Blue Flower

Telles qu’elles se trouvent dans la plupart des exemplaires Grecs, mais non dans aucun exemplaire Hébreu de la Bible. 

Chapitres  CHAPITRE I. CHAPITRE II.  CHAPITRE III.  CHAPITRE IV.   CHAPITRE V.  CHAPITRE VI.  CHAPITRE VII.   LIVRES DES APOCRYPHES.

CHAPITRE I

Songe de Mardochée. 12. Punition des deux eunuques qui avaient conspiré contre le Roi Artaxerxes. (Selon les Grecs c'est le commencement du livre d’Esther.) 

  1. La seconde année du règne du grand Artaxerxes, au premier jour du mois de nisan ;
  2. Mardochée fils de Jaïr, fils de Semei, fils de kis, de la tribu de benjamin.
  3. Homme Juif qui demeurait dans la ville de suse, grand homme et qui avait charge à la cour du Roi, vit un songe.
  4. Il était du nombre de prisonnier que Nabuchodonozor Roi de Babylone avait emmenés captifs de Jérusalem avec Jeconias Roi de Juda.
  5. Et tel fût son songe : voici un bruit de tempête, de tonnerres, un grand tremblement de terre, et un grand bruit sur la terre.
  6. Et en même temps, deux grands dragons, tout prêts à lutter l’un contre l’autre, qui jetèrent un grand cri :
  7. Et à leur cri toutes les nations s’émurent pour combattre la nation des justes.
  8. Et cette journée fût pleine de ténèbres et d’obscurité, d’afflictions et d’angoisse, avec adversité, et il y eut un grand trouble sur la terre.
  9. Car alors les justes craignant les afflictions furent fort troublés, et tout près de mourir.
  10. De sorte qu’ils s’écrièrent à Dieu, et comme ils criaient, une petite fontaine, devint un très grand fleuve et répandirent une grande abondance d’eaux.
  11. La lumière et le soleil se leva, les humbles furent élevés, et ils dévorèrent les nobles.
  12. Mardochée ayant eu cette vision, s’étant réveillé se leva, et il pensa jusqu’à la nuit ce que Dieu voudrait faire, retenant ce songe en son cœur, et désirant de connaître toute cette affaire.
  13. Or Mardochée demeurant en ce temps-là au palais du Roi, avec Gabatha et Thara, les deux eunuques du Roi, qui étaient gardes du palais.
  14. Et, ayant entendu leur délibération et sondé leurs desseins, il connut qu'ils tâchaient de mettre les mains sur le roi Artaxerxès, et il en donna avis au roi,
  15. Qui les fit mettre à la question l'un et l'autre, et, après qu'ils eurent confessé, il les fit pendre.
  16. Et le roi fit écrire cela dans les Chroniques. Mardochée aussi le mit par écrit.
  17. Et le roi lui commanda de demeurer à son service et lui fit des présents, à cause de l'avis qu'il lui avait donné.
  18. Alors Aman, fils d'Amiadathus, de la race d'Agag, et qui était en grand honneur chez le roi, tâcha de perdre Mardochée et son peuple à cause des deux eunuques du roi. 

CHAPITRE II.

L’édit d’Artaxerxès à la sollicitation d’Aman, contre les juifs. (Il se trouve inséré dans le texte grec, au chapitre III, sur la fin, et après ces mots : Et à piller leurs dépouilles) 

  1. La teneur de l'édit était telle : Le grand roi Artaxerxès, qui règne depuis les Indes jusqu'en Éthiopie, mande ce qui s'ensuit, aux princes, ses lieutenants et gouverneurs des places des cent vingt-sept provinces.
  2. Etant empereur de plusieurs nations et tenant toute la terre à ma domination, je n'ai point voulu m'élever pour la grandeur de ma puissance ; mais j'ai voulu gouverner mes sujets avec clémence et avec douceur, afin que, sans aucune crainte, ils passent leur vie en repos, et que, mon royaume étant paisible et sans danger pour ceux qui vont et viennent d'un bout à l'autre, je renouvelasse la paix tant désirée de tous les hommes.
  3. Et ayant demandé à mes conseillers comment je pourrais accomplir ce dessein, celui qui s'est toujours porté sagement avec nous, et qui a toujours donné des preuves de son affection et de sa fidélité, et à qui j'ai donné le second rang dans mes royaumes, savoir, Aman,
  4. M’a déclaré que, parmi tous les peuples du monde, il y a un peuple ennemi, mêlé avec les autres, qui a des lois opposées à celles de toutes les nations et qui méprise continuellement les commandements des rois, afin que toute cette union d'empire, que nous avons si bien établie qu'on n'y saurait rien trouver à reprendre, ne puisse être établie.
  5. Ayant donc connu que cette nation toute seule est entièrement contraire à toutes les autres et qu'elle a une étrange façon de vivre et des lois différentes de celles des autres nations, méprisant nos commandements et commettant continuellement des maux énormes, afin que notre règne ne soit point dans un état paisible,
  6. Pour ces causes, nous avons ordonné que tous ceux qu'Aman (qui a la charge de nos affaires et qui nous est un second père) vous aura déclarés par écrit, soient entièrement exterminés avec leurs femmes et enfants par l'épée de leurs ennemis, sans qu'on leur fasse miséricorde ni qu’on ne les épargne aucunement, le quatorzième jour du douzième mois, qui est le mois d'Adar de cette présente année,
  7. Afin que ceux qui nous ont haïs dès longtemps et qui nous haïssent encore maintenant, étant par violence descendus, tous dans un jour, au sépulcre, laissent désormais nos affaires bien ordonnées et sans trouble. 

CHAPITRE III.

Prière de Mardochée pour la conservation de l’Eglise, (elle est ajoutée au texte grec, à la fin du quatrième chapitre, après ces mots : Et ils firent comme Esther lui avait commandé) 

  1. Alors Mardochée pria le Seigneur, se souvenant de toutes ses œuvres,
  2. Et il dit : Seigneur, Seigneur, Roi tout-puissant ! car toutes ces choses sont en ta puissance, et il n'y a personne qui te puisse résister, si tu as résolu de sauver Israël
  3. Tu as fait le ciel, et la terre, et tout ce qu'il y a d'admirable sous le ciel.
  4. Tu es le Seigneur de toutes choses, et il n'y a personne qui puisse s'opposer à toi, qui es le Seigneur.
  5. sir de gloire, lorsque je n'ai point adoré l'orgueilleux Aman.
  6. Car je serais volontiers prêt, pour le salut d'Israël, de baiser la plante de ses pieds.
  7. Mais j'ai fait cela pour ne point mettre l'honneur d'un homme au-dessus de celui de Dieu et pour" n'adorer aucun autre que toi, Seigneur ! et je ne fais point cela par orgueil.
  8. Mais maintenant, Seigneur ! qui es Dieu et Roi, épargne ton peuple ; car nos ennemis nous regardent pour nous perdre et ils veulent détruire l'héritage qui t'appartient dès le commencement.
  9. Ne méprise point ton partage, que tu as racheté du pays d'Egypte pour être à toi.
  10. Exauce ma prière et sois propice à ton héritage, change nos pleurs en joie, afin qu'en vivant, nous louions ton nom, ô Seigneur ! Et ne ferme point la bouche de ceux qui te louent.
  11. Tout Israël aussi cria de toute sa force, parce que la mort était devant leurs yeux.

CHAPITRE IV.

Prière très ardente d’Esther pour la conservation de l’Eglise, (elle se trouve au texte grec, après la prière de Mardochée). 

  1. Et la reine Ester eut aussi recours au Seigneur, accablée des détresses de la mort.
  2. Et, ayant quitté ses robes d'honneur, elle prit des vêtements d'affliction et de deuil, et, au lieu de superbes huiles de senteur, elle couvrit sa tête de cendre et d'ordure, et affligea extrêmement son corps jusqu'à remplir de ses cheveux frisés tous les lieux où elle avait coutume de se réjouir.
  3. Et elle pria le Seigneur, le Dieu d'Israël, disant : Ô mon Seigneur ! toi seul es notre Roi. Donne-moi ton secours, à moi qui suis seule et qui n'ai point d'autre défenseur que toi ;
  4. Car le péril est présent.
  5. J'ai entendu, dès ma naissance dans la lignée de ma famille, ô Seigneur ! que tu as choisi Israël entre toutes les nations et nos pères entre tous leurs prédécesseurs pour ton héritage éternel, et que tu leur as fait comme tu en avais parlé.
  6. Or maintenant nous avons péché en ta présence ; c'est pour quoi tu nous as livrés entre les mains de nos ennemis,
  7. Parce que nous avons honoré leurs dieux. Seigneur ! tu es juste.
  8. Et maintenant il ne leur suffit pas de nous opprimer par une dure servitude ; mais ils se sont alliés ensemble, s'appuyant sur la puissance de leurs idoles,
  9. Pour renverser ce que ta bouche a déterminé, pour exterminer ton héritage, pour fermer la bouche de ceux qui te louent, et pour éteindre la gloire de ton temple et de ton autel ;
  10. Pour ouvrir la bouche des nations, et pour louer la vertu des idoles, et pour faire à jamais admirer un roi qui est de chair.
  11. Seigneur ! ne livre point ton sceptre à ceux qui ne sont rien de peur qu'ils ne se rient de notre ruine ; mais tourne contre eux leurs conseils et couvre d'opprobres celui qui a commencé d'agir contre nous.
  12. Souviens-t ‘en, Seigneur ! Et fais-toi connaître au temps de notre affliction ; donne-moi de l'assurance, Seigneur, Roi des dieux ! qui as puissance sur toutes les principautés.
  13. Mets dans ma bouche des paroles bienséantes en la présence du lion et change son cœur pour faire qu'il haïsse celui qui nous fait la guerre, afin qu'il soit détruit, lui et tous ceux qui s'accordent avec lui.
  14. Délivre-nous par ta main et envoie-moi du secours, à moi qui suis toute seule et qui n'ai que toi, Seigneur !
  15. Tu as la connaissance de toutes choses et tu sais que je hais la gloire des injustes et que j'ai en détestation la couche des incirconcis et de tout étranger.
  16. Tu sais la nécessité à laquelle je suis réduite, et comment j'ai en abomination la marque de ma grandeur, qui est sur ma tête dans les jours qu'il faut que je sois vue ; que j'ai cela en détestation autant que le drap souillé, et que je ne la porte point aux jours de mon repos ;
  17. Que je n'ai point mangé à la table d’Aman ; que je n'ai point bu du vin de leurs aspersions ;
  18. Que ta servante, depuis le jour que j'ai été transportée ici jusqu'à maintenant, ne s'est réjouie qu'en toi, Seigneur, Dieu d'Abraham !
  19. O Seigneur Dieu ! qui es fort au-dessus de tous, exauce la voix de ceux qui sont sans espérance, délivre-moi de la main des méchants et me garantis de ce que je crains. 

CHAPITRE V.

Esther s’étant magnifiquement parée, se présente devant le Roi Artaxerxès, 8. Il la reçoit bien et la console. Selon les Grecs, c’est ici le commencement du chapitre V. 

  1. Puis, le troisième jour après qu'elle eut cessé de prier, elle ôta ses vêtements de deuil et se parade ses plus riches ornements.
  2. Et, s'étant ainsi parée, après avoir invoqué Dieu, qui voit toutes choses et qui est le Sauveur de tous, elle prit avec soi deux servantes.
  3. Et elle s'appuyait sur l'une, comme une personne délicate ;
  4. L'autre la suivait, lui soutenant ses vêtements.
  5. Or elle avait une couleur vermeille, dans le plus haut point de sa beauté, et son visage était gai et fort aimable, bien que son cœur fût en angoisse à cause de sa crainte.
  6. Quand donc elle eut passé par toutes les portes, elle se présenta devant le roi, qui était assis sur son trône royal, paré de ses plus superbes habits et tout couvert d'or et de pierres précieuses, en sorte qu'il était fort terrible.
  7. Alors, levant la tête brillante de majesté comme un feu, il la regarda d'un œil furieux. C'est pourquoi la reine, se laissant tomber, changea de couleur dans son évanouissement, s'appuya sur la tête de sa fille d'honneur qui allait devant elle.
  8. Mais Dieu changea l'esprit du roi et lui inspira de la douceur, de sorte qu'étant en peine de ce qui était arrivé à Ester, il se leva aussitôt de son trône, et la mit entre ses bras, jusqu'à ce qu'elle fût revenue à soi, et il la consolait par de douces paroles, disant :
  9. Qu'y a-t-il, Ester ? Je suis ton frère, ne crains point,
  10. Tu ne mourras point ; car notre loi est pour le commun.
  11. Approche donc. Ensuite il prit la verge d'or et la mit sur son cou, puis il la baisa et lui dit : Parle-moi.
  12. Et elle répondit : O seigneur ! je t'ai vu comme un ange de Dieu, et mon cœur a été troublé par la crainte de ta majesté.
  13. Certainement, seigneur, tu es fort merveilleux, et ton visage est plein de grâces.
  14. Et, comme elle parlait, elle retomba encore et s'évanouit.
  15. Et le roi se troublait, et tous ses serviteurs le consolaient.

 CHAPITRE VI

Edit du Roi Artaxerxès, en faveur des juifs. Il se trouve inséré au texte grec, sur la fin du chapitre VIII. Après ces mots : les patentes qui furent écrites portaient. 

  1. Artaxerxès le grand roi, à ceux qui sont depuis les Indes jusqu'en Éthiopie, aux gouverneurs des cent vingt-sept provinces, aux capitaines des places et à tous ceux qui ont la charge de nos affaires, salut.
  2. Plusieurs, étant honorés par la grande bonté des princes qui leur faisaient du bien, en sont devenus plus fiers.
  3. Et ils ne tâchent pas seulement d'opprimer nos sujets ; mais aussi, ne se pouvant contenir dans leur abondance, ils s'efforcent de faire des entreprises contre leurs bienfaiteurs.
  4. Et non-seulement ils ôtent d'entre les hommes toute reconnaissance,
  5. Mais aussi ils s'élèvent par une insolence incroyable et toutefois ils pensent échapper à la vengeance de Dieu, qui voit tout et qui est contraire au mal.
  1. Souvent aussi les faux rapports de ceux qui, par la tromperie de leur malignité, ont abusé de la simplicité des princes qui avaient pour eux de l'affection, ont rendu plusieurs grands seigneurs, qui se confient en leurs amis dans le maniement de leurs affaires, coupables du sang innocent et les ont engagés dans des calamités auxquelles il n'y avait point de remède.
  2. Ce qui se voit, non pas tant par les histoires anciennes que nous avons reçues, qu'en regardant devant nos pieds les choses qui ont été méchamment faites par la pestilentielle méchanceté de ceux qui ont eu l'autorité dont ils étaient indignes.
  3. C'est pourquoi il faut pourvoir qu'à l'avenir nous rendions notre règne paisible à tous les hommes ;
  4. Nous accommodant aux changements, discernant les choses qui se présentent, pour aller au-devant avec toute douceur.
  5. Or vous devez savoir qu'Aman, macédonien, fils d'Amadathus, étant un véritable étranger de la race des Perses et très-indigne de notre bonté
  6. (Après avoir été reçu de nous et avoir reçu des marques de la bienveillance dont nous usons envers toutes les nations, de sorte qu'on l'appelait notre père, et qu'il était honoré de tous comme la seconde personne du royaume),
  7. Ne pouvant lui-même porter sa fierté, a essayé de nous priver et du royaume et de la vie,
  8. Et, accusant Mardochée, qui nous a sauvé la vie et qui nous a fait beaucoup de plaisir, et Ester, notre compagne dans le royaume, laquelle est sans reproche, a tâché, par de faux artifices et par divers subtils moyens, d'exterminer toute leur nation.
  9. Car il pensait, en nous privant de ce secours, transporter l'empire des Perses aux Macédoniens.
  10. Mais nous avons trouvé que les Juifs, qui avaient été destinés à la destruction par ce méchant homme, n'étaient point des malfaiteurs, mais qu'ils étaient gouvernés par des lois très-justes
  11. Et qu'ils étaient les enfants du Dieu souverain très-grand et vivant, qui a maintenu et à nous et à nos prédécesseurs le royaume en très-bon état.
  12. Vous ferez donc bien de ne passer pas plus avant dans l'exécution des lettres envoyées par Aman fils d'Amadathus.
  13. Car celui qui a commis une telle action, a été pendu devant les portes de Suse avec toute sa famille, et Dieu, le dominateur de toutes choses, lui a fait souffrir aussitôt la punition qui lui appartenait.
  14. C'est pourquoi, publiant la copie de ces présentes en tous lieux, laissez les Juifs user de leurs lois en liberté
  15. Et donnez-leur du secours, afin qu'ils se vengent de ceux qui avaient machiné contre eux au temps de leur affliction, le treizième mois, qui est le mois d'Adar, au jour même.
  16. Car Dieu, qui a le souverain empire sur toutes choses, leur a donné cette joie au lieu de la destruction, qui était destinée à la nation qu'il a choisie.
  17. Vous donc, observez ce jour et passez-le dans la joie entre vos fêtes solennelles, afin que, maintenant et désormais, nous puissions prospérer,
  18. Nous et les Perses nos bien aimés, et qu'il soit un témoignage de ruine à tous ceux qui machinent notre mal.
  19. Que toute ville donc et toute contrée qui ne fera pas ainsi, soit du tout consumée avec fureur et par le fer, et qu'elle soit non-seulement déserte pour les hommes, mais aussi qu'elle soit à jamais inaccessible et en détestation aux bêtes et aux oiseaux. 

CHAPITRE VII.

Interprétation du songe de Mardochée, ceci se trouve ajouté au texte grec, sur la fin du chapitre X. 

  1. Alors Mardochée dit : C'est Dieu qui a fait ces choses.
  2. Car il me souvient du songe que j'ai vu touchant ces affaires, et il n'y a rien qui n'ait été mis en effet :
  3. La petite fontaine qui devenait une rivière, et la lumière, et le soleil, et cette grande abondance d'eau. Cette rivière, c'est Ester que le roi a prise pour femme et qu'il a faite reine ;
  4. Aman et moi sommes les deux dragons ;
  5. Les peuples sont ceux qui se sont amassés pour détruire le nom des Juifs ;
  6. Mais ma nation, c'est Israël, qui a crié au Seigneur et qui a été sauvé. Car le Seigneur a sauvé son peuple et nous a délivrés de tous ces maux. Et Dieu a fait des prodiges et de grandes merveilles, qui n'avaient jamais été faites entre les nations.
  7. C'est pourquoi il a fait deux lots, l'un pour le peuple de Dieu et l'autre pour toutes les autres nations.
  8. Et ces deux lots sont venus devant Dieu à l'heure, à la saison et au jour de la sentence qu'il voulait donner entre toutes les nations.
  9. Alors le Seigneur s'est souvenu de son peuple et il a maintenu la cause de son héritage.
  10. C'est pourquoi ces jours seront observés, savoir, le quatorzième du mois d'Adar, avec assemblée, joie et allégresse devant le Seigneur, désormais et à toujours entre son peuple.
  11. La quatrième année du règne de Ptolomée et de Cléopâtre, Dosithée, qui se disait sacrificateur et lévite, et Ptolomée son fils apportèrent ces lettres de Purim, qui dirent que Lysimache, fils de Ptolomée, les avait interprétées à Jérusalem.

 LIVRES DES APOCRYPHES.

Après que Dieu eut parlé à plusieurs fois et en plusieurs manières à son peuple, ce peuple considérant qu’ils ne devaient rien avoir de plu cher au monde que les divines écritures, les rassembla toutes en un corps, pour empêcher qu’aucun de ces livres Saints ne vint à se perdre, et pour éviter qu’à l’avenir on ne confondit avec les écrits des prophètes, des ouvrages purement humains. On croit que ce recueil fût achevé du temps d’Esdras après le retour de la captivité de Babylone ; Et que ce Saint homme, à la tête du Sanhedrin composé, du pontife, des sacrificateurs et des principaux magistrats de la Nation, fit l’enregistrement des livres divins, et en dressa un catalogue que toute l’Eglise des siècles suivants, a religieusement respecté, et tenu pour inviolable. Dans ce recueil sont compris tous les livres de l’ancien testament, tels qu’on les trouve dans nos bibles et tels que nous les avons reçus des juifs, à qui, comme dit Saint Paul, les oracles de Dieu avaient été confiés. Tous les autres écrits qui ne se trouvent point dans cet ancien canon d’Esdras, et que l’Eglise Judaïque n’a jamais reconnu pour inspiré, nous les rejetons, avec elle, du nombre des livres canoniques de l’ancien testament ; et comme ce n’est qu’aux productions du Saint Esprit que nous devons ce respect, de soumettre notre foi à leurs décisions, nous n’avons garde de confondre avec ces divines productions, celles qui ne sont que l’ouvrage de l’esprit humain.

L’usage a voulu qu’on ait donné le nom d’apocryphes à quelques-uns de ces écrits, faits dans l’Eglise judaïque, après le siècle de Malachie, le dernier des prophètes, appelé à cause de cela par Tertullien, la boucle, où le lieu qui serre ensemble le Vieux et le Nouveau testament.

Ecrits qui ayant pu servir soit pour la morale, soit pour l’histoire, à l’Eglise de ces temps-là et étant écrits en grec, ont été joints par les juifs qu’on a appelé hellénistes, à la bible des septante. Ce n’était pas que ces juifs hellénistes ainsi appelés, à cause que vivant dans des pays éloignés de la Judée,  ils n’entendaient point l’hébreu, et ne lisaient l’Ecriture Sainte qu’en grec, aient prétendu, en joignant ces derniers livres à la traduction des septante, qu’ils dussent avoir la même autorité que les livres des prophètes ; ils en connaissaient trop bien la différence pour les confondre avec ces premiers, et jamais la synagogue, où les juifs hébreux n’auraient souffert un tel attentat. JESUS-CHRIST encore n’aurait pas manqué de le relever ; et les apôtres qui se servaient, ce semble, communément de la version des septante, n’auraient pas oublié de faire remarquer cet abus, si c’eut été là le dessein des juifs hellénistes, il faut donc conclure de tout cela, ou que ces mêmes sortes de livres n’avaient pas été joints dans un même volume avec la bible des septante, avant le temps de JESUS-CHRIST et des Apôtres, ou s’ils l’avaient été, les juifs d’alors, non plus que ceux des siècles suivants, n’en ont jamais fait d’autres usages que celui de les lire comme des écrits, dont les uns, l’Ecclésiastique par exemple, et la Sapience, contenaient de très belles leçons de morales ;et les autres comme ceux de Tobit, de Judith et des Maccabées, leur apprennent diverses particularités mémorables de l’histoire de leur Nation, depuis le temps d’Alexandre le Grand.

L’Eglise chrétienne dont la plus grande partie ne connaissait que la langue grecque, ne se servit d’abord que de la bible des Septante : on n’en lisait point d’autres, non seulement en Egypte et dans l’Asie ; mais il y en avait même un grand nombre de familles, et de synagogues dans la Judée où l’on se servait de cette ancienne traduction. Les pères des premiers siècles n’entendaient point l’hébreu, à la réserve d’Origène, et de Saint Jérôme, il y en a eu fort peu qui puissent lire et entendre les livres des prophètes dans leurs langues originales. A cette bible était joint comme nous venons de dire, au moins dans ces premiers siècles, ces livres écrits à la même langue, et dont la lecture avait son utilité et son agrément : on les reconnaissait pour ce qu’ils étaient c’est-à-dire, pour des écrits qui n’étaient pas divinement inspirés ; mais en peu de temps, et dès le second siècle, quelques-uns de ces écrits commencèrent à se trop prévaloir de leur proximité et de leur association avec les livres canoniques. C’est à cela qu’il faut rapporter le sujet de la demande qu’Onésime avait faite au célèbre Méliton, Evêque de Sardes, touchant le nombre des livres canoniques de l’Ancien testament. Cette demande marque l’ignorance et le doute, et ce doute n’ayant pu venir dans l’esprit d’un homme qui avait lu la bible en hébreu, ou traduite sur les livres contenus dans le canon d’Esdras c’était assurément la confusion qui en était été faite dans la bible des septante, qui avait donné lieu à cette demande. Mais ce qu’il y a ici de plus remarquable c’est que Méliton , quoi qu’il fut un des plus savants évêque de l’Asie, n’osa pas décider lui-même, et par ses propres lumières, cette importante question ; il alla tout exprès en Judée, et après avoir consulté les églises de ses pays-là, et avoir, sans doute, en-là-dessus quelques entretiens avec les juifs, il restreint, dans sa réponse à Onésime, le nombre des livres canoniques à ceux qui se trouvent au canon d’Esdras, il est vrai qu’Eusèbe de Césarée qui nous rapporte cette histoire dans son 4ème livre, ch .25 de son histoire Ecclésiastique, y nomme la Sapience après les proverbes, et avant l’Ecclésiaste et le Cantique des cantiques ; mais ce n’est qu’en prenant le mot Proverbes, et celui de Sapience, pour une même chose, dont le dernier nom, comme plus connu chez les grecs que l’autre, dans le sens qu’il est employé ici, sert d’explication au premier. Et c’est même la raison pour laquelle Méliton, cité par Eusèbe, ne met pas le mot grec Sophia, qui est en notre langue la sapience ou la sagesse, après le livre des cantiques, comme on le voit dans les éditions de la vulgate. Les Eglises d’Asie n’ont pas parlé autrement de ces livres, qu’en avait parlé Méliton, après celles de la Judée, trente-deux Evêques assemblés en concile, dans la ville de Laodicée, environ l’an 318 de notre Seigneur, ne reconnaissent pour les livres divins que ceux du canon d’Esdras, et mettent tous les autres au nombre des Apocryphes. Saint Jérôme le plus savant homme en son temps des Eglises d’occident, et celui de tous les pères qui a le mieux étudié toutes les matières qui ont regardé l’écriture Sainte, n’a pu se laisser dire et redire, dans plusieurs de ses préfaces sur la traduction de la bible, et ailleurs, qu’il n’y avait que les livres marqués dans le canon des juifs, qui fussent divins, et qu’ils puissent servir de règle à notre foi. Un seul passage de ce père suffira pour tous les autres, c’est ce qu’il en a écrit à Chromatius et Héliodore, Evêques, dans sa préface sur les livres de Salomon : nous avons dit-il trois livres de Salomon, les proverbes, l’Ecclésiastique et le Cantique des Cantiques ; car pour l’intitulé l’Ecclésiastique, et cet autre qui est faussement appelé la Sapience de Salomon, il en est d’eux comme des livres de Judith, de Tobie, et des Maccabées ; l’Eglise les lit bien, à la vérité, mais elle ne les reçoit pas entre les écrits canoniques ; en sorte que c’est pour l’édification du peuple qu’elle les lit, mais non pour prouver ou autoriser, aucun article de foi. C’était donc une opinion constante, du temps de Saint Jérôme, que les livres de Ecclésiastique, de la Sapience, de Judith, de Tobie, et des Maccabées, étaient des Apocryphes, c’est-à-dire des livres qui n’avaient point été écrits par l’inspiration du Saint Esprit, et qui par conséquent n’avait pas une autorité divine, et ce n’était encore un usage établi dans l’Eglise de les lire pour la simple édification que le peuple en pouvait recevoir, et non pas comme les écrits sur l’autorité desquels, ni l’Eglise, ni les particuliers fondassent aucun articles de foi. Environ dans ce même temps, Rufin prête d’Aquilée, et célèbres par plusieurs ouvrages, dont il n’y en a eu que quelques-uns qui soit parvenu jusqu’à nous, écrivit une exposition du symbole des Apôtres. Qui se trouvent parmi les œuvres de Saint Cyprien, il y fait le dénombrement des livres de l’Ecriture Sainte, et après avoir nommé un par un tous ceux de l’ancien Testament, tels qu’ils étaient dans le canon des juifs et que nous les avons dans nos bibles, et y avoir aussi marqué ceux du nouveau testament : ce sont là, dit-il, les livres que les pères ont compris dans le canon des Ecritures, et desquels ils ont enseigné qu’il fallait prendre les décisions des articles qui concernent la foi ; mais on doit savoir, ajoute-t-il, qu’il y a d’autres Livres que nos ancêtres ont appelés, non pas canoniques, mais Ecclésiastiques ; savoir la Sapience de Salomon et une autre Sapience, qui est de Sirach, et qui a aussi pour titre l’Ecclésiastique. De ce même genre sont le petit livre de Tobie, celui de Judith et ceux de Maccabées, tous les livres dont nos ancêtres ont bien voulu qu’on fit la lecture dans les Eglises, non pour être allégués en preuve sur aucun article de foi. Cependant ce sont-là ces livres que le concile de trente a déclarés canoniques, inspirés et divins, et d’une même autorité que ceux des prophètes et Apôtres. Mais ces livres faits et écrits si cela est pour l’Eglise judaïque, par des hommes inspirés, n’ont pourtant pas été écrits comme l’on était avant eux, tous les livres de l’ancien testament, en la langue des juifs, qui est l’Hébraïque, cela n’importe. Mais les juifs ne les ont jamais voulu reconnaitre pour divins, ni les admettre dans le canon des Ecritures, n’importe encore nous dit-on ; nous en savons là-dessus plus qu’eux. Et s’il en fallait croire aujourd’hui quelques écrivains hardis de l’Eglise romaine, il y a eu chez les juifs deux autres canons de l’écriture, depuis celui d’Esdras, et ces livres dont il s’agit ont été mis dans ces derniers, autre chimère, Saint Augustin a reconnu, avec Saint Jérôme que le canon des juifs n’avait point ces livres ; et les savants de cette communion, qui ont quelque bonne foi demeure d’accord avec nous, que c’est une fiction que ces deux autres canons de l’Eglise Judaïque. Que dire donc à tout cela ? dira-t-on qu’il n’y a au fond rien dans ces livres qui méritent le traitement que nous leur faisant et de les reléguer au nombre des Apocryphes ? Mais peut-on disconvenir qu’il n’ait rien dans plusieurs de ces livres diverses choses contraires à l’Ecriture Sainte, d’autres à la vérité de l’histoire, et d’autres enfin qui sont ineptes et ridicules, comme on le pourra voir. Mais supposé même qu’il n’y ait rien dans le livre de Tobie, de Judith, de l’Ecclésiastiques, etc, qui ne soit conforme à la parole de Dieu, est-ce-là une raison suffisante pour en faire des livres canoniques, et les prendre pour inspirés ? Il suffit de proposer cette question, pour faire voir l’absurdité de la conséquence que ceux de Rome ont tiré de ce principe.

Et d’où vient donc, si cela est, que leur concile, qui a été si libéral à canoniser un certain nombre de ces livres, ne les a pas canonisés tous, et qu’il a refusé cet honneur au troisième et quatrième livre d’Esdras, à la prière de Manassé, au troisième livre des Maccabées, pourquoi n’a-t-il pas aussi déclaré divin le cent cinquante et unième psaume, qui se trouve en grec dans la bible des septante à la fin du 150ème psaumes hébreux ? Ce psaume n’a rien que de bon, et il est même fort ancien, mais avec tout cela, il est demeuré Apocryphe, par cette seule raison qu’il ne se trouve point en hébreu et dans le canon des juifs.

Après tout ce que nous venons de dire, on pourrait s’étonner que nos Eglises n’aient pas ôté des bibles traduites en langues vulgaire tous ces écrits Apocryphes. La question en fût proposée dans le fameux synode Dordrecht, assemblé en 1618, et 1619. Et après un long examen, il fût conclu que l’usage étant établi depuis les premiers siècles de l’Eglise de mettre ces livres parmi les canoniques, il aurait pu sembler y voir de l’affectation à les en vouloir ôter aujourd’hui.

On considéra de plus que les controversistes de l’Eglise Romaine, n’auraient pas manqué de faire sonner bien haut cette nouveauté, et de faire croire à leurs peuples même aux personnes de notre communion, que ces livres ruinaient divers articles de notre croyance, et que c’était pour cela que nous les avions ôtés de nos bibles. Saint Jérôme nous apprend dans sa préface sur le livre de Daniel, que ç’avait été par une semblable raison de ménagement et de prudence, qu’il avait laissé dans sa bible le cantique des trois jeune Hébreux, l’histoire de Suzanne et celle de Bel et du dragon. Je sais bien dit-il que ce ne sont que des fables ; mais comme elles ont été jusqu’à présent entre les mains de tout le monde, je n’ai pas osé les ôter de peur que le peuple ignorant ne m’accusa, d’avoir supprimé une partie des livres de ce volume. Enfin, comme plusieurs de ces livres, l’Ecclésiastique, par exemple et la Sapience, contiennent de très belles maximes de morales, et que les livres de Maccabées, le premier surtout, sont fort utiles pour l’histoire de l’ancien peuple, on jugera à propos d’en faciliter la lecture en les mettant dans nos bibles ; mais avec cette sage précaution, qu’on marquerait diverses fautes qui se trouvent dans ces livres, et qu’on les mettrait tous ensemble à part dans les éditions de nos bibles, afin d’éviter le danger qu’il y aurait, qu’un lecteur peu attentif, ou peu éclairé ne les eut pris pour canoniques, si on les eut trouvé mêlé avec ceux de l’ancien testament, comme il l’avait été auparavant dans la version grecque, et dans la latine. Nous les donnons au reste, ici tel qu’ils ont été traduits dans nos bibles ordinaires, sans en avoir retouché que peu le langage. Ces livres sont lus de fort peu de monde, et si on en excepte l’Ecclésiastique, la Sapience, le premier livre des Maccabées, et le ch 7. du second, tout le reste ne vaut presque pas la peine d’être lu. 

Sous-catégories

NOMMÉ AUTREMENT TOBIE

Livre de Judith

LE LIVRE DE LA SAPIENCE OU LA SAPIENCE DE SALOMON

LE LIVRE DE L’ECCLESIASTIQUE OU LA SAPIENCE DE JESUS, FILS DE SIRACH

LE LIVRE DE BARUC AVEC L’EPITRE DE JEREMIE

LE CANTIQUE DES TROIS JEUNES HEBREUX

Susanne

LE PREMIER LIVRE DES MACCABEES

LE SECOND LIVRE DES MACCABEES