut produire, en voyant si elle tend à la gloire de Dieu et à rendre les hommes meilleurs. VII. Jésus-Christ déclare que ceux qui l’appellent leur Seigneur n’entreront pas tous dans le Ciel, qu’il n’y recevra que ceux qui font sa volonté et que plusieurs qui l’auront connu et qui auront même fait des miracles en son nom seront exclus de son royaume parce qu’ils n’auront pas gardé ses commandements. VIII. Enfin, Jésus-Christ conclut ce discours par la comparaison d’une maison qui serait bâtie sur le roc ou sur le sable, par là il nous apprend que c’est en vain qu’on écoute sa parole si l’on n’observe pas ce qu’il nous commande et que ceux qui manquent à ce devoir essentiel ne sauraient jamais persévérer dans le bien, ni résister aux tentations. Ainsi cette similitude nous montre l’usage que nous devons faire de la doctrine de notre Seigneur et en particulier des instructions qui sont contenues dans ce chapitre et dans les deux précédents.
St. Matthieu récite divers miracles de Jésus-Christ : la guérison d’un lépreux. Celle du serviteur d’un capitaine païen. Celle de la belle-mère de Saint Pierre et de plusieurs autres malades.
1 Quand Jésus fut descendu la montagne, une grande multitude de peuple le suivit.
2 Alors un lépreux vint se prosterner devant lui, et lui dit : Seigneur, si tu le veux, tu peux me nettoyer.
3 Et Jésus étendant la main, le toucha et lui dit : Je le veux : sois nettoyé ; et incontinent il fut nettoyé de sa lèpre.
4 Puis Jésus lui dit : Garde-toi de le dire à personne ; mais va-t’en, montre-toi au sacrificateur, et offre le don que Moïse a ordonné, afin que cela leur serve de témoignage.
5 Et Jésus étant entré dans Capernaüm, un centenier vint à lui, le priant,
6 Et lui disant : Seigneur, mon serviteur est au lit dans la maison, malade de paralysie, et fort tourmenté.
7 Et Jésus lui dit : J’irai, et je le guérirai.
8 Et le centenier répondit et lui dit : Seigneur, je ne suis pas digne que tu entres chez moi ; mais dis seulement une parole, et mon serviteur sera guéri.
9 Car quoique je ne sois qu’un homme soumis à la puissance d’autrui, j’ai sous moi des soldats, et je dis à l’un : Va, et il va ; et à l’autre : Viens, et il vient ; et à mon serviteur : Fais cela, et il le fait.
10 Ce que Jésus ayant ouï, il en fut étonné, et dit à ceux qui le suivaient : Je vous dis en vérité que je n’ai point trouvé une si grande foi, pas même en Israël.
11 Aussi je vous dis que plusieurs viendront d’Orient et d’Occident, et seront à table au royaume des cieux, avec Abraham, Isaac et Jacob ;
12 Et les enfants du royaume seront jetés dans les ténèbres de dehors ; il y aura là des pleurs et des grincements de dents.
13 Alors Jésus dit au centenier : Va, et qu’il te soit fait selon que tu as cru ; et à l’heure même son serviteur fut guéri.
14 Puis Jésus étant venu à la maison de Pierre, vit sa belle-mère couchée au lit et ayant la fièvre.
15 Et il lui toucha la main, et la fièvre la quitta ; puis elle se leva et les servit.
16 Sur le soir on lui présenta plusieurs démoniaques, dont il chassa les mauvais esprits par sa parole ; il guérit aussi tous ceux qui étaient malades ;
17 C’est ainsi que s’accomplît ce qui avait été dit par Esaïe le prophète : Il a pris nos langueurs, et s’est chargé de nos maladies.
RÉFLEXIONS
Comme c’est dans ce chapitre que commence le récit des miracles de Jésus-Christ, la première réflexion qu’il faut faire ici regarde ces miracles en général. On y découvre d’un côté la puissance infinie de notre Seigneur qui guérissait toutes sortes de maladies par sa seule parole et de l’autre sa bonté et son amour envers les hommes, puisque ces miracles n’ont été que des bienfaits. Après cela, il faut savoir, que le but de ces miracles était de convaincre les hommes que Jésus était envoyé de Dieu et de les engager à l’écouter et à croire en lui. C’est à cause de cela qu’il ne faisait ordinairement ses miracles qu’en faveur de ceux qui croyaient qu’il avait le pouvoir de les faire. Outre ces réflexions générales qu’on doit toujours avoir devant les yeux lorsqu’on lit l’Évangile, il faut remarquer dans la guérison du lépreux que Jésus-Christ le guérit ayant égard à sa foi et à sa prière, par où nous pouvons voir que notre Seigneur sauve et délivre ceux qui s’adressent à lui avec confiance et avec humilité. Au reste, si Jésus-Christ ordonna au lépreux d’aller se montrer au sacrificateur et d’offrir ce qui est prescrit par la loi, ce fut pour convaincre les Juifs que cet homme était véritablement guéri et afin qu’ils ne puissent pas accuser Jésus d’être ennemi de la loi de Moïse. L’histoire du centenier qui demanda la guérison de son serviteur à Jésus-Christ est surtout remarquable par la grande humilité et par la foi admirable de cet homme. Il ne se croyait pas digne de recevoir Jésus dans sa maison, mais il était persuadé que notre Seigneur pouvait, sans y aller, guérir son serviteur par une seule parole, avec la même facilité que lui, qui était officier, se faisait obéir par ses soldats. Les grandes louanges que Jésus-Christ donna à la foi du centenier, qui était païen de naissance, en disant qu’il n’avait pas trouvé une si grande foi parmi les Juifs, nous obligent à faire beaucoup d’attention à cet endroit de l’Évangile et à imiter un si bel exemple d’humilité et de foi. Jésus-Christ prédit à cette occasion que plusieurs viendraient d’Orient et d’Occident et seraient à table au royaume de Dieu et que les enfants du royaume seraient jetés dehors. Cela voulait dire que les païens viendraient de divers endroits du monde pour entrer dans l’alliance divine et que les Juifs seraient rejetés. Ce fut ce que l’événement vérifia peu après. Enfin, la réflexion que St. Matthieu fait sur la guérison de la belle-mère de Saint Pierre et de divers autres malades, en rapportant cet oracle d’Ésaïe. Il a pris nos langueurs et il s’est chargé de nos maladies, nous instruit du but de tous ces miracles. Ils tendaient à montrer que Jésus était un sauveur charitable et qu’il n’était venu au monde que pour faire du bien aux hommes et pour les délivrer de tous leurs maux et principalement de leurs péchés.
CHAPITRE VIII VERSETS 18 A 34
Notre Seigneur : I. Répond à un docteur de la loi et à un de ses disciples qui voulaient le suivre. II. Il apaise une tempête. III. Il délivre deux démoniaques.
18 JÉSUS voyant une grande foule de peuple autour de lui, ordonna qu’on passât à l’autre bord du lac.
19 Alors un Scribe s’étant approché lui dit : Maître, je te suivrai partout où tu iras.
20 Et Jésus lui dit : Les renards ont des tanières, et les oiseaux de l’air ont des nids ; mais le Fils de l’homme n’a pas où reposer sa tête.
21 Et un autre de ses disciples lui dit : Seigneur, permets que j’aille auparavant ensevelir mon père.
22 Mais Jésus lui dit : Suis-moi, et laisse les morts ensevelir leurs morts.
23 Ensuite il entra dans la barque, et ses disciples le suivirent.
24 Et il s’éleva tout à coup une grande tourmente sur la mer, en sorte que la barque était couverte des flots ; mais il dormait.
25 Et ses disciples, s’approchant de lui, le réveillèrent et lui dirent : Seigneur, sauve-nous ; nous périssons.
26 Et il leur dit : Pourquoi avez-vous peur, gens de peu de foi ? Et s’étant levé, il parla avec autorité aux vents et à la mer ; et il se fit un grand calme.
27 Et ces gens-là furent dans l’admiration, et ils disaient : Quel est cet homme à qui les vents mêmes et la mer obéissent ?
28 Quand il fut arrivé à l’autre bord, dans le pays des Gergéséniens, deux démoniaques, étant sortis des sépulcres, vinrent à lui ; ils étaient si furieux que personne n’osait passer par ce chemin-là.
29 Et ils se mirent à crier : Qu’y a-t-il entre nous et toi, Jésus, Fils de Dieu ? Es-tu venu ici pour nous tourmenter avant le temps ?
30 Or, il y avait assez loin d’eux un grand troupeau de pourceaux qui paissait.
31 Et les démons le prièrent et lui dirent : Si tu nous chasses, permets-nous d’entrer dans ce troupeau de pourceaux.
32 Et il leur dit : Allez. Et étant sortis, ils allèrent dans ce troupeau de pourceaux ; et aussitôt tout ce troupeau se précipita avec impétuosité dans la mer, et ils moururent dans les eaux.
33 Alors ceux qui les paissaient s’enfuirent, et étant venus dans la ville, ils y racontèrent tout ce qui s’était passé, et ce qui était arrivé aux démoniaques.
34 Aussitôt toute la ville sortit au-devant de Jésus, et dès qu’ils le virent, ils le prièrent de se retirer de leurs quartiers.
RÉFLEXIONS
La réponse que Jésus-Christ fit à ce docteur de la loi, qui voulait le suivre, tendait à lui apprendre qu’il ne devait pas s’attendre à trouver auprès de lui les avantages du monde. Et ce qu’il dit à l’un de ses disciples, de laisser les morts ensevelir leurs morts, signifiait, qu’il devait laisser le soin des choses temporelles à ceux qui n’étaient pas éclairés des lumières de l’Évangile et que ceux qu’il appelait à être ses disciples devaient le suivre sans délai et être prêts à tout quitter et à renoncer aux choses de cette vie, même à celles qui étaient innocentes et permises lorsqu’elles pouvaient les empêcher de s’acquitter des devoirs de leur vocation. II. Dans le miracle que Jésus-Christ fit en apaisant une tempête, nous avons à remarquer, d’un côté, le pouvoir de notre Seigneur qui calmait les vents et la mer par sa seule parole et de l’autre, la faiblesse des apôtres qui craignaient de périr. Cet événement, qui tendait à confirmer leur foi, doit fortifier la nôtre et nous inspirer une parfaite confiance en la bonté et en la puissance de Jésus-Christ. On peut être dans une entière assurance, même au milieu des grands dangers, lorsqu’on est aimé de lui et quand on l’a pour protecteur. III. L’histoire de ces démoniaques que le Seigneur guérit nous fait voir que le démon exerçait alors sa puissance sur les hommes, mais que Jésus-Christ était venu pour lui ôter cette puissance et pour détruire son règne. À l’égard de ce qui arriva aux pourceaux qui se précipitèrent dans la mer, après que les démons furent entrés dans leurs corps par la permission de Jésus-Christ, il faut considérer que cette perte fut une épreuve et un châtiment pour les habitants de ces quartiers-là. Notre Seigneur voulut aussi faire voir que cet homme qu’il venait de guérir était véritablement possédé ; il montra encore par là qu’il avait le pouvoir de commander aux démons et que ces mauvais esprits ne pouvaient rien faire que par sa permission. Tout cela devait convaincre les hommes de l’autorité divine de Jésus-Christ, les instruire du but de sa venue au monde et les persuader de la vérité de sa doctrine.
Jésus-Christ guérit un paralytique. Il appelle Saint Matthieu à la charge d’apôtre et il répond à ceux qui se scandalisaient de ce qu’il mangeait avec les pécheurs. Il répond aussi à ceux qui lui demandaient pourquoi ses disciples ne jeûnaient pas comme ceux de Jean-Baptiste. Il guérit une femme qui avait une perte de sang, il ressuscite une jeune fille, il rend la vue à deux aveugles et il délivre un homme possédé du démon et muet. Enfin, il exhorte ses disciples à prier Dieu d’envoyer des personnes qui travaillassent à la conversion des peuples.
JÉSUS étant entré dans une barque, repassa le lac, et vint en sa ville.
2 Et on lui présenta un paralytique couché sur un lit ; et Jésus voyant la foi de ces gens-là, dit au paralytique : Prends courage, mon fils, tes péchés te sont pardonnés.
3 Là-dessus quelques Scribes disaient en eux-mêmes : Cet homme blasphème.
4 Mais Jésus connaissant leurs pensées, leur dit : Pourquoi avez-vous de mauvaises pensées dans vos cœurs ?
5 Car lequel est le plus aisé de dire : Tes péchés te sont pardonnés ; ou de dire : Lève-toi, et marche ?
6 Or, afin que vous sachiez que le Fils de l’homme a l’autorité sur la terre de pardonner les péchés : Lève-toi, dit-il alors au paralytique, charge-toi de ton lit, et t’en va dans ta maison.
7 Et il se leva, et s’en alla dans sa maison.
8 Ce que le peuple ayant vu, il fut rempli d’admiration, et il glorifia Dieu d’avoir donné un tel pouvoir aux hommes.
9 Et Jésus étant parti de là, vit un homme assis au bureau des impôts, nommé Matthieu ; et il lui dit : Suis-moi ; et lui se levant, le suivit.
10 Et un jour Jésus étant à table dans la maison de cet homme, beaucoup de péagers et de gens de mauvaise vie y vinrent et se mirent à table avec Jésus et ses disciples.
11 Les Pharisiens, voyant cela, dirent à ses disciples : Pourquoi votre maître mange-t-il avec des péagers et des gens de mauvaise vie ?
12 Et Jésus ayant entendu cela, leur dit : Ce ne sont pas ceux qui sont en santé qui ont besoin de médecin, ce sont ceux qui se portent mal.
13 Mais allez et apprenez ce que signifie cette parole : Je veux la miséricorde, et non pas le sacrifice ; car ce ne sont pas les justes que je suis venu appeler à la repentance, mais ce sont les pécheurs.
14 Alors les disciples de Jean vinrent à Jésus, et lui dirent : D’où vient que les Pharisiens et nous jeûnons souvent, et que tes disciples ne jeûnent point ?
15 Et Jésus leur répondit : Les amis de l’époux peuvent-ils s’affliger, pendant que l’époux est avec eux ? mais le temps viendra que l’époux leur sera ôté, et alors ils jeûneront.
16 Personne ne met une pièce de drap neuf à un vieil habit ; parce que la pièce emporterait une partie de l’habit, et la déchirure en serait pire.
17 On ne met pas non plus le vin nouveau dans de vieux vaisseaux ; autrement les vaisseaux se rompent, le vin se répand, et les vaisseaux sont perdus ; mais on met le vin nouveau dans des vaisseaux neufs, et l’un et l’autre se conservent.
18 Comme il leur disait ces choses, un des chefs de la synagogue vint, qui se prosterna devant lui et lui dit : Ma fille vient de mourir ; mais viens lui imposer les mains, et elle vivra.
19 Et Jésus, s’étant levé, le suivit avec ses disciples.
20 Et une femme, qui était malade d’une perte de sang depuis douze ans, s’approcha par derrière et toucha le bord de son habit.
21 Car elle disait en elle-même : Si je puis seulement toucher son habit, je serai guérie.
22 Jésus s’étant retourné et la regardant lui dit : Prends courage, ma fille, ta foi t’a guérie ; et cette femme fut guérie dès cette heure-là.
23 Quand Jésus fut arrivé à la maison du chef de la synagogue, et qu’il eut vu les joueurs de flûte et une troupe de gens qui faisait grand bruit,
24 Il leur dit : Retirez-vous ; car cette jeune fille n’est pas morte, mais elle dort. Et ils se moquaient de lui.
25 Et après qu’on eut fait sortir tout le monde, il entra, et prit par la main cette jeune fille, et elle se leva.
26 Et le bruit s’en répandit par tout ce quartier-là.
27 Comme Jésus partait de là, deux aveugles le suivirent, criant et disant : Fils de David, aie pitié de nous.
28 Et quand il fut arrivé à la maison, ces aveugles vinrent à lui, et Jésus leur dit : Croyez-vous que je puisse faire cela ? Ils lui répondirent : Oui, Seigneur.
29 Alors il leur toucha les yeux, en leur disant : Qu’il vous soit fait selon votre foi.
30 Et leurs yeux furent ouverts ; et Jésus leur défendit fortement d’en parler, en leur disant : Prenez garde que personne ne le sache.
31 Mais étant sortis, ils répandirent sa réputation dans tout ce quartier-là.
32 Et comme ils sortaient, on lui présenta un homme muet, démoniaque.
33 Et le démon ayant été chassé, le muet parla. Et le peuple, étant dans l’admiration, disait : Rien de semblable n’a jamais été vu en Israël.
34 Mais les Pharisiens disaient : Il chasse les démons par le prince des démons.
35 Et Jésus allait par toutes les villes et par toutes les bourgades, enseignant dans leurs synagogues, prêchant l’évangile du règne de Dieu, et guérissant toutes sortes de maladies et toutes sortes d’infirmités parmi le peuple.
36 Et voyant la multitude du peuple, il fut ému de compassion envers eux, de ce qu’ils étaient dispersés et errants comme des brebis qui n’ont point de berger.
37 Alors il dit à ses disciples : La moisson est grande, mais il y a peu d’ouvriers.
38 Priez donc le Maître de la moisson d’envoyer des ouvriers dans sa moisson.
RÉFLEXIONS
Il y a deux réflexions à faire sur la guérison du paralytique :
L’une, que notre Seigneur eut égard à la foi de cet homme et de ceux qui le lui présentaient, ce qui nous montre que c’est par la foi et par un humble recours à Jésus-Christ que nous pouvons avoir part aux effets de sa grâce. L’autre, que puisque Jésus-Christ avait non seulement le pouvoir de guérir les malades, mais aussi l’autorité de pardonner les péchés, nous devons le regarder comme notre juge et nous soumettre en état d’obtenir de lui la rémission de nos offenses par la repentance et par la foi. II. Ce que Jésus répondit à ceux qui trouvaient mauvais qu’il mangea avec les péagers et les gens de mauvaise vie nous apprend qu’il est venu au monde pour sauver les pécheurs, mais que le but de sa venue est aussi de les amener à la repentance et qu’ainsi sans l’amendement on ne saurait parvenir au salut. III. Il faut considérer que si Jésus-Christ n’assujettissait pas ses disciples à des jeûnes réglés, tels qu’étaient ceux des disciples de Jean Baptiste, ce n’était pas que sa doctrine sur cet article fut différente de celle de son précurseur, ni qu’il condamnât le jeûne, il les a recommandés par son exemple et par ses préceptes et il appelle ses disciples à vivre dans la mortification et non dans l’aise et dans les plaisirs. Mais il en usait ainsi par la même raison qu’il ne menait pas lui-même une vie aussi retirée et aussi austère que Jean Baptiste, savoir parce que son ministère l’obligeait à aller de lieu en lieu et à se rencontrer avec toutes sortes de personnes. Au reste, il déclare que dans la suite ses disciples seraient appelés non seulement à jeûner, mais à souffrir ce qu’il y avait de plus fâcheux et que s’il ne les exposait pas à ces rudes épreuves pendant qu’il était avec eux, c’était parce qu’ils n’auraient pas pu les supporter, c’est ce qu’il représente par la comparaison du vieil habit et des vaisseaux à vin. IV. On voit dans la guérison de cette femme qui était malade depuis douze ans d’une perte de sang, que notre Seigneur guérissait les maladies les plus invétérées et les plus incurables, surtout on doit y remarquer l’humilité et la foi admirable de cette femme, qui n’osant pas s’adresser à Jésus, était persuadée que si elle pouvait seulement toucher son habit, elle serait guérie, ce qui arriva aussi comme elle l’avait crû. Cet exemple montre que quand on a recours à Jésus-Christ avec une profonde humilité et une ferme confiance, on obtient infailliblement les effets de sa miséricorde. V. La résurrection de la jeune fille à qui notre Seigneur rendit la vie prouve qu’il ne guérissait pas seulement les malades, mais qu’il rendait même la vie aux morts. Cela doit nous convaincre pleinement qu’il était envoyé de Dieu et nous confirmer dans la croyance et dans l’attente de notre résurrection. VI. Il est dit sur la fin de ce chapitre que Jésus-Christ, voyant que le peuple qui le suivait manquait d’instruction et de bons conducteurs, en eut pitié et qu’il exhorta ses disciples à prier le maître de la moisson qu’il poussât des ouvriers dans sa moisson. Ces paroles, qui marquent la grande bonté dont notre Seigneur était animé, doivent nous inspirer les mêmes sentiments de compassion en faveur de ceux qui sont dans l’égarement et nous exciter à prier Dieu qu’il envoie en tous lieux de fidèles ministres qui travaillent efficacement à la conversion des hommes et à l’établissement de son règne.
On voit dans ce chapitre : I. La vocation et les noms des douze apôtres. II. Les ordres que Jésus-Christ leur donna lorsqu’il les envoya la première fois annoncer la venue du règne de Dieu dans la Judée. Il leur dit qu’il s’élèverait de grands troubles dans le monde à l’occasion de l’Évangile et qu’on les persécuterait, mais il les assure de la protection de Dieu, il leur propose son exemple, il les exhorte à ne point craindre les hommes et à ne craindre que Dieu seul, il déclare ce qui arrivera à ceux qui le confesseront ou qui le renieront devant les hommes, enfin il promet de récompenser ceux qui recevront ses disciples et qui leur feront du bien.
JÉSUS ayant appelé ses douze disciples, il leur donna le pouvoir de chasser les esprits immondes et de guérir toutes sortes de maladies et toutes sortes d’infirmités.
2 Or, voici les noms des douze apôtres : Le premier est Simon, nommé Pierre, et André son frère ; Jacques, fils de Zébédée, et Jean son frère ;
3 Philippe et Barthélemi, Thomas, et Matthieu le péager, Jacques, fils d’Alphée, et Lebbée surnommé Thaddée ;
4 Simon le Cananite, et Judas Iscariot, qui même trahit Jésus.
5 Jésus envoya ces douze-là, et il leur donna ses ordres, en disant : N’allez point vers les Gentils, et n’entrez dans aucune ville des Samaritains.
6 Mais allez plutôt aux brebis de la maison d’Israël qui sont perdues.
7 Et quand vous serez partis, prêchez et dites : Que le royaume des cieux approche.
8 Guérissez les malades, nettoyez les lépreux, ressuscitez les morts, chassez les démons ; vous l’avez reçu gratuitement, donnez-le gratuitement.
9 Ne prenez ni or, ni argent, ni monnaie dans vos ceintures ;
10 Ni sac pour le voyage, ni deux habits, ni souliers, ni bâton ; car l’ouvrier est digne de sa nourriture.
11 Et dans quelque ville ou dans quelque bourgade que vous entriez, informez-vous qui y est digne de vous recevoir ; et demeurez-y jusqu’à ce que vous partiez de ce lieu-là.
12 Et quand vous entrerez dans quelque maison, saluez-la.
13 Et si la maison en est digne, que votre paix vienne sur elle ; mais si elle n’en est pas digne, que votre paix retourne à vous.
14 Et partout où l’on ne vous recevra pas, et où l’on n’écoutera pas vos paroles, en sortant de cette maison ou de cette ville, secouez la poussière de vos pieds.
15 Je vous dis en vérité que Sodome et Gomorrhe seront traitées moins rigoureusement au jour du jugement que cette ville-là.
16 Voici, je vous envoie comme des brebis au milieu des loups ; soyez donc prudents comme des serpents, et simples comme des colombes.
17 Mais donnez-vous de garde des hommes ; car ils vous livreront aux tribunaux, et ils vous feront fouetter dans les synagogues ;
18 Et vous serez menés devant les gouverneurs, et devant les rois, à cause de moi, pour me rendre témoignage devant eux et devant les nations.
19 Mais quand on vous livrera à eux, ne soyez point en peine, ni de ce que vous direz, ni comment vous parlerez ; car ce que vous aurez à dire vous sera inspiré à l’heure même.
20 Car ce n’est pas vous qui parlerez, mais c’est l’Esprit de votre Père qui parlera par vous.
21 Or, le frère livrera son frère à la mort, et le père son enfant, et les enfants se soulèveront contre leurs pères et leurs mères, et les feront mourir.
22 Et vous serez haïs de tous, à cause de mon nom ; mais celui qui persévérera jusqu’à la fin, c’est celui-là qui sera sauvé.
23 Or, quand ils vous persécuteront dans une ville, fuyez dans une autre ; je vous dis en vérité que vous n’aurez pas achevé d’aller par toutes les villes d’Israël, que le Fils de l’homme ne soit venu.
24 Le disciple n’est pas plus que son maître, ni le serviteur plus que son seigneur.
25 Il suffit au disciple d’être comme son maître, et au serviteur d’être comme son seigneur. S’ils ont appelé le père de famille Béelzébul, combien plus appelleront-ils ainsi ses domestiques ?
26 Ne les craignez donc point ; car il n’y a rien de caché qui ne doive être découvert, ni rien de secret qui ne doive être connu.
27 Ce que je vous dis dans les ténèbres, dites-le dans la lumière ; et ce que je vous dis à l’oreille, prêchez-le sur le haut des maisons.
28 Et ne craignez point ceux qui ôtent la vie du corps, et qui ne peuvent faire mourir l’âme ; mais craignez plutôt celui qui peut perdre et l’âme et le corps dans la géhenne.
29 Deux passereaux ne se vendent-ils pas une pite ? Et néanmoins il n’en tombera pas un seul à terre sans la permission de votre Père.
30 Les cheveux même de votre tête sont tous comptés.
31 Ne craignez donc rien ; vous valez mieux que beaucoup de passereaux.
32 Quiconque donc me confessera devant les hommes, je le confesserai aussi devant mon Père qui est aux cieux.
33 Mais quiconque me reniera devant les hommes, je le renierai aussi devant mon Père qui est aux cieux.
34 Ne pensez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre ; je suis venu apporter, non la paix, mais l’épée.
35 Car je suis venu mettre la division entre le fils et le père, entre la fille et la mère, entre la belle-fille et la belle-mère.
36 Et on aura pour ennemis ses propres domestiques.
37 Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi, n’est pas digne de moi ; et qui aime son fils ou sa fille plus que moi, n’est pas digne de moi ;
38 Et celui qui ne prend pas sa croix, et ne me suit pas, n’est pas digne de moi.
39 Celui qui aura conservé sa vie la perdra ; mais celui qui aura perdu sa vie à cause de moi, la retrouvera.
40 Celui qui vous reçoit me reçoit ; et celui qui me reçoit, reçoit celui qui m’a envoyé.
41 Celui qui reçoit un prophète, en qualité de prophète, recevra une récompense de prophète ; et qui reçoit un juste, en qualité de juste, recevra une récompense de juste.
42 Et quiconque aura donné à boire seulement un verre d’eau froide à un de ces petits, parce qu’il est mon disciple, je vous dis en vérité qu’il ne perdra point sa récompense.
RÉFLEXIONS
Jésus-Christ choisit autrefois les apôtres pour être les témoins de sa vie, de sa prédication et de ses miracles, pour annoncer l’Évangile et pour faire aussi des miracles premièrement parmi les Juifs et ensuite par tout le monde. Puisque le Seigneur les a choisis et que leurs noms ont été conservés dans les livres sacrés, leur mémoire doit être en bénédiction dans l’Église et nous devons au reste les imiter dans leurs vertus et nous soumettre à la doctrine qu’ils ont enseignées tant de vive voix que par leurs écrits. II. Jésus-Christ défendit alors aux apôtres d’aller vers les païens et vers les Samaritains et il leur ordonna d’annoncer l’Évangile aux Juifs seuls, parce que le temps n’était pas encore venu auquel les apôtres devaient aller par toute la terre. Ce fut pour la même raison qu’il leur dit de ne prendre aucune provision pour le chemin, cela n’était pas nécessaire alors puisqu’ils n’allaient pas bien loin et que leur voyage devait être court, le but de cette première mission des apôtres n’étant pas de répandre plus promptement parmi les Juifs la nouvelle de l’approche du règne de Dieu. Jésus voulait aussi leur apprendre par là à se reposer sur la providence. III. Les instructions que notre Seigneur donna aux apôtres montrent que ceux qui prêchent l’Évangile doivent le faire d’une manière désintéressée, avec beaucoup de prudence et avec zèle et hardiesse, sans craindre les hommes, ni la mort. IV. Il nous apprend que sa doctrine n’est reçue que par des gens qui ont le cœur bon et un esprit paisible et doux, que c’est aux personnes de ce caractère que les ministres de l’Évangile doivent s’attacher, que quand ils rencontrent des gens qui ne veulent pas les recevoir, ils doivent se retirer et que ceux qui auront ainsi rejeté les offres de la grâce de Dieu seront punis de la manière la plus rigoureuse. V. On a dans ce discours de Jésus-Christ une forte preuve de la divinité de la religion chrétienne en ce que les apôtres qui l’ont annoncée et ceux qui l’embrassèrent les premiers ont été exposés à diverses persécutions et qu’ils ont scellé de leur sang la vérité de l’Évangile et la sincérité de leur témoignage. VI. On peut faire ici diverses réflexions très utiles et principalement les suivantes :
- Que ceux qui font profession de la vérité et de la piété sont souvent haïs et persécutés, mais que Dieu les assiste d’une façon particulière ;
- Qu’il ne faut pas craindre les hommes qui ne peuvent nuire qu’au corps et qu’on ne doit craindre que Dieu seul qui peut jeter le corps et l’âme dans la géhenne ;
- Que les chrétiens doivent faire une profession ouverte de leur foi devant les hommes, même au péril de leur vie ;
-Qu’il s’élève souvent des troubles et des divisions dans le monde à l’occasion de l’Évangile, mais que cela n’arrive que par la faute des hommes ;
-Que les chrétiens doivent être prêts à renoncer à ce qu’ils ont de plus cher au monde pour suivre Jésus-Christ ;
-Et Enfin, que notre Seigneur récompensera abondamment la piété et la charité de ceux qui auront reçu ses disciples et qui les auront assistés. Toutes ces considérations tendent à nous animer à faire une profession sincère et constante de la religion de notre Sauveur, à en pratiquer tous les devoirs et à exercer avec plaisirs les œuvres de charité.
Jean Baptiste ayant envoyé deux de ses disciples vers Jésus-Christ pour lui demander s’il était le messie, notre Seigneur fait des miracles en leur présence. II. Il parle de la nature et de l’excellence de la charge de Jean Baptiste. III. Il se plaint de l’endurcissement des Juifs qui n’avaient profité, ni du ministère de Jean Baptiste, ni du sien et il menace les villes de la Galilée où il avait prêché et fait des miracles et qui ne s’étaient pas amendées. IV. Il loue Dieu de ce que les personnes qui avaient un esprit doux et humble recevaient sa doctrine pendant que ceux qui passaient dans le monde pour les plus éclairés la rejetaient et il convie tous ceux qui étaient travaillés et chargés de venir vers lui.
1 Après que Jésus eut achevé de donner ces ordres à ses douze disciples, il partit de là pour aller enseigner et prêcher dans leurs villes.
2 Or, Jean ayant ouï parler dans la prison de ce que Jésus-Christ faisait, il envoya deux de ses disciples pour lui dire :
3 Es-tu celui qui devait venir, ou devons-nous en attendre un autre ?
4 Et Jésus répondant leur dit : Allez et rapportez à Jean les choses que vous entendez et que vous voyez :
5 Les aveugles recouvrent la vue, les boiteux marchent, les lépreux sont nettoyés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, et l’évangile est annoncé aux pauvres.
6 Heureux celui qui ne se scandalisera pas de moi.
7 Comme ils s’en allaient, Jésus se mit à parler de Jean au peuple, et dit : Qu’êtes-vous allés voir au désert ? Était-ce un roseau agité du vent ?
8 Mais encore, qu’êtes-vous allés voir ? Était-ce un homme vêtu d’habits précieux ? Voilà, ceux qui portent des habits précieux sont dans les maisons des rois.
9 Qu’êtes-vous donc allés voir ? Un prophète ? Oui, vous dis-je, et plus qu’un prophète.
10 Car c’est celui-ci de qui il est écrit : Voici, j’envoie mon ange devant ta face, qui préparera ton chemin devant toi.
11 Je vous dis en vérité qu’entre ceux qui sont nés de femme il n’en a été suscité aucun plus grand que Jean-Baptiste ; toutefois, celui qui est le plus petit dans le royaume des cieux est plus grand que lui.
12 Mais depuis le temps de Jean-Baptiste jusqu’à maintenant le royaume des cieux est forcé, et les violents le ravissent.
13 Car tous les prophètes et la loi ont prophétisé jusqu’à Jean.
14 Et si vous voulez recevoir ce que je dis, il est cet Élie qui devait venir.
15 Que celui qui a des oreilles pour ouïr, entende.
16 Mais à qui comparerai-je cette génération ? Elle ressemble aux petits enfants qui sont assis dans les places publiques, et qui crient à leurs compagnons,
17 Et leur disent : Nous vous avons joué de la flûte, et vous n’avez point dansé ; nous avons chanté des plaintes devant vous, et vous n’avez point pleuré.
18 Car Jean est venu ne mangeant ni ne buvant ; et ils disent : Il a un démon.
19 Le Fils de l’homme est venu mangeant et buvant ; et ils disent : Voilà un mangeur et un buveur, un ami des péagers et des gens de mauvaise vie ; mais la sagesse a été justifiée par ses enfants.
20 Alors il se mit à faire des reproches aux villes où il avait fait plusieurs de ses miracles, de ce qu’elles ne s’étaient point amendées.
21 Malheur à toi, Corazin ! Malheur à toi, Bethsaïde ! car si les miracles qui ont été faits au milieu de vous, eussent été faits à Tyr et à Sidon, il y a longtemps qu’elles se seraient repenties en prenant le sac et la cendre.
22 C’est pourquoi je vous dis que Tyr et Sidon seront traitées moins rigoureusement au jour du jugement que vous.
23 Et toi, Capernaüm, qui as été élevée jusqu’au ciel, tu seras abaissée jusqu’en enfer ; car si les miracles qui ont été faits au milieu de toi eussent été faits à Sodome, elle subsisterait encore aujourd’hui.
24 C’est pourquoi je te dis que ceux de Sodome seront traités moins rigoureusement au jour du jugement que toi.
25 En ce temps-là, Jésus, prenant la parole, dit : Je te loue, ô Père, Seigneur du ciel et de la terre, de ce que tu as caché ces choses aux sages et aux intelligents, et que tu les as révélées aux enfants.
26 Oui, mon Père, cela est ainsi, parce que tu l’as trouvé bon.
27 Toutes choses m’ont été données par mon Père ; et nul ne connaît le Fils que le père, et nul ne connaît le Père que le Fils, et celui à qui le Fils aura voulu le faire connaître.
28 Venez à moi, vous tous qui êtes travaillés et chargés, et je vous soulagerai.
29 Chargez-vous de mon joug, et apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos de vos âmes ;
30 Car mon joug est aisé, et mon fardeau léger.
RÉFLEXIONS
Pour profiter de cette lecture, il faut remarquer : I. Que si Jean Baptiste envoya demander à notre Seigneur s’il était le Messie, on ne doit pas croire qu’il en doutât. Ce serait injurieux à ce Saint homme qui avait constamment déclaré que Jésus était le fils de Dieu et à qui notre Seigneur rend dans tout l’Évangile et dans ce chapitre même le témoignage le plus glorieux. Mais Jean Baptiste envoya ses disciples vers Jésus pour les convaincre que Jésus était celui que les Juifs attendaient. II. Cependant le Seigneur étant interrogé sur cela ne voulut pas dire ouvertement qu’il fut le messie, il se contenta de faire voir par des miracles qu’il l’était et d’avertir les disciples de Jean de n’être pas scandalisés s’ils le voyaient dans un état de bassesse. III. Ce fut dans les mêmes vues qu’il fit remarquer à ceux qu’ils l’écoutaient que lorsqu’ils étaient allés entendre Jean Baptiste dans le désert, ils n’y avaient pas vu un roseau agité du vent c’est-à-dire, qu’ils n’y étaient pas allés pour un sujet de petite importance ou pour voir une personne peu considérable. Il ajoute qu’ils n’y avaient pas vu non plus un homme qui parût avec éclat et avec pompe, comme ceux qui sont à la cour des rois. Mais il dit qu’ils avaient vu en Jean Baptiste un prophète et même le plus grand des prophètes, puisqu’il était le précurseur du Messie et que cependant depuis qu’il avait commencé à paraître, on s’était opposé à lui et au règne de Dieu dont il annonçait la venue. Jésus-Christ disait tout cela pour montrer que le règne du messie ne serait pas de ce monde et qu’on ne devait pas être surpris si on le voyait aussi dans un état si humble et si abject et s’il était rejeté. IV. On voit ici que les Juifs n’avaient profité, ni de la prédication de Jean Baptiste, ni de celle de notre Seigneur, trouvant que la vie de Jean Baptiste était trop austère et trouvant que celle de Jésus-Christ ne l’était pas assez. Rien ne peut satisfaire les hommes incrédules et corrompus, ils rejettent tous les différents moyens que Dieu emploie pour les gagner et ils en prennent même occasion des endurcir davantage. V. Les menaces que Jésus-Christ faisait contre ces villes où il avait fait des miracles et qui ne s’étaient pas amendées nous avertissent que les peuples auxquels Dieu fait le plus de grâces et à qui l’Évangile est annoncé et qui n’en profitent pas seront traités avec la dernière sévérité. VI. Notre Seigneur rend grâce à Dieu de ce que les petits et les humbles recevaient sa doctrine tandis qu’elle était rejetée par les grands et les sages du monde. Cela nous apprend que l’on ne saurait recevoir l’Évangile si l’on n’a un cœur droit, simple et humble et si l’on ne renonce à la gloire du monde et à sa fausse sagesse. VII. Enfin, les invitations que notre Seigneur adresse à tous ceux qui sont travaillés et chargés les conviant de devenir ses disciples et les assurant que son joug est aisé et que son fardeau est léger doivent nous inciter à aller à lui avec un humble et vif sentiment de notre misère et avec un ardent désir d’en être délivrés, à nous soumettre à sa doctrine et à ses divins préceptes et à être comme lui doux et humble de cœur. C’est ainsi que nous trouverons auprès de lui le repos de nos âmes et une parfaite félicité.
I. Notre Seigneur justifie ses disciples qui arrachaient des épis de blé en un jour de sabbat. II. Il guérit un homme qui avait une main sèche et il répond aux pharisiens qui se scandalisaient de ce qu’il avait aussi fait ce miracle en pareil jour. III. Il défend au peuple de publier ses miracles, sur quoi St. Matthieu rapporte un oracle d’Ésaïe qui marque la prudence, l’humilité et la douceur qui paraîtraient dans la manière dont le Messie exercerait son ministère.
1 En ce temps-là, Jésus passait par des blés un jour de sabbat ; et ses disciples ayant faim se mirent à arracher des épis et à en manger.
2 Les Pharisiens voyant cela lui dirent : Voilà tes disciples qui font ce qu’il n’est pas permis de faire le jour du sabbat.
3 Mais il leur dit : N’avez-vous pas lu ce que fit David, ayant faim, tant lui que ceux qui étaient avec lui ;
4 Comment il entra dans la maison de Dieu, et mangea les pains de proposition, dont il n’était pas permis de manger, ni à lui, ni à ceux qui étaient avec lui, mais aux seuls sacrificateurs ?
5 Ou n’avez-vous pas lu dans la loi, que les sacrificateurs, au jour du sabbat, violent le sabbat dans le temple, sans être coupables pour cela ?
6 Or, je vous dis qu’il y a ici quelqu’un qui est plus grand que le Temple.
7 Que si vous saviez ce que signifie ceci : Je veux la miséricorde et non pas le sacrifice, vous n’auriez pas condamné ceux qui ne sont point coupables ;
8 Car le Fils de l’homme est maître même du Sabbat.
9 Étant parti de là, il vint dans leur synagogue ;
10 Et il y trouva un homme qui avait une main sèche ; et ils lui demandèrent, pour avoir lieu de l’accuser : Est-il permis de guérir dans les jours de Sabbat ?
11 Et il leur dit : Qui sera celui d’entre vous, qui ayant une brebis, si elle tombe au jour du Sabbat dans une fosse, ne la prenne et ne l’en retire ?
12 Et combien un homme ne vaut-il pas mieux qu’une brebis ? Il est donc permis de faire du bien dans les jours de sabbat.
13 Alors il dit à cet homme : Étends ta main. Et il l’étendit ; et elle devint saine comme l’autre.
14 Là-dessus les Pharisiens, étant sortis, délibérèrent entre eux, comment ils le feraient périr.
15 Mais Jésus, connaissant cela, partit de là ; et une grande multitude le suivit, et il les guérit tous.
16 Et il leur défendit fortement de le faire connaître.
17 De sorte que ce qui avait été dit par Esaïe le prophète, fut accompli :
18 Voici mon serviteur que j’ai élu, mon bien-aimé en qui mon âme a mis toute son affection ; je mettrai mon Esprit sur lui, et il annoncera la justice aux nations ;
19 Il ne contestera point, et ne criera point, et on n’entendra point sa voix dans les places ;
20 Il ne rompra pas tout à fait le roseau froissé, et il n’éteindra pas le lumignon qui fume encore, jusqu’à ce qu’il ait rendu la justice victorieuse.
21 Et les nations espèreront en son Nom.
RÉFLEXIONS
Il faut faire ici ces trois considérations : I. La première regarde la malice et l’hypocrisie des pharisiens qui trouvaient mauvais que les disciples de Jésus-Christ eussent arraché des épis en un jour de sabbat et que leur maître eût guéri en un semblable jour un homme qui avait une main sèche. Tel est le caractère des hypocrites et de ceux qui n’ont qu’un faux zèle. Ils se scandalisent des choses qui sont innocentes et même quelquefois de celles qui sont bonnes, nécessaires et agréables à Dieu, pendant qu’ils négligent eux-mêmes les devoirs les plus essentiels de la religion et surtout celui de la charité. II. On doit faire une attention sérieuse à ce que notre Seigneur dit dans cette occasion et principalement à ces paroles : Je veux la miséricorde plutôt que le sacrifice. Apprenons de là que la religion ne consiste pas simplement dans des devoirs extérieurs et dans l’observation des cérémonies, qu’à la vérité ces devoirs sont indispensables et ont leur usage lorsqu’on les pratique conformément aux intentions de Dieu qui les a établis, mais que ce que Dieu exige sur toutes ces choses c’est que nous obéissions à ses commandements, que nous ayons une vraie charité et que nous exercions les œuvres de miséricorde. III. La troisième réflexion est tirée de la conduite de Jésus-Christ qui ne voulait pas que l’on publiât ses miracles et de ces paroles d’Ésaïe : Il n’éteindra pas le lumignon qui fume encore et il ne rompra pas entièrement le roseau froissé. On voit reluire ici la grande prudence de notre Seigneur qui évitait ce qui aurait pu faire trop d’éclat. On y découvre son humilité, sa douceur et sa condescendance, on y remarque surtout qu’il ne rebute personne, qu’il supporte les faiblesses des hommes avec beaucoup de patience et que pendant qu’il y a encore en eux quelque chose de bon, il ne les abandonne pas. Cela doit, d’un côté, nous encourager et nous remplir de confiance et, de l’autre, nous engager à imiter notre Sauveur, à être comme lui humbles, doux et paisibles, à fuir l’ostentation, la veine gloire et à éviter les aigreurs et les disputes, usant d’un grand support envers les hommes et ayant des égards et de la condescendance pour leurs faiblesses. Ce sera par la pratique de ces devoirs que nous ressemblerons à Jésus-Christ et qu’il paraîtra que nous sommes véritablement ses disciples.
CHAPITRE XII VERSETS 22 A 50
Jésus-Christ guérit un démoniaque et comme les pharisiens attribuaient ce miracle à la puissance du diable, notre Seigneur fait voir la fausseté et l’impiété de cette accusation en disant que le diable ne détruirait pas son propre règne. Il fait remarquer qu’il ne pourrait chasser les démons s’il n’avait pas une puissance plus grande que la leur et il dit aux pharisiens que leur blasphème ne leur serait jamais pardonné et que leurs discours impies étaient une preuve de l’extrême malice de leur cœur. II. Étant prié par les pharisiens de faire un miracle, il le refuse et il les renvoie à sa résurrection qui devait être la dernière et la plus forte preuve de sa mission divine. Il se plaint de leur incrédulité et il allègue, dans cette vue, l’exemple des Ninivites, celui de la reine de Sçéba et une similitude. III. Il déclare que ses vrais disciples lui étaient aussi chers que ses propres parents.
22 Alors on présenta à Jésus un démoniaque aveugle et muet, lequel il guérit, de sorte que celui qui avait été aveugle et muet, parlait et voyait.
23 De quoi tout le peuple fut étonné, et ils disaient : Cet homme ne serait-il point le fils de David ?
24 Mais les Pharisiens entendant cela, disaient : Cet homme ne chasse les démons que par Béelzébul, le prince des démons.
25 Mais Jésus, connaissant leurs pensées, leur dit : Tout royaume divisé contre lui-même sera réduit en désert ; et toute ville ou toute maison divisée contre elle-même ne subsistera point.
26 Si donc Satan chasse Satan, il est divisé contre lui-même ; comment donc son royaume subsistera-t-il ?
27 Que si je chasse les démons par Béelzébul, vos fils, par qui les chassent-ils ? C’est pourquoi ils seront eux-mêmes vos juges.
28 Mais si je chasse les démons par l’Esprit de Dieu, il est donc vrai que le règne de Dieu est venu à vous.
29 Et comment quelqu’un pourrait-il entrer dans la maison d’un homme fort, et piller son bien, s’il n’avait auparavant lié cet homme fort ? Après quoi il pourrait piller sa maison.
30 Celui qui n’est pas avec moi est contre moi, et celui qui n’assemble pas avec moi disperse.
31 C’est pourquoi je vous dis que tout péché et tout blasphème sera pardonné aux hommes ; mais le blasphème contre l’Esprit ne leur sera point pardonné.
32 Et si quelqu’un a parlé contre le Fils de l’homme, il pourra lui être pardonné ; mais celui qui aura parlé contre le Saint-Esprit n’en obtiendra le pardon, ni dans ce siècle, ni dans celui qui est à venir.
33 Ou dites que l’arbre est bon, et son fruit bon ; ou dites que l’arbre est mauvais, et que son fruit est mauvais aussi ; car on connaît l’arbre par le fruit.
34 Race de vipères, comment pourriez-vous dire de bonnes choses, étant méchants ? Car c’est de l’abondance du cœur que la bouche parle.
35 L’homme de bien tire de bonnes choses du bon trésor de son cœur ; mais le méchant tire de mauvaises choses du mauvais trésor de son cœur.
36 Or, je vous dis que les hommes rendront compte au jour du jugement de toutes les paroles impies qu’ils auront dites ;
37 Car tu seras justifié par tes paroles, et par tes paroles tu seras condamné.
38 Alors quelques-uns des Scribes et des Pharisiens lui dirent : Maître, nous voudrions te voir faire quelque miracle.
39 Mais lui, répondant, leur dit : La race méchante et adultère demande un miracle ; mais il ne lui en sera accordé aucun autre que celui du prophète Jonas.
40 Car comme Jonas fut dans le ventre d’un grand poisson trois jours et trois nuits, ainsi le Fils de l’homme sera dans le sein de la terre trois jours et trois nuits.
41 Les Ninivites s’élèveront au jour du jugement contre cette nation, et la condamneront, parce qu’ils s’amendèrent à la prédication de Jonas ; et il y a ici plus que Jonas
42 La reine du Midi s’élèvera au jour du jugement contre cette nation, et la condamnera ; car elle vint d’un pays éloigné pour entendre la sagesse de Salomon ; et il y a ici plus que Salomon.
43 Lorsqu’un esprit immonde est sorti d’un homme, il va par des lieux arides, cherchant du repos, et il n’en trouve point.
44 Alors il dit : Je retournerai dans ma maison, d’où je suis sorti ; et étant revenu, il la trouve vide, balayée et ornée.
45 Alors il s’en va et prend avec soi sept autres esprits plus méchants que lui, lesquels, y étant entrés, habitent là ; et la dernière condition de cet homme-là est pire que la première. Il en arrivera ainsi à cette méchante race.
46 Et comme Jésus parlait encore au peuple, sa mère et ses frères, qui étaient dehors, demandèrent à lui parler.
47 Et quelqu’un lui dit : Voilà, ta mère et tes frères sont là dehors qui demandent à te parler.
48 Mais il répondit à celui qui lui avait dit cela : Qui est ma mère, et qui sont mes frères ?
49 Et étendant sa main sur ses disciples, il dit : Voici ma mère et mes frères.
50 Car quiconque fera la volonté de mon père qui est aux cieux, c’est celui-là qui est mon frère et ma sœur et ma mère.
RÉFLEXIONS
Cette lecture nous engage à considérer : I. Que les pharisiens, au lieu de reconnaître la vertu divine qui éclatait dans les miracles de notre Seigneur, disaient qu’il chassait les démons par la puissance du diable. On voit dans cet exemple que les gens aveuglés par leurs passions résistent aux moyens les plus forts que Dieu emploie pour vaincre leur endurcissement. II. Jésus-Christ déclare aux pharisiens que ce blasphème, par lequel ils attribuaient au diable ce qui venait de l’esprit de Dieu, ne leur serait jamais pardonné parce qu’un tel blasphème marquait une malice désespérée et un endurcissement insurmontable. On ne peut pas aujourd’hui commettre ce péché-là, mais on se rend extrêmement coupable lorsqu’on tient des discours et que l’on a des sentiments profanes et impies et lorsqu’on résiste à la vérité après l’avoir connue et à la grâce du Saint-Esprit dont on sent l’opération en soi-même. III. À l’occasion du blasphème des pharisiens, Jésus-Christ nous enseigne que les bons discours sont la marque d’un bon cœur, que les mauvais discours procèdent d’un cœur gâté et que les hommes rendront compte de toutes les mauvaises paroles qu’ils auront dites. Cela nous apprend qu’un homme de bien se reconnaît par ses paroles et que le moyen de les régler bien est de régler notre cœur. IV. Sur ce que les pharisiens, après tant de miracles que le Seigneur avait déjà faits en leur présence, le prièrent encore d’en faire un nouveau, nous devons considérer que les incrédules et ceux qui ont le cœur mauvais ne sont jamais contents et qu’il n’y a rien d’assez clair ni d’assez fort pour les convaincre. Et le refus que notre Seigneur fit de faire ce signe nous montre que quand Dieu a fait inutilement ce qui était nécessaire pour surmonter l’endurcissement des hommes, il les abandonne justement à leur obstination. V. Si l’exemple de la reine de Sçeba et celui des Ninivites condamnaient les juifs incrédules, ces exemples condamneront beaucoup plus les chrétiens qui ne s’amendent pas, puisque Dieu leur a fait plus de grâces qu’à ces Juifs dont Jésus-Christ parle. VI. Par la similitude du mauvais esprit qui rentre dans un homme après en être sorti, notre Seigneur marquait les malheurs qui allaient tomber sur les Juifs, lesquels après tout ce qu’il avait fait pour les délivrer de leur incrédulité, y persévéraient. Cela nous avertit que ceux qui ont eu part à la grâce de Dieu et qui en abusent perdent cette grâce et qu’ils tombent dans une plus grande condamnation. VII. Enfin, puisque Jésus-Christ déclare que ceux qui font la volonté de Dieu lui étaient aussi chers que sa mère et ses parents, nous devons reconnaître que la piété et l’observation des commandements de Dieu est la vraie marque des disciples de notre Seigneur et ce qui nous fait avoir part à son amour, qu’ainsi nous devons nous appliquer sur toutes choses à écouter sa parole et à la garder. Cela nous montre aussi que les personnes qui aiment Dieu et le craignent sont celles à qui l’on doit surtout donner son amour et son estime.
Notre Seigneur propose la parabole de la semence, et ensuite il l’explique en particulier à ses disciples.
1 Ce même jour, Jésus étant sorti de la maison, s’assit au bord de la mer.
2 Et une grande foule de peuple s’assembla vers lui, en sorte qu’il monta dans une barque. Il s’y assit, et toute la multitude se tenait sur le rivage.
3 Et il leur dit plusieurs choses par des similitudes ; et il leur parla ainsi : Un semeur sortit pour semer ;
4 Et comme il semait, une partie de la semence tomba le long du chemin, et les oiseaux vinrent et la mangèrent toute.
5 L’autre partie tomba sur des endroits pierreux où elle n’avait que peu de terre, et elle leva aussitôt, parce qu’elle n’entrait pas profondément dans la terre ;
6 mais le soleil étant levé, elle fut brûlée ; et parce qu’elle n’avait point de racine, elle sécha.
7 L’autre partie tomba parmi des épines, et les épines crûrent et l’étouffèrent.
8 Et l’autre partie tomba dans une bonne terre, et rapporta du fruit ; un grain en rapporta cent, un autre soixante, et un autre trente.
9 Que celui qui a des oreilles pour ouïr, entende.
10 Alors les disciples s’étant approchés, lui dirent : Pourquoi leur parles-tu par des similitudes ?
11 Il répondit et leur dit : Parce qu’il vous est donné de connaître les mystères du royaume des cieux, mais cela ne leur est point donné.
12 Car on donnera à celui qui a déjà, et il aura encore davantage ; mais pour celui qui n’a pas, on lui ôtera même ce qu’il a.
13 C’est à cause de cela que je leur parle en similitudes, parce qu’en voyant ils ne voient point, et qu’en entendant ils n’entendent et ne comprennent point.
14 Ainsi s’accomplit en eux la prophétie d’Esaïe qui dit : Vous entendrez de vos oreilles, et vous ne comprendrez point ; vous verrez de vos yeux, et vous n’apercevrez point.
15 Car le cœur de ce peuple est appesanti ; ils ont ouï dur de leurs oreilles, ils ont fermé les yeux, afin qu’ils ne perçoivent pas de leurs yeux, et qu’ils n’entendent pas de leurs oreilles, et qu’ils ne comprennent pas du cœur, et qu’ils ne se convertissent pas, et que je ne les guérisse pas.
16 Mais pour vous, vous êtes heureux d’avoir des yeux qui voient et des oreilles qui entendent.
17 Car je vous dis en vérité que plusieurs prophètes et plusieurs justes ont désiré de voir ce que vous voyez et ne l’ont pas vu ; et d’entendre ce que vous entendez, et ne l’ont pas entendu.
18 Vous donc, écoutez ce que signifie la similitude du semeur.
19 Lorsqu’un homme entend la parole du royaume de Dieu, et qu’il ne la comprend point, le malin vient et ravit ce qui est semé dans le cœur ; c’est celui qui a reçu la semence le long du chemin.
20 Et celui qui a reçu la semence dans des endroits pierreux, c’est celui qui entend la parole, et qui la reçoit d’abord avec joie ;
21 Mais il n’a point de racine en lui-même ; c’est pourquoi il n’est que pour un temps ; et lorsque l’affliction ou la persécution survient à cause de la parole, il se scandalise aussitôt.
22 Et celui qui a reçu la semence parmi les épines, c’est celui qui entend la parole ; mais les soucis de ce monde et la séduction des richesses étouffent la parole, et elle devient infructueuse.
23 Mais celui qui a reçu la semence dans une bonne terre, c’est celui qui entend la parole et qui la comprend, et qui porte du fruit, en sorte qu’un grain en produit cent, un autre soixante, et un autre trente.
RÉFLEXIONS
Il est nécessaire de remarquer en général sur les similitudes qui sont contenues dans ce chapitre et dans divers autres endroits de l’Évangile que notre Seigneur avait accoutumé, lorsqu’il enseignait, de se servir de similitudes et de paraboles et qu’afin que ses disciples et le peuple puissent mieux les retenir, il les tirait des choses les plus simples et les plus familières. Ces paraboles étaient de deux sortes. Il y en avait dont le sens était clair, mais les autres avaient quelque obscurité et Jésus-Christ employait ces dernières lorsqu’il s’agissait de certaines vérités que les auditeurs n’étaient pas alors en l’état de comprendre et qu’il ne voulait pas dire ouvertement avant sa mort. Telles sont celles qui marquaient qu’on le ferait mourir, que les Juifs seraient rejetés et que les païens seraient reçus à leur place. Il proposait ces vérités-là sous des images et des similitudes qui étaient fort simples et aisées à retenir et qui dans peu de temps seraient faciles à entendre, l’événement devant les rendre parfaitement claires. Ainsi l’on voit reluire une grande sagesse dans ces paraboles, elles montrent que Jésus-Christ connaissait l’avenir, elles étaient la plupart prophétiques et nous trouvons dans leur exact accomplissement des preuves convaincantes de la divinité de l’Évangile. Le dessein de Jésus-Christ dans la parabole de la semence est d’enseigner à ses disciples comment la parole de Dieu est reçue par ceux à qui elle est annoncée. Il y parle de quatre sortes de personnes. I. Les premiers sont ceux sur qui cette parole ne fait aucune impression et dont le cœur est entièrement endurci, c’est ce qui est représenté par la semence qui tombe sur le chemin. II. Les seconds sont ceux qui reçoivent et qui goûtent la parole de Dieu, mais qui s’étant engagés dans la profession de l’Évangile, sans s’être bien examinés eux-mêmes, abandonnent la vérité et la piété lorsqu’ils sont exposés à la persécution ou à quelque autre tentation, c’est ce qui est signifié par la semence qui tombe parmi les pierres et qui lève, mais qui, n’ayant point de racine, sèche bientôt. III. Notre Seigneur parle de ceux en qui la parole est rendue inutile par l’amour des richesses et par les soins de cette vie, tout de même que la semence qui tomberait parmi les épines y serait étouffée. IV. Les derniers sont ceux qui la reçoivent dans un bon cœur, en qui elle produit son fruit et son effet et qui persévèrent, ce qui est figuré par la semence qui est reçue dans une bonne terre et qui y fructifie abondamment. C’est là le sens et le but de cette belle parabole, elle tend à nous instruire de l’usage que nous devons faire de l’Évangile lorsqu’il nous est annoncé. Ce que Jésus-Christ dit à ses disciples dans le temps qu’il le leur expliqua doit nous faire reconnaître combien nous sommes heureux d’être instruits de ces divines vérités et d’avoir sur les mystères du royaume de Dieu des lumières que les prophètes même n’avaient pas. C’est là un avantage précieux dont nous devons nous prévaloir de peur que nous tombions dans le crime et dans la condamnation de ceux qui voient et qui entendent, mais qui ne reçoivent pas la vérité et qui refusent de se convertir.
CHAPITRE XIII, VERSETS 24 A 58
Jésus-Christ propose la similitude de l’ivraie, celle d’un grain de moutarde, celle du levain, celle d’un trésor caché et d’une perle de grand prix et celle d’un filet. Il exhorte ses disciples à faire un bon usage de ses instructions et il va à Nazareth où peu de gens crurent en lui.
24 Jésus leur proposa une autre similitude, en disant : Le royaume des cieux est semblable à un homme qui avait semé de bonne semence en son champ.
25 Mais pendant que les hommes dormaient, son ennemi vint, qui sema de l’ivraie parmi le blé, et s’en alla.
26 Et après que la semence eut poussé, et qu’elle eut produit du fruit, l’ivraie parut aussi.
27 Alors les serviteurs du père de famille lui vinrent dire : Seigneur, n’as-tu pas semé de bonne semence dans ton champ ? D’où vient donc qu’il y a de l’ivraie ?
28 Et il leur dit : C’est un ennemi qui a fait cela. Et les serviteurs lui répondirent : Veux-tu donc que nous allions la cueillir ?
29 Et il leur dit : Non, de peur qu’il n’arrive qu’en cueillant l’ivraie vous n’arrachiez le froment en même temps.
30 Laissez-les croître tous deux ensembles jusqu’à la moisson ; et au temps de la moisson je dirai aux moissonneurs : Cueillez premièrement l’ivraie, et liez-la en faisceaux pour la brûler ; mais assemblez le froment dans mon grenier.
31 Il leur proposa une autre similitude, et il dit : Le royaume des cieux est semblable à un grain de moutarde que quelqu’un prend et sème dans son champ ;
32 Ce grain est la plus petite de toutes les semences ; mais quand il a crû, il est plus grand que les autres légumes, et il devient un arbre, tellement que les oiseaux du ciel y viennent et font leurs nids dans ses branches.
33 Il leur dit une autre similitude : Le royaume des cieux est semblable à du levain qu’une femme prend et qu’elle met parmi trois mesures de farine, jusqu’à ce que la pâte soit toute levée.
34 Jésus dit toutes ces choses au peuple en similitudes, et il ne leur parlait point sans similitudes.
35 De sorte que ce qui avait été dit par le prophète fut accompli : J’ouvrirai ma bouche en similitudes, j’annoncerai les choses qui ont été cachées depuis la création du monde.
36 Alors Jésus, ayant renvoyé le peuple, s’en alla à la maison ; et ses disciples, étant venus vers lui, lui dirent : Explique-nous la similitude de l’ivraie du champ.
37 Il leur répondit et leur dit : Celui qui sème la bonne semence, c’est le Fils de l’homme ;
38 Le champ, c’est le monde ; la bonne semence, ce sont les enfants du royaume ; l’ivraie, ce sont les enfants du malin ;
39 L’ennemi qui l’a semée, c’est le diable ; la moisson, c’est la fin du monde ; et les moissonneurs sont les anges.
40 Comme donc on amasse l’ivraie et qu’on la brûle dans le feu, il en sera de même à la fin du monde.
41 Le Fils de l’homme enverra ses anges, qui ôteront de son royaume tous les scandales et ceux qui font l’iniquité ;
42 Et ils les jetteront dans la fournaise ardente ; c’est là qu’il y aura des pleurs et des grincements de dents.
43 Alors les justes luiront comme le soleil dans le royaume de leur Père. Que celui qui a des oreilles pour ouïr, entende.
44 Le royaume des cieux est encore semblable à un trésor caché dans un champ, qu’un homme a trouvé, et qu’il cache ; et de la joie qu’il en a, il s’en va, et vend tout ce qu’il a, et achète ce champ-là.
45 Le royaume des cieux est encore semblable à un marchand qui cherche de belles perles,
46 Et qui ayant trouvé une perle de grand prix, s’en va et vend tout ce qu’il a, et l’achète.
47 Le royaume des cieux est encore semblable à un filet qui, étant jeté dans la mer, ramasse toutes sortes de choses ;
48 Quand il est rempli, les pêcheurs le tirent sur le rivage ; et s’étant assis, ils mettent ce qu’il y a de bon à part dans leurs vaisseaux, et ils jettent ce qui ne vaut rien.
49 Il en sera de même à la fin du monde ; les anges viendront, et sépareront les méchants du milieu des justes ;
50 Et ils jetteront les méchants dans la fournaise ardente ; c’est là qu’il y aura des pleurs et des grincements de dents.
51 Et Jésus dit à ses disciples : Avez-vous compris toutes ces choses ? Ils lui répondirent : Oui, Seigneur.
52 Et il leur dit : C’est pour cela que tout docteur qui est bien instruit dans ce qui regarde le royaume des cieux, est semblable à un père de famille qui tire de son trésor des choses nouvelles et des choses vieilles.
53 Et il arriva que quand Jésus eut achevé ces similitudes, il se retira de ce lieu-là.
54 Et étant venu en sa patrie, il les enseignait dans leur synagogue ; de sorte qu’ils étaient étonnés, et qu’ils disaient : D’où viennent à cet homme cette sagesse et ces miracles ?
55 N’est-ce pas le fils du charpentier ? Sa mère ne s’appelle-t-elle pas Marie, et ses frères, Jacques, Joses, Simon et Jude ?
56 Et ses sœurs ne sont-elles pas toutes parmi nous ? D’où lui viennent donc toutes ces choses ?
57 De sorte qu’ils se scandalisaient de lui. Mais Jésus leur dit : Un prophète n’est méprisé que dans son pays et dans sa maison.
58 Et il ne fit là que peu de miracles, à cause de leur incrédulité.
RÉFLEXIONS
Les similitudes de l’ivraie et d’un filet ont un même sens. Elles signifient suivant l’explication que notre Seigneur en donna que, parmi ceux qui embrassent la profession de l’Évangile, il y aurait des hypocrites qui seraient mêlés avec les bons et que cela aura lieu jusqu’à la fin du monde, mais qu’alors ils seront séparés, que les méchants seront envoyés au feu éternel et que les justes seront reçus dans la gloire céleste. L’usage que nous devons faire de ces paraboles, c’est de n’être pas scandalisés si nous voyons parmi les chrétiens des personnes qui suivent l’erreur et le vice, d’être sur nos gardes et d’éviter le commerce des méchants, de peur qu’ils ne nous séduisent, d’avoir cependant toujours pour eux des sentiments de charité et de travailler au reste, pour ce qui nous regarde, à être du nombre des justes afin qu’à la venue de Jésus-Christ nous soyons reçus dans son royaume. Par les similitudes d’un grain de moutarde et du levain, notre Seigneur voulait marquer que, quoi qu’il n’eût alors qu’un petit nombre de disciples et que sa doctrine ne fut presque pas connue dans le monde, elle se répandrait bientôt sur toute la terre. Mais Jésus-Christ disait cela en termes couverts et figurés, parce qu’il ne voulait pas alors dire ouvertement, crainte de scandaliser les Juifs, que les païens et tous les peuples entreraient dans l’Église. Ces similitudes sont prophétiques et l’on en voit le sens et la divinité dans l’établissement de la religion de Jésus-Christ qui a été annoncée et reçue dans tant d’endroits du monde, comme il l’avait prédit. La similitude d’un trésor caché et celle de la perle tendent à nous montrer qu’il n’y a rien de plus précieux et de plus excellent que l’Évangile et les biens qu’il renferme, que le plus grand bonheur qui puisse nous arriver est de les posséder et qu’ainsi il faut faire avec joie tout ce qui peut nous les procurer et renoncer même à ce que nous avons de plus cher au monde pour acquérir un si précieux trésor. Nous devons, comme Jésus-Christ y exhortait ses disciples, retenir ces divines instructions, les mettre et les serrer dans notre cœur afin d’en tirer continuellement les secours et les encouragements nécessaires pour résister aux tentations et pour nous animer à l’amour de Dieu et à la pratique des bonnes œuvres. L’on voit sur la fin de ce chapitre, que, bien que les habitants de Nazareth entendissent la doctrine de Jésus-Christ et qu’ils vissent quelques-uns de ses miracles, ils ne crurent point en lui parce qu’ils le regardaient comme le fils d’un charpentier et qu’il avait été élevé parmi eux, ce qui fit que notre Seigneur leur dit qu’un prophète n’était méprisé que dans son pays. Les hommes méprisent souvent les faveurs que Dieu leur accorde et les avantages les plus précieux, lorsqu’ils sont communs et qu’ils peuvent en jouir sans peine et Dieu voyant leur ingratitude les en prive, comme cela arriva à ceux de Nazareth à cause de leur incrédulité.
Saint Matthieu récite trois choses. I. L’histoire de la mort de Jean-Baptiste. II. Comment Jésus-Christ donna à manger à cinq mille personnes avec cinq pains et deux poissons. III. Un autre miracle que notre Seigneur fit, lorsque ses disciples étant exposés à une tempête, il alla vers eux en marchant sur la mer.
1 En ce temps-là, Hérode le Tétrarque entendit ce qu’on publiait de Jésus ;
2 Et il dit à ses serviteurs : C’est Jean-Baptiste ; il est ressuscité, et c’est pour cela qu’il se fait des miracles par lui.
3 Car Hérode avait fait prendre Jean, et l’avait fait lier et mettre en prison, au sujet d’Hérodias, femme de Philippe son frère.
4 Parce que Jean disait à Hérode : Il ne t’est pas permis de l’avoir pour femme.
5 Et il aurait bien voulu le faire mourir ; mais il craignait le peuple, parce qu’on regardait Jean comme un prophète.
6 Or, comme on célébrait le jour de la naissance d’Hérode, la fille d’Hérodias dansa au milieu de l’assemblée, et plut à Hérode.
7 De sorte qu’il lui promit avec serment de lui donner tout ce qu’elle demanderait.
8 Elle donc, étant poussée par sa mère, lui dit : Donne-moi ici dans un plat la tête de Jean-Baptiste.
9 Et le roi en fut fâché ; mais à cause du serment qu’il avait fait, et de ceux qui étaient à table avec lui, il commanda qu’on la lui donnât.
10 Et il envoya couper la tête à Jean dans la prison.
11 Et on apporta sa tête dans un plat, et on la donna à la fille, et elle la présenta à sa mère.
12 Puis ses disciples vinrent, et emportèrent son corps et l’ensevelirent, et ils vinrent l’annoncer à Jésus.
13 Et Jésus ayant appris ce qu’Hérode disait de lui, se retira de là dans une barque, en un lieu écarté, à part. Et quand le peuple le sut, il sortit des villes et le suivit à pied.
14 Et Jésus étant sorti de la barque, vit une grande multitude, et il fut ému de compassion envers eux, et guérit leurs malades.
15 Et comme il se faisait tard, ses disciples vinrent à lui et lui dirent : Ce lieu est désert, et l’heure est déjà passée ; renvoie ce peuple, afin qu’ils aillent dans les bourgades, et qu’ils y achètent des vivres.
16 Mais Jésus leur dit : Il n’est pas nécessaire qu’ils y aillent ; donnez-leur vous-mêmes à manger.
17 Et ils lui dirent : Nous n’avons ici que cinq pains et deux poissons.
18 Et il leur dit : Apportez-les-moi ici.
19 Et après avoir commandé que le peuple s’assît sur l’herbe, il prit les cinq pains et les deux poissons, et levant les yeux au ciel, il rendit grâces ; et ayant rompu les pains, il les donna aux disciples, et les disciples les donnèrent au peuple.
20 Tous en mangèrent et furent rassasiés ; et on emporta douze paniers pleins des morceaux qui restèrent.
21 Et ceux qui avaient mangé étaient environ cinq mille hommes, sans compter les femmes et les petits enfants.
22 Aussitôt après, Jésus obligea ses disciples d’entrer dans la barque et de passer avant lui de l’autre côté pendant qu’il renverrait le peuple.
23 Et après qu’il l’eut renvoyé, il monta sur une montagne, pour être à part, afin de prier ; et la nuit étant venue, il était là seul.
24 Cependant la barque était déjà au milieu de la mer, battue des flots ; car le vent était contraire.
25 Et, à la quatrième veille de la nuit, Jésus alla vers eux, marchant sur la mer.
26 Et ses disciples le voyant marcher sur la mer, furent troublés et ils dirent : C’est un fantôme ; et de la frayeur qu’ils eurent ils s’écrièrent.
27 Mais aussitôt Jésus leur parla et leur dit : Rassurez-vous ; c’est moi, n’ayez point de peur.
28 Et Pierre, répondant, lui dit : Seigneur, si c’est toi, ordonne que j’aille vers toi en marchant sur les eaux.
29 Jésus lui dit : Viens. Et Pierre étant descendu de la barque, marcha sur les eaux pour aller à Jésus.
30 Mais voyant que le vent était fort, il eut peur, et comme il commençait à enfoncer, il s’écria et dit : Seigneur, sauve-moi.
31 Et incontinent Jésus étendit la main et le prit, lui disant : Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ?
32 Et quand ils furent entrés dans la barque, le vent cessa.
33 Alors ceux qui étaient dans la barque vinrent et l’adorèrent, disant : Tu es véritablement le Fils de Dieu.
34 Et ayant passé le lac, ils vinrent dans le pays de Génézareth.
35 Et quand les gens de ce lieu-là l’eurent reconnu, ils envoyèrent par toute la contrée d’alentour, et ils lui présentèrent tous les malades.
36 Et ils le priaient qu’ils pussent seulement toucher le bord de son habit ; et tous ceux qui le touchèrent furent guéris.
RÉFLEXIONS
Il faut d’abord faire cette considération générale sur la mort de Jean-Baptiste, que Dieu voulut que ce Saint homme, qui avait annoncé la venue du règne du Messie mourût d’une mort violente pour faire voir aux Juifs que ce règne ne serait pas un règne temporel et afin qu’ils ne fussent pas scandalisés lorsque Jésus-Christ lui-même serait mis à mort. Après cela il faut remarquer que ce qui donna occasion à la mort de Jean-Baptiste fut le zèle de ce prophète qui reprit Hérode de son commerce criminel avec Hérodias, la haine que cette femme impudique avait conçue contre Jean-Baptiste et la complaisance qu’Hérode eut pour elle. Les réflexions qu’il y a à faire sur cela sont : I. que les serviteurs de Dieu doivent reprendre toutes sortes de personnes avec courage et avec zèle, quand même ils s’attireraient par-là la haine des méchants ; II. Que l’impureté et l’amour des plaisirs font commettre bien des crimes ; III. Et Enfin qu’il peut arriver de grands maux par les serments téméraires aussi bien que par la mauvaise honte et par la complaisance qu’on a pour les personnes vicieuses. Le miracle de cinq pains a ceci de particulier qu’il fut fait en présence de plusieurs milliers d’hommes qui en furent les témoins et qui y eurent part. Cette circonstance rend ce miracle encore plus certain et elle prouve la merveilleuse puissance de notre Seigneur, de même que la grande bonté dont il était animé envers le peuple qui le suivait. Enfin, cet autre miracle que notre Seigneur fit lorsqu’il vint à ses disciples en marchant sur la mer est aussi une preuve de son pouvoir sans borne et de son amour pour ses disciples. Il voulut dans cette occasion faire marcher St. Pierre sur l’eau pour fortifier la foi de cet apôtre et celle de ses collègues et pour les assurer par là qu’ils feraient dans la suite des miracles les plus extraordinaires et qu’aucun péril ne devait les ébranler.
Pour ce qui nous regarde, nous devons faire ici ces deux considérations : I. l’une, que si les fidèles se trouvent dans le danger, Dieu vient à leur secours lorsqu’il en est temps ; II. L’autre, que comme le zèle et la foi de Saint Pierre le firent d’abord marcher sur l’eau, mais que la peur le fit enfoncer, ce n’est aussi que le manque de foi qui nous fait succomber dans les tentations et dans les dangers, mais qu’avec la foi et le secours du Seigneur nous les surmonterons heureusement.
Jésus-Christ justifie ses disciples sur ce qu’ils n’observaient pas la coutume des pharisiens et des Juifs qui se lavaient les mains avant les repas, ce que les juifs faisaient, non pour la propreté, mais par un principe de religion, croyant que sans cela ils n’auraient pas été nets. Notre Seigneur reproche aux pharisiens qui se scandalisaient du procédé de ses disciples de violer eux-mêmes la loi divine par leurs traditions et surtout en enseignant que si quelqu’un consacrait à Dieu le bien dont il aurait pu assister père et mère il ne lui était plus permis après un tel vœu d’employer son bien au soulagement de son père ou de sa mère. Ensuite le Seigneur montre ce qui souille l’homme et ce qui ne le souille pas. Il guérit la fille d’une femme cananéenne et plusieurs malades. Il donna à manger à quatre mille hommes avec sept pains et quelques poissons.
1 Alors des Scribes et des Pharisiens vinrent de Jérusalem à Jésus, et lui dirent :
2 Pourquoi tes disciples transgressent-ils la tradition des anciens ? car ils ne se lavent point les mains lorsqu’ils prennent leurs repas.
3 Mais il leur répondit : Et vous, pourquoi transgressez-vous le commandement de Dieu par votre tradition ?
4 Car Dieu a donné ce commandement : Honore ton père et ta mère ; et que celui qui maudira son père ou sa mère soit puni de mort.
5 Mais vous, vous dites : Celui qui aura dit à son père ou à sa mère : Tout ce dont je pourrais t’assister, est un don consacré à Dieu, n’est pas coupable, quoiqu’il n’honore pas son père ou sa mère.
6 Et ainsi vous avez anéanti le commandement de Dieu par votre tradition.
7 Hypocrites ! Esaïe a bien prophétisé de vous, lorsqu’il a dit :
8 Ce peuple s’approche de moi de sa bouche et m’honore de ses lèvres ; mais leur cœur est bien éloigné de moi.
9 Mais ils m’honorent en vain, en enseignant des doctrines qui ne sont que des commandements d’hommes.
10 Et ayant appelé le peuple, il leur dit : Écoutez, et comprenez ceci :
11 Ce n’est pas ce qui entre dans la bouche, qui souille l’homme ; mais ce qui sort de la bouche, c’est ce qui souille l’homme.
12 Alors ses disciples s’approchant, lui dirent : N’as-tu pas remarqué que les Pharisiens ont été scandalisés quand ils ont ouï ce discours ?
13 Mais il leur répondit : Toute plante que mon Père céleste n’a point plantée sera déracinée.
14 Laissez-les ; ce sont des aveugles qui conduisent des aveugles ; que si un aveugle conduit un autre aveugle, ils tomberont tous deux dans la fosse.
15 Alors Pierre, prenant la parole, lui dit : Explique-nous cette parabole.
16 Et Jésus dit : Vous aussi, êtes-vous encore sans intelligence ?
17 Ne comprenez-vous pas que tout ce qui entre dans la bouche s’en va dans le ventre et est jeté aux lieux secrets ?
18 Mais ce qui sort de la bouche vient du cœur ; c’est là ce qui souille l’homme.
19 Car c’est du cœur que viennent les mauvaises pensées, les meurtres, les adultères, les fornications, les larcins, les faux témoignages, les médisances.
20 Ce sont ces choses-là qui souillent l’homme ; mais de manger sans s’être lavé les mains, cela ne souille point l’homme.
21 Et Jésus, partant de là, se retira aux quartiers de Tyr et de Sidon.
22 Et une femme Cananéenne, qui venait de ces quartiers-là, s’écria et lui dit : Seigneur, fils de David, aie pitié de moi ; ma fille est misérablement tourmentée par le démon.
23 Mais il ne lui répondit rien. Sur quoi ses disciples, s’étant approchés, le prièrent, disant : Renvoie-la ; car elle crie après nous.
24 Et il répondit : Je ne suis envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël.
25 Et elle vint et se prosterna, en disant : Seigneur, aide-moi.
26 Il lui répondit : Il n’est pas juste de prendre le pain des enfants, pour le jeter aux petits chiens.
27 Mais elle dit : Il est vrai, Seigneur ; cependant les petits chiens mangent des miettes qui tombent de la table de leurs maîtres.
28 Alors Jésus, répondant, lui dit : O femme, ta foi est grande ; qu’il te soit fait comme tu le désires. Et à cette heure même sa fille fut guérie.
29 Jésus, partant de là, vint près de la mer de Galilée, et étant monté sur une montagne, il s’y assit.
30 Alors une grande multitude de peuple vint à lui, ayant avec eux des boiteux, des aveugles, des muets, des estropiés, et plusieurs autres qu’ils mirent aux pieds de Jésus ; et il les guérit.
31 De sorte que le peuple était dans l’admiration, voyant que les muets parlaient, que les estropiés étaient guéris, que les boiteux marchaient, que les aveugles voyaient, et ils glorifiaient le Dieu d’Israël.
32 Alors Jésus, ayant appelé ses disciples, leur dit : J’ai pitié de cette multitude ; car il y a déjà trois jours qu’ils ne me quittent point, et ils n’ont rien à manger ; et je ne veux pas les renvoyer à jeun, de peur que les forces ne leur manquent en chemin.
33 Et ses disciples lui dirent : D’où pourrions-nous avoir, dans ce lieu désert, assez de pain pour rassasier une telle multitude ?
34 Et Jésus leur dit : Combien avez-vous de pains ? Ils lui dirent : Nous en avons sept et quelque peu de petits poissons.
35 Alors il commanda aux troupes de s’asseoir à terre.
36 Et ayant pris les sept pains et les poissons, et ayant rendu grâces, il les rompit et les donna à ses disciples, et les disciples les donnèrent au peuple.
37 Et tous en mangèrent et furent rassasiés ; et on emporta sept corbeilles pleines des morceaux qui restèrent.
38 Or, ceux qui en avaient mangé étaient quatre mille hommes, sans compter les femmes et les petits enfants.
39 Alors Jésus ayant renvoyé le peuple, entra dans une barque, et il vint au territoire de Magdala.
RÉFLEXIONS
L’entretien de Jésus-Christ avec les pharisiens nous présente les réflexions suivantes. I. Que les hypocrites font uniquement consister la religion et la piété dans des devoirs extérieurs et souvent vains et de très petite importance, qu’ils observent scrupuleusement ces sortes de choses et condamnent ceux qui ne les observent pas, pendant qu’eux-mêmes manquent aux devoirs les plus importants et pèchent contre les commandements de Dieu les plus exprès. II. Que le devoir des enfants envers père et mère est tout à fait inviolable, que rien ne les en peut dispenser et qu’ils sont particulièrement obligés d’assister leurs pères et leurs mères dans le besoin. III. Que les vœux et les serments téméraires et contraires à la loi divine ne doivent point être gardés. IV. Que Dieu rejette le culte de ceux qui ne l’honorent que de la bouche et des lèvres et dont le cœur est éloigné de lui et qu’il veut être servi suivant qu’il l’a commandé dans sa parole et non pas suivant les inventions et les commandements des hommes. V. Le sauveur du monde nous enseigne que ce ne sont pas seulement les actions extérieures qui souillent les hommes et qui les rendent coupables devant Dieu, mais que ce sont aussi et principalement les mauvaises pensées, les mouvements du cœur et les désirs qui tendent à l’impureté, à l’injustice, à l’orgueil, à la médisance et aux autres péchés. C’est là une doctrine très importante et d’un grand usage, elle nous oblige à nous étudier surtout à la sainteté intérieure et à la pureté du cœur et de la conscience. VI. On doit faire une attention particulière au miracle que notre Seigneur fit en guérissant la fille de la Cananéenne. Il refusa d’abord de guérir cette fille parce que sa mère était païenne et il en usa de la sorte, non seulement pour exciter le zèle de cette femme, mais aussi à cause le temps n’était pas encore venu auquel les païens devaient être appelés et parce que pendant son séjour sur terre, il ne faisait des miracles qu’en faveur des Juifs. Mais voyant la persévérance et la profonde humilité de cette femme il fit enfin ce qu’elle lui avait demandé. Dans cet exemple, nous voyons que les prières faites avec foi, avec humilité et avec persévérance sont très agréables à Dieu et très efficaces, que si Dieu ne nous exauce pas d’abord, il le fait afin de nous éprouver, d’animer par là notre zèle et de nous faire mieux sentir notre indignité, mais lorsque nous continuons à l’invoquer avec ferveur, il nous accorde enfin les grâces que nous lui demandons. VII. Au reste, on découvre dans ce miracle, de même que dans ceux que notre Seigneur fit en guérissant un grand nombre de malades et en nourrissant quatre mille hommes avec sept pains et quelques poissons, de nouvelles preuves de sa toute puissance et de sa bonté et le récit de toutes ces merveilles doit nous inciter à louer Dieu et à lui donner gloire comme le firent autrefois ceux qui furent témoins de ces miracles.
Ce chapitre a quatre parties. I. Jésus-Christ refuse de faire un prodige que les pharisiens lui demandaient et il leur reproche leur aveuglement. II. Il avertit ses disciples de se garder du levain des pharisiens et des sadducéens. III. Ayant demandé aux apôtres quelle opinion ils avaient de lui, St. Pierre reconnaît qu’il était le Christ, le fils du Dieu vivant et notre Seigneur lui fait des promesses très avantageuses. IV. Il prédit sa mort, il exhorte ses disciples à se préparer eux-mêmes aux souffrances et pour les y engager, il leur montre de quelle importance sont le salut et la perte de l’âme. Il prédit aussi que quelques-uns de ses disciples ne mourraient point que son règne n’eût été établi et qu’il ne fût venu pour détruire les Juifs, ce qui a été accompli en ceux des disciples de Jésus-Christ qui vécurent jusqu’à ce temps-là et particulièrement en l’apôtre Saint Jean.
1 Alors des Pharisiens et des Sadducéens vinrent à lui, et ils lui demandèrent en le tentant, qu’il leur fît voir quelque miracle du ciel.
2 Mais il leur répondit : Quand le soir est venu, vous dites : Il fera beau temps, car le ciel est rouge.
3 Et le matin vous dites : Il y aura aujourd’hui de l’orage, car le ciel est sombre et rouge. Hypocrites ! vous savez bien discerner l’apparence du ciel, et vous ne pouvez pas discerner les signes des temps où vous vivez.
4 Cette race méchante et adultère demande un miracle, mais on ne lui en accordera aucun autre que celui du prophète Jonas. Et, les laissant, il s’en alla.
5 Et ses disciples, qui étaient assis à l’autre bord, avaient oublié de prendre des pains.
6 Et Jésus leur dit : Gardez-vous avec soin du levain des Pharisiens et des Sadducéens.
7 Sur quoi ils pensaient en eux-mêmes, et disaient : C’est parce que nous n’avons point pris de pains.
8 Et Jésus, connaissant cela, leur dit : Gens de peu de foi, pourquoi pensez-vous ainsi en vous-mêmes, sur ce que vous n’avez point pris de pains ?
9 N’avez-vous point encore d’intelligence et ne vous souvenez-vous plus des cinq pains des cinq mille hommes, et combien vous en remportâtes de paniers ?
10 Ni des sept pains des quatre mille hommes, et combien vous en remportâtes de corbeilles ?
11 Comment ne comprenez-vous pas que je ne vous parlais pas du pain, lorsque je vous ai dit de vous garder du levain des Pharisiens et des Sadducéens ?
12 Alors ils comprirent que ce n’était pas du levain du pain, mais que c’était du levain de la doctrine des Pharisiens et des Sadducéens qu’il leur avait dit de se garder.
13 Et Jésus, étant arrivé dans le territoire de Césarée de Philippe, demanda à ses disciples : Qui disent les hommes que je suis, moi, le Fils de l’homme ?
14 Et ils lui répondirent : Les uns disent que tu es Jean-Baptiste ; les autres, Élie, et les autres, Jérémie, ou l’un des prophètes.
15 Il leur dit : Et vous, qui dites-vous que je suis ?
16 Simon Pierre, prenant la parole, dit : Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant.
17 Et Jésus lui répondit : Tu es heureux, Simon, fils de Jona ; car ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais c’est mon Père qui est dans les cieux.
18 Et moi je te dis aussi, que tu es Pierre, et que sur cette pierre je bâtirai mon Église, et les portes de l’enfer ne prévaudront point contre elle.
19 Et je te donnerai les clefs du royaume des cieux ; et tout ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux ; et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux.
20 Alors il défendit à ses disciples de dire à personne que lui Jésus fût le Christ.
21 Dès lors Jésus commença à déclarer à ses disciples qu’il fallait qu’il allât à Jérusalem, et qu’il y souffrît beaucoup de la part des sénateurs, et des principaux sacrificateurs, et des Scribes, et qu’il y fût mis à mort, et qu’il ressuscitât le troisième jour.
22 Alors Pierre, l’ayant pris à part, se mit à le reprendre et à lui dire : À Dieu ne plaise, Seigneur, cela ne t’arrivera point.
23 Mais Jésus, se tournant, dit à Pierre : Retire-toi de moi, Satan, tu m’es en scandale ; car tu ne comprends point les choses qui sont de Dieu, mais seulement celles qui sont des hommes.
24 Alors Jésus dit à ses disciples : Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à soi-même, et qu’il se charge de sa croix, et qu’il me suive.
25 Car quiconque voudra sauver sa vie la perdra, et quiconque perdra sa vie pour l’amour de moi la trouvera ;
26 Car que servirait-il à un homme de gagner tout le monde, s’il perdait son âme ? Ou que donnerait l’homme en échange de son âme ?
27 Car le Fils de l’homme doit venir dans la gloire de son Père, avec ses anges ; et alors il rendra à chacun selon ses œuvres.
28 Je vous dis en vérité qu’il y en a quelques-uns de ceux qui sont ici présents, qui ne mourront point qu’ils n’aient vu le Fils de l’homme venir en son règne.
REFLEXIONS
La première réflexion qu’on doit faire ici, concerne l’aveuglement des pharisiens, qui bien que Jésus-Christ eût fait tant de miracles et qu’ils dussent voir par-là que le temps de la venue du Messie était arrivé, voulaient qu’il leur fît voir quelque miracle au ciel, ce qu’il refusa très justement de faire. Après que Dieu a donné des preuves suffisantes de la vérité de l’Évangile, si les hommes ne s’y rendent pas, ils ne doivent pas s’attendre que Dieu fasse des miracles continuels pour vaincre leur incrédulité. II. Le sens de l’avertissement que Jésus-Christ donna aux apôtres en leur disant de se garder du levain des pharisiens et des sadducéens était qu’ils devaient s’éloigner de la doctrine des pharisiens qui s’attachaient aux dehors de la religion et aux traditions et de celles des sadducéens qui niaient la résurrection et l’immortalité de l’âme. Cet avertissement nous montre que l’on doit éviter avec un grand soin dans la religion, la superstition et l’hypocrisie, aussi bien que les sentiments impies et libertins. III. Il paraît de ce chapitre que l’on avait une haute opinion de Jésus-Christ parmi les Juifs et surtout que les apôtres avaient été pleinement persuadés qu’il était le Christ, le fils du Dieu vivant. C’est aussi là la grande et la principale vérité que les chrétiens doivent croire et confesser devant tout le monde. IV. La promesse que Jésus-Christ fit à St. Pierre en lui disant : Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église et je te donnerai les clefs du royaume des cieux, signifie que Saint Pierre serait l’un des principaux ministres dont il se servirait pour établir son Église et que ce serait lui qui jetterait les fondements de l’Église chrétienne en annonçant le premier l’Évangile tant aux Juifs qu’aux païens. V. Jésus-Christ prédit sa mort et il censura fortement Saint Pierre, qui, étant rempli des préjugés des Juifs, ne pouvait croire que le Messie dût mourir. Notre Seigneur parla de la sorte et il s’exprima en ces termes forts, non qu’il n’aimât Saint Pierre, mais pour lui faire tant mieux sentir et à tous ses disciples qu’il était nécessaire qu’il souffrît la mort et qu’il y était résolu. VI. Enfin, les derniers versets de ce chapitre contiennent des instructions très remarquables et particulièrement ces trois :
I. Que la première chose que Jésus-Christ exige de ses disciples c’est qu’ils renoncent à eux-mêmes et qu’ils se disposent aux souffrances et que jamais le désir de conserver notre vie ne doit nous empêcher de suivre Jésus-Christ et de lui obéir.
II. Que le salut ou la perte de l’âme sont ce qu’il y a de plus important et qu’il ne servirait de rien de gagner le monde entier si l’on perdait son âme.
III. Que le Fils de Dieu viendra du ciel avec gloire pour rendre à tous les hommes selon leurs œuvres.
Ce chapitre contient : I. l’histoire de la transfiguration de Jésus-Christ, II. L’entretien qu’il eut avec les apôtres sur la venue d’Élie que les Juifs attendaient, III. La guérison d’un démoniaque que les apôtres n’avaient pu délivrer, IV. Un miracle que Jésus fit pour payer le tribut que les Juifs donnaient pour l’entretien du temple et du service divin.
1 Six jours après, Jésus prit Pierre, Jacques et Jean son frère, et les mena sur une haute montagne, à part.
2 Et il fut transfiguré en leur présence ; son visage devint resplendissant comme le soleil, et ses habits devinrent éclatante comme la lumière.
3 En même temps, Moïse et Élie apparurent, qui s’entretenaient avec lui.
4 Alors Pierre, prenant la parole, dit à Jésus : Seigneur, il est bon que nous demeurions ici ; si tu veux, faisons-y trois tentes, une pour toi, une pour Moïse et une pour Élie.
5 Comme il parlait encore, une nuée resplendissante les couvrit ; et tout d’un coup une voix sortit de la nuée, qui dit : C’est ici mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis toute mon affection ; écoutez-le.
6 Ce que les disciples ayant entendu, ils tombèrent le visage contre terre, et furent saisis d’une très grande crainte.
7 Mais Jésus, s’approchant, les toucha, et leur dit : Levez-vous, et n’ayez point de peur.
8 Alors élevant leurs yeux, ils ne virent plus que Jésus seul.
9 Et comme ils descendaient de la montagne, Jésus leur fit cette défense : Ne dites à personne ce que vous avez vu, jusqu’à ce que le Fils de l’homme soit ressuscité des morts.
10 Et ses disciples l’interrogèrent, disant : Pourquoi donc les Scribes disent-ils qu’il faut qu’Élie vienne premièrement ?
11 Et Jésus leur répondit : Il est vrai qu’Élie devait venir premièrement, et rétablir toutes choses.
12 Mais je vous dis qu’Élie est déjà venu, et ils ne l’ont point reconnu, mais ils lui ont fait tout ce qu’ils ont voulu ; c’est ainsi aussi qu’ils feront souffrir le Fils de l’homme.
13 Alors les disciples comprirent que c’était de Jean-Baptiste qu’il leur avait parlé.
14 Et lorsqu’ils furent venus vers le peuple, un homme vint à lui, qui se jeta à genoux devant lui,
15 Et lui dit : Seigneur, aie pitié de mon fils, car il est lunatique, et fort tourmenté, et il tombe souvent dans le feu, et souvent dans l’eau.
16 Et je l’ai présenté à tes disciples, mais ils n’ont pu le guérir.
17 Et Jésus, répondant, dit : O race incrédule et perverse, jusqu’à quand serai-je avec vous ? jusqu’à quand vous supporterai-je ? Amenez-le-moi ici.
18 Et Jésus reprit sévèrement le démon, qui sortit de cet enfant ; et dès cette heure-là l’enfant fut guéri.
19 Alors les disciples vinrent en particulier à Jésus, et lui dirent : Pourquoi n’avons-nous pu chasser ce démon ?
20 Et Jésus leur répondit : C’est à cause de votre incrédulité ; car je vous dis en vérité que si vous aviez de la foi, aussi gros qu’un grain de moutarde, vous diriez à cette montagne : Transporte-toi d’ici là, et elle s’y transporterait, et rien ne vous serait impossible.
21 Mais cette sorte de démons ne sort que par la prière et par le jeûne.
22 Et comme ils étaient dans la Galilée, Jésus leur dit : Le Fils de l’homme doit être livré entre les mains des hommes ;
23 Et ils le feront mourir ; mais il ressuscitera le troisième jour. Et les disciples en furent fort attristés.
24 Et quand ils furent arrivés à Capernaüm, ceux qui recevaient les didrachmes s’adressèrent à Pierre, et lui dirent : Votre maître ne paie-t-il pas les didrachmes ?
25 Il dit : Oui. Et quand il fut entré dans la maison, Jésus le prévint et lui dit : Que t’en semble, Simon ? Les rois de la terre, de qui tirent-ils des tributs ou des impôts ? Est-ce de leurs enfants, ou des étrangers ?
26 Pierre dit : C’est des étrangers. Jésus lui répondit : Les enfants en sont donc exempts.
27 Mais afin que nous ne les scandalisions point, va-t’en à la mer, jette l’hameçon, et tire le premier poisson qui se prendra ; et quand tu lui auras ouvert la bouche, tu trouveras un statère ; prends-le, et le leur donne pour moi et pour toi.
REFLEXIONS
Notre Seigneur voulut être transfiguré peu avant sa mort en présence de ses disciples afin de fortifier leur foi et de les affermir contre le scandale que sa mort aurait pu leur donner. L’apparition de Moïse et d’Élie qui furent vus alors marquait que Jésus-Christ était celui dont les prophètes avaient prédit la venue et qu’il était plus grand que les plus excellents prophètes. Cela prouve aussi que ces Saints hommes n’étaient pas anéantis et qu’ainsi il y a pour les gens de bien une autre vie après celle-ci. La voix que Dieu fit entendre du ciel dans cette occasion nous apprend que Jésus est le fils de Dieu, que c’est lui seul que nous devons écouter et à qui nous devons une parfaite obéissance. Ce que Jésus-Christ dit à ses disciples que Jean-Baptiste était cet Élie dont les prophètes avaient parlé doit nous convaincre de la dignité de la personne de Jean-Baptiste et de l’autorité de son ministère.
III. Dans l’histoire du lunatique, que les apôtres n’avaient pu guérir, on voit que notre Seigneur était revêtu d’un pouvoir auquel rien ne pouvait résister et qu’il était en même temps plein de compassion envers les misérables. On y remarque d’un autre côté que le défaut de foi dans les apôtres fut cause qu’ils ne purent faire ce miracle et qu’au contraire le père du lunatique obtint par la foi la guérison de son fils.
La foi est d’une grande efficace, elle n’est pas moins nécessaire pour le salut qu’elle l’était autrefois pour faire ou pour obtenir des miracles, ainsi nous devons travailler à nous y affermir.
IV. La tristesse que les apôtres firent paraître lorsque Jésus-Christ prédit sa mort est une autre preuve de l’imperfection de leur foi, mais les chrétiens qui savent que Jésus-Christ est mort afin de nous procurer le salut doivent regarder cette mort comme le fondement de leur bonheur et de leur espérance.
V. Enfin, la manière miraculeuse dont Jésus-Christ paya le tribut est un effet remarquable de sa puissance. Il fit voir dans cette rencontre qu’il ne méprisait pas ce qui regardait la religion et c’est là un exemple qui nous apprend à nous soumettre à l’ordre public et à donner sans répugnance et avec plaisir quelque portion de nos biens quand il s’agit du service de Dieu et des œuvres de piété.
Les apôtres demandent à notre Seigneur lequel d’entre eux serait le plus grand dans le royaume des cieux. Ils lui firent cette question parce qu’ils croyaient avec les Juifs que le Messie établirait son règne sur la terre et qu’il y aurait des dignités dans son royaume. Notre Seigneur, pour les désabuser de cette opinion met un petit enfant au milieu d’eux, il les exhorte à devenir semblables aux petits enfants, il les avertit de ne point mépriser ceux qui croyaient en lui, quoi qu’ils fussent petits selon le monde. Il leur représente que c’est un grand péché que de scandaliser aucun des fidèles et qu’il appelle même les plus grands pécheurs à la repentance et au salut. Tout ce discours de Jésus-Christ tendait à retirer les apôtres de l’opinion où ils étaient sur le règne du Messie et à leur inspirer des sentiments de charité et d’humilité. Dans la seconde partie de ce chapitre, Jésus-Christ enseigne à ses disciples comment ils devaient se conduire envers leurs frères qui les avaient offensés et ce que l’église doit faire à l’égard de ceux qui ne veulent pas profiter de ses avertissements. Après cela, il montre par une parabole que nous devons nous pardonner les uns aux autres.
1 En cette même heure-là, les disciples vinrent à Jésus et lui dirent : Qui est le plus grand dans le royaume des cieux ?
2 Et Jésus ayant fait venir un enfant, le mit au milieu d’eux,
3 Et dit : Je vous le dis en vérité, que si vous ne changez et si vous ne devenez comme des enfants, vous n’entrerez point dans le royaume des cieux.
4 C’est pourquoi, quiconque s’humiliera soi-même, comme cet enfant, celui-là est le plus grand dans le royaume des cieux.
5 Et quiconque reçoit un tel enfant à cause de mon nom, il me reçoit.
6 Mais si quelqu’un scandalise un de ces petits qui croient en moi, il vaudrait mieux pour lui qu’on lui attachât au cou une meule, et qu’on le jetât au fond de la mer.
7 Malheur au monde à cause des scandales ; car il est nécessaire qu’il arrive des scandales ; mais malheur à l’homme par qui le scandale arrive.
8 Que si ta main ou ton pied te fait tomber dans le péché, coupe-les, et jette-les loin de toi ; car il vaut mieux que tu entres boiteux ou manchot dans la vie, que d’avoir deux pieds ou deux mains, et d’être jeté dans le feu éternel.
9 Et si ton œil te fait tomber dans le péché, arrache-le, et jette-le loin de toi ; car il vaut mieux que tu entres dans la vie n’ayant qu’un œil, que d’avoir deux yeux, et d’être jeté dans la géhenne du feu.
10 Prenez garde de ne mépriser aucun de ces petits ; car je vous dis que leurs anges voient sans cesse dans les cieux la face de mon Père qui est aux cieux.
11 Car le Fils de l’homme est venu pour sauver ce qui était perdu.
12 Que vous en semble ? Si un homme a cent brebis, et qu’il y en ait une égarée, ne laisse-t-il pas les quatre-vingt-dix-neuf, pour s’en aller par les montagnes chercher celle qui s’est égarée ?
13 Et s’il arrive qu’il la trouve, je vous dis en vérité qu’il en a plus de joie que des quatre-vingt-dix-neuf qui ne se sont point égarées.
14 Ainsi la volonté de votre Père qui est aux cieux n’est pas qu’aucun de ces petits périsse.
15 Si ton frère a péché contre toi, va et reprends-le entre toi et lui seul ; s’il t’écoute, tu auras gagné ton frère.
16 Mais s’il ne t’écoute pas, prends avec toi encore une ou deux personnes, afin que tout soit confirmé sur la parole de deux ou trois témoins.
17 Que s’il ne daigne pas les écouter, dis-le à l’Église ; et s’il ne daigne pas écouter l’Église, regarde-le comme un païen et un péager.
18 Je vous dis en vérité, que tout ce que vous aurez lié sur la terre sera lié dans le ciel ; et tout ce que vous aurez délié sur la terre sera délié dans le ciel.
19 Je vous dis encore, que si deux d’entre vous s’accordent sur la terre pour demander quelque chose, tout ce qu’ils demanderont leur sera accordé par mon Père qui est aux cieux.
20 Car où il y a deux ou trois personnes assemblées en mon nom, j’y suis au milieu d’elles.
21 Alors Pierre, s’étant approché, lui dit : Seigneur, combien de fois pardonnerai-je à mon frère, lorsqu’il m’aura offensé ? Sera-ce jusqu’à sept fois ?
22 Jésus lui répondit : Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à septante fois sept fois.
23 C’est pourquoi ce qui arrive dans le royaume des cieux est comparé à ce que fit un Roi qui voulut faire compte avec ses serviteurs.
24 Quand il eut commencé à compter, on lui en présenta un qui lui devait dix mille talents.
25 Et parce qu’il n’avait pas de quoi payer, son maître commanda qu’il fût vendu, lui, sa femme et ses enfants, et tout ce qu’il avait, afin que la dette fût payée.
26 Et ce serviteur, se jetant à terre, le suppliait en lui disant : Seigneur, aie patience envers moi, et je te paierai tout.
27 Alors le Maître de ce serviteur, ému de compassion, le laissa aller et lui quitta la dette.
28 Mais ce serviteur étant sorti, rencontra un de ses compagnons de service, qui lui devait cent deniers ; et l’ayant saisi, il l’étranglait en lui disant : Paie-moi ce que tu me dois.
29 Et son compagnon de service se jetant à ses pieds, le suppliait en lui disant : Aie patience envers moi, et je te paierai tout.
30 Mais il n’en voulut rien faire, et s’en étant allé, il le fit mettre en prison, pour y être jusqu’à ce qu’il eût payé la dette.
31 Ses autres compagnons de service, voyant ce qui s’était passé, en furent fort indignés, et ils vinrent rapporter à leur Maître tout ce qui était arrivé.
32 Alors son Maître le fit venir et lui dit : Méchant serviteur, je t’avais quitté toute cette dette, parce que tu m’en avais prié ;
33 Ne te fallait-il pas aussi avoir pitié de ton compagnon de service, comme j’avais eu pitié de toi ?
34 Et son Maître, étant irrité, le livra aux sergents, jusqu’à ce qu’il lui eût payé tout ce qu’il lui devait.
35 C’est ainsi que vous fera mon Père céleste, si vous ne pardonnez pas chacun de vous, de tout son cœur, à son frère ses fautes.
RÉFLEXIONS
Jésus-Christ nous enseigne dans la première partie de ce chapitre : I. Que pour entrer dans le royaume des cieux, il faut être extrêmement humble et avoir aussi peu d’attachement que les petits enfants pour la gloire et pour les bonheurs du monde. II. Que l’on doit faire un très grand cas de ses vrais disciples, quand même ils seraient peu considérables dans le monde, que les gens de bien sont chers à Dieu, qu’il faut les honorer et les consoler, que Dieu les fait garder par ses anges et qu’il punira sévèrement ceux qui les auront méprisés, affligés ou scandalisés. Ces considérations doivent aussi encourager les fidèles et les remplir d’une grande confiance. III. Jésus-Christ nous enseigne que les scandales font un grand mal, qu’il n’est pas possible qu’il n’en arrive, que cependant Dieu n’en est point la cause, qu’ils n’arrivent que par la faute des hommes et que ceux qui en sont les auteurs porteront la peine de leur péché. Il s’ensuit de là que nous devons éviter soigneusement le péché et le scandale et que nous pouvons le faire en pratiquant les conseils que Jésus-Christ nous donne et en évitant tout ce qui pourrait être, pour nous ou pour les autres, une occasion de chute. IV. Enfin, ce que notre Seigneur dit ici, qu’il y a de la joie au ciel pour un seul pécheur qui s’amende, fait voir qu’il ne nous est pas permis de mépriser personne, que nous devons au contraire procurer l’édification et le salut de tous les hommes et en particulier la conversion des pécheurs autant que nous le pouvons. Dans la seconde partie de ce chapitre :
I. Jésus-Christ établit l’autorité et la discipline de l’église et la nécessité des avertissements tant particuliers que publics, il montre que tous les membres de l’église doivent se soumettre à l’ordre qui y est établi et que ceux qui refusent d’écouter l’église doivent être réputés comme des païens et des péages, c’est-à-dire qu’on ne peut plus les regarder comme membres de l’église et qu’il faut les retrancher de la communion et il déclare au reste que Dieu ratifie et confirme dans le ciel ce que l’église fait conformément à ses intentions.
II. La promesse que notre Seigneur fait d’exaucer ceux qui s’assembleraient en son nom et d’être présent au milieu d’eux nous enseigne que les prières qui se font dans un esprit d’union et de charité sont très agréables à Dieu, de même que les assemblées que l’on forme pour le servir et pour l’invoquer.
III. Enfin, Jésus-Christ nous instruit sur la nature et sur la nécessité du pardon des offenses. Il en explique la nature, en disant, que l’on doit pardonner jusqu’à septante fois sept fois, ce qui marque que ce pardon doit être général et sans borne et qu’il faut pardonner à toutes sortes de personnes et toutes sortes d’offenses, même celles qui seraient continuées et réitérées et cela en tout temps, sans jamais se rebuter. Il fait voir la nécessité de ce pardon par la parabole du serviteur à qui son maître avait quitté une dette fort considérable et qui ne voulut pas en quitter une très petite à l’un de ses compagnons de service. Cette parabole nous met devant les yeux :
I. L’infinie bonté de Dieu qui veut bien nous pardonner à nous qui sommes ses créatures et ses serviteurs, quoique nos péchés soient grands et en grands nombres.
II. Le crime et l’ingratitude de ceux qui refusent de pardonner aux hommes qui sont leurs égaux et dont les offenses sont très légères en comparaison des péchés commis contre Dieu.
III. La terrible et juste punition de tous ceux qui ne pardonneront pas de bon cœur et à tout le monde les offenses qu’ils pourraient avoir reçues.
I. Les pharisiens demandent à notre Seigneur s’il était permis aux maris de répudier leurs femmes comme cela se faisait parmi les Juifs. Il leur répond que ces divorces étaient contraires à la première institution du mariage et qu’ils ne devaient plus avoir lieu II. Jésus-Christ bénit des petits enfants qu’on lui présente. III. Un jeune homme riche lui demande ce qu’il fallait faire pour être sauvé et notre Seigneur voulant l’éprouver et voir s’il serait disposé à le suivre lui dit de quitter tous ses biens. Cette réponse ayant rebuté ce jeune homme, Jésus-Christ déclara que l’attachement aux richesses empêcherait le salut de bien des gens et il promet aux apôtres qui avaient tout quitté pour le suivre «de les faire seoir sur douze trônes pour juger les douze tributs d’Israël », ce qui signifie qu’ils seraient élevés à une grande gloire lorsque son règne s’établirait et qu’ils tiendraient un rang très considérable dans l’Église. Il promet aussi de récompenser ceux qui auraient tout abandonné pour l’Évangile.
1 Quand Jésus eut achevé ces discours, il partit de Galilée, et s’en alla dans les quartiers de la Judée, au-delà du Jourdain.
2 Et beaucoup de peuple l’y suivit, et il guérit là leurs malades.
3 Des Pharisiens y vinrent aussi pour le tenter, et ils lui dirent : Est-il permis à un homme de répudier sa femme, pour quelque sujet que ce soit ?
4 Et il leur répondit : N’avez-vous pas lu que celui qui créa l’homme, au commencement du monde, fit un homme et une femme ;
5 Et qu’il est dit : C’est à cause de cela que l’homme quittera son père et sa mère, et qu’il s’attachera à sa femme, et les deux ne seront qu’une seule chair ?
6 Ainsi ils ne sont plus deux, mais ils sont une seule chair. Que l’homme ne sépare donc point ce que Dieu a uni.
7 Ils lui dirent : Pourquoi donc Moïse a-t-il commandé de donner la lettre de divorce, quand on veut répudier sa femme ?
8 Il leur dit : C’est à cause de la dureté de votre cœur que Moïse vous a permis de répudier vos femmes ; mais il n’en était pas ainsi au commencement.
9 Mais je vous dis, moi, que quiconque répudiera sa femme, si ce n’est pour cause d’adultère, et en épousera une autre, commet un adultère ; et celui qui épousera celle qui a été répudiée, commet aussi un adultère.
10 Ses disciples lui dirent : Si telle est la condition de l’homme avec la femme, il ne convient pas de se marier.
11 Mais il leur dit : Tous ne sont pas capables de cela, mais ceux-là seulement à qui il a été donné.
12 Car il y a des eunuques qui sont nés tels, dès le ventre de leur mère ; il y en a qui ont été faits eunuques par les hommes, et il y en a qui se sont faits eunuques eux-mêmes pour le royaume des cieux. Que celui qui peut comprendre ceci, le comprenne.
13 Alors on lui présenta de petits enfants, afin qu’il leur imposât les mains, et qu’il priât pour eux ; mais les disciples reprenaient ceux qui les présentaient.
14 Mais Jésus leur dit : Laissez ces petits enfants, et ne les empêchez point de venir à moi ; car le royaume des cieux est pour ceux qui leur ressemblent.
15 Et leur ayant imposé les mains, il partit de là.
16 Et voici, quelqu’un s’approchant lui dit : Mon bon maître, que dois-je faire pour avoir la vie éternelle ?
17 Il lui répondit : Pourquoi m’appelles-tu bon ? il n’y a qu’un seul bon : c’est Dieu. Que si tu veux entrer dans la vie, garde les commandements.
18 Il lui dit : Quels commandements ? Et Jésus lui répondit : Tu ne tueras point ; tu ne commettras point d’adultère ; tu ne déroberas point ; tu ne diras point de faux témoignage ;
19 Honore ton père et ta mère ; et tu aimeras ton prochain comme toi-même.
20 Le jeune homme lui dit : J’ai observé toutes ces choses-là dès ma jeunesse ; que me manque-t-il encore ?
21 Jésus lui dit : Si tu veux être parfait, vends ce que tu as, et le donne aux pauvres ; et tu auras un trésor dans le ciel : après cela viens et suis-moi.
22 Mais quand le jeune homme eut entendu cette parole, il s’en alla tout triste ; car il possédait de grands biens.
23 Alors Jésus dit à ses disciples : Je vous dis en vérité, qu’un riche entrera difficilement dans le royaume des cieux.
24 Et je vous dis encore : Il est plus aisé qu’un chameau passe par le trou d’une aiguille, qu’il ne l’est qu’un riche entre dans le royaume de Dieu.
25 Ses disciples, ayant entendu cela, furent fort étonnés, et ils disaient : Qui peut donc être sauvé ?
26 Et Jésus, les regardant, leur dit : Quant aux hommes, cela est impossible ; mais quant à Dieu, toutes choses sont possibles.
27 Alors Pierre, prenant la parole, lui dit : Voici, nous avons tout quitté, et nous t’avons suivi ; que nous en arrivera-t-il donc ?
28 Et Jésus leur dit : Je vous dis en vérité, à vous qui m’avez suivi, que lorsque le Fils de l’homme sera assis sur le trône de sa gloire, dans le renouvellement qui doit arriver, vous aussi serez assis sur douze trônes, jugeant les douze tribus d’Israël.
29 Et quiconque aura quitté des maisons, ou des frères, ou des sœurs, ou son père, ou sa mère, ou sa femme, ou ses enfants, ou des champs, à cause de mon nom, il en recevra cent fois autant, et héritera la vie éternelle.
30 Mais plusieurs de ceux qui étaient les premiers seront les derniers ; et ceux qui étaient les derniers seront les premiers.
RÉFLEXIONS
I. Ce que Jésus-Christ dit ici au sujet des divorces qui étaient en usages parmi les Juifs, nous enseigne en général, que bien des choses qui avaient été tolérées jusqu’alors à cause de l’état de ce peuple et de leur humeur grossière et charnelle ne doivent plus l’être parmi les chrétiens parce qu’ils sont éclairés et que Dieu les appelle à une plus grande sainteté. II. Nous apprenons ici que, par l’institution divine, les lois du mariage unissent inséparablement et lient également l’homme et la femme, que ces lois doivent être gardées inviolablement et qu’il n’y a que l’adultère qui puisse autoriser le divorce et donner la liberté de se remarier. Jésus-Christ dit de plus que l’Évangile appelle les hommes à une grande chasteté et que même qu’il y aurait des chrétiens qui renonceraient absolument au mariage pour mieux servir Dieu et pour travailler avec plus de liberté à l’avancement de l’Évangile. III. La bénédiction que notre Seigneur donna aux petits enfants qui lui furent présentés nous fait voir que les enfants lui sont chers et qu’il est disposé à les recevoir et à les bénir, d’où l’on doit conclure que c’est une chose tout à fait conforme à ses intentions de les lui consacrer par la prière et le baptême. Il a aussi voulu nous apprendre par-là que, pour entrer dans le royaume de Dieu, nous devons ressembler aux petits enfants, en simplicité, en douceur et en innocence. L’entretien que notre Seigneur eut avec le jeune homme riche dont il est parlé dans ce chapitre nous apprend que pour entrer dans la vie éternelle, il faut garder les commandements de Dieu et être outre cela disposé à quitter tout ce que l’on possède en ce monde lorsqu’on ne pourrait conserver ses biens sans manquer ce qu’on doit à Jésus-Christ. La tristesse que ce jeune homme fit paraître à l’ouïe de ce que le Seigneur lui dit marque que les richesses attachent ordinairement le cœur au monde. C’est pourquoi Jésus-Christ déclara qu’il était bien difficile que les riches voulussent se résoudre à renoncer à leurs biens pour entrer dans l’Église. Cependant il dit que ce renoncement aux biens du monde n’est point une chose impossible, mais qu’il est au contraire possible et même facile et agréable avec les lumières de la foi et le secours de l’esprit de Dieu. Si tous les chrétiens ne sont pas appelés à abandonner leurs biens comme les apôtres le firent autrefois, ils doivent prendre garde que ces biens ne soient un obstacle à leur salut, éviter d’y mettre leur cœur, les posséder sans en abuser et s’en servir à des usages de piété et de charité. C’est le moyen de se procurer un trésor dans le ciel et d’avoir part aux bénédictions par lesquelles Jésus-Christ promet de récompenser en ce monde et en l’autre, ceux qui auront accompli tous ces devoirs.
I. Jésus-Christ propose la parabole des ouvriers, qui étant allé travailler à la vigne à diverses heures du jour, reçurent tous le même salaire. II. Il prédit sa mort et sa résurrection. III. Il répond à la mère de Saint Jacques et de Saint Jean, qui le priait que ses fils pussent tenir le premier rang dans son royaume. IV. Il rend la vue à des aveugles
1 Car le royaume des cieux est semblable à un père de famille, qui sortit dès la pointe du jour, afin de louer des ouvriers pour travailler à sa vigne.
2 Et ayant accordé avec les ouvriers à un denier par jour, il les envoya à sa vigne.
3 Il sortit encore environ la troisième heure du jour, et il en vit d’autres qui étaient dans la place sans rien faire,
4 Auxquels il dit : Allez-vous-en aussi à ma vigne, et je vous donnerai ce qui sera raisonnable.
5 Et ils y allèrent. Il sortit encore environ la sixième et la neuvième heure, et il fit la même chose.
6 Et vers la onzième heure, il sortit, et il en trouva d’autres qui étaient sans rien faire, auxquels il dit : Pourquoi vous tenez-vous ici tout le jour sans rien faire ?
7 Et ils lui répondirent : Parce que personne ne nous a loués. Et il leur dit : Allez-vous-en aussi à ma vigne, et vous recevrez ce qui sera raisonnable.
8 Quand le soir fut venu, le maître de la vigne dit à celui qui avait le soin de ses affaires : Appelle les ouvriers, et leur paie leur salaire, en commençant depuis les derniers jusqu’aux premiers.
9 Et ceux qui avaient été loués sur la onzième heure étant venus, ils reçurent chacun un denier.
10 Or, quand les premiers furent venus, ils s’attendaient à recevoir davantage ; mais ils reçurent aussi chacun un denier.
11 Et l’ayant reçu, ils murmuraient contre le père de famille,
12 Disant : Ces derniers n’ont travaillé qu’une heure, et tu les as égalés à nous qui avons supporté la fatigue de tout le jour et la chaleur.
13 Mais il répondit à l’un d’eux et lui dit : Mon ami, je ne te fais point de tort ; n’as-tu pas accordé avec moi à un denier par jour ?
14 Prends ce qui est à toi, et t’en va ; mais je veux donner à ce dernier autant qu’à toi.
15 Ne m’est-il pas permis de faire ce que je veux de ce qui est à moi ? Ton œil est-il malin de ce que je suis bon ?
16 Ainsi les derniers seront les premiers, et les premiers seront les derniers ; car il y en a beaucoup d’appelés, mais peu d’élus.
17 Et Jésus montant à Jérusalem, prit à part sur le chemin ses douze disciples, et leur dit :
18 Nous montons à Jérusalem, et le Fils de l’homme sera livré aux principaux sacrificateurs et aux Scribes, et ils le condamneront à la mort.
19 Et ils le livreront aux Gentils, pour être exposé à la moquerie, et pour être fouetté et crucifié ; mais il ressuscitera le troisième jour.
20 Alors la mère des fils de Zébédée s’approcha de lui avec ses fils, et se prosterna pour lui demander quelque chose.
21 Et il lui dit : Que veux-tu ? Elle lui dit : Ordonne que mes deux fils, qui sont ici, soient assis l’un à ta droite et l’autre à ta gauche, dans ton royaume.
22 Mais Jésus, répondant, leur dit : Vous ne savez ce que vous demandez. Pouvez-vous boire la coupe que je dois boire, et être baptisés du baptême dont je dois être baptisé ? Ils lui dirent : Nous le pouvons.
23 Et il leur dit : Il est vrai que vous boirez ma coupe, et que vous serez baptisés du même baptême dont je serai baptisé ; mais d’être assis à ma droite ou à ma gauche, ce n’est pas à moi de l’accorder ; cela ne sera donné qu’à ceux à qui mon Père l’a destiné.
24 Les dix autres ayant ouï cela, furent indignés contre ces deux frères.
25 Et Jésus les ayant appelés, leur dit : Vous savez que les princes des nations les dominent, et que les grands leur commandent avec autorité.
26 Mais il n’en doit pas être ainsi parmi vous ; au contraire, quiconque voudra être grand parmi vous, qu’il soit votre serviteur ;
27 Et quiconque voudra être le premier entre vous, qu’il soit votre esclave ;
28 Comme le Fils de l’homme est venu, non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie pour la rançon de plusieurs.
29 Et comme ils partaient de Jérico, une grande foule le suivit.
30 Et deux aveugles qui étaient assis près du chemin, ayant entendu que Jésus passait, crièrent en disant : Seigneur, Fils de David, aie pitié de nous.
31 Et le peuple les reprit pour les faire taire ; mais ils criaient encore plus fort : Seigneur, Fils de David, aie pitié de nous.
32 Et Jésus, s’arrêtant, les appela et leur dit : Que voulez-vous que je vous fasse ?
33 Ils lui dirent : Seigneur, que nos yeux soient ouverts.
34 Et Jésus, étant ému de compassion, toucha leurs yeux, et aussitôt ils virent, et ils le suivirent.
RÉFLEXIONS
I. Le but de Jésus-Christ dans la parabole des ouvriers était d’apprendre à ses disciples que les glorieuses promesses qu’il venait de faire à ceux qui quitteraient tout pour l’Évangile ne regardaient pas ses disciples seuls, mais que ceux qui seraient appelés après eux, même d’entre les païens, auraient part aux mêmes récompenses que ceux qui auraient été appelés les premiers et que bien loin d’en avoir de la jalousie, ils devaient s’en réjouir. Il ne faut pas, au reste, abuser de cette parabole, ni en conclure qu’il serait assez tôt de se convertir à la fin de sa vie. Il faut considérer sur cela, que tous ces ouvriers qui allèrent à la vigne à diverses heures du jour y allèrent dès que le maître de la vigne les y envoya, que ceux qui n’y allèrent qu’à la fin du jour n’y étaient pas allés plus tôt parce que le maître de la vigne ne les y avait pas envoyés et que ce fut à cause de cela qu’ils reçurent le même salaire que les autres. De là il paraît que ceux qui obéissent à leur vocation, en quelque temps que Dieu les appelle, obtiendront le salut. Mais cela ne regarde en aucune façon ceux qui étant appelés depuis longtemps et même dès le commencement de leur vie refusent de suivre leur vocation, au contraire cette parabole prouve qu’ils n’ont point d’excuse et que nous sommes indispensablement obligés de travailler chacun de nous avec fidélité et avec persévérance et aussitôt que Dieu nous y appelle à faire sa volonté. II. Il faut remarquer dans ce chapitre que notre Seigneur voulut avertir ses disciples de sa mort qui devait arriver dans peu afin qu’ils n’en fussent pas surpris. III. L’on doit considérer ce qu’il répondit à la mère de St. Jacques et de St. Jean. Cette femme, croyant avec les Juifs que le Messie règnerait sur la terre comme les rois de ce monde, espérait que ses deux fils tiendraient le premier rang dans son royaume parce qu’ils étaient les parents de notre Seigneur et qu’il les avait même distingués des autres apôtres en diverses occasions. Jésus-Christ condamna cette demande qui marquait que cette femme ne connaissait pas la nature de son règne et qui était d’ailleurs capable de causer de la jalousie et de la division entre les apôtres. Il leur dit qu’au lieu de penser à tenir un rang distingué comme les grands de ce monde, ils devaient plutôt s’humilier et s’abaisser et même se préparer à boire la même coupe que lui et à être baptisé de son baptême, c’est-à-dire à souffrir comme lui. Et pour leur inspirer ces sentiments, il leur allègue son exemple disant qu’il était venu au monde pour y paraître comme un serviteur et y souffrir la mort.
Ceci nous avertit d’ôter de notre cœur l’ambition et l’orgueil, de ne point rechercher à nous élever les uns par-dessus les autres, mais de vivre dans l’humilité et de porter notre croix, suivant en cela l’exemple que le fils de Dieu nous a laissé. IV. On voit sur la fin de ce chapitre que Jésus-Christ donna en ce temps-là des marques de sa puissance aussi bien que de la compassion dont il était animé envers les affligés en rendant la vue à deux aveugles.
I. Notre Seigneur fait son entrée royale à Jérusalem, II. Il chasse du temple ceux qui le profanaient. III. Il répond aux pharisiens qui trouvaient mauvais que le peuple lui fit des acclamations. IV. Il fit sécher un figuier.
1 Comme ils approchaient de Jérusalem, et qu’ils étaient déjà à Bethphagé, près du mont des Oliviers, Jésus envoya deux disciples,
2 Leur disant : Allez à la bourgade qui est devant vous ; vous y trouverez d’abord une ânesse attachée, et son ânon avec elle ; détachez-les et amenez-les-moi.
3 Et si quelqu’un vous dit quelque chose, vous direz que le Seigneur en a besoin, et aussitôt il les enverra.
4 Or, tout cela se fit afin que ces paroles du prophète fussent accomplies :
5 Dites à la fille de Sion : Voici ton Roi qui vient à toi, débonnaire et monté sur un âne, sur le poulain de celle qui porte le joug.
6 Les disciples s’en allèrent donc, et firent comme Jésus leur avait ordonné ;
7 Et ils amenèrent l’ânesse et l’ânon ; et ayant mis leurs vêtements dessus, ils l’y firent asseoir.
8 Alors des gens, en grand nombre, étendaient leurs vêtements par le chemin ; et d’autres coupaient des branches d’arbres, et les étendaient par le chemin ;
9 Et ceux qui allaient devant, et ceux qui suivaient, criaient, disant : Hosanna au Fils de David ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Hosanna dans les lieux très hauts !
10 Et quand il fut entré dans Jérusalem, toute, la ville fut émue, et on disait : Qui est celui-ci ?
11 Et le peuple disait : C’est Jésus le prophète, de Nazareth de Galilée.
12 Et Jésus entra dans le temple de Dieu, et il chassa tous ceux qui vendaient et qui achetaient dans le temple ; et il renversa les tables des changeurs, et les sièges de ceux qui vendaient des pigeons.
13 Et il leur dit : Il est écrit : Ma maison sera appelée une maison de prière ; mais vous en avez fait une caverne de voleurs.
14 Alors des aveugles et des boiteux vinrent à lui dans le temple, et il les guérit.
15 Mais les principaux sacrificateurs et les Scribes, voyant les merveilles qu’il avait faites, et que les enfants criaient dans le temple et disaient : Hosanna au Fils de David ! ils en furent fort indignés ;
16 Et ils lui dirent : Entends-tu ce que ces enfants disent ? Et Jésus leur dit : Oui. N’avez-vous jamais lu ces paroles : Tu as tiré une parfaite louange de la bouche des enfants et de ceux qui tètent ?
17 Et les ayant laissés, il sortit de la ville, et s’en alla à Béthanie, où il passa la nuit.
18 Le matin, comme il retournait à la ville, il eut faim ;
19 Et voyant un figuier sur le chemin, il y alla, mais il n’y trouva que des feuilles, et il lui dit : Qu’il ne naisse à jamais aucun fruit de toi ; et incontinent le figuier sécha.
20 Les disciples ayant vu cela, s’étonnèrent et dirent : Comment est-ce que ce figuier est devenu sec à l’instant ?
21 Jésus, répondant, leur dit : Je vous dis en vérité que si vous aviez la foi, et que vous ne doutassiez point, non-seulement vous feriez ce qui a été fait au figuier ; mais aussi si vous disiez à cette montagne : Ôte-toi de là, et te jette dans la mer, cela se ferait.
22 Et tout ce que vous demanderez en priant, si vous croyez, vous le recevrez.
RÉFLEXIONS
Pour comprendre la raison et le but de l’entrée royale de Jésus-Christ à Jérusalem, il faut savoir qu’il avait évité jusqu’alors de paraitre avec éclat et d’être reconnu publiquement pour le Messie. Mais il voulut, six jours avant sa mort, montrer qu’il était le Messie promis par les prophètes, être reconnu en cette qualité par le peuple qui l’accompagnait et entrer dans le temple au milieu des acclamations d’une grande multitude de personnes. Cependant il le fit d’une manière qui ne ressentait point la pompe des rois de la terre, mais qui marquait beaucoup d’humilité et de douceur et qui était conforme à ce que Zacharie avait prédit : Que le Messie viendrait doux et humble, monté sur un âne, ce qui tendait à faire voir qu’il était ce grand roi que Dieu avait promis à son peuple, mais que son règne n’était pas de ce monde.
Nous devons reconnaître ici la gloire de notre Rédempteur et en même temps sa grande bonté et les acclamations de la multitude qui entra avec lui à Jérusalem doivent nous inciter, nous qui le connaissons beaucoup mieux que ce peuple ne le connaissait, à lui rendre hommages et à nous réjouir de sa venue en disant : Béni soit celui qui est venu au nom du Seigneur. L’action de Jésus-Christ qui chassa ceux qui achetaient et qui vendaient aux environs du temple les choses nécessaires pour les sacrifices était un effet de son grand zèle et il voulut donner dans cette occasion, dans le temple même des marques de son autorité céleste et divine. D’ici nous devons apprendre à ne pas profaner les lieux où Dieu est servi, soit en y paraissant avec irrévérence, soit en y rendant à Dieu un culte hypocrite. Pour ce qui est du miracle du figuier séché, notre Seigneur le fit pour affermir la foi de ses disciples dans le temps qu’il allait souffrir la mort et pour les instruire de la vertu et de l’efficace de la foi et de la prière.
CHAPITRE XXI, VERSETS 23 A 46
I. Jésus-Christ répond à ceux qui lui demandaient raison de son autorité. II. Il leur propose la parabole des deux fils qui avaient été envoyés à la vigne par leur père III. Et celle des vignerons qui après avoir tué les serviteurs de leur maître tuèrent son propre fils.
23 Quand Jésus fut venu dans le temple, les principaux sacrificateurs et les sénateurs du peuple vinrent à lui, comme il enseignait, et lui dirent : Par quelle autorité fais-tu ces choses ? Et qui est-ce qui t’a donné cette autorité ?
24 Jésus, répondant, leur dit : Je vous ferai aussi une question, et si vous m’y répondez, je vous dirai aussi par quelle autorité je fais ces choses.
25 Le baptême de Jean, d’où venait-il ? du ciel ou des hommes ? Or, ils raisonnaient ainsi en eux-mêmes : Si nous disons, du ciel, il nous dira : Pourquoi donc n’y avez-vous pas cru ?
26 Et si nous disons, des hommes, nous craignons le peuple ; car tous regardent Jean comme un prophète.
27 Ainsi ils répondirent à Jésus : Nous n’en savons rien. Et moi, leur dit-il, je ne vous dirai pas non plus par quelle autorité je fais ces choses.
28 Mais que vous semble-t-il de ceci. Un homme avait deux fils, et, s’adressant au premier, il lui dit : Mon fils, va, et travaille aujourd’hui dans ma vigne.
29 Mais il répondit : Je n’y veux point aller ; cependant, s’étant repenti ensuite, il y alla.
30 Puis il vint à l’autre, et lui dit la même chose. Celui-ci répondit : J’y vais, Seigneur ; mais il n’y alla pas.
31 Lequel des deux fit la volonté de son père ? Ils lui dirent : C’est le premier. Jésus leur dit : Je vous dis en vérité, que les péagers et les femmes de mauvaise vie vous devancent au royaume de Dieu.
32 Car Jean est venu à vous dans la voie de la justice, et vous ne l’avez point cru ; mais les péagers et les femmes de mauvaise vie l’ont cru ; et vous, ayant vu cela, vous ne vous êtes point repentis ensuite pour le croire.
33 Écoutez une autre similitude : Il y avait un père de famille qui planta une vigne ; il l’environna d’une haie, il y creusa un pressoir et il y bâtit une tour, puis il la loua à des vignerons, et s’en alla faire un voyage.
34 La saison de la récolte étant proche, il envoya ses serviteurs vers les vignerons pour recevoir les fruits de sa vigne.
35 Mais les vignerons s’étant saisis des serviteurs, battirent l’un, tuèrent l’autre, et en lapidèrent un autre.
36 Il envoya encore d’autres serviteurs, en plus grand nombre que les premiers, et ils les traitèrent de même.
37 Enfin il envoya vers eux son propre Fils, disant : Ils auront du respect pour mon Fils.
38 Mais quand les vignerons virent le Fils, ils dirent entre eux : C’est ici l’héritier ; venez, tuons-le, et nous saisissons de son héritage.
39 Et, l’ayant pris, ils le jetèrent hors de la vigne, et le tuèrent.
40 Quand donc le maître de la vigne sera venu, que fera-t-il à ces vignerons ?
41 Ils lui répondirent : Il fera périr misérablement ces méchants et il louera sa vigne à d’autres vignerons qui lui en rendront les fruits en leur saison.
42 Et Jésus leur dit : N’avez-vous jamais lu dans les Écritures ces paroles : La pierre que ceux qui bâtissaient ont rejetée est devenue la principale pierre de l’angle ; ceci a été fait par le Seigneur, et c’est une chose merveilleuse devant nos yeux ?
43 C’est pourquoi je vous dis que le royaume de Dieu vous sera ôté, et qu’il sera donné à une nation qui en rendra les fruits.
44 Celui qui tombera sur cette pierre sera brisé ; et celui sur qui elle tombera sera écrasé.
45 Et quand les principaux sacrificateurs et les Pharisiens eurent entendu ces similitudes, ils reconnurent qu’il parlait d’eux.
46 Et ils cherchaient à se saisir de lui, mais ils craignirent le peuple, parce qu’il regardait Jésus comme un prophète.
RÉFLEXIONS
Il faut remarquer en premier lieu que lorsque les pharisiens demandèrent à Jésus-Christ d’où il tenait son autorité, il ne voulut pas leur répondre directement, mais qu’il se contenta de leur fermer la bouche en leur demandant ce qu’ils croyaient du baptême de Jean-Baptiste. Par là il voulait les convaincre d’une ignorance volontaire et malicieuse et leur faire sentir qu’ils pouvaient facilement reconnaître que son autorité, aussi bien que celle de Jean-Baptiste son précurseur, venait du Ciel. Les chrétiens à qui cette autorité est parfaitement connue et qui savent que la doctrine de Jésus-Christ, de même que celle de Jean Baptiste, est divine, doivent s’y soumettre s’ils ne veulent pas tomber dans une incrédulité encore plus condamnable que celle des pharisiens. La parabole des deux fils signifie que les personnes qu’on regarde comme les plus corrompues avaient cru à la prédication de Jean Baptiste plutôt que les pharisiens et les principaux des Juifs qui devaient être les premiers à la recevoir, puisqu’ils faisaient profession d’être plus éclairés et plus saints que les autres. Nous avons dans cette parabole une image des pécheurs qui, touchés de repentance, rentrent dans leur devoir et des mauvais chrétiens, qui s’étant engagés à servir Dieu et à lui obéir, violent leurs promesses et ne répondent pas à leur vocation. La similitude des vignerons marquait trois choses. I. Les grâces que Dieu avait faites de tout temps aux Juifs en les choisissant pour son peuple et en leur envoyant à diverses fois ses serviteurs et enfin son propre fils. II. L’ingratitude et la méchanceté des Juifs qui, au lieu de répondre à ces grâces, avaient rejeté et même persécuté les prophètes et qui, enfin, crucifièrent notre Seigneur. III. Que Dieu punirait les Juifs en les détruisant, en leur ôtant son alliance et en appelant les païens à leur place et que Jésus-Christ, après avoir été rejeté par les chefs du peuple juif, seraient élevé à une gloire suprême, comme cela avait été prédit par l’oracle du Psaume CXVIII. Ce que cette parabole marquait est exactement arrivé, les Juifs ayant été détruits et rejetés, l’Évangile ayant été annoncé aux païens et le règne de Dieu s’étant établi par tout le monde. C’est ainsi que Dieu prive de sa grâce et de son alliance ceux qui n’en profitent pas et qui ne rapportent pas les fruits qu’il attend d’eux.
I. Jésus-Christ continue les discours du chapitre précédent et il propose une nouvelle parabole, savoir celle des noces. II. Il répond aux pharisiens qui lui demandèrent s’il était permis de payer le tribut à l’empereur.
JESUS, prenant la parole, continua à leur parler en paraboles et leur dit :
2 Le royaume des cieux est semblable à un Roi qui fit les noces de son fils ;
3 Et il envoya ses serviteurs pour appeler ceux qui avaient été invités aux noces ; mais ils n’y voulurent point venir.
4 Il envoya encore d’autres serviteurs avec cet ordre : Dites à ceux qui ont été invités : J’ai fait préparer mon dîner ; mes taureaux et mes bêtes grasses sont tués, et tout est prêt ; venez aux noces.
5 Mais eux, n’en tenant compte, s’en allèrent, l’un à sa métairie, et l’autre à son trafic.
6 Et les autres prirent ses serviteurs, et les outragèrent, et les tuèrent.
7 Le roi, l’ayant appris, se mit en colère, et y ayant envoyé ses troupes, il fit périr ces meurtriers et brûla leur ville.
8 Alors il dit à ses serviteurs : Le festin des noces est prêt, mais ceux qui y étaient invités n’en étaient pas dignes.
9 Allez donc dans les carrefours des chemins, et invitez aux noces tous ceux que vous trouverez.
10 Et ses serviteurs étant allés dans les chemins, assemblèrent tous ceux qu’ils trouvèrent, tant mauvais que bons, en sorte que la salle de noces fut remplie de gens qui étaient à table.
11 Et le roi, étant entré pour voir ceux qui étaient à table, aperçut un homme qui n’avait pas un habit de noces.
12 Et il lui dit : Mon ami, comment es-tu entré ici sans avoir un habit de noces ? Et il eut la bouche fermée.
13 Alors le roi dit aux serviteurs : Liez-le pieds et mains, emportez-le, et le jetez dans les ténèbres de dehors ; c’est là qu’il y aura des pleurs et des grincements de dents.
14 Car il y en a beaucoup d’appelés, mais peu d’élus.
15 Alors les Pharisiens s’étant retirés, consultèrent pour le surprendre dans ses discours.
16 Et ils lui envoyèrent de leurs disciples, avec des Hérodiens, qui lui dirent : Maître, nous savons que tu es sincère, et que tu enseignes la voie de Dieu selon la vérité, sans avoir égard à qui que ce soit ; car tu ne regardes point l’apparence des hommes.
17 Dis-nous donc ce qui te semble de ceci : Est-il permis de payer le tribut à César, ou non ?
18 Mais Jésus, connaissant leur malice, leur dit : Hypocrites, pourquoi me tentez-vous ?
19 Montrez-moi la monnaie dont on paie le tribut. Et ils lui présentèrent un denier.
20 Et il leur dit : De qui est cette image et cette inscription ?
21 Ils lui dirent : De César. Alors il leur dit : Rendez donc à César ce qui appartient à César, et à Dieu ce qui appartient à Dieu.
22 Et ayant entendu cette réponse, ils l’admirèrent ; et le laissant, ils s’en allèrent.
REFLEXIONS
Le sens de la parabole des noces est que les juifs avaient été appelés les premiers au salut par Jésus-Christ, mais qu’ils le rejetteraient et qu’ils le feraient mourir et qu’à cause de cela ils seraient détruits, qu’ensuite Dieu ferait présenter sa grâce aux païens, que les païens la recevraient et seraient admis dans son alliance, mais qu’il y aurait cependant des hypocrites parmi ceux qui entreraient dans l’Église et que ces hypocrites recevraient aussi la juste peine qu’ils méritaient.
Tout ce que Jésus-Christ avait prédit par cette similitude a été accompli, la vengeance de Dieu étant tombée sur les Juifs incrédules et les païens ayant été appelés et reçus dans l’Église.
Ce sont là des preuves incontestables de la divinité de l’Évangile et de la certitude des menaces qui y sont contenues. Cela nous apprend aussi que Dieu fait une très grande grâce aux hommes lorsqu’il les appelle au salut et que ceux qui ne profitent pas des invitations que Dieu a la bonté de leur adresser doivent s’attendre à sa plus sévère vengeance.
Nous devons surtout considérer ce qui est dit de cet homme qui se mit à table sans avoir un habit nuptial et qui fut chassé de la salle du festin. Ce ne sont pas seulement ceux qui rejettent ouvertement l’Évangile que Dieu punira, les hypocrites qui, se disant chrétiens et vivant dans la communion extérieure de l’Église, n’ont pas une foi et une piété sincère n’éviteront pas la peine due à leur témérité.
Ceux qui demandèrent à notre Seigneur s’il était permis de payer le tribut à l’empereur se proposaient de le rendre odieux au peuple s’il disait qu’on devait le payer ou de l’accuser auprès de Pilate s’il répondait qu’il ne fallait pas le payer.
La réponse que Jésus-Christ fit à cette question captieuse marque sa profonde sagesse et elle nous enseigne que le devoir envers les rois et les princes et de devoir envers Dieu sont tous deux indispensables et que ces deux devoirs ne sont point opposés l’un à l’autre, mais qu’au contraire ils s’accordent parfaitement. Ainsi, nous devons les observer religieusement, nous soumettant aux puissances supérieures et leur rendant ce qui leur est dû, en telle sorte que nous nous souvenions que les devoirs envers Dieu tiennent le premier rang et que ce sont ceux dont il faut toujours s’acquitter premièrement et principalement.
CHAPITRE XXII, VERSETS 23 A 46
I. Les sadducéens, qui niaient la résurrection des morts, proposent à Jésus-Christ le cas d’une femme qui avait eu sept maris et lui demandent pour l’embarrasser duquel des sept elle serait femme après la résurrection, le Seigneur leur répond en leur disant que le mariage n’aurait pas lieu dans la vie à venir et en prouvant par l’Écriture que les morts ressusciteront.
II. Il répond à une question qu’un docteur lui fit sur le plus grand commandement de la loi.
III. Il demande aux pharisiens comment le Messie pouvait être tout ensemble le fils et le Seigneur de David, à quoi ils ne purent répondre et ce qu’il ne trouva pas à propos de leur expliquer.
23 Ce jour-là les Sadducéens, qui disent qu’il n’y a point de résurrection, vinrent à Jésus, et lui firent cette question :
24 Maître, Moïse a dit : Si quelqu’un meurt sans enfants, son frère épousera sa veuve, et suscitera lignée à son frère.
25 Or, il y avait parmi nous sept frères, dont le premier, s’étant marié, mourut ; et n’ayant point eu d’enfants, il laissa sa femme à son frère.
26 De même aussi le second, puis le troisième, jusqu’au septième.
27 Or, après eux tous, la femme mourut aussi.
28 Duquel donc des sept sera-t-elle femme dans la résurrection ? Car tous les sept l’ont eue.
29 Mais Jésus, répondant, leur dit : Vous êtes dans l’erreur, parce que vous n’entendez pas les Écritures, ni quelle est la puissance de Dieu.
30 Car après la résurrection, les hommes ne prendront point de femmes, ni les femmes de maris ; mais ils seront comme les anges de Dieu qui sont dans le ciel.
31 Et quant à la résurrection des morts, n’avez-vous point lu ce que Dieu vous a dit :
32 Je suis le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob. Dieu n’est pas le Dieu des morts ; mais il est le Dieu des vivants.
33 Et le peuple, entendant cela, admirait sa doctrine.
34 Les Pharisiens, ayant appris qu’il avait fermé la bouche aux Sadducéens, ils s’assemblèrent.
35 Et l’un d’entre eux, qui était docteur de la loi, l’interrogea pour l’éprouver, et lui dit :
36 Maître, quel est le plus grand commandement de la loi ?
37 Jésus lui dit : Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta pensée.
38 C’est là le premier et le grand commandement.
39 Et voici le second qui lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même.
40 Toute la loi et les prophètes se rapportent à ces deux commandements.
41 Et les Pharisiens étant assemblés, Jésus les interrogea,
42 Et leur dit : Que vous semble-t-il du Christ ? De qui doit-il être fils ? Ils lui répondirent : De David.
43 Et il leur dit : Comment donc David l’appelle-t-il par l’Esprit son Seigneur, en disant :
44 Le Seigneur a dit à mon Seigneur : Assieds-toi à ma droite, jusqu’à ce que j’aie mis tes ennemis pour te servir de marchepied ?
45 Si donc David l’appelle son Seigneur, comment est-il son fils ?
46 Et personne ne put lui répondre un seul mot ; et depuis ce jour-là personne n’osa plus l’interroger.
REFLEXIONS
I. On doit remarquer dans l’entretien que Jésus-Christ eut avec les sadducéens sur la résurrection sa sagesse toute divine et en même temps la force et l’évidence avec laquelle il les confondit et prouva la résurrection des morts. Cet endroit de l’Évangile nous enseigne clairement deux choses :
II. L’une qu’il est très certain que les morts ressusciteront et que ceux qui ont été agréables à Dieu pendant leur vie, comme les patriarches, ne sont pas anéantis par la mort ; c’est là une doctrine qui est l’appui de notre foi et de toutes nos espérances.
III. L’autre chose que le Sauveur du monde nous enseigne regarde l’état des fidèles glorifiés. Il nous dit que les liens de la chair et du sang ne subsisteront plus dans la vie à venir et que les bienheureux ne seront plus sujets aux nécessités du corps et de cette vie, mais qu’ils seront comme les anges de Dieu.
Cette considération doit nous engager à devenir dès à présent des hommes spirituels et à vivre dans une grande pureté, cela étant nécessaire pour parvenir à une heureuse résurrection.
I. Jésus-Christ nous propose ici une autre doctrine fort importante, c’est que le plus grand commandement de la Loi est d’aimer Dieu de tout notre cœur et notre prochain comme nous-mêmes. Puisque c’est là l’abrégé de toute la religion, notre grand soin doit être d’établir dans notre cœur ce vrai amour de Dieu et de tous les hommes.
II. Pour ce qui est de la question que Jésus-Christ fit aux pharisiens, comment le Messie pouvait être tout à la fois le fils et le Seigneur de David, il faut remarquer qu’il la leur proposa pour leur faire sentir leur ignorance, surtout en ce qui regardait la personne du Messie et la nature de son règne, mais qu’il ne voulut pas leur expliquer cette question parce qu’ils n’auraient pas compris, ni cru ce qu’il leur aurait dit et parce aussi qu’il n’était pas à propos qu’il leur parlât alors ouvertement de la gloire et de la dignité de sa personne.
Mais cette question est tout à fait claire pour les chrétiens qui savent que Jésus-Christ en tant qu’homme est fils de David, puisqu’il est né de la postérité de ce roi, mais qu’en tant que fils de Dieu il est le Seigneur de David et de tous les hommes, Dieu l’ayant fait asseoir à sa droite comme le roi du monde et de l’Église, qui a une souveraine autorité sur toutes choses et à qui aussi nous devons faire gloire d’obéir et d’être soumis.
Notre Seigneur parle contre les pharisiens et les docteurs de la Loi. Il reconnaît ce qu’il y avait de bon et de légitime dans leur doctrine et dans leur ministère, mais il les accuse d’être des hypocrites qui affectaient une grande apparence de sainteté.
Il dit qu’ils étaient remplis d’orgueil et que c’est eux qui rejetaient l’Évangile et qui empêchaient les autres de le recevoir.
Il les représente comme des avares et des impies qui faisaient servir la religion et la prière à leur intérêt, il remarque que leur doctrine sur les serments était une preuve de leur impiété et de leur détestable avarice, en tant qu’ils enseignaient que les serments faits par l’or et par les dons que l’on offrait dans le temple et sur l’autel liaient la conscience plus que ceux que l’on aurait faits par l’autel ou par le temple même. Il ajoute qu’outre les dîmes prescrites par la Loi, ils donnaient la dîme des herbes et de tout ce qui leur croissait, ce que Dieu n’avait pas commandé et que cependant ils négligeaient les devoirs qui étaient de la plus grande importance.
Il dit encore qu’ils paraissaient purs au dehors, mais que leur cœur était très corrompu et qu’ils ornaient les tombeaux des prophètes pendant qu’ils faisaient mourir les serviteurs de Dieu.
Enfin il déclare qu’ils attiraient sur eux et sur toute la nation les plus terribles jugements de Dieu et il déplore d’une manière fort tendre la destruction de Jérusalem qui devait arriver dans peu d’années,
1 Alors Jésus parla au peuple et à ses disciples,
2 Et leur dit : Les Scribes et les Pharisiens sont assis sur la chaire de Moïse.
3 Observez donc et faites tout ce qu’ils vous diront d’observer ; mais ne faites pas comme ils font, parce qu’ils disent et ne font pas.
4 Car ils lient des fardeaux pesants et insupportables, et les mettent sur les épaules des hommes ; mais ils ne voudraient pas les remuer du doigt.
5 Et ils font toutes leurs actions, afin que les hommes les voient ; car ils portent de larges phylactères, et ils ont de plus longues franges à leurs habits.
6 Ils aiment à avoir les premières places dans les festins, et les premiers sièges dans les synagogues,
7 Et à être salués dans les places publiques, et à être appelés par les hommes, Maître, Maître.
8 Mais vous, ne vous faites point appeler Maître ; car vous n’avez qu’un Maître, qui est le Christ ; et pour vous, vous êtes tous frères.
9 Et n’appelez personne sur la terre votre Père ; car vous n’avez qu’un seul Père, savoir, celui qui est dans les cieux.
10 Et ne vous faites point appeler Docteurs ; car vous n’avez qu’un seul Docteur, qui est le Christ.
11 Mais que le plus grand d’entre vous soit votre serviteur.
12 Car quiconque s’élèvera sera abaissé ; et quiconque s’abaissera sera élevé.
13 Mais malheur à vous, Scribes et Pharisiens hypocrites, parce que vous fermez aux hommes le royaume des cieux ; vous n’y entrez point, et vous n’y laissez point entrer ceux qui voudraient y entrer.
14 Malheur à vous, Scribes et Pharisiens hypocrites ; car vous dévorez les maisons des veuves, en affectant de faire de longues prières ; à cause de cela vous serez punis d’autant plus sévèrement.
15 Malheur à vous, Scribes et Pharisiens hypocrites ; car vous courez la mer et la terre pour faire un prosélyte ; et quand il l’est devenu, vous le rendez digne de la géhenne deux fois plus que vous.
16 Malheur à vous, conducteurs aveugles, qui dites : Si quelqu’un jure par le temple, cela n’est rien ; mais celui qui aura juré par l’or du temple, est obligé de tenir son serment.
17 Insensés et aveugles ! car lequel est le plus considérable, ou l’or, ou le temple qui rend cet or sacré ?
18 Et si quelqu’un, dites-vous, jure par l’autel, cela n’est rien ; mais celui qui aura juré par le don qui est sur l’autel, est obligé de tenir son serment.
19 Insensés et aveugles ! car lequel est le plus grand, le don, ou l’autel qui rend ce don sacré ?
20 Celui donc qui jure par l’autel, jure par l’autel et par ce qui est dessus ;
21 Et celui qui jure par le temple, jure par le temple et par celui qui y habite ;
22 Et celui qui jure par le ciel, jure par le trône de Dieu et par celui qui est assis dessus.
23 Malheur à vous, Scribes et Pharisiens hypocrites ; car vous payez la dîme de la menthe, de l’anet et du cumin, et vous négligez les choses les plus importantes de la loi, la justice, la miséricorde et la fidélité. Ce sont là les choses qu’il fallait faire, sans néanmoins omettre les autres.
24 Conducteurs aveugles, qui coulez un moucheron et qui avalez un chameau.
25 Malheur à vous, Scribes et Pharisiens hypocrites ; car vous nettoyez le dehors de la coupe et du plat, pendant qu’au dedans vous êtes pleins de rapines et d’intempérance.
26 Pharisien aveugle, nettoie premièrement le dedans de la coupe et du plat, afin que ce qui est dehors devienne aussi net.
27 Malheur à vous, Scribes et Pharisiens hypocrites ; car vous ressemblez à des sépulcres blanchis, qui paraissent beaux par dehors, mais qui au dedans sont pleins d’ossements de morts et de toute sorte de pourriture.
28 De même aussi, au dehors vous paraissez justes aux hommes, mais au dedans vous êtes remplis d’hypocrisie et d’injustice.
29 Malheur à vous, Scribes et Pharisiens hypocrites ; car vous bâtissez les tombeaux des prophètes, et vous ornez les sépulcres des justes ;
30 Et vous dites : Si nous eussions été du temps de nos pères, nous ne nous serions pas joints à eux pour répandre le sang des prophètes.
31 Ainsi vous êtes témoins contre vous-mêmes que vous êtes les enfants de ceux qui ont tué les prophètes.
32 Vous donc aussi, vous achevez de combler la mesure de vos pères.
33 Serpents, race de vipères, comment éviterez-vous le jugement de la géhenne ?
34 C’est pourquoi, voici, je vous envoie des prophètes, des sages et des scribes ; vous ferez mourir et vous crucifierez les uns ; vous ferez fouetter les autres dans vos synagogues, et vous les persécuterez de ville en ville ;
35 Afin que tout le sang innocent qui a été répandu sur la terre retombe sur vous, depuis le sang d’Abel le juste jusqu’au sang de Zacharie, fils de Barachie, que vous avez tué entre le temple et l’autel.
36 Je vous dis en vérité, que toutes ces choses viendront sur cette génération.
37 Jérusalem, Jérusalem, qui tues les prophètes, et qui lapides ceux qui te sont envoyés, combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants comme une poule rassemble ses poussins sous ses ailes ; et vous ne l’avez pas voulu !
38 Voici, votre demeure va devenir déserte.
39 Car je vous dis que désormais vous ne me verrez plus, jusqu’à ce que vous disiez : Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur.
REFLEXIONS
Il faut faire ces deux considérations générales sur ce chapitre :
I. La première, que notre Seigneur étant sur le point de mourir, reprocha avec une sainte liberté et avec une autorité toute divine aux scribes et aux pharisiens leur hypocrisie, parce qu’il importait qu’il les fît connaître au peuple pour ce qu’ils étaient.
II. Les malédictions redoublées que Jésus-Christ prononce dans tout ce discours contre les hypocrites doivent nous faire regarder l’hypocrisie comme un péché qui est très odieux, surtout en ceux qui font profession d’avoir de la piété et du zèle.
Les réflexions particulières que ce chapitre nous présente sont :
I. Que quand les ministres de la religion enseignent une doctrine pure et qu’ils vivent mal, il ne faut pas les imiter dans leurs actions, mais qu’on doit pourtant toujours les écouter et leur obéir quand ils disent la vérité.
II. Que tous les disciples de Jésus-Christ, et particulièrement ceux qui ont charge dans l’église, doivent être entièrement éloignés de l’hypocrisie, de l’ambition et de l’avarice, s’ils ne veulent pas ressembler aux pharisiens que Jésus-Christ maudit.
III. Que leur devoir est d’entrer eux-mêmes les premiers dans le chemin du ciel et d’y faire entrer ensuite les autres en contribuant de tout leur pouvoir à la conversion des pécheurs et à l’édification de tout le monde.
IV. La censure que notre Seigneur fait de la doctrine des pharisiens sur l’article des serments montre que le serment se rapportant toujours à Dieu lui-même, on doit l’avoir en grande révérence et que le parjure et la violation des vœux sont un très grand crime.
V. Nous voyons ici que l’une des marques auxquelles on reconnaît les hypocrites, c’est qu’ils affectent une sainteté extérieure et qu’ils sont exacts et scrupuleux dans les choses de peu de conséquences, mais qu’ils négligent ce qu’il y a de plus essentiel dans la religion, savoir la miséricorde, la fidélité et l’obéissance à ce que Dieu commande.
Ainsi nous devons nous attacher surtout à l’observation de ces devoirs les plus essentiels, purifier notre cœur et y établir la foi et une vraie crainte de Dieu.
Cependant, quoique les devoirs extérieurs ne soient pas les plus nécessaires, on ne doit pas les négliger, ni les mépriser.
Jésus-Christ marque cela quand il dit, si l’on ne peut se dispenser des devoirs essentiels : Il ne faut pas non plus omettre les autres.
Les menaces que notre Seigneur fait contre les Juifs, qui après avoir fait mourir les prophètes, le feraient mourir lui-même, montèrent que Dieu les détruisit avec justice et que l’ingratitude de ceux qui rejettent la parole de Dieu et de ses serviteurs ne demeure pas impunie.
VI Enfin, la tendresse avec laquelle Jésus-Christ déplore la ruine des Juifs qui avaient si mal répondu à la bonne volonté dont il était animé en leur faveur prouve bien clairement que Dieu ne cherche que le salut des hommes et qu’ils ne périssent que par le refus volontaire et obstiné qu’ils font des offres de sa grâce.
Notre Seigneur prédit la ruine du temple Jérusalem et il parle des signes qui précéderaient cette ruine et la fin du monde.
Il dit qu’il s’élèverait de faux prophètes et de faux messies, qu’il y aurait des guerres, des famines et toutes sortes de calamité,
Que ses disciples seraient persécutés et que l’Évangile serait prêché en divers lieux du monde.
Il dit de plus que quand l’abomination qui doit causer la désolation entrerait dans le lieu saint, c’est-à-dire quand les idolâtres entreraient dans la Judée et assiégeraient Jérusalem et le temple, ce serait une marque que sa ruine allait arriver et qu’alors il faudrait s’en retirer et prendre la fuite.
Il ajoute que le soleil et les astres seraient obscurcis. Ce sont des expressions figurées tirées des prophètes et elles signifient qu’il arriverait de grands changements dans le monde et dans l’état des Juifs et que l’on verrait des signes de la colère de Dieu qui rempliraient les hommes d’effroi.
Il dit encore que le signe du fils de l’homme paraîtrait, ce qui signifie que Jésus-Christ ferait voir d’une manière illustre et éclatante, en détruisant les Juifs et en établissant son règne, qu’il était le fils de Dieu. Il déclare que tout cela arriverait avant que la génération d’alors fût passée, que le temps de sa venue ne serait connu de personne et que cette venue surprendrait tout le monde, comme le déluge surprit les hommes du temps de Noé.
Enfin, il exhorte ses disciples à veiller et à se tenir prêt, de peur qu’ils ne fussent surpris lorsqu’il viendrait.
1 Comme Jésus sortait du temple et qu’il s’en allait, ses disciples vinrent pour lui faire considérer les édifices.
2 Et Jésus leur dit : voyez-vous tous ces bâtiments ? Je vous dis en vérité, qu’il ne restera ici pierre sur pierre qui ne soit renversée.
3 Et s’étant assis sur la montagne des Oliviers, ses disciples vinrent à lui en particulier et lui dirent : Dis-nous quand ces choses arriveront, et quel sera le signe de ton avènement et de la fin du monde.
4 Et Jésus, répondant, leur dit : Prenez garde que personne ne vous séduise.
5 Car plusieurs viendront en mon nom, disant : Je suis le Christ ; et ils séduiront beaucoup de gens.
6 Vous entendrez parler de guerres et de bruits de guerres ; prenez garde de ne vous pas troubler ; car il faut que toutes ces choses arrivent ; mais ce ne sera pas encore la fin.
7 Car une nation s’élèvera contre une autre nation, et un royaume contre un autre royaume ; et il y aura des famines, des pestes et des tremblements de terre en divers lieux.
8 Mais tout cela ne sera qu’un commencement de douleurs.
9 Alors ils vous livreront pour être tourmentés, et ils vous feront mourir ; et vous serez haïs de toutes les nations à cause de mon nom.
10 Alors aussi plusieurs se scandaliseront et se haïront les uns les autres.
11 Et plusieurs faux prophètes s’élèveront, et séduiront beaucoup de gens.
12 Et parce que l’iniquité sera multipliée, la charité de plusieurs se refroidira.
13 Mais celui qui aura persévéré jusqu’à la fin sera sauvé.
14 Et cet évangile du royaume de Dieu sera prêché par toute la terre, pour servir de témoignage à toutes les nations ; et alors la fin arrivera.
15 Quand donc vous verrez dans le lieu saint l’abomination qui cause la désolation, et dont le prophète Daniel a parlé (que celui qui le lit y fasse attention) ;
16 alors que ceux qui seront dans la Judée s’enfuient aux montagnes ;
17 que celui qui sera au haut de la maison ne descende point pour s’arrêter à emporter quoi que ce soit de sa maison ;
18 et que celui qui est aux champs ne retourne point en arrière pour emporter ses habits.
19 Malheur aux femmes qui seront enceintes, et à celles qui allaiteront en ces jours-là !
20 Priez que votre fuite n’arrive pas en hiver, ni en un jour de sabbat ;
21 Car il y aura une grande affliction ; telle que depuis le commencement du monde jusqu’à présent il n’y en a point eu, et qu’il n’y en aura jamais de semblable.
22 Que si ces jours-là n’avaient pas été abrégés, personne n’échapperait ; mais ils seront abrégés à cause des élus.
23 Alors si quelqu’un vous dit : Le Christ est ici, ou : Il est là ; ne le croyez point.
24 Car de faux Christs et de faux prophètes s’élèveront et feront de grands signes et des prodiges, pour séduire les élus même, s’il était possible.
25 Voilà, je vous l’ai prédit.
26 Si donc on vous dit : Le voici dans le désert ; n’y allez point : Le voici dans des lieux retirés ; ne le croyez point.
27 Car, comme un éclair sort de l’Orient et se fait voir jusqu’à l’Occident, il en sera aussi de même de l’avènement du Fils de l’homme.
28 Car où sera le corps mort, les aigles s’y assembleront.
29 Et aussitôt après l’affliction de ces jours-là le soleil s’obscurcira, la lune ne donnera point sa lumière, les étoiles tomberont du ciel, et les puissances des cieux seront ébranlées.
30 Alors le signe du Fils de l’homme paraîtra dans le ciel ; alors aussi toutes les tribus de la terre se lamenteront, en se frappant la poitrine, et elles verront le Fils de l’homme venir sur les nuées du ciel, avec une grande puissance et une grande gloire ;
31 Il enverra ses anges avec un grand son de trompette, et ils rassembleront ses élus des quatre vents, depuis un bout des cieux jusqu’à l’autre bout.
32 Apprenez ceci par la similitude du figuier : Quand ses branches commencent à être tendres, et qu’il pousse des feuilles, vous connaissez que l’été est proche.
33 Vous aussi de même, quand vous verrez toutes ces choses, sachez que le Fils de l’homme est proche et à la porte.
34 Je vous dis en vérité, que cette génération ne passera point que toutes ces choses n’arrivent.
35 Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point.
36 Pour ce qui est du jour et de l’heure, personne ne le sait, non pas même les anges du ciel, mais mon Père seul.
37 Mais comme il en était dans les jours de Noé, il en sera de même à l’avènement du Fils de l’homme ;
38 Car, comme dans les jours avant le déluge les hommes mangeaient et buvaient, se mariaient et donnaient en mariage, jusqu’au jour que Noé entra dans l’arche ;
39 Et qu’ils ne pensèrent au déluge que lorsqu’il vint et qu’il les emporta tous ; il en sera aussi de même à l’avènement du Fils de l’homme.
40 Alors, de deux hommes qui seront dans un champ, l’un sera pris et l’autre laissé ;
41 De deux femmes qui moudront au moulin, l’une sera prise et l’autre laissée.
42 Veillez donc ; car vous ne savez pas à quelle heure votre Seigneur doit venir.
43 Vous savez que si un père de famille était averti à quelle veille de la nuit un larron doit venir, il veillerait et ne laisserait pas percer sa maison.
44 C’est pourquoi vous aussi tenez-vous prêts ; car le Fils de l’homme viendra à l’heure que vous ne pensez pas.
45 Qui est donc le serviteur fidèle et prudent que son maître a établi sur ses domestiques, pour leur donner la nourriture dans le temps qu’il faut ?
46 Heureux ce serviteur que son maître trouvera faisant ainsi quand il arrivera.
47 Je vous dis en vérité, qu’il l’établira sur tous ses biens.
48 Mais si c’est un méchant serviteur, qui dise en lui-même : Mon maître tarde à venir ;
49 Et qu’il se mette à battre ses compagnons de service, et à manger et à boire avec des ivrognes ;
50 Le maître de ce serviteur-là viendra le jour qu’il ne l’attend pas, et à l’heure qu’il ne sait pas ;
51 Et il le séparera, et il lui donnera sa portion avec les hypocrites : c’est là qu’il y aura des pleurs et des grincements de dents.
REFLEXIONS
Il faut considérer premièrement que tout ce que Jésus-Christ prédit touchant la ruine de Jérusalem arriva peu après son ascension.
Il s’éleva plusieurs faux messies et plusieurs imposteurs, qui, sous prétexte de zèle et de religion, séduisirent les Juifs et excitèrent des séditions dans toute la Judée.
Il y eut des guerres dans lesquelles il périt une infinité de Juifs, la famine et la peste firent de grands ravages parmi eux, les apôtres et les chrétiens furent persécutés, l’Évangile fut prêché et s’établit en divers lieux, les Romains entrèrent dans la Judée, ils assiégèrent Jérusalem et ils la détruisirent avec son temple et les chrétiens qui profitèrent des avertissements de Jésus-Christ et qui se retirèrent de cette ville-là furent garantis, pendant que les Juifs périrent misérablement.
Tout cela arriva comme Jésus-Christ l’avait déclaré en termes formels avant que la génération d’alors fût passée, environ quarante ans après sa mort, ce qui prouve avec la dernière évidence la vérité et la divinité de ces prédictions qui étaient déjà répandues dans le monde longtemps avant la destruction de Jérusalem.
On voit dans cette ruine un exemple remarquable des jugements de Dieu sur les incrédules et de sa protection sur les fidèles.
Enfin, l’exact accomplissement de ce que notre Seigneur avait dit de la destruction des Juifs doit nous convaincre que ce qu’il a dit si expressément de la fin du monde et de la punition des méchants, s’accomplira de même.
Le temps de cette seconde venue du fils de Dieu nous est caché, aussi bien que celui de notre mort, ainsi nous devons nous y préparer continuellement, de peur que ce jour redoutable nous surprenne comme le déluge surprit les hommes du temps de Noé et comme les Juifs furent surpris par leur ruine.
Jésus-Christ nous montre lui-même que c’est là l’usage que nous devons faire de tous ces discours par la similitude du bon et du mauvais serviteur et par cette exhortation qui marque le but de cette similitude et de tout ce qui est contenu dans ce chapitre : Veillez, car vous ne savez pas à quelle heure votre Seigneur viendra.
Notre Seigneur, après avoir parlé dans le chapitre précédent de sa venue et avoir exhorté ses disciples à la vigilance, continue son discours et il montre : I. Par la parabole des dix vierges, et II. Par celle des talents, la nécessité de veiller et de se préparer pour cette venue. Il parle ensuite du jugement dernier.
1 Alors le royaume des cieux sera semblable à dix vierges qui, ayant pris leurs lampes, allèrent au-devant de l’époux.
2 Or, il y en avait cinq d’entre elles qui étaient sages, et cinq qui étaient folles.
3 Celles qui étaient folles, en prenant leurs lampes, n’avaient point pris d’huile avec elles.
4 Mais les sages avaient pris de l’huile dans leurs vaisseaux, avec leurs lampes.
5 Et comme l’époux tardait à venir, elles s’assoupirent toutes et s’endormirent.
6 Et sur le minuit on entendit crier : Voici l’époux qui vient, sortez au-devant de lui.
7 Alors ces vierges se levèrent toutes et préparèrent leurs lampes.
8 Et les folles dirent aux sages : Donnez-nous de votre huile, car nos lampes s’éteignent.
9 Mais les sages répondirent : Nous ne le pouvons, de peur que nous n’en ayons pas assez pour nous et pour vous ; allez plutôt vers ceux qui en vendent, et en achetez pour vous.
10 Mais pendant qu’elles en allaient acheter, l’époux vint ; et celles qui étaient prêtes entrèrent avec lui aux noces, et la porte fut fermée.
11 Après cela, les autres vierges vinrent aussi et dirent : Seigneur, Seigneur, ouvre-nous !
12 Mais il leur répondit : Je vous dis en vérité, que je ne vous connais point.
13 Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure à laquelle le Fils de l’homme viendra.
14 Car il en est comme d’un homme qui, s’en allant en voyage, appela ses serviteurs et leur remit ses biens.
15 Et il donna cinq talents à l’un, à l’autre deux, et à l’autre un ; à chacun selon ses forces ; et il partit aussitôt.
16 Or, celui qui avait reçu cinq talents s’en alla et en trafiqua ; et il gagna cinq autres talents.
17 De même, celui qui en avait reçu deux, en gagna deux autres.
18 Mais celui qui n’en avait reçu qu’un s’en alla et creusa dans la terre, et y cacha l’argent de son maître.
19 Longtemps après, le maître de ces serviteurs revint, et il leur fit rendre compte.
20 Alors celui qui avait reçu cinq talents, vint et présenta cinq autres talents, et dit : Seigneur, tu m’avais remis cinq talents ; en voici cinq autres que j’ai gagnés de plus.
21 Et son maître lui dit : Cela va bien, bon et fidèle serviteur ; tu as été fidèle en peu de chose, je t’établirai sur beaucoup ; entre dans la joie de ton seigneur.
22 Et celui qui avait reçu deux talents, vint et dit : Seigneur, tu m’avais remis deux talents ; en voici deux autres que j’ai gagnés de plus.
23 Et son maître lui dit : Cela va bien, bon et fidèle serviteur ; tu as été fidèle en peu de chose, je t’établirai sur beaucoup ; entre dans la joie de ton seigneur.
24 Mais celui qui n’avait reçu qu’un talent, vint et dit : Seigneur, je savais que tu étais un homme dur, qui moissonnes où tu n’as pas semé, et qui recueilles où tu n’as pas répandu ;
25 C’est pourquoi, te craignant, je suis allé et j’ai caché ton talent dans la terre ; voici, tu as ce qui est à toi.
26 Et son maître lui répondit : Méchant et paresseux serviteur, tu savais que je moissonnais où je n’ai pas semé, et que je recueillais où je n’ai pas répandu ;
27 Il te fallait donc donner mon argent aux banquiers, et à mon retour j’aurais retiré ce qui est à moi avec l’intérêt.
28 Ôtez-lui donc le talent, et le donnez à celui qui a dix talents.
29 Car on donnera à celui qui a, et il aura encore davantage ; mais à celui qui n’a pas, on lui ôtera même ce qu’il a.
30 Jetez donc le serviteur inutile dans les ténèbres de dehors ; c’est là qu’il y aura des pleurs et des grincements de dents.
31 Or, quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire avec tous les saints anges, alors il s’assiéra sur le trône de sa gloire.
32 Et toutes les nations seront assemblées devant lui, et il séparera les uns d’avec les autres, comme un berger sépare les brebis d’avec les boucs.
33 Et il mettra les brebis à sa droite, et les boucs à sa gauche.
34 Alors le roi dira à ceux qui seront à sa droite : Venez, vous qui êtes bénis de mon Père, possédez en héritage le royaume qui vous a été préparé dès la création du monde ;
35 Car j’ai eu faim, et vous m’avez donné à manger ; j’ai eu soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais étranger, et vous m’avez recueilli ;
36 J’étais nu, et vous m’avez vêtu ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous m’êtes venus voir.
37 Alors les justes lui répondront : Seigneur, quand est-ce que nous t’avons vu avoir faim, et que nous t’avons donné à manger ; ou avoir soif, et que nous t’avons donné à boire ?
38 Et quand est-ce que nous t’avons vu étranger, et que nous t’avons recueilli ; ou nu, et que nous t’avons vêtu ?
39 Ou quand est-ce que nous t’avons vu malade ou en prison, et que nous sommes venus te voir ?
40 Et le roi, répondant, leur dira : Je vous dis en vérité, qu’en tant que vous avez fait ces choses à l’un de ces plus petits de mes frères, vous me les avez faites.
41 Ensuite il dira à ceux qui seront à sa gauche : Retirez-vous de moi, maudits, et allez dans le feu éternel, qui est préparé au Diable et à ses anges ;
42 Car j’ai eu faim, et vous ne m’avez pas donné à manger ; j’ai eu soif, et vous ne m’avez pas donné à boire ;
43 J’étais étranger, et vous ne m’avez pas recueilli ; j’étais nu, et vous ne m’avez pas vêtu ; j’étais malade et en prison, et vous ne m’avez pas visité.
44 Alors ceux-là lui répondront aussi : Seigneur, quand est-ce que nous t’avons vu avoir faim, ou soif, ou être étranger, ou nu, ou malade, ou en prison, et que nous ne t’avons point assisté ?
45 Et il leur répondra : Je vous dis en vérité, qu’en tant que vous ne l’avez pas fait à l’un de ces plus petits, vous ne me l’avez pas fait non plus.
46 Et ceux-ci s’en iront aux peines éternelles ; mais les justes s’en iront à la vie éternelle.
REFLEXIONS
La parabole des vierges est prise de ce qui se pratiquait parmi les Juifs dans les noces, où les filles avaient accoutumé d’aller au-devant de l’époux et de l’épouse avec des lampes allumées. Par cette parabole Jésus-Christ voulait apprendre à ses disciples qu’ils devaient attendre continuellement sa venue et s’y préparer.
Les vierges sages représentent les vrais fidèles qui vivent dans la foi, dans la vigilance et dans la pratique de leurs devoirs en attendant que le Seigneur vienne et les vierges folles sont l’image des faux chrétiens qui négligent ces devoirs.
La venue de l’époux, qui vint à minuit, et l’état où les vierges sages et les vierges folles se trouvèrent alors signifie que Jésus-Christ viendra pour juger les hommes lorsqu’ils ne s’y attendront pas, qu’alors ceux qui se seront tenus prêts seront remplis d’une sainte assurance et entreront avec lui dans sa gloire, pendant que ceux qui auront négligé de se préparer n’auront pour leur partage que la misère et le désespoir et feront d’inutiles efforts pour être admis à la félicité des justes.
La parabole des talents marque trois choses :
I. Que Dieu appelle les hommes à le servir et qu’il leur accorde sa grâce et ses dons dans une mesure différente afin qu’ils les emploient chacun selon leur vocation pour la gloire et le salut des autres.
II. Que les uns, comme de fidèles serviteurs, font un bon usage de ces grâces et que les autres les rendent inutiles par leur négligence.
III. Que Dieu fera rendre compte aux uns et aux autres de leur conduite, qu’il louera et récompensera la fidélité de ceux qui se seront servis de ses dons pour avancer sa gloire et que ceux qui en auront abusé seront punis de leur infidélité.
Notre Seigneur dit expressément que ces derniers n’auront aucune excuse puisque Dieu n’est pas un maître rude et injuste, qui veuille moissonner où il n’a pas semé, c’est-à-dire qui exige des hommes ce qu’ils ne sauraient faire.
Par l’une et l’autre de ces similitudes Jésus-Christ nous enseigne de quelle manière il jugera ceux à qui il a donné sa connaissance et il nous avertit de nous tenir constamment attachés à notre devoir et de le servir fidèlement chacun dans notre vocation.
Il y a quatre choses principales à remarquer dans la description du jugement dernier :
I. Que Jésus-Christ descendra du ciel avec gloire et que ce sera lui qui jugera le monde.
II. Que tous les hommes sans exception paraîtront devant lui et qu’ils seront tous jugés.
III. Qu’il les jugera par leurs œuvres et qu’il aura principalement égard aux œuvres de charité et au bien que l’on aura fait à ses membres, parce que ces œuvres-là sont des preuves et des effets de la foi et de l’amour qu’on a pour lui.
IV. Qu’il séparera les bons d’avec les méchants en recevant les bons dans le royaume des cieux et en envoyant les méchants aux peines éternelles.
Puisque Jésus-Christ nous a expressément avertis de toutes ces choses et que nous savons qu’il nous faudra paraître devant son tribunal pour recevoir selon le bien et le mal que nous aurons faits, notre plus grande attention doit être de nous conduire avec piété et avec crainte pendant tout le temps de notre séjour en ce monde, de nous attacher à la pratique des bonnes œuvres et surtout des œuvres de charité et de miséricorde afin qu’au jour de la glorieuse et dernière apparition du fils de Dieu, nous puissions paraître devant lui avec confiance et avec joie et être du nombre de ceux auxquels il dira : Venez, vous qui êtes béni de mon Père, possédez en héritage le royaume qui vous a été préparé dès la création du monde.
C’est ici que commence l’histoire de la passion de notre Seigneur : I. Les sacrificateurs prennent la résolution de faire mourir Jésus-Christ. II. Une femme l’oint avec une huile précieuse. III. Judas traite avec les sacrificateurs pour leur livrer son Maître. IV. Jésus-Christ célèbre la Pâque et pendant le repas il parle de la trahison de Judas, il institue la sainte Cène et il prédit que St. Pierre le renierait.
1 Quand Jésus eut achevé tous ces discours, il dit à ses disciples :
2 Vous savez que la Pâque se fera dans deux jours, et que le Fils de l’homme sera livré pour être crucifié.
3 Alors les principaux sacrificateurs, les scribes et les sénateurs du peuple s’assemblèrent dans la salle du souverain sacrificateur nommé Caïphe,
4 Et délibérèrent ensemble de se saisir de Jésus par adresse et de le faire mourir.
5 Mais ils disaient : Il ne faut pas que ce soit pendant la fête, de peur qu’il ne se fasse quelque émotion parmi le peuple.
6 Et Jésus étant à Béthanie dans la maison de Simon surnommé le lépreux,
7 Une femme était venue vers lui, ayant un vase d’albâtre plein d’un parfum de grand prix, et elle le lui avait répandu sur la tête lorsqu’il était à table.
8 Et ses disciples, voyant cela, en furent indignés et dirent : A quoi sert cette perte ?
9 Car on pouvait vendre bien cher ce parfum, et en donner l’argent aux pauvres.
10 Mais Jésus, connaissant cela, leur dit : Pourquoi faites-vous de la peine à cette femme ? car elle a fait une bonne action à mon égard ;
11 Car vous aurez toujours des pauvres avec vous ; mais vous ne m’aurez pas toujours ;
12 Et si elle a répandu ce parfum sur mon corps, elle l’a fait pour ma sépulture.
13 Je vous dis en vérité, que dans tous les endroits du monde où cet évangile sera prêché, ce qu’elle a fait sera aussi raconté en mémoire d’elle.
14 Alors l’un des douze, appelé Judas Iscariot, s’en alla vers les principaux sacrificateurs,
15 Et leur dit : Que voulez-vous me donner et je vous le livrerai ? Et ils convinrent de lui donner trente pièces d’argent.
16 Et depuis ce temps-là il cherchait une occasion propre pour le livrer.
17 Or, le premier jour de la fête des pains sans levain, les disciples vinrent à Jésus et lui dirent : Où veux-tu que nous préparions ce qu’il faut pour manger la Pâque ?
18 Et il leur répondit : Allez dans la ville chez un tel et lui dites : Le Maître dit : Mon temps est proche ; je ferai la Pâque chez toi avec mes disciples.
19 Et les disciples firent comme Jésus leur avait ordonné, et préparèrent la Pâque.
20 Quand le soir fut venu, il se mit à table avec les douze apôtres.
21 Et comme ils mangeaient, il dit : Je vous dis en vérité que l’un de vous me trahira.
22 Et ils furent fort affligés, et chacun d’eux se mit à lui dire : Seigneur, est-ce moi ?
23 Mais il répondit : Celui qui met la main dans le plat avec moi, c’est celui qui me trahira.
24 Pour ce qui est du Fils de l’homme, il s’en va, selon ce qui a été écrit de lui ; mais malheur à cet homme par qui le Fils de l’homme est trahi ; il eût mieux valu pour cet homme-là de n’être jamais né.
25 Et Judas, qui le trahissait, répondit : Maître, est-ce moi ? Jésus lui dit : Tu l’as dit.
26 Et comme ils mangeaient, Jésus prit du pain, et ayant rendu grâces, il le rompit et le donna à ses disciples et dit : Prenez, mangez, ceci est mon corps.
27 Ayant aussi pris la coupe et rendu grâces, il la leur donna, disant : Buvez-en tous ;
28 Car ceci est mon sang, le sang de la nouvelle alliance, lequel est répandu pour plusieurs, en rémission des péchés.
29 Or, je vous dis que désormais je ne boirai point de ce fruit de la vigne, jusqu’à ce jour auquel je le boirai de nouveau avec vous dans le royaume de mon Père.
30 Et après qu’ils eurent chanté le cantique, ils sortirent pour aller à la montagne des Oliviers.
31 Alors Jésus leur dit : Je vous serai cette nuit à tous une occasion de chute ; car il est écrit : Je frapperai le berger, et les brebis du troupeau seront dispersées.
32 Mais après que je serai ressuscité, j’irai devant vous en Galilée.
33 Et Pierre, prenant la parole, lui dit : Quand même tous les autres se scandaliseraient en toi, je ne serai jamais scandalisé.
34 Jésus lui dit : Je te dis en vérité, que cette nuit même, avant que le coq ait chanté, tu me renieras trois fois.
35 Pierre lui dit : Quand même il me faudrait mourir avec toi, je ne te renierai point. Et tous les disciples dirent la même chose.
REFLEXIONS
I. La première réflexion que l’on doit faire ici regarde le temps de la passion de notre Seigneur. Sachant qu’il devait être crucifié à la fête de Pâque, il se rendit à Jérusalem dans ce temps-là et quoique les sacrificateurs n’eussent pas intention de le faire mourir durant cette fête, Dieu voulut qu’il mourût alors parce que c’était le temps auquel on immolait l’agneau de Pâque qui représentait le sacrifice de Jésus-Christ et afin que les Juifs qui se rendaient à Jérusalem de toutes parts pour la Pâque fussent témoin de sa mort.
II. L’exemple de cette femme qui oignit Jésus-Christ avec un parfum précieux doit nous inciter à honorer notre Seigneur par tous les moyens qui sont en notre puissance. Et ce que le Seigneur dit pour défendre l’action de cette femme nous apprend qu’il reçoit avec bonté tout ce que nous faisons pour lui marquer notre amour et notre respect, qu’il faut juger charitablement des actions des autres, surtout lorsqu’elles partent d’un bon principe et que nous ne devons jamais négliger d’assister les nécessiteux.
III. La convention de Judas avec les sacrificateurs nous fait voir dans quels crimes et dans quel endurcissement l’avarice peut jeter les hommes et avec quel soin il faut prendre garde que cette passion ne se glisse et ne s’enracine dans notre cœur.
IV. Jésus-Christ prédit la trahison de Judas afin de lui faire comprendre que son dessein lui était connu et afin que les apôtres vissent qu’il ne devait rien arriver à leur Maître qu’il n’eût prévu et à quoi il n’eut voulu bien s’exposer.
V. Ce qui mérite surtout notre attention dans ce chapitre, c’est que Jésus-Christ étant sur le point d’être crucifié, institua la sainte Cène pour être jusqu’à la fin du monde un mémorial de ses souffrances et de sa mort. Cela nous oblige à avoir cet auguste sacrement en grande révérence et à le célébrer d’une manière conforme aux intentions de notre divin rédempteur.
VI. Enfin, la prédiction que Jésus-Christ fit du reniement de St. Pierre prouve que notre Seigneur connaît les cœurs et l’avenir et ce qu’il dit à cet apôtre qui lui répondait avec tant d’assurance, nous apprend à ne présumer jamais de nos forces, à nous défier de nous-même et à nous tenir sans cesse en garde contre la tentation.
CHAPITRE XXVI VERSETS 36 A 75
On voit ici :
I. Ce que Jésus souffrit dans le jardin. II. Comment il fut pris par Judas. III. Ce qui se passa lorsqu’il parut devant le conseil et qu’il y fût condamné. IV. La chute et la repentance de St. Pierre.
36 Alors Jésus s’en alla avec eux dans un lieu appelé Gethsémané ; et il dit à ses disciples : Asseyez-vous ici pendant que je m’en irai là pour prier.
37 Et ayant pris avec lui Pierre et les deux fils de Zébédée, il commença à être fort triste et dans une amère douleur.
38 Et il leur dit : Mon âme est saisie de tristesse jusqu’à la mort ; demeurez ici et veillez avec moi.
39 Et étant allé un peu plus avant, il se jeta le visage contre terre, priant et disant : Mon Père, que cette coupe passe loin de moi, s’il est possible ! Toutefois, qu’il en soit non comme je le voudrais, mais comme tu le veux.
40 Puis il vint vers ses disciples et les trouva endormis ; et il dit à Pierre : Est-il possible que vous n’ayez pu veiller une heure avec moi ?
41 Veillez et priez, de peur que vous ne tombiez dans la tentation ; car l’esprit est prompt, mais la chair est faible.
42 Il s’en alla encore pour la seconde fois et pria, disant : Mon père, s’il n’est pas possible que cette coupe passe loin de moi sans que je la boive, que ta volonté soit faite.
43 Et revenant à eux il les trouva encore endormis ; car leurs yeux étaient appesantis.
44 Et les ayant laissés, il s’en alla encore et pria pour la troisième fois, disant les mêmes paroles.
45 Alors il vint vers ses disciples et leur dit : Vous dormez encore et vous vous reposez ? Voici, l’heure est venue, et le Fils de l’homme va être livré entre les mains des méchants.
46 Levez-vous, allons ; voici, celui qui me trahit s’approche.
47 Et comme il parlait encore, voici Judas, l’un des douze, qui vint, et avec lui une grande troupe de gens armés d’épées et de bâtons, de la part des principaux sacrificateurs et des sénateurs du peuple.
48 Et celui qui le trahissait leur avait donné ce signal : Celui que je baiserai, c’est lui, saisissez-le.
49 Et aussitôt, s’approchant de Jésus, il lui dit : Maître, je te salue ; et il le baisa.
50 Jésus lui dit : Mon ami, pour quel sujet es-tu ici ? Alors ils s’approchèrent, et jetèrent les mains sur Jésus, et le saisirent.
51 En même temps un de ceux qui étaient avec Jésus, portant la main à l’épée, la tira et en frappa un serviteur du souverain sacrificateur, et lui emporta une oreille.
52 Alors Jésus lui dit : Remets ton épée dans le fourreau ; car tous ceux qui prendront l’épée périront par l’épée.
53 Penses-tu que je ne pusse pas maintenant prier mon Père, qui me donnerait aussitôt plus de douze légions d’anges ?
54 Comment donc s’accompliraient les Écritures qui disent qu’il faut que cela arrive ainsi ?
55 En même temps, Jésus dit à cette troupe : Vous êtes sortis avec des épées et des bâtons, comme après un brigand pour me prendre ; j’étais tous les jours assis parmi vous, enseignant dans le temple, et vous ne m’avez point saisi.
56 Mais tout ceci, est arrivé, afin que ce qui est écrit dans les prophètes fût accompli. Alors tous les disciples l’abandonnèrent et s’enfuirent.
57 Mais ceux qui avaient saisi Jésus l’emmenèrent chez Caïphe, le souverain sacrificateur, où les scribes et les sénateurs étaient assemblés.
58 Et Pierre le suivit de loin jusqu’à la cour du souverain sacrificateur, et, y étant entré, il s’assit avec les officiers pour voir quelle en serait la fin.
59 Or, les principaux sacrificateurs, et les sénateurs, et tout le conseil cherchaient quelque faux témoignage contre Jésus, pour le faire mourir.
60 Mais ils n’en trouvaient point, et bien que plusieurs faux témoins se fussent présentés, ils n’en trouvaient point de suffisant. Enfin deux faux témoins s’approchèrent,
61 Qui dirent : Cet homme a dit : Je puis détruire le temple de Dieu, et le rebâtir dans trois jours.
62 Alors le souverain sacrificateur se leva et lui dit : Ne réponds-tu rien ? Qu’est-ce que ces gens déposent contre toi ?
63 Mais Jésus se tut. Alors le souverain sacrificateur, prenant la parole, lui dit : Je t’adjure, par le Dieu vivant, de nous dire si tu es le Christ, le Fils de Dieu ?
64 Jésus lui répondit : Tu l’as dit ; et même je vous dis que vous verrez ci-après le Fils de l’homme assis à la droite de la puissance de Dieu, et venant sur les nuées du ciel.
65 Alors le souverain sacrificateur déchira ses habits, disant : Il a blasphémé ; qu’avons-nous plus besoin de témoins ? Vous venez d’entendre son blasphème. Que vous en semble ?
66 Ils répondirent : Il a mérité la mort.
67 Alors ils lui crachèrent au visage, et ils lui donnèrent des coups de poing, et les autres le frappaient avec leurs bâtons,
68 Disant : Christ, devine qui est celui qui t’a frappé ?
69 Cependant, Pierre était assis dehors dans la cour ; et une servante s’approcha de lui, et lui dit : Tu étais aussi avec Jésus le Galiléen.
70 Et il le nia devant tous, disant : Je ne sais ce que tu dis.
71 Et comme il sortit au vestibule, une autre servante le vit, et dit à ceux qui étaient là : Celui-ci était aussi avec Jésus de Nazareth.
72 Et il le nia encore avec serment, disant : Je ne connais point cet homme-là.
73 Et un peu après, ceux qui étaient là s’approchèrent et dirent à Pierre : Assurément tu es aussi de ces gens-là ; car ton langage te fait connaître.
74 Alors il se mit à faire des imprécations contre soi-même et à jurer, disant : Je ne connais point cet homme-là ; et incontinent le coq chanta.
75 Alors Pierre se souvint de la parole de Jésus qui lui avait dit : Avant que le coq ait chanté, tu me renieras trois fois. Et étant sorti, il pleura amèrement.
REFLEXIONS
On doit faire une grande attention à ce que Jésus-Christ souffrit dans le jardin. Dieu voulut qu’il ressentît cette tristesse et ces frayeurs afin que l’on vît qu’il mourait pour les péchés des hommes et qu’il était sujet à toutes les infirmités innocentes de la nature humaine.
Et nous devons juger par l’état où notre Seigneur fut alors réduit quelle est l’horreur du péché et combien les peines que les méchants souffriront un jour seront terribles.
Ces prières si humbles et si ferventes que Jésus-Christ adressait à Dieu dans son agonie nous enseignent à prier avec persévérance et avec humilité lorsque nous sommes dans la souffrance.
Nous avons dans la résignation de notre Seigneur à la volonté de son Père une preuve de sa parfaite obéissance aussi bien que de son grand amour envers nous et un modèle de patience que nous devons imiter en quelque état qu’il plaise à Dieu de nous mettre.
L’avertissement que Jésus-Christ donna aux apôtres de veiller et de prier de peur qu’ils ne succombassent à la grande tentation où ils allaient être exposés est un conseil salutaire qui nous apprend que la vigilance et la prière sont les principaux moyens de résister aux tentations et qu’on y succombe dès qu’on néglige ces moyens-là.
Dans la manière dont Jésus fut pris par Judas, on voit d’un côté la perfidie de ce malheureux disciple et de l’autre que notre Seigneur s’exposait volontairement à la mort.
L’action de St. Pierre qui frappa avec l’épée un de ceux qui venaient prendre Jésus était l’effet d’un zèle inconsidéré et la censure que le Seigneur fit à cet apôtre nous montre qu’il n’est jamais permis de se venger, ni d’en venir à la violence, en quelque occasion, ni pour quelque sujet que ce puisse être.
Ce qui est à remarquer sur la comparution de Jésus-Christ devant le conseil des Juifs, c’est :
I. Que quelque effort que les Juifs fissent pour trouver des faux témoins et un prétexte pour le condamner, il ne pût être convaincu d’aucun crime et qu’il ne fut condamné que parce qu’il avoua être le fils de Dieu, en quoi on découvre la haine et l’injustice des Juifs et la parfaite innocence de notre Seigneur.
II. La grande patience avec laquelle il souffrit tous les outrages qu’on lui fit doit nous rappeler ce que St. Pierre dit à ce sujet : Que Christ a souffert pour nous, nous laissant un modèle, afin que nous suivions ses traces.
III. Ce que notre Seigneur dit aux Juifs : qu’ils le verraient venant dans les nuées du ciel, mérite une attention particulière. Jésus-Christ parlait comme roi et fils de Dieu, dans le temps qu’on le condamnait et l’établissement de son règne, de même que la ruine des juifs, firent voir bientôt après la vérité de ce qu’il avait dit dans cette occasion.
IV. La chute de St. Pierre qui, après avoir été averti par notre Seigneur et avoir protesté qu’il ne le renierait jamais, le renia jusqu’à trois fois est un grand exemple de l’inconstance et de l’infirmité humaine.
Ceux-là même qui ont de bonnes intentions peuvent faire de grandes chutes quand ils ne se précautionnent pas contre la tentation et pour s’en garantir, il importe de se défier de soi-même, de prier sans cesse et d’éviter les lieux et les occasions qui peuvent entraîner dans le péché.
Enfin, il faut considérer que si le péché de St. Pierre fut grand, sa repentance fut prompte et qu’il pleura amèrement sa faute.
C’est ainsi que nous devons nous relever promptement de nos chutes et les réparer par les larmes d’une sincère pénitence et par un vrai amendement.
CHAPITRE XXVII VERSETS 1 A 26.
I. Judas voyant que Jésus était condamné reconnaît son crime et se donne la mort. II. Jésus parait devant Pilate, gouverneur de Jérusalem, qui, après avoir fait divers efforts pour le délivrer et pour apaiser les Juifs, prononce la sentence de sa condamnation.
1 Dès que le matin fut venu, tous les principaux sacrificateurs et les sénateurs du peuple tinrent conseil pour faire mourir Jésus.
2 Et l’ayant fait lier, ils l’emmenèrent et le livrèrent à Ponce-Pilate, gouverneur.
3 Alors Judas, qui l’avait trahi, voyant qu’il était condamné, se repentit et reporta les trente pièces d’argent aux principaux sacrificateurs et aux sénateurs,
4 Disant : J’ai péché en trahissant le sang innocent. Mais ils dirent : Que nous importe ? tu y pourvoiras.
5 Alors, après avoir jeté les pièces d’argent dans le temple, il se retira, et s’en alla, et s’étrangla.
6 Et les principaux sacrificateurs, ayant pris les pièces d’argent, dirent : Il n’est pas permis de les mettre dans le trésor sacré ; car c’est le prix du sang.
7 Et ayant délibéré, ils en achetèrent le champ d’un potier, pour la sépulture des étrangers.
8 C’est pourquoi ce champ-là a été appelé jusqu’à aujourd’hui le champ du sang.
9 Alors s’accomplit ce qui avait été dit par Jérémie le prophète : Ils ont pris trente pièces d’argent, qui étaient le prix de celui qui a été apprécié, et que les enfants d’Israël ont mis à prix ;
10 Et ils les ont données pour acheter le champ d’un potier, comme le Seigneur me l’avait ordonné.
11 Or, Jésus parut devant le gouverneur, et le gouverneur l’interrogea, disant : Es-tu le roi des Juifs ? Et Jésus lui dit : Tu le dis.
12 Et comme il était accusé par les principaux sacrificateurs et les sénateurs, il ne répondait rien.
13 Alors Pilate lui dit : N’entends-tu pas combien de choses ils déposent contre toi ?
14 Mais il ne lui répondit quoi que ce soit ; de sorte que le gouverneur en était fort surpris.
15 Or, le gouverneur avait accoutumé à chaque fête de Pâque, de relâcher au peuple celui des prisonniers qu’ils voulaient.
16 Et il y avait alors un prisonnier insigne, nommé Barabbas.
17 Comme ils étaient donc assemblés, Pilate leur dit : Lequel voulez-vous que je vous relâche, Barabbas, ou Jésus qu’on appelle Christ ?
18 Car il savait bien que c’était par envie qu’ils l’avaient livré.
19 Et pendant qu’il était assis sur le tribunal, sa femme lui envoya dire : N’aie rien à faire avec cet homme de bien ; car j’ai beaucoup souffert aujourd’hui en songe à son sujet.
20 Alors les principaux sacrificateurs et les sénateurs persuadèrent au peuple de demander Barabbas, et de faire périr Jésus.
21 Et le gouverneur, prenant la parole, leur dit : Lequel des deux voulez-vous que je vous relâche ? Et ils dirent : Barabbas.
22 Pilate leur dit : Que ferai-je donc de Jésus qu’on appelle Christ ? Tous lui dirent : Qu’il soit crucifié.
23 Et le gouverneur leur dit : Mais quel mal a-t-il fait ? Alors ils crièrent encore plus fort : Qu’il soit crucifié.
24 Pilate donc, voyant qu’il ne gagnait rien, mais que le tumulte s’augmentait de plus en plus, prit de l’eau et se lava ses mains devant le peuple, disant : Je suis innocent du sang de ce juste ; c’est à vous d’y penser.
25 Et tout le peuple répondit : Que son sang soit sur nous et sur nos enfants.
26 Alors il leur relâcha Barabbas ; et après avoir fait fouetter Jésus, il le leur livra pour être crucifié.
REFLEXIONS
Les remords que Judas ressentit lorsqu’il vit qu’on allait faire mourir Jésus, l’aveu qu’il fit de son crime et sa fin tragique font voir que Jésus était innocent et qu’il avait été condamné injustement.
On voit aussi en cela l’état d’une conscience criminelle et l’horreur des remords et du désespoir dont les méchants sont agités lorsqu’elle se réveille et que la vengeance divine les poursuit.
L’usage que les Juifs firent de l’argent que Judas leur rendit servit à perpétuer la mémoire de cet événement. C’était une preuve de l’injustice qu’ils avaient commise et l’on y remarque l’accomplissement d’un oracle de Zacharie.
Sur ce qui se passa devant Pilate, il faut observer que Jésus-Christ avoua en sa présence, comme il l’avait avoué devant le conseil, qu’il était le Messie.
À l’exemple de notre Seigneur, nous devons confesser la vérité, même au péril de notre vie, toutes les fois que nous y sommes appelés.
On voit de plus, dans cette histoire, la fureur des Juifs que rien ne pût adoucir et qui préféraient à Jésus-Christ un meurtrier et un séditieux. On y découvre l’innocence de Jésus qui fut reconnue par Pilate, mais on y remarque surtout l’iniquité de ce juge qui après avoir longtemps résisté consentit à sa mort, nonobstant les avertissements que sa femme lui fit donner et quoi qu’il fût persuadé qu’il condamnait un innocent.
Nous avons en Pilate une image de ceux qui pêchent contre leurs lumières et qui sacrifient leur devoir et leur conscience à la crainte, à la complaisance et à l’intérêt, aussi bien que de ceux qui se croient innocents dans le temps qu’ils commettent les plus grands crimes et qui rejettent sur les autres les fautes dont ils sont eux-mêmes les auteurs.
Ceci nous avertit d’être toujours inviolablement attachés à notre devoir et de suivre les mouvements de notre conscience sans qu’aucune considération que ce soit nous en détourne.
Enfin, l’on doit faire une grande attention à ces paroles que les Juifs prononcèrent lorsque notre Seigneur fut condamné : Que son sang soit sur nous et sur nos enfants.
Ils éprouvèrent eux et leur postérité les effets de cette imprécation qu’ils firent contre eux-mêmes, Dieu ayant vengé sur cette nation la mort de son Fils par la ruine de leur ville et par l’état où ils sont depuis et où ils sont encore aujourd’hui.
CHAPITRE XXVII VERSETS 27 A 66.
Saint Matthieu rapporte ici : I. Le crucifiement de Jésus-Christ et sa mort. II. Les prodiges qui arrivèrent alors. III. Sa sépulture.
27 Et les soldats du gouverneur amenèrent Jésus au prétoire, et ils assemblèrent autour de lui toute la compagnie des soldats.
28 Et l’ayant dépouillé, ils le revêtirent d’un manteau d’écarlate.
29 Puis ayant fait une couronne d’épines, ils la lui mirent sur la tête, et ils lui mirent un roseau à la main droite, et s’agenouillant devant lui, ils se moquaient de lui, en disant : Je te salue, roi des juifs.
30 Et crachant contre lui, ils prenaient le roseau, et ils lui en donnaient des coups sur la tête.
31 Après s’être ainsi moqués de lui, ils lui ôtèrent le manteau et lui remirent ses habits, et ils l’emmenèrent pour le crucifier.
32 Et comme ils sortaient, ils trouvèrent un homme de Cyrène, nommé Simon, qu’ils contraignirent de porter la croix de Jésus.
33 Et étant arrivés au lieu appelé Golgotha, c’est-à-dire la place du crâne,
34 Ils lui présentèrent à boire du vinaigre mêlé avec du fiel ; mais quand il en eut goûté, il n’en voulut pas boire.
35 Et après l’avoir crucifié ils partagèrent ses habits, en jetant le sort ; afin que ce qui a été dit par le prophète s’accomplît : Ils se sont partagé mes habits, et ils ont jeté le sort sur ma robe.
36 Et s’étant assis, ils le gardaient là.
37 Ils mirent aussi au-dessus de sa tête cet écriteau, pour marquer le sujet de sa condamnation ; CELUI-CI EST JÉSUS, LE ROI DES JUIFS.
38 On crucifia en même temps avec lui deux brigands, l’un à sa droite et l’autre à sa gauche.
39 Et ceux qui passaient par là lui disaient des outrages, branlant la tête,
40 Et disant : Toi, qui détruis le temple, et qui le rebâtis en trois jours, sauve-toi toi-même ; si tu es le Fils de Dieu, descends de la croix.
41 De même aussi, les principaux sacrificateurs, avec les Scribes et les sénateurs, disaient en se moquant :
42 Il a sauvé les autres, et il ne se peut sauver lui-même. S’il est le roi d’Israël, qu’il descende maintenant de la croix, et nous croirons en lui.
43 Il se confie en Dieu, que Dieu le délivre maintenant, s’il lui est agréable ; car il a dit : Je suis le Fils de Dieu.
44 Les brigands qui étaient crucifiés avec lui, lui faisaient les mêmes reproches.
45 Or depuis la sixième heure il y eut des ténèbres sur tout le pays, jusqu’à la neuvième heure.
46 Et environ la neuvième heure, Jésus s’écria à haute voix, disant : Eli, Eli, lamma sabachthani ? c’est-à-dire : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?
47 Et quelques-uns de ceux qui étaient présents, ayant ouï cela, disaient : Il appelle Elie.
48 Et aussitôt quelqu’un d’entre eux courut, et prit une éponge, et l’ayant remplie de vinaigre, il la mit au bout d’une canne, et lui en donna à boire.
49 Et les autres disaient : Attendez, voyons si Elie viendra le délivrer.
50 Et Jésus ayant encore crié à haute voix, rendit l’esprit.
51 En même temps le voile du temple se déchira en deux, depuis le haut jusqu’en bas, la terre trembla, des rochers se fendirent ;
52 Des sépulcres s’ouvrirent, et plusieurs corps des saints qui étaient morts ressuscitèrent ;
53 Et étant sortis de leurs sépulcres après sa résurrection, ils entrèrent dans la sainte cité, et ils furent vus de plusieurs personnes.
54 Et le centenier et ceux qui gardaient Jésus avec lui, ayant vu le tremblement de terre et ce qui était arrivé, furent fort effrayés, et dirent : Véritablement, cet homme était le Fils de Dieu.
55 Il y avait aussi là plusieurs femmes qui regardaient de loin, et qui avaient suivi Jésus depuis la Galilée, en le servant ;
56 Entre lesquelles étaient Marie-Magdelaine, et Marie, mère de Jacques et de Joses, et la mère des fils de Zébédée.
57 Et le soir étant venu, un homme riche, nommé Joseph, qui était d’Arimathée, et qui avait aussi été disciple de Jésus,
58 Vint vers Pilate et demanda le corps de Jésus ; et Pilate commanda qu’on le lui donnât.
59 Ainsi Joseph prit le corps et l’enveloppa dans un linceul blanc,
60 Et le mit dans son sépulcre, qui était neuf et qu’il avait fait tailler pour lui-même dans le roc ; et ayant roulé une grande pierre à l’entrée du sépulcre, il s’en alla.
61 Et Marie-Magdelaine et l’autre Marie étaient là assises vis-à-vis du sépulcre.
62 Le jour suivant, qui était le lendemain de la préparation du sabbat, les principaux sacrificateurs et les Pharisiens allèrent ensemble vers Pilate,
63 Et lui dirent : Seigneur, nous nous souvenons que, quand ce séducteur vivait, il disait : Je ressusciterai dans trois jours.
64 Commande donc que le sépulcre soit gardé sûrement jusqu’au troisième jour, de peur que ses disciples ne viennent de nuit, et n’enlèvent son corps, et qu’ils ne disent au peuple : Il est ressuscité des morts. Cette dernière séduction serait pire que la première.
65 Pilate leur dit : Vous avez la garde ; allez, et faites-le garder comme vous l’entendrez.
66 Ils s’en allèrent donc, et ils s’assurèrent du sépulcre, en scellant la pierre, et en y mettant des gardes.
REFLEXIONS
L’histoire de la passion de Jésus-Christ et le récit des ignominies et des douleurs auxquelles il fut exposé avant d’être crucifié et pendant qu’il était sur la croix nous engage à considérer qu’il a souffert toutes ces choses et qu’il est mort pour expier nos péchés et pour confirmer par ce moyen les promesses qu’il nous a faites de l’immortalité.
L’usage que nous devons faire de cet endroit si important de l’Évangile est de regarder cette mort comme le moyen admirable par lequel nous avons été sauvés, de bénir la miséricorde de Dieu qui a ainsi livré son fils à la mort et la charité de notre bon Sauveur qui s’est donné soi-même pour nous et de l’aimer comme il nous a aimés.
Les souffrances de Jésus-Christ doivent aussi nous faire renoncer au péché puisqu’il est mort pour le détruire et nous apprendre à souffrir et à porter patiemment notre croix.
Les divers prodiges qui arrivèrent à la mort de Jésus-Christ tendaient à faire sentir l’horreur du crime que les Juifs venaient de commettre en le crucifiant et à montrer à tout le monde que Jésus était le fils de Dieu.
Le déchirement du voile du temple marquait visiblement que le culte des Juifs allait prendre fin, que le temple allait être détruit et que le ciel serait désormais ouvert aux hommes.
L’ouverture des sépulcres de ceux qui ressuscitèrent avec notre Seigneur marquait que Jésus devait sortir du tombeau et que les morts ressusciteront au dernier jour par la vertu de la mort de Jésus-Christ et de sa résurrection.
Notre Seigneur fut enseveli afin que l’on ne pût pas douter qu’il était véritablement mort et Dieu voulut qu’on le mît dans un sépulcre où personne n’avait été mis pour faire voir que ce serait bien lui qui ressusciterait.
Les circonstances de sa sépulture, de même que celles de sa passion nous découvrent l’accomplissement de plusieurs prophéties et la pensée que Jésus a été enseveli est très propre pour dissiper l’horreur que nous aurions sans cela du tombeau et de la mort et pour nous élever à l’espérance de la résurrection et d’une meilleure vie.
C’est enfin une chose digne de remarque que les Juifs firent fermer et garder soigneusement le sépulcre de notre Seigneur de peur que les disciples n’enlevassent son corps, par là ils fournirent contre leur dessein des preuves incontestables de sa résurrection.
Ce chapitre contient : I. Un récit abrégé de la résurrection de Jésus-Christ. II. Ce que les Juifs firent pour persuader au peuple que ses disciples avaient enlevés son corps. III. l’apparition de Jésus-Christ aux apôtres et les ordres qu’il leur donna avant que de monter au ciel.
1 Après que le sabbat fut passé, comme le premier jour de la semaine commençait à luire, Marie-Magdelaine et l’autre Marie vinrent pour voir le sépulcre.
2 Et il se fit un grand tremblement de terre, car un ange du Seigneur descendit du ciel, et vint rouler la pierre de devant l’entrée du sépulcre, et s’assit dessus.
3 Son visage était comme un éclair, et son vêtement était blanc comme la neige.
4 Et de la frayeur que les gardes en eurent, ils furent tout émus, et ils devinrent comme morts.
5 Mais l’ange, prenant la parole, dit aux femmes : Pour vous, ne craignez point, car je sais que vous cherchez Jésus qui a été crucifié.
6 Il n’est pas ici, car il est ressuscité, comme il l’avait dit. Venez, voyez le lieu où le Seigneur était couché ;
7 Et allez-vous-en promptement dire à ses disciples qu’il est ressuscité des morts ; et voilà qu’il s’en va devant vous en Galilée ; vous le verrez là ; je vous l’ai dit.
8 Alors elles sortirent promptement du sépulcre, avec crainte et avec une grande joie, et elles coururent l’annoncer à ses disciples.
9 Mais comme elles allaient pour le leur annoncer, voilà Jésus qui vint au-devant d’elles, et qui leur dit : Je vous salue. Et elles s’approchèrent, et lui embrassèrent les pieds et l’adorèrent.
10 Alors Jésus leur dit : Ne craignez point ; allez et dites à mes frères de se rendre en Galilée, et que c’est là qu’ils me verront.
11 Quand elles furent parties, quelques-uns de ceux de la garde vinrent à la ville et rapportèrent aux principaux sacrificateurs tout ce qui était arrivé.
12 Alors ils s’assemblèrent avec les sénateurs et, après qu’ils eurent délibéré, ils donnèrent une bonne somme d’argent aux soldats,
13 Et ils leur dirent : Dites : Ses disciples sont venus de nuit, et ont dérobé son corps pendant que nous dormions ;
14 Et si ceci vient à la connaissance du gouverneur, nous l’apaiserons, et nous vous tirerons de peine.
15 Et les soldats ayant pris l’argent, firent comme ils avaient été instruits ; et ce bruit a été divulgué parmi les Juifs, jusqu’à aujourd’hui.
16 Mais les onze disciples s’en allèrent en Galilée, sur la montagne où Jésus leur avait ordonné d'aller.
17 Et quand ils le virent, ils l’adorèrent, même ceux qui avaient douté.
18 Et Jésus s’approchant, leur parla et leur dit : Toute puissance m’est donnée dans le ciel et sur la terre ;
19 Allez donc et instruisez toutes les nations, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit ;
20 Et leur apprenant à garder tout ce que je vous ai commandé ; et voici, je suis toujours avec vous jusqu’à la fin du monde. Amen !
REFLEXIONS
Il y a trois considérations principales à faire sur la résurrection de Jésus :
I. La première que Dieu, ayant envoyé ses anges pour le retirer du tombeau comme il l’avait prédit, cela prouve incontestablement qu’il est le fils de Dieu.
II. Que cette résurrection est un fait certain qui a été attesté par les anges, par les femmes qui virent Jésus-Christ et ensuite par les apôtres et par un grand nombre d’autres personnes.
III. Et surtout, que la résurrection notre Seigneur est le fondement de notre salut et de toutes nos espérances, puisqu’elle nous assure que nous sommes pleinement réconciliés avec Dieu et que nous ressusciteront au dernier jour.
Les principaux des Juifs firent paraître leur obstination invincible et leur extrême malice en s’efforçant de persuader au peuple que les disciples de Jésus avaient enlevé son corps, mais toutes leurs précautions furent inutiles et ce qu’ils craignaient ne laissa pas d’arriver.
C’est ainsi que Dieu confond les méchants dans leurs desseins et que la vérité triomphe des efforts de ceux qui veulent l’opprimer.
Enfin, ce que Jésus-Christ disait à ses apôtres de sa suprême puissance où il allait être élevé doit être bien considéré, de même que les ordres qu’il leur donna, de prêcher l’Évangile et de baptiser et la promesse qu’il leur fit d’être avec eux jusqu’à la fin du monde.
On voit que Jésus-Christ parlait alors comme le roi du ciel et de la terre, il marquait clairement que sa doctrine allait se répandre parmi toutes les nations, qu’un grand nombre de personnes embrasseraient cette doctrine et recevraient le baptême et que son Église subsisterait à jamais.
Le succès prompt et merveilleux de la prédication des apôtres et l’établissement de la religion chrétienne prouvèrent dans la suite et prouvent encore aujourd’hui la vérité de ces derniers discours de notre Seigneur.
Ce sont là tout autant de puissants motifs à croire en Jésus-Christ, à reconnaître la divinité de sa doctrine et à garder tout ce qu’il nous a commandé de garder.
En particulier, les chrétiens doivent apprendre d’ici à regarder le baptême comme une institution sacrée de notre Sauveur et à avoir en révérence cette sainte cérémonie par laquelle ils ont été consacrés au Père, au Fils et au Saint-Esprit.
BROCHURE D'EVANGELISATION
COMMENT HERITER LA VIE ETERNELLE ?
Le Seigneur Jésus-Christ nous a apporté au travers de sa parole, les réponses à cette question si cruciale pour notre salut. Jésus-Christ lui-même a exhorté ses disciples : à sonder les Écritures, car, dit-il, c’est par elles que vous croyez avoir la vie éternelle et ce sont elles qui rendent témoignage de moi. Le Seigneur nous recommande par-là d’être assidu à la lecture et la méditation de la bible, parce que l’Écriture Sainte est le don le plus précieux que Dieu nous ait fait avec celui de son Fils. C’est un trésor où il a mis tout ce qui peut nous enrichir et nous rendre heureux. Il importe aussi de se recueillir avant de commencer cette lecture et d’y mettre toute notre attention. Dieu nous parle et que c’est par le moyen de sa parole qu’il veut nous conduire à la vie éternelle et faire de nos des Hommes bienheureux.
Et voici, quelqu’un s’approchant lui dit : Mon bon maître, que dois-je faire pour avoir la vie éternelle ? (Matthieu 19,16 ; Matthieu 25, 46 ; Marc 10, 17 ; Luc 10, 25 ; Luc 18, 18).
L’entretien que notre Seigneur Jésus-Christ a eu avec cet homme riche, dont il est parlé dans ce verset ci-dessus, est que l’on ne saurait entrer dans la vie éternelle si l’on ne garde les commandements de Dieu. Autrement dit hériter la vie éternelle c’est mettre en pratique dans notre vie quotidienne les préceptes de la parole de Dieu, les recommandations et commandements de notre Seigneur Jésus-Christ. Se convertir au Seigneur Jésus, c’est une étape indispensable mais il faut en plus garder les commandements de notre Seigneur. Il y a des situations où l’on peut-être appeler à quitter tout ce que l’on possède et même s’exposer à la pauvreté et à la persécution pour le suivre. Et dans certains cas, il faut outre cela, abandonner ses biens et tout ce que l’on possède en ce monde, qu’en général, les chrétiens ne doivent pas s’attacher aux richesses et que si Dieu leur en donne, ils doivent les employer à des usages de charité. Nous recueillons de plus du discours de notre Seigneur que ce renoncement aux biens du monde, quelque difficile qu’il paraisse d’abord, n’est point un devoir impossible à pratiquer, non plus que nos autres devoirs et que ceux qui auront ainsi renoncé aux biens de la terre, comme les apôtres le firent autrefois, en seront abondamment récompensés en cette vie et en l’autre. La surprise et la tristesse dont ce jeune homme fut saisi après avoir entendu Jésus-Christ, confirme ce que le Seigneur dit dans cette occasion, c’est que l’amour du monde et ses richesses sont souvent un grand obstacle au salut parce que ceux qui les possèdent y ont généralement le cœur très attaché.
Il faut donc élargir cela en évitant toute occasion de chute. Car où est votre trésor, là sera aussi votre cœur. Le Seigneur Jésus-Christ nous exhorte dans ses enseignements de ne pas rechercher avec ardeur à amasser les biens de ce monde qui sont vains et inconstants et dont diverses circonstances de la vie peuvent nous en priver, mais de travailler plutôt à acquérir les biens du Ciel qui sont les plus excellents et que rien ne saurait nous ravir. Jésus-Christ nous avertit sur ce sujet qu’il est dangereux d’aimer les richesses, que cet amour nous aveugle et attache nos inclinaisons à la terre et qu’il n’est pas possible de servir Dieu et d’avoir le cœur libre et élevé à lui pendant qu’on est possédé de l’amour des biens de ce monde.
Bien comprendre que notre Seigneur ne condamne pas seulement l’amour des richesses, il défend même de s’inquiéter et de se donner trop de soins pour les choses nécessaires à la vie. Il nous exhorte à nous confier en la providence, qui, ayant soin des oiseaux et des autres créatures, pourvoira beaucoup plus aux besoins de ses enfants qui sont d’une nature plus excellente et qu’il destine à l’éternité. Il nous dit que les soins temporels qui sont excessifs et accompagnés d’inquiétude et de défiance sont inutiles et d’ailleurs indignes des chrétiens.
Enfin, il nous exhorte à chercher avant toutes choses ce qui peut plaire à Dieu et nous faire parvenir au royaume céleste et il promet que si nous le faisons, Dieu nous accordera tout ce qui nous est nécessaire pour la vie du corps. Ce sont là des instructions que nous devons toujours avoir présentes au milieu des occupations de cette vie afin qu’elles nous garantissent de l’attachement aux biens de la terre et qu’elles nous engagent à rechercher principalement les biens éternels qui nous sont réservés dans le ciel.
Celui qui croit au Fils a la vie éternelle ; mais celui qui ne croit pas au Fils ne verra point la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui ; (Jean 3,36) Ce discours de Jean-Baptiste nous enseigne après cela que Jésus-Christ étant le Fils de Dieu et ayant reçu de son père une puissance sans borne, ce n’est que par la foi et par une sincère obéissance à sa doctrine qu’on peut obtenir le salut et que ceux qui lui désobéissent demeurent dans la condamnation et dans la mort. C’est ce qui est exprimé dans le dernier verset de ce chapitre 3 de l’evangile de l’Apôtre Jean par ces mots qui contiennent la substance de la doctrine chrétienne : Celui qui croit au Fils a la vie éternelle, mais celui qui ne croit point au Fils ne verra point la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui. S’il s’attribuait tant d’autorité et s’il appelait Dieu son Père,qu’il ferait dans la suite des merveilles plus grandes, que même il ressusciterait les morts, qu’il jugerait le monde, qu’il donnerait la vie éternelle à ceux qui croiraient en lui et qu’il condamnerait ceux qui l’auraient rejeté.
Que Dieu a donné à notre Seigneur une puissance sans borne et que, comme il la déployait autrefois en faisant des miracles, il la déploiera encore plus magnifiquement lorsqu’il viendra ressusciter les morts et juger tous les hommes, tant les bons que les méchants. Nous devons donc révérer cette puissance du fils de Dieu, lui obéir et l’honorer comme nous honorons Dieu son père, afin que nous ressuscitions un jour pour la vie éternelle et non pour être condamné.
Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang, a la vie éternelle ; et je le ressusciterai au dernier jour ; (Jean 6, 54).
Nous devons travailler avec beaucoup plus d’empressement à nous procurer la nourriture qui fait vivre éternellement que celle qui ne sert qu’à entretenir cette vie temporelle et périssable.
Il nous apprend ensuite qu’il est lui-même ce pain céleste, que cette nourriture de l’âme ne se trouve qu’en lui et dans sa doctrine et que : la volonté de Dieu son Père, qui l’avait envoyé, était que tous ceux qui croiraient en lui eussent la vie éternelle et qu’il les ressusciterait au dernier jour. Ce que notre Seigneur dit dans cette occasion avait de l’obscurité pour ceux qui l’entendirent. Les Juifs ne pouvaient comprendre comment Jésus était un pain descendu du Ciel et comment il fallait manger sa chair et boire son sang pour avoir la vie éternelle. Mais ces paroles de notre Sauveur sont faciles à entendre pour nous qui savons que la mort de Jésus-Christ est la vraie nourriture de l’âme et l’unique principe de la vie spirituelle et de l’immortalité. Il nous dit lui-même que ses paroles sont esprit et vie, c’est-à-dire qu’elles doivent s’entendre d’une manière spirituelle et que manger sa chair et boire son sang ne veut dire autre chose sinon venir à lui et croire en lui.
Simon Pierre lui répondit : Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle ; (Jean 6, 68).
Notre foi doit-être sincère et accompagnée d’amour, de confiance, d’obéissance et qu’elle nous attache et nous unifie si étroitement à notre Seigneur que rien ne puisse nous en séparer. Plusieurs des disciples de Jésus-Christ s’étant retirés d’avec lui, il demanda aux apôtres s’ils voulaient aussi le quitter, à quoi l’Apôtre Pierre répondit : À qui irions-nous Seigneur ?
Jésus-Christ ne contraint personne de s’attacher à son service, il demande une obéissance libre et volontaire, mais nous ne devons jamais l’abandonner, puisqu’il a lui seul les paroles de la vie éternelle et qu’étant le fils du Dieu vivant, il est l’unique auteur du salut.
Ne perdons jamais de vue que Jésus-Christ savait dès le commencement que Judas, qui était du nombre des douze apôtres, le trahirait, que notre Seigneur connait tous ceux qui se disent ses disciples et qu’il discerne ceux qui ne croient pas sincèrement en lui d’avec ceux qui lui sont fidèles. Une profession extérieure du christianisme ne suffit pas et il n’y a qu’une vraie foi et une obéissance constante qui puisse assurer notre conscience devant Dieu et nous rendre approuvé de celui qui connait les cœurs de tous les hommes et qui leur rendra à tous selon leurs œuvres.
Comme tu lui as donné puissance sur tous les hommes, afin qu’il donne la vie éternelle à tous ceux que tu lui as donnés ; (Jean 17, 2).
L’Évangile produit des effets bien différents quand elle est prêchée. Il y en a qui en profitent, mais il y en a d’autres qui la rejettent et qui, au lieu de céder à la vérité, s’y opposent même avec fierté. Mais s’il y a des incrédules qui demeurent dans l’aveuglement et dans la perdition, ils en sont eux seuls la cause, personne n’étant exclus de la vie éternelle que ceux qui s’en jugent eux-mêmes indignes.
Qui rendra à chacun selon ses œuvres ; savoir, la vie éternelle à ceux qui, en persévérant dans les bonnes œuvres, cherchent la gloire, l’honneur et l’immortalité ; (Romains 2, 6-7)
Que Dieu rendra un jour à tous les hommes selon leurs œuvres, qu’il donnera la vie éternelle à ceux qui auront fait le bien avec persévérance, mais que l’affliction et le désespoir seront le partage des méchants ;
Cela doit nous faire regarder Jésus-Christ comme celui en qui nous trouvons la délivrance de tous nos maux et qui est l’auteur et la source de la vie spirituelle et de la vie éternelle pour tous ceux qui croient en lui et qui lui obéissent.
Mais ayant été maintenant affranchis du péché, et étant devenus esclaves de Dieu, vous avez pour votre fruit la sanctification, et pour fin la vie éternelle ; (Romains 6, 22)
Que tous les hommes sans exception étaient naturellement dans la corruption et dans la condamnation, morts dans leurs fautes et dans leurs péchés, mais qu’ils ont été retirés d’un état si funeste et élevés à l’espérance de la vie éternelle par la grande miséricorde de Dieu et par la mort et la résurrection de notre Seigneur Jésus-Christ.
La charge de conserver fidèlement le dépôt de la pure doctrine qui lui avait été confié doit engager tous ceux qui sont dans le ministère sacré à redoubler de plus en plus leur zèle et à s’acquitter de tous leurs devoirs avec tant de fidélité : qu’ayant combattu dans le bon combat de la foi, ils obtiennent la vie éternelle et qu’ils soient irrépréhensibles à la venue de notre Seigneur Jésus-Christ, laquelle le bienheureux et le seul Prince, le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs manifestera en son temps, lui qui possède seul l’immortalité qui habite une lumière inaccessible, que nul homme n’a vu, ni ne peut voir et auquel appartient l’honneur et la puissance éternellement, amen !
Quiconque hait son frère est meurtrier ; et vous savez qu’aucun meurtrier n’a la vie éternelle demeurant en lui. (1 Jean 3, 15)
Il enseigne que la vérité de l’Évangile a été confirmée du Ciel par le témoignage du Père, du Fils et du Saint-Esprit et sur la terre par l’Esprit, par l’eau et par le sang. D’où il conclut que la doctrine de l’Évangile et les promesses de la vie éternelle qui nous y sont faites en Jésus-Christ doivent être reçues avec une pleine certitude de foi.
Et voici quel est ce témoignage, c’est que Dieu nous a donné la vie éternelle ; et cette vie est dans son Fils. (1 Jean 5 : 11)
Amen !